Chrono Trigger (Nintendo DS, 2008)

chrono trigger_fronticone nintendo-DSCHRONO TRIGGER
Année : 2008
Studio : TOSE
Éditeur : Square Enix
Genre : le chrono maître du temps
Joué et testé sur Nintendo DS
Support : cartouche DS


Royaume de Gardia. An mille. Une époque paisible, dont on fête aujourd’hui les mille ans du royaume. À cet effet, la foire du millénaire est actuellement tenue sur la place de Lynne. C’est précisément à cet endroit que Chrono, un jeune garçon impétueux et plutôt habile avec son katana en bois, va bousculer une jolie fille blonde, Marle, propriétaire d’un bien étrange pendentif. Les deux jeunes vont, après avoir fait connaissance et s’être un peu amusés à la foire, rendre visite à Lucca. La meilleure amie de Chrono, aux lunettes aussi protubérantes que la gentillesse et l’égo, vient de mettre au point, avec l’aide de son génie de père, un nouveau robot… et surtout une machine bien étrange qui permettrait de téléporter des individus vivants. Mais lorsque Marle va l’essayer, son pendentif va créer une violente distorsion temporelle. Chrono va alors braver le temps et l’espace pour retrouver la pétillante blonde… mais il va tomber sur un os bien plus gros que ceux des sauriens de la Préhistoire : la fin du monde ! Celle-ci est en effet écrite, et doit survenir dans un futur proche. Un monstre démoniaque, dénommé Lavos, doit en effet provoquer un véritable cataclysme. Chrono, et quelques amis de fortune, vont alors aller et venir dans le temps à plusieurs époques différentes afin de trouver un moyen de mettre un terme à cette menace.

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La petite Nintendo DS porte bien son nom : elle a tout d’une divinité séraphique. Déesse des ventes record ? Oui. Déesse des jeux originaux ? Oui. Déesse des remakes, hommages ou portages plein d’amour et de pixels 16 bits ? Oh que oui ! L’apparition sur DS d’un CHRONO TRIGGER, glorieux apôtre de la période J-RPG 16 bits, n’est ainsi aucunement condamnable. On est en effet loin des adaptations HD réchauffées qui meublent bon an mal an la génération actuelle de consoles. CHRONO TRIGGER DS est, au contraire, un vrai cadeau pour les joueurs. Tous les joueurs. Ceux qui ont déjà tâté la bête sur Super Famicom (ou PS1), ou les malheureux qui étaient passés à côté à l’époque pour une raison X ou Y – pas motivé, pas né, pas doué en anglais ou trop honnête (pas de copieur hongkongais pour sa Super Nintendo ni de PlayStation pucée).

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Ce qui saute aux yeux, lorsque l’on se replonge dans l’aventure aujourd’hui, c’est sa modernité. CHRONO TRIGGER, s’il correspond bien aux canons du genre J-RPG, n’en demeure pas moins étonnamment moderne dans sa conception et son level design. Tout d’abord les combats sont nerveux (des tas de combos et une réelle notion de stratégie) et jamais redondants (on n’est généralement jamais attaqué sur la map et même dans les donjons il est parfois possible d’éviter les rencontres). Ensuite, si l’aventure est globalement linéaire, son monde étant « ouvert » il est parfaitement possible de se balader où bon nous semble, de dénicher des secrets voire de trépidantes quêtes annexes (que l’on nous aurait peut-être vendues en DLC sur PS3 ou Xbox 360). Ce côté « ouvert » (magnifié par les nombreux passages temporels, les vols à dos de ptéranodons ou à bord du vaisseau Ibis) nous oblige aussi, à certains moments, à véritablement chercher notre chemin. Où trouver le savant qui va nous permettre de voler ? Dans l’Antiquité ? La Préhistoire (peu probable) ? Le futur, en 2300 ? Le Moyen-Âge, voire peut-être le présent, en l’An 1000 ?  Et une fois la bonne époque sélectionnée… il faudra encore le chercher sur la carte, dans l’un de ses nombreux endroits visitables. Quel bonheur de se perdre ainsi parfois dans les méandres du temps et dans cette géographie tortueuse et changeante (une action dans le passé pouvant modifier la géographie dans le futur) – ça change de certains RPG en ligne droite de la génération PS360 (non je ne suis pas une balance, je ne désignerai personne).

