Nightmare Creatures (PlayStation, 1997)

icone playstationNIGHTMARE CREATURES
Année : 1997 (1998 au Japon)
Studio : Kalisto
Éditeur : Activision (Sony au Japon)
Genre : l’angle laid de Londres
Joué et testé sur PlayStation
Support : CD-ROM


Au XIIème siècle, la Confrérie d’Hecate tenta de créer une race d’hommes supérieurs afin de contrôler Londres dans un premier temps… puis éventuellement le monde. Après avoir effectué de nombreux tests sur des cadavres, l’expérience tourna à la catastrophe puisque les sombres scientifiques accouchèrent non pas d’hommes, mais de monstruosités. Par bonheur, l’un des membres de la Confrérie, Samuel Pepys, mit un terme à ces folies en incendiant tous les bâtiments… hélas le feu se propagea dans les rues de Londres, déclenchant ainsi le tristement célèbre grand incendie de 1666. 6-6-6 : il était dit, qu’avec de tels chiffres, la malédiction ne s’arrêterait pas si facilement…

170 ans plus tard, une étrange épidémie commence à faire des ravages, les infectés subissant alors d’étranges mutations. Un prêtre, Ignatius Blackward, est alerté par un étrange grimoire abandonné devant sa porte. Il va alors se lancer sur les traces de la Confrérie d’Hecate, visiblement reconstituée… avec à ses côtés l’agile Nadia Fortsmith, dont le père, qui en savait trop, a sans doute été assassiné par des sbires d’Hecate.

À première vue, NIGHTMARE CREATURES fait partie de cette génération de jeux PS1 qui ont mal vieilli à cause d’une 3D datée. Et attention car les vidéos tournant http://jeuxvideoetdesbas.files.wordpress.com/2011/08/nightmare_creatures-001.jpgsur Youtube sont mensongères, les émulateurs lissent complètement les graphismes, créant ainsi l’illusion d’un jeu en avance sur son temps. Bien évidemment ce n’est absolument pas le cas, et si vous vous lancez dans NIGHTMARE CREATURES avec un vrai CD-ROM et une vraie console, vos yeux risquent de piquer un peu, au début. Au début seulement, car après une brève séance d’adaptation, on s’y fait. Je dirais même plus que les textures qui clignotent, les quelques couleurs qui bavent et nos bons gros pixels à l’ancienne ajoutent à l’ambiance victorienne de NIGHTMARE CREATURES. On plonge en effet dans une autre époque, aussi bien au sens propre, qu’au -figuré (rapport aux gueules des monstres !). Bref, beaucoup de joueurs pensent aujourd’hui faire du retrogaming sur émulateur, alors que bien souvent les sensations y sont radicalement différentes.

NIGTHMARE CREATURES c’est bien sûr un bébé maléfique enfanté par la vague post-ALONE IN THE DARK et surtout le hit qui mit tout le monde d’accord (et à cris) : BIOHAZARD, sorti en 1996. NIGHTMARE CREATURES date de 1997, aussi il est difficile de tirer dessus à boulets rouges à cause de sa technique… qui a aujourd’hui bien vieilli. Pour l’époque c’était quand même pas si mal, surtout que les décors ne disparaissent jamais, que les bugs de collision sont extrêmement rares et que, même si la distance d’affichage connaît les limites de son temps, les présences d’un épais brouillard et d’une nuit pesante et constante justifient presque cette carence : en voilà des développeurs intelligents.

Le jeu, en lui-même, n’est pas le plus original qui soit : il est assez bourrin, puisqu’il vous faudra souvent avancer, vous battre, avancer, vous battre… et accessoirement abaisser un levier pour lever une herse située un peu plus loin. Les combats n’ont rien de révolutionnaire mais ils sont funs, c’est le principal. À ce sujet, vous avez le choix entre deux personnages – choix qui influera sur les combats en question. Ignatius est plus fort que la frêle Nadia, mais moins rapide. Il dispose également de plus de combos (14 contre 9). Qui dit combos dit bien évidemment combats relativement variés. C’est pas faux : dans NIGHTMARE CREATURES il vous faudra ainsi utiliser tous les boutons du pad. Le rond pour bloquer (plus important à mesure que vous progressez dans le jeu), la croix pour donner un coup de pied, le carré pour frapper avec votre arme (bâton ou épée suivant votre personnage), le triangle pour sauter (oui oui, le triangle !) et L1 ou R1 pour straffer. À noter que vous pouvez également effectuer très facilement un grand pas en arrière avec le bouton bas, et vous retourner complètement en appuyant sur L1 et R1 simultanément. Vous l’aurez donc compris ; votre personnage (oui, même Ignatius) est extrêmement vif et répond au doigt et à l’œil. Résultat : les combats ne sont pas répétitifs car ils sont funs. Surtout il vous faudra les aborder différemment suivant les ennemis qui se dresseront face à vous : faire un coup spécial pour couper les zombies en deux (seul moyen pour les tuer, autrement ils continueront à se battre même avec un bras, une jambe ou la tête en moins), apprendre à éviter les banshees qui fondront sur vous depuis les airs, connaître quelques coups risqués mais fatals pour certains ennemis et maîtriser les affrontements de masse. Pour cela vous aurez divers items à votre disposition : torches, mines, rideaux de fumée, pistolets à un coup ou automatiques (utilisation simpliste, inutile de viser) ou encore tranchoirs et crânes destructeurs (très rares). Y’a de quoi faire, comme on dit, et c’est une bonne nouvelle pour le joueur, car même si ce dernier a l’âme d’un pacifiste, il ne pourra pas éviter les monstres disséminés çà et là. La faute au compteur d’adrénaline (la barre bleue à côté des points de vie). Si ce compteur (qui chute vite) tombe à zéro, vous mourez. Afin de maintenir votre degré d’excitation à son maximum, il vous faut donc exterminer des monstres, encore et engore (car le sang gicle bien).

