Blade Runner (PC, 1997)

icone ordinateur pcBLADE RUNNER
Année : 1997
Studio : Westwood Studios
Éditeur : Virgin Interactive
Genre : Blade Runnerd
Joué et testé sur PC
Support : CD-ROM


Ray McCoy est un jeune loup, qui doit encore se faire les dents. Et sur des réplicants, si possible, puisque McCoy est un Blade Runner. Aussi pensait-il que ce carnage dans une animalerie ne relevait pas de ses compétences. Tout du moins pas des plus poussées. Et pourtant… Ray McCoy va mettre le doigt dans un engrenage tout aussi machiavélique que celui régulant injustement l’horloge interne des réplicants…

Quand on voit le triste sort réservé de nos jours aux adaptations de films en jeux vidéo, on se dit qu’un certain âge d’or vidéoludique est peut-être derrière nous. Pourrait-on aujourd’hui profiter d’une nouvelle adaptation du film BLADE RUNNER (ou du livre de Philip K. Dick) sur une PS3 ou une Xbox 360 ? Sans doute pas… Il faut donc se replonger en 1997 pour pouvoir à nouveau fouler de nos pieds les trottoirs sales et humides de la ville de Los Angeles… en 2019. La date même à laquelle se déroule l’intrigue du film de Ridley Scott… que je ne présenterai pas dans ses moindres détails, car ce serait faire injure à la culture des lecteurs de Jeux vidéo et des bas (n’en déplaise à Philippe Manœuvre).

Alors qui dit dates similaires entre le jeu et le film, dit bien évidemment que le joueur qui rêve de moutons éclectiques marchera dans les pas de Deckard. Ray McCoy visitera ainsi des lieux bien connus des amateurs du film, parfois il manquera d’ailleurs de peu un autre Blade Runner (Deckard ?) et enfin il croisera quelques personnages célèbres (les visages de certains acteurs et actrices – dont Sean Young, ont été modélisés pour le bien du jeu). De plus, le soundtrack original a été repris dans le soft : on aura ainsi droit à de nombreuses partitions de Vangelis, voire même de Demis Roussos son ancien compère (ONE MORE KISS, DEAR, que vous entendrez dans un bar de la ville). Émotions garanties pour les amateurs du film : oui je vous mets au défi de ne pas avoir la chair de poule la première fois que vous vous rendrez sur le balcon de votre appartement pour contempler la ville en perdition. Du pur bonheur en barre (d’immeuble) : l’exemple type de scène qui n’apporte rien au gameplay ou à l’intrigue, mais qui renforce l’immersion à un degré inimaginable, on nage alors en plein film noir de science-fiction, avec le blues du Blade Runner qui colle à la peau. Oui dans BLADE RUNNER, le jeu, le fan-service est pleinement assuré !

BLADE RUNNER est donc plastiquement superbe et incroyablement fidèle à l’œuvre originale (le film, même si quelques éléments du bouquin sont aussi présents : le passage chez les flics vraisemblablement « andro », l’accent mis sur la rareté des animaux qui était présent uniquement en filigrane dans le film…). La présence de Hampton Fancher au scénario, l’une des plumes du film de Ridley Scott, est un énorme atout. Mais le jeu de Westwood Studios (EYE OF THE BEHOLDER, DUNE II BATTLE FOR ARRAKIS, COMMAND & CONQUER : que du lourd) est également réussi sur le fond. Ce point & click repousse les limites du genre en nous plongeant dans de nombreux décors différents tout en couplant l’ensemble avec un pur jeu d’enquête. Le mélange est détonnant : il vous faudra, ainsi, aussi bien faire attention au moindre objet présent dans l’écran, que savoir poser les bonnes questions aux bonnes personnes… au bon moment (certains personnages seront parfois présents dans un lieu à un instant X, pour en être absents à un moment Y). Rassurez-vous malgré tout, car BLADE RUNNER n’est pas aussi difficile que LE MANOIR DE MORTVIELLE, par exemple. J’ai ainsi, pour ma part, bouclé une première fois le jeu sans jamais utiliser de guide. Par la suite, j’ai consulté un walkthrough bien détaillé sur le site Gamefaqs, juste pour voir. Je me suis alors rendu compte que j’avais fait parfois tout le contraire de ce qui était conseillé dans la soluce (un personnage clé qui meurt, un autre que je décide de ne pas enfermer en prison, un indice manqué…). Le jeu est ainsi fait qu’il peut être conclu de plusieurs manières différentes, sans jamais vraiment pénaliser le joueur. Tout simplement remarquable, bien des années avant HEAVY RAIN qui s’est pourtant vanté d’être le pionnier dans ce genre d’astuces vidéoludiques. Je précise malgré tout que l’on peut vraiment mourir dans BLADE RUNNER, mais en mode easy, si on exclut quelques rares passages où la mort frappe sans prévenir, il faut vraiment le faire exprès pour rendre l’âme (à la Tyrell Corporation ?).