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Outre le plaisir procuré par ces voyages jamais redondants sur les cartes du monde, l’attrait du petit secret de la taille d’un pixel potentiellement caché dans le décor ajoute une réelle dimension d’exploration aux parties – on est loin, et je me répète, d’un simple RPG de couloir. Il vous faudra ainsi souvent farfouiller dans un château afin de dévoiler un passage astucieusement dissimulé, ou dénicher un petit éclat bleu synonyme de gélule permettant d’augmenter vos attributs (à l’instar des coureurs cyclistes, restez toujours positifs, car vous allez en trouver et en avaler plein, des cachetons !). Vous pourrez aussi simplement aller et venir, bercé par les musiques extraordinaires et les animations super mignonnes propres à chaque personnage, pour vous imprégner de l’univers et des héros de CHRONO TRIGGER, et ainsi en saisir les petites subtilités puisque vos actions et vos choix pourront avoir des conséquences  dans le futur – conséquences anodines (mais hilarantes : le tribunal !) ou extrêmement graves (réfléchissez bien avant de combattre Magus). Toutes ces possibilités, tous ces discrets embranchements dans l’histoire (presque invisibles, ne se substituant jamais artificiellement au plaisir du jeu et de la découverte) seront illustrés à la toute fin du récit, puisque de nombreuses fins différentes sont prévues : une cerise bien ronde et gourmande sur un gâteau pourtant déjà bien sucré !

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Le trône volant… que dis-je : l’autel Ibis !

Les défauts du jeu sur DS ? L’absence de refonte graphique ? Oui mais non. On les aime, ces pixels. Je trouve au contraire qu’un tel portage est parfaitement respectueux du matériau originel. Le prix ? Sorti à 40 euros en 2009, il se trouve à présent autour des 30-35 euros d’occasion. Beaucoup de joueurs (jeunes ?) s’étaient plaint, à cette époque, du prix « élevé » d’un jeu rétro sans réelle refonte – il est vrai que CHRONO TRIGGER DS tient plus du portage remanié que du véritable remake. Mais cette nouvelle version propose tout de même une aventure entièrement traduite en français (et ce, pour la première fois) ainsi que des conditions de jeu idylliques : les deux écrans permettent d’avoir toujours la carte sous les yeux par exemple, et l’utilisation du stylet n’est pas vraiment requise (une bonne chose). Ce qui est amusant, c’est que les personnes ayant critiqué le prix du jeu sur DS sont sans doute les mêmes qui mettent chaque année entre 40 et 60 euros dans une nouvelle version de FIFA, COD ou ASSASSIN’S CREED – deux poids, deux mesures comme on dit. Après, il est vrai que certaines nouveautés n’apportent rien, ou presque. Si les deux nouvelles quêtes annexes sont un « plus » non négligeables (dont une durant le newgame+), l’élevage de monstres à la Pokémon dans une arène dédiée m’a paru fort dispensable. Question de goût, assurément.

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CHRONO TRIGGER, sur DS, c’est l’assurance de participer à une aventure extraordinaire, à la fois au bout du monde (du sommet de montagnes enneigées aux profondeurs des grottes les plus sombres) mais aussi de son destin (possibilité de voyager dans de nombreuses époques différentes). Bien évidemment, il ne faut pas être allergique aux histoires un peu naïves propres aux J-RPG, ainsi qu’à ses ressorts parfois un brin téléphonés. Si vous êtes un habitué du genre, vous allez adorer CHRONO TRIGGER. Adorer son récit rythmé, varié et coloré. Adorer ses nuances et détails magiques dans le scénario (jolie parabole avec notre propre évolution et la disparition des dinