The Secret of Monkey Island (Amiga, 1990)

the secret of monkey island amiga_fronticone amiga_500THE SECRET OF MONKEY ISLAND
Année : 1990
Studio : LucasFilm Games
Éditeur : LucasFilm Games / US Gold
Genre : énigmes pour s’em-mêlée les pinceaux
Joué et testé sur Amiga 500
Support : disquettes


L’île de Mêlée, anciennement repaire de pirates assoiffés de grog sang, vit aujourd’hui tranquillement au rythme des beuveries, des numéros de cirque des frères Fettucini et des arnaques de Stan le vendeur d’épaves de bateaux. Il faut dire que depuis que des fantômes sillonnent les sept mers, plus personne ne souhaite s’y aventurer…
Peu impressionné, le naïf mais téméraire Guybrush Threepwood va tenter de donner un coup de pied dans la fourmilière. Enfin pour cela il lui faudra tout d’abord devenir un pirate, un vrai de vrai, capable de jurer, de boire du grog et de chasser le singe à trois têtes. Ses plans de carrière couronnée de trésors seront néanmoins remis à plus tard puisque l’héroïque pirate au nom imprononçable va tomber amoureux… d’une femme qui aura la malheureuse idée de se faire kidnapper par le terrible pirate fantôme LeChuck. Guybrush n’a donc pas le choix : direction l’improbable île aux singes pour y goûter les joies d’un soleil écrasant et des tribus de cannibales masqués.

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La fermeture du studio LucasArts par Disney en avril 2013 m’a offert une excuse toute trouvée pour me replonger, avec nostalgie, dans quelques jeux mémorables de ce studio qui ne l’était pas moins. Mon premier choix s’est naturellement porté sur un drôle de pirate qui a débarqué sur l’île de Mêlée pour y découvrir l’aventure avec un grand A – pour « À l’aide ! ». Très étrangement pourtant, l’île se révèlera plutôt calme, et les hommes patibulaires de ce coin de Caraïbes fantasmées paraîtront bien frileux. Par peur des représailles, tous les pirates passent en effet leur temps au Scumm Bar. Normal, ne dit-on pas que tous les chemins mènent au rhum ?
C’est à partir de ce canevas bien étrange que Ron Gilbert a tissé un univers immense et crédible, peuplé de personnages extraordinaires, à la personnalité bien trempée. C’est chez Lucasfilm Games que Ron Gilbert bâtit sa légende en renouvelant totalement le genre point & click, aussi bien sur la forme que sur le fond. Ainsi, avant THE SECRET OF MONKEY ISLAND Ron Gilbert avait déjà eu l’occasion de se frotter aux jeux d’aventure puisqu’il fut à l’origine de titres aussi fabuleux que MANIAC MANSION, ZAK MCKRACKEN et INDIANA JONES AND THE LAST CRUSADE. À mon sens, MONKEY ISLAND vient placer la barre encore plus haut – il est d’ailleurs, à présent, le jeu le plus célèbre de son auteur, régulièrement cité parmi les plus grands titres de l’histoire des jeux vidéo.

Outre les clins d’œil astucieux et cinéphiles à STAR WARS (non il n’y a pas de « salopards de rebelles » dans le Scumm Bar) ou encore à INDIANA JONES (l’Amiga ? That belongs in a museum !), THE SECRET OF MONKEY ISLAND croule sous un humour alliant la finesse au grotesque le plus absolu – et tant pis pour le grand écart ! Surtout, Ron Gilbert nous a concocté une aventure immersive au possible – oui, oui, même à l’époque sur Amiga, on était plongé corps et âme dans les pérégrinations hautes en couleur de Guybrush Threepwood. Avec cette liberté de mouvements assez impressionnante pour un point & click, on a vraiment la sensation, tout au long de l’aventure, de pouvoir aller où bon nous semble – la présence d’une vue aérienne des deux îles que nous visitons renforce encore ce sentiment. Autre détail non négligeable pour l’immersion : plusieurs séquences se déroulent en temps réel ! La filature dans la forêt, le poisson qu’il faut subtiliser à la mouette, la pinte qui fond à cause du grog… non vraiment, dans THE SECRET OF MONKEY ISLAND, le joueur ne se contente pas de pointer et de cliquer : il a les deux pieds sur l’île de Mêlée. Oui, il est impliqué. À tel point qu’il lui faudra se prendre en main en développant tout seul l’art de l’escrime et de l’insulte (l’apprentissage est évolutif, drôle et absolument génial), ou en déterrant à la seule force de ses petits bras musclés le trésor de l’île de Mêlée, caché (ou pas) dans une sombre forêt labyrinthique. Cette immersion alliée aux dialogues fabuleux (écrits et non doublés, sur Amiga), à l’humour ravageur et à l’histoire qui se suit comme un bon petit film d’aventure, poussent le concept du point & click bien au-delà de ses prétendues limites de l’époque. Là où d’autres jeux du même genre finissent par ennuyer (à force de trop galérer sur la résolution d’une énigme ou de tout simplement tourner en rond), THE SECRET OF MONKEY ISLAND évite brillamment cet écueil en passionnant le joueur de bout en bout et en renouvelant les lieux de l’action puisque le jeu est découpé en trois parties bien distinctes, auxquelles il convient d’ajouter une jolie conclusion.

