Guevara (Famicom, 1988)

guevara_frontGUEVARAicone Famicom
Titre alternatif : Guerrilla War
Année : 1988
Studio : SNK
Éditeur : SNK
Genre : cocktail Molotov et Cuba libre
Joué et testé sur Famicom
Support : cartouche


À la fin des années 50, Che Guevara et Fidel Castro décident de s’unir pour renverser le sanglant dictateur d’un petit pays d’Amérique du sud. Armés jusqu’aux dents, ils vont progresser niveau par niveau en tentant de libérer les otages tout en exterminant les milliers de soldats qui auront l’audace de leur faire face. Si la guérilla était un art, Ernesto Guevara et Fidel Castro auraient sans doute signé là leur plus beau chef d’œuvre.

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Chez Guevara, quand on apprend qu’un affreux dictateur met un pauvre pays à feu et à sang, on ne fait pas dans la demi-mesure : on appelle son pote Fidel Castro et on embarque dans le premier vol sans retour pour l’enfer.

Oui vous avez bien lu : dans les rôles de Chuck Norris et de Sylvester Stallone, les développeurs de chez SNK ont bien choisi Ernesto Guevara et Fidel Castro. Et le plus sérieusement du monde, d’ailleurs, puisque la trame de l’aventure reprend un fait historique réel, le Che ayant bien lutté aux côtés de Fidel Castro à Cuba, et renversé le dictateur Fulgencio Batista en 1959, après plus de deux ans de guérilla. Intégrer des personnages historiques « troubles » (je vous rappelle qu’il existe toujours des controverses à l’égard du Che) dans des jeux vidéo, c’était quand même rudement sympa et osé à l’époque, et c’est devenu complètement inimaginable aujourd’hui. Vous souvenez-vous, par exemple, de la présence d’Adolf Hitler dans la version japonaise de BIONIC COMMANDO ? Ça claquait quand même – et non je n’établis aucun parallèle entre Castro, le Che et Hitler, car je n’ai pas envie de m’engluer dans les points Godwin (dont, en bon amateur de points, je n’apprécie que la première lettre : le G).

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Maintenant, et indépendamment de tout ce qui a été précisé ci-dessus, GUERRILLA WAR (aka GUEVARA au Japon) est un sacré bon jeu ! Suite spirituelle d’IKARI WARRIORS (l’officielle étant VICTORY ROAD), dont il reprend absolument toutes les ficelles, GUERRILLA WAR lui est supérieur en tout : graphismes, musiques (même si celle d’IKARI WARRIORS est finalement la plus inoubliable) et surtout… gameplay ! C’est bien simple : là où les héros du jeu IKARI WARRIORS paraissaient avoir de l’arthrose aux mains et des genoux cagneux tant leurs différents déplacements étaient lents et poussifs, les actions effectuées par le duo révolutionnaire de GUERILLA WAR sont d’une nervosité affolante ! On avance à toute allure (plus vite que dans la version arcade !), on fait pleuvoir des rafales de plomb jusqu’à plus soif (munitions et grenades infinies), on slalome entre les tirs ennemis avec une facilité déconcertante, on navigue avec naturel au sein de niveaux proposant parfois trois directions (droite, gauche, haut – pas de backtracking vers le bas)… enfin bref, on a vraiment le sentiment d’être maître de notre destinée – contrairement à IKARI WARRIORS où la lenteur des débats annihilait souvent toute notion de plaisir.

GUERRILLA WAR, c’est donc un IKARI WARRIORS au format XXL et jouable. On y retrouve ainsi exactement les mêmes mécaniques – mais sublimées : un ou deux joueurs qui se déplacent à pied en vue aérienne, des vagues d’ennemis incessantes qui tentent irrémédiablement de vous submerger, quelques tanks dissimulés çà et là que vous pouvez piloter, des mines, des hélicos sanguinaires, et des bonus à récupérer sur votre chemin de croix – directionnelle (ici lance-flammes, lance-roquettes et tir multidirectionnel).