Les combats (nerfs de l’aventure) sont donc réussis (sympa la localisation des blessures) à défaut d’être extraordinaires. À ceux-ci s’ajoute un côté exploration vraiment sympa, même s’il n’est pas toujours très poussé. Les développeurs ont quand même pris le soin de proposer plusieurs passages possibles dans les niveaux (qui sont, malgré cette illusion, linéaires), des tonnes de petits secrets (bonus cachés derrière des vitres) et de passages dissimulés (par un faux mur, une toile d’araignée, une caisse fragile…) qui mèneront souvent le joueur le plus méritant à des items de valeur et, plus rarement, à l’un des trois upgrades pour votre arme cachés dans le jeu (au bout du troisième, votre énergie de base est doublée !). Ce petit côté exploration ajoute malgré tout un charme réel à l’aventure… en lui donnant, disons-le franchement : une âme.

Le gros point fort de NIGHTMARE CREATURES, c’est donc son ambiance absolument extraordinaire. Rien que pour elle, et pour peu que vous jouiez dans les conditions adéquates (légère obscurité), il se pourrait bien que vous ayez toutes les peines du monde à lâcher le pad pour mettre un terme (même temporaire) à votre épopée. Le vieux Londres qui baigne dans une poisseuse époque victorienne est tout simplement saisissant. Le cimetière, les docks, l’abbaye de Westminster, les catacombes… et tous les petits détails qui leur donnent ainsi vie : le bruit des pas de votre héros qui change suivant que marchiez dans des flaques, dans la neige ou sur l’herbe mouillée. La fine pluie qui inonde l’écran, la neige parfois teintée de sang, le brouillard, les cris invisibles de la nuit, une ombre pareille à un spectre qui s’échappe maladroitement d’une tombe comme un souffle qui s’éteint… et la musique, discrète mais pourtant bien présente : une grande réussite. Un vrai voyage dans le temps, dans un Londres autrefois fantasmé par de nombreux lecteurs de Sherlock Holmes, ou cauchemardé par des amateurs de la triste légende de Jack l’éventreur. Aujourd’hui un nouveau cauchemar est né, sous le crachin londonien : celui des zombies, loups-garous, golems et autres araignées mutantes enfantés par un esprit malade. Aurez-vous le courage de trainer vos guêtres de quartiers glauques en impasses ensanglantées, de rues malfamées en tunnels obscurs ? Le jeu (finalement pas difficile) en vaut la chandelle (même s’il vous manquera souvent un peu de lumière !)… surtout que le potentiel de rejouabilité est bien présent puisque les deux personnages ont des armes et des mouvements différents. De plus, au terme de votre premier walkthrough, vous débloquerez quelques options : possibilité d’incarner un gros monstre, ou encore de bénéficier de tous les bonus en mode illimité. Oui ça simplifie la vie… en écourtant celle de vos ennemis !

Note :      Nostalgie :

Entendons-nous bien : un jeune joueur devrait avoir du mal à se plonger dans NIGHTMARE CREATURES. Techniquement le jeu est bien évidemment dépassé, même s’il faut noter que pour l’époque ça demeure correct (surtout la gestion de la caméra n’est pas vraiment catastrophique, chose rare dans les jeux du même genre sur PS1). De plus les boss (à part le dernier) sont ratés, et la gestion de l’inventaire (en temps réel !) est un peu lourdingue durant les combats. Mais nom d’un pixel mort, si vous êtes un vieux de la vieille, si vous n’avez pas besoin de jeux avec des budgets pharaoniques pour rêver, NIGHTMARE CREATURES est fait pour vous ! Son ambiance victorienne est sublime, la ville est glauque, le sentiment d’abandon (voire de quasi-huis clos dans une ville désolée) est total, et le soft fourmille de petits détails géniaux qui font clairement la différence entre un bon jeu qu’on oublie, et excellent titre qui marque (au fer rouge les infidèles qui ont arrêté de prier le saint pixel et qui prennent les nostalgiques pour des gueux). D’où la note de trois bâtons de joie pour les nostalgieux que nous sommes.
PS : une suite est sortie, mais pas au Japon, je suis donc pas près d’y jouer…

Une vidéo de la démo du jeu :

mag vintage

Nightmare Creatures (PlayStation, 1997)
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4 réflexions au sujet de “Nightmare Creatures (PlayStation, 1997)”

  1. Oh que ça fait plaisir de voir un article sur cet excellent jeu ! J’en ai plein de souvenirs en tout cas, une oeuvre qui m’a bien marqué par, comme tu le soulignes, une ambiance démentielle ! Surpris de voir sur la vidéo que ça tourne encore bien je trouve pour de l’ancienne 3D … ça reste agréable … (pius cette musique discrète à nous glacer le sang !!!)

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    • Kalisto…cette boite m’intrigue. Elle a coulé au début des années 2000, mais a pourtant produit des NIGHTMARE CREATURES et autres DARK EARTH. C’est du lourd quand même. Prochainement je vais me prendre THE FIFTH ELEMENT sur PS1 (il coute rien). Tout le monde le casse, mais je suis sûr qu’il y a quelque chose à en tirer. C’est du Kalisto !

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