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Partie 1 : mélimélo sur l’île de Mêlée. La plus grosse partie de l’aventure prend ainsi place sur l’île de Mêlée. Ce long passage est le plus intéressant : on y découvre une énorme galerie de personnages, drôles et attachants, et l’ambiance nocturne de Mêlée est tout simplement fantastique.
Partie 2 : la croisière sans muse. À bord de son bateau de fortune, Guybrush vole au secours de la belle gouverneure Marley. Plus lente, disposant de très peu de tableaux, cette partie est plus ou moins à prendre comme un entracte – rassurez-vous les énigmes tordues sont toujours bien présentes. Ce changement de perspective apporte une variation de rythme bienvenue.
Partie 3 : Robinson Crusoé, à point, saignant ? Vous pensiez que l’île de Mêlée était dense? Attendez alors d’avoir vu l’île aux singes ! Il vous faudra y explorer un large territoire et même plonger dans ses entrailles, faites de lave en fusion et de champignons géants. Magie vaudou et cannibales civilisés absolument hilarants seront cette fois-ci au menu – prenez garde à ne pas finir dessus !
Partie 4 : orang-outan en emporte le vent. Conclusion courte mais épique, pleine de dramaturgie, de suspense, d’amour et… d’action !

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THE SECRET OF MONKEY ISLAND peut donc incontestablement être considéré comme un jeu culte – bien que cette appellation d’origine pas suffisamment contrôlée soit souvent surfaite. Expérience incroyable et inoubliable en 1990, le jeu de Ron Gilbert continue son petit bonhomme de chemin dans l’histoire vidéoludique puisqu’il est toujours aussi jouable et prenant aujourd’hui, soit plus de vingt ans plus tard. Y rejouer maintenant est l’assurance de plusieurs heures de fun et d’énigmes tortueuses mémorables, en particulier si vous avez gardé un peu de l’innocence que vous aviez lorsque vous étiez enfant. D’ailleurs les deux premiers MONKEY ISLAND, imaginés par Ron Gilbert, ne sont-ils pas constitués d’un pur rêve éveillé – mais littéralement ?

Note : joystick 2joystick 2joystick 2joystick 2joystick 2 Nostalgie : joystick 2joystick 2joystick 2joystick 2joystick 2aigle en or blason jvedb

THE SECRET OF MONKEY ISLAND sublime le jeu d’aventure point & click. Long, original, extrêmement drôle, techniquement superbe sur Amiga (musiques magiques, paysages très travaillés), le jeu de Ron Gilbert réussit l’exploit de ne jamais ennuyer ou décourager le joueur – grâce à son histoire prenante et surtout à son univers si immersif. Les paysages sont très variés, les personnages ont tous une personnalité propre, oui on a incontestablement l’impression de faire partie intégrante de ce monde imaginaire. Un peu grotesque, très coloré et au final diablement attachant. Le rêve de l’île aux singes dure encore – croisons les doigts pour ne jamais nous réveiller !

Images : Gamespot

L’intro du jeu non émulée :

mag vintage

1 réflexion au sujet de « The Secret of Monkey Island (Amiga, 1990) »

  1. J’y ai passé des heures sur mon PC, le 2 était excellent également et le 3 vraiment très bon. Mais malgré tout, mon Point & Click préféré reste et restera Day of the Tentacle du même studio, complètement fou comme jeu.

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