L’intrigue est donc assez réussie (à une infiltration chez Tyrell près) car on a vraiment la sensation d’en faire partie, de la faire avancer et de la moduler suivant les actions effectuées. Énorme également : la possibilité d’utiliser deux technologies vues dans le film de Ridley Scott. Le test de Voight-Kampff et le système Esper (l’ordinateur vous permettant de « naviguer » dans les photos afin d’en dénicher tous les micro-secrets). Tout simplement passionnant.

Pour finir, un mot quand même sur le bémol qui frappe dur : la version française, absolument innommable. Le doubleur français cabotine et devient rapidement insupportable… Et comme les dialogues ne sont pas non plus très bien écrits (la blague sur la lambada – en 2019 ?!, les répliques du genre « j’suis mort de rire »…), ça finit par casser un peu l’ambiance en raison de leur ridicule et de leur anachronisme. Tout cela ne rend pas non plus le personnage principal très attachant (sans exagérer, à un moment donné j’en suis presque venu à espérer qu’il se fasse flinguer par le Nexus 6 à la fin…). Préférez donc la version anglaise, nettement moins catastrophique (d’après ce que j’ai pu en entendre dans quelques vidéos trainant sur le net).

Si on passe sous silence (après lui avoir coupé le sifflet) le gros défaut précédemment cité, BLADE RUNNER demeure donc, malgré son âge relatif, un jeu à faire absolument. En effet, un tel soft à propos d’un tel film ne pourrait plus sortir à présent. On l’adapterait plutôt sous la forme d’un FPS, pour incarner un réplicant (ce qui justifierait la régénération automatique). Eh oui les joueurs modernes occidentaux ne jurent plus que par ça, et accourent aveuglément quand un nouveau CALL OF DUTY pointe le bout de sa lunette de visée.
Les actionnaires d’Activision rêvent-il de moutons électriques ?

Note :      Nostalgie : aigle en or blason jvedb

BLADE RUNNER est un grand jeu qui accroche la récompense suprême « Jeux vidéo et des bas » de justesse, car il possède quelques défauts malgré tout : des dialogues parfois mal troussés, un personnage principal qui n’est pas une franche réussite (il ne correspond pas trop aux canons du Film Noir) ou encore une histoire qui tient la route mais qui ne s’écarte peut-être pas suffisamment du film (en gros les Nexus-6 ont encore et toujours les mêmes motivations). À côté de ça, les qualités de BLADE RUNNER demeurent éclatantes : les décors sont sublimes (repris du film ou originaux – et même dans ce cas ils respectent à la lettre l’œuvre de Ridley Scott), les musiques fantastiques (Vangelis forever) et l’enquête est prenante (ce qui fait qu’on encaisse mieux les allers-retours dans ce jeu que dans d’autres point & click). Enfin, si l’histoire parait linéaire (découpée en chapitres), vous pouvez en réalité progresser en prenant des décisions contradictoires (c’est pourquoi il existe de nombreuses fins différentes). Les fans du film seront aux anges.

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Blade Runner (PC, 1997)
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8 réflexions au sujet de “Blade Runner (PC, 1997)”

  1. Question à dix roubles, quand on a vu ni le film, ni le bouquin .. mieux vaut commencer par quoi?

    (parce contre j’ai fait le jeu à l’époque ^^ .. même qu’il crashait comme une bouse vers la fin :/)

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    • T’as jamais vu BLADE RUNNER ?! Bon c’est pas comme si t’avais une maladie incurable hein 🙂 mais je suis très surpris quand même ! En plus t’as joué au jeu ? J’ai du mal à imaginer qu’on puisse aimer le jeu sans être fan du film. Sinon…commencer par le film ou le bouquin…je sais pas trop quoi répondre. En général vaut toujours mieux commencer par le livre. Maintenant…ici le livre est plus riche, mais le film est visuellement extraordinaire (Philip K. Dick avait adoré le rendu visuel d’ailleurs) et fidèle à l’image du livre. Les deux se complètent je pense.

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  2. Et il se passe quoi si on a aimé le film mais sans plus mais qu’on a adoré le jeu ? On est fouetté cul nu sur la place publique avec du fenouil ? ^^

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  3. Crois moi, tu n’es pas au bout de tes peines ^^ (Le parrain, Casino,… y’a encore plein de films dit « cultes » qui ne m’ont fait ni chaud ni froid 😉 )

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