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Jouissif et nerveux, hyper jouable et astucieusement découpé en niveaux bien définis avec boss de fin à la clé (contrairement à son petit frère IKARI), avec en plus des petits stages bonus en wagonnet, GUERRILLA WAR n’en est pas pour autant exempt de défauts. J’en vois deux, en particulier. Le premier, c’est tout simplement le revers de la médaille militaire d’un jeu Famicom bourré d’action. Inonder l’écran d’ennemis et de tirs en tous genres est une idée louable, certes, mais la petite 8 bits de Nintendo affiche ici clairement ses limites de l’époque. Sachez donc que ralentissements et clipping seront parfois présents lorsque vous serez submergés de soldats. Le deuxième défaut de GUERRILLA WAR est plus original. Il s’agit de sa difficulté qui prend à revers la sacrosainte règle de développement des années 80, qui impliquait de faire suer les jeunes amateurs de jeux vidéo jusqu’au point de non retour. À savoir la folie, le meurtre sauvage de voisins innocents ou la destruction de joypad, selon le degré d’implication du joueur et ses antécédents familiaux. GUERRILLA WAR est ainsi outrageusement facile, en raison de la présence de continus infinis qui vous font reprendre votre partie à l’endroit précis de votre mort. En gros, le décès et le game over n’entrainent aucune espèce de malus – on perd bien son arme spéciale, mais il y a tellement de bonus à récupérer que ce n’est jamais rédhibitoire.

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GUERRILLA WAR ce n’est donc aucunement l’enfer, et encore moins le pix-hell. On se retrouve alors face au célèbre concept du chargeur à moitié vide, ou à moitié plein. Faut-il se réjouir du fait que le jeu, contrairement à de nombreux autres titres de la même époque, puisse être terminé sans devoir passer toute sa vie dessus à en apprendre ses milliers de patterns, ou au contraire pester contre le manque total de challenge qui vient incontestablement dégonfler toute notion de valorisation de l’effort ?

Pour ma part je suis un peu dans l’état d’un écran splitté… oui je suis partagé. On prend incontestablement son pied, dans GUERRILLA WAR, mais le soufflet retombe parfois, justement à cause de l’absence totale de stress et de challenge. Pour profiter du jeu, il convient alors sans doute de l’envisager sous l’angle du scoring, puisque perdre une partie vous fait irrémédiablement retomber à zéro. La présence de nombreux otages à délivrer pour gagner des points vient d’ailleurs me conforter dans cette idée : GUERRILLA WAR doit être joué pour le scoring, ce qui vous forcera à contrôler vos ardeurs guerrières. En effet, arroser l’écran de milliers de balles (munitions illimitées je vous le rappelle) pourrait être tentant, mais en jouant ainsi vous allez trucider nombre d’otages innocents – et encaisser des points de malus.

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À chacun de choisir son camp, et son approche de GUERRILLA WAR. Vous pouvez foncer et flinguer les prisonniers sans jamais être puni (« à la Bachar », comme on dit dans le jargon) ou au contraire la jouer plus prudent et tenter de sauver tout le monde, en visant le scoring et donc en accordant un semblant d’importance à la gestion de vos continus – pourtant infinis. Quelle que soit l’option choisie, vous devriez être conquis par ce qui constitue, à mon sens, l’un des jeux les plus mémorables de la Famicom.

Note : joystick 2joystick 2joystick 2joystick 2      Nostalgie : joystick 2joystick 2joystick 2joystick 2joystick 2

Le grand public se souvient avant tout du premier IKARI WARRIORS, et pourtant sur les consoles de salon le jeu GUERRILLA WAR lui était supérieur de la tête, du canon scié et des épaules. Pour une Famicom c’était même très impressionnant : rapide, fun et jouissif, on maîtrisait totalement le gameplay et les morts injustes étaient par conséquent extrêmement rares. Ajoutez à cela un background historique original (le Che et Fidel Castro partent ensemble à la guerre), et vous obteniez tout simplement l’un des meilleurs titres du genre de la génération 8 bits, qui demeure parfaitement jouable aujourd’hui encore. La présence de continus infinis, qui tue dans l’œuf toute notion de challenge, risque par contre d’être diversement appréciée des joueurs… Un jeu moins dur, mais proposant un vrai risque de game over, aurait sans doute été préférable.

Images : jeux vidéo et des bas

case blanche

Une longue vidéo (émulée) :

mag vintage

7 réflexions au sujet de “Guevara (Famicom, 1988)”

  1. J avais le poster sur un de mes murs….mais me souviens plus de la version arcade avec des sprites enormes et ou on pouvait tourner les sticks il me semble pour diriger les tirs..a confirmer…

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  2. j’ai une cartouche de ce jeu, mais la mienne est orange et porte l’inscription JS 256, ce qui ne semble pas correspondre à la cartouche mise en vente au japon, quelqu’un pourrait m’éclairer sur cette mystérieuse cartouche?

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    • Difficile de répondre…c’est une cartouche de quelle taille ? A l’européenne ou à la japonaise ? Le jeu est en anglais…en japonais ? C’est peut-être une reproduction ?

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  3. Excellent test, tellement convaincant que je viens de commander le jeu complet sur Famicom (il n’est pas donné !). Je pense que je me limiterai et que j’y jouerai donc en un seul crédit ou bien 5 maximum pour ne pas trop me gâcher le plaisir.

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