Shin Shinobi den (Sega Saturn, 1995)

icone sega saturn japSHIN SHINOBI DEN
Titres alternatifs : Shinobi X / Shinobi Legions
Année : 1995
Studio : Tose / Sega AM7
Éditeur : Sega
Genre : film (shino)bis
Joué et testé sur Sega Saturn
Support : CD-ROM


Kazuma, Shô et Aya auraient dû être les bâtisseurs d’un nouvel ordre de ninjustu, capable de ramener l’équilibre dans un monde aujourd’hui en proie au chaos. Mais Kazuma se révèlera être un bien mauvais disciple, puisqu’il utilisera le ninjutsu pour faire le mal. Avec son armée monstrueuse, il a juré la perte du monde. Shô va donc se lancer à sa poursuite : parviendra-t-il à retrouver Kazuma avant que celui-ci ne mette fin aux jours d’Aya, qu’il a lâchement kidnappée ?

Question à deux francs (et pas euros, car on parle rétro) : quelle est la chose qui a le plus mal vieilli de toute l’histoire des jeux vidéo ?
Les graphismes vectoriels ? Non, ils possèdent un charme spatial intemporel.
Les pixels ? Grand dieu non ! Il n’y a rien de plus beau qu’une fille aux hanches aliasées.
Les premiers jeux en 3D ? C’est vrai qu’à présent ils piquent les yeux, mais ça donne un côté vintage vieux routard pas toujours désagréable.
La manette de l’Amstrad GX4000 ? Oui mais là ça ne compte pas, elle était déjà has-been à sa sortie.
Les QTE de RESIDENT EVIL 6 ? Je veux bien mais… il ne s’agit pas de retrogaming.
La PSP Go ? Euh… la quoi ?

Non vraiment, vous ne voyez pas ? Et si je vous dis MORTAL KOMBAT ? Noooon… ne me répondez pas Christophe Lambert… Je voulais parler des graphismes digitalisés ! Le truc qui était censé montrer que la puissance des machines avait évolué de manière stratosphérique, laissant sur place les bons vieux sprites pixélisés à l’ancienne. Et on en a mangé, des graphismes digitalisés. Depuis l’avènement de MORTAL KOMBAT, en passant par l’indigestion PIT-FIGHTER ou encore un TIME COMMANDO pas vraiment mémorable, cette mode des années 90 supposée ringardiser la production vidéoludique plus classique s’est mangé un gros highkick en pleine tête puisqu’à part le vénérable MORTAL KOMBAT, les autres titres ayant usé et abusé du système sont pour la plupart tombés dans l’oubli. Pire, ce sont maintenant des jeux souvent peu appréciés des retrogamers – rapport au fait qu’ils ont mal vieilli (les jeux, pas les joueurs – quoique…). De toute façon moi à l’époque je trouvais déjà ça particulièrement moche. Rigolo, mais moche. Ce qui ne m’a pas empêché de bien m’amuser sur les MORTAL KOMBAT, mais ceci est une autre histoire…

Aujourd’hui, je trouve donc ce SHIN SHINOBI DEN, sorti en 95 sur Saturn, graphiquement peu inspiré : les digitalisations donnent un côté suranné, voire série Z aux personnages de la franchise SHINOBI. Là où Joe Musashi avait une certaine classe sur Megadrive, le héros de SHIN SHINOBI DEN (Shô) frise le ridicule avec son costume rouge et blanc digitalisé, rappelant les pires cosplay vus aux soirées à thème de la MPT de Biviers. Le plus incroyable c’est que les développeurs ont assumé ce côté ringard jusqu’au bout, avec ces cutscenes extrêmement nombreuses (et parfois longues), visiblement tournées dans une cave par un groupe de copains bourrés. Affligeant de voir une série mythique s’embourber ainsi dans le pire du V-Cinema et du nanar… Autre détail regrettable concernant les graphismes : digitaliser des pans entiers de montagnes de la région de Kyoto, du Mont Fuji ou encore de la baie de Hong Kong, c’est bien. Mais les animer un minimum, c’est mieux… surtout en 1995 sur une Sega Saturn.

Sur le fond, SHIN SHINOBI DEN déçoit également. Le level design, par exemple, n’a pas progressé d’un iota depuis les jeux sur Megadrive. Honnêtement, c’est même beaucoup moins bon, toujours hyper linéaire, sans jamais aucune surprise pour nous prendre au dépourvu. Et puis même si la maniabilité du ninja semble un brin plus souple qu’auparavant (avec des roulades, des attaques en piquée ou des charges par exemple) et que disposer (enfin) de deux boutons d’action fluidifie sacrément les choses, il est extrêmement regrettable que le côté action plutôt bien fichu soit le plus souvent oublié pour privilégier la plate-forme pure et dure (très dure). Je ne compte plus le nombre de fois où je suis mort à cause d’un double saut foiré, d’une passerelle inaccessible (genre saut de l’ange, on ne voit pas où il faut atterrir – niveau du wagonnet dans la mine) ou d’une prise de liane loupée (le nullissime niveau dans la jungle est une vraie torture).

SHIN SHINOBI DEN n’est pas pour autant un mauvais jeu. La plupart des niveaux, bien que simplistes, sont agréables à parcourir, les combats sont assez nerveux et on peut même renvoyer les shurikens des ennemis afin d’empaler ces derniers. Les boss sont également variés et plutôt sympas, avec notamment un duel final particulièrement corsé – comme l’ensemble du jeu d’ailleurs, puisque même en easy parfois c’est un peu abusé, voire malhonnête (difficulté artificiellement relevée par le grand nombre d’endroits où l’on peut claquer à cause d’un saut mal jaugé).

SHIN SHINOBI DEN frise donc la correctionnelle mais, objectivement, il n’est pas raté sur toute la ligne – de coke que les développeurs se sont enfilée pour imaginer les cutscenes ?

Note :        Nostalgie :

Tout ça pour ça ? C’est sans doute ce qu’ont dû penser les joueurs élevés à la Megadrive et qui ont découvert ce nouveau SHINOBI sur une console qui était supposée lui être supérieure de la tête, du CPU et des épaules. Level design à la quantité de prises de risque famélique, graphismes digitalisés du plus mauvais goût, cutscenes tellement grotesques qu’elles donnent l’impression d’être une parodie de SHINOBI par Les Inconnus, musiques quelconques qui furent recomposées pour les versions occidentales du jeu et enfin quelques niveaux frustrants, dont toute notion de plaisir est absente. Ca fait beaucoup pour un seul titre, qui plus est particulièrement attendu. SHIN SHINOBI DEN peut malgré tout être terminé une fois, mais après l’avoir bouclé vous n’aurez qu’une envie : vous replonger dans les opus précédents sortis sur Megadrive, qui lui sont largement supérieurs – notamment THE SUPER SHINOBI II qui proposait déjà de grimper aux murs, d’effectuer des charges ou même des attaques en piquée. À part la ringardise, SHIN SHINOBI DEN n’a donc quasiment rien inventé…

Deux vidéos, dont une proposant les fameuses cutscenes (plus de 20min !) :

mag vintage

2 réflexions au sujet de “Shin Shinobi den (Sega Saturn, 1995)”

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