Kyoufu shinbun (PlayStation, 1996)

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Titre alternatif : Kyôfu shinbun
Année : 1996
Studio : Yutaka
Éditeur : Yutaka
Genre : peur… pas peur ? Même paper !
Joué et testé sur PlayStation
Support : CD-ROM


Chaque soir, vous recevez un journal très spécial… le Kyôfu Shinbun («Terror Paper»). Et même si vous ne souhaitez pas le lire, le livreur le fera passer de force au travers de votre fenêtre ! Au menu de ce sombre journal, des nouvelles morbides… du futur ! Aussi, lorsque vous tomberez sur un triste fait divers au sujet d’un collégien accidenté, vous vous rendrez sur les lieux pour éviter le drame… Mais à la suite d’un drôle de tour de magie, vous vous retrouverez coincé dans le corps du garçon en question.

À compter de ce jour, vous vivrez dans la peau du collégien, recevrez chaque soir un nouvel exemplaire du Kyôfu Shinbun et tenterez d’empêcher les drames d’arriver. Et ce ne sera pas facile car même vos camarades de classe ne vous croiront pas. Il faut dire que le Kyôfu Shinbun apparaît comme un journal normal aux autres personnes… Il vous faudra donc ruser pour sauver des gens… parfois à leur insu. Et espérer ainsi, peut-être, retrouver un jour votre corps d’origine ?

KYÔFU SHINBUN (que l’on pourrait approximativement traduire par « le journal de la terreur ») est un jeu appartenant à l’obscure catégorie des visual novels. Oui j’ai bien dit    « obscure catégorie » car ce sous-genre du jeu d’aventure n’a jamais vraiment percé en dehors du Japon… jusqu’à un passé récent en France, où Dargaud a tenté de lancer, en 2005, le concept du BDVD dans l’univers de Thorgal (j’avais trouvé ça plutôt pas mal, d’ailleurs, mais je crois que ça a fait un bide). Bref, au Japon les visual novels ça ne date pas d’hier, et s’il s’agit plus de livres ou de mangas interactifs que de vrais jeux, les titres en question vont en général bien plus loin que les BDVD cités plus haut qui, eux, doivent respecter un scénario précis. Dans KYÔFU SHINBUN vous pourrez donc influer sur l’histoire, et ainsi avoir la chance de voir plusieurs fins différentes suivant les choix que vous aurez faits.

Ne vous attendez pas, malgré tout, à une déferlante de menus déroulants avec de multiples possibilités à la clé. Le plus souvent, dans KYÔFU SHINBUN, il vous faudra simplement appuyer sur un bouton pour passer au texte suivant (eh oui, il y a peu de dialogues, 90% des textes doivent être lus). À de rares moments, vous devrez heureusement faire un choix entre plusieurs possibles (en général de deux à quatre), qui modifieront plus ou moins le déroulement de l’histoire. C’est bien maigre, mais c’est dans la plus stricte tradition des visual novels de l’époque (qui varient de l’interactivité proche du zéro absolu à des récits plus ouverts à l’échange – dans le genre « enquête », par exemple).

Si l’interactivité de KYÔFU SHINBUN est donc plutôt faible, il convient quand même de noter que la troisième histoire (au sujet d’un piano maudit qui finira… par saigner) vous proposera quelques scènes vraiment sympas, allant de l’examen du piano en question à une séance photo nocturne durant laquelle il vous faudra choisir la bonne pellicule, l’appareil adéquate, le diaphragme, le flash, etc. Hormis ces quelques bons passages, paradoxalement assez vivants dans un contexte morbide, il faut prendre ce jeu comme une espèce de manga légèrement interactif dont il conviendra de ne pas manquer les quelques embranchements cruciaux si vous souhaitez en voir la fin. Car, en effet, KYÔFU SHINBUN a une fin. L’histoire reprend le principe du manga de Tsunoda Jirô ; à savoir un journal surnaturel, livré le soir chez un malheureux lecteur qui apprendra, en parcourant les pages maudites de l’ouvrage, les horreurs qui surviendront dans un futur très proche. En lisant ces informations, vous pourrez alors décider de changer le futur pour faire le bien, et pour vous aider des indices sont disséminés entre les lignes… si vous prenez le temps de tout lire car le jeu est bavard… mais à l’écrit ! Un bon niveau de japonais est dès lors indispensable, tant les kanjis sont nombreux.

Une précision importante : KYÔFU SHINBUN commence par une longue intro au sujet d’un accident dont sera victime un collégien. Vous vous rendrez bien évidemment sur les lieux pour éviter le drame, mais vous vous retrouverez alors comme par magie (noire ?) dans le corps de l’enfant. Pour renforcer l’immersion (toute relative), les développeurs du jeu vous demandent de rentrer votre vrai nom et votre date de naissance… afin que ces données soient utilisées plus tard, au sein même des textes et du récit de KYÔFU SHINBUN. Une idée super sympa… mais hélas désuète puisque le jeu prend en compte son année de sortie afin de calculer votre âge au moment de l’aventure ; mon personnage Oli Kun s’est donc retrouvé avec « seulement » vingt-et-un printemps – pas forcément désagréable quand on commence à s’approcher dangereusement de la quarantaine, me direz-vous !

Pour retrouver votre corps originel, vous devrez donc solutionner diverses affaires bien étranges, découpées (au sens propre ?) en trois chapitres disponibles dans le menu du jeu (libre à vous d’en recommencer un à volonté pour en dévoiler la fin parfaite – et ainsi débloquer une dernière histoire cachée). Suivant les rares décisions que vous prendrez, vous irez plus ou moins loin dans un chapitre, et à la fin de celui-ci on vous annoncera si vous avez correctement agi ou si vous avez, au contraire, commis une erreur quelque part (l’erreur pouvant aller jusqu’au décès d’une collégienne – sympa).

L’ensemble se révèle donc vraiment intéressant mais prenez garde : si vous n’êtes pas habitué au genre vous finirez par lâcher prise. La faute à une réalisation typique des visual novels : les graphismes ne sont pas mirobolants (les personnages en ombres bleues, à la KAMAITACHI NO YORU), les animations très rares et la plupart des dialogues sont simulés par des textes interminables (mais c’est le genre qui veut ça). Maintenant si vous correspondez à la cible, c’est-à-dire si vous aimez les mangas d’horreur et les légendes nippones (yôkai, yûrei, hyaku monogatari, noroi…), les ambiances surnaturelles désuètes japonisantes et que vous parlez bien la langue, vous pourriez bien vous prendre au jeu malgré tout. Contre toute attente j’ai donc fini par accrocher, et à recommencer plusieurs fois certains chapitres pour trouver la fin idéale… et ainsi découvrir un dernier récit caché. Récit qui vous entraînera dans la forêt, puis derrière une chute d’eau et enfin à l’intérieur de tunnels bien mystérieux. Aussi mystérieux que le gameplay des vieux visual novels ?

Note :  joystick half         Nostalgie :   joystick half

Aux yeux d’un néophyte, KYÔFU SHINBUN paraîtra résolument inintéressant. Ce type de jeu qui n’a jamais vraiment percé en Occident (jusque dans un passé récent ?) rencontre néanmoins toujours un succès certain au Japon. Sorte de roman/manga horrifique interactif, KYÔFU SHINBUN accuse malgré tout le poids des ans, et il semblera assez rouillé techniquement parlant à plus d’un aventurier né après l’avènement d’Internet. Mais si vous êtes comme moi un joueur recouvert d’une couche de poussière datant des années 80-90, et amateur d’étranges légendes japonaises, vous pourriez bien apprécier le voyage désuet et surnaturel proposé par KYÔFU SHINBUN – le coup du journal qui arrive pour annoncer des atrocités, c’est vraiment génial.

Kyofu shinbun : le film

Un peu de gameplay (façon de parler), avec un chapitre complet (celui au sujet du piano maudit), divisé en quatre vidéos :

 

Kyoufu shinbun (PlayStation, 1996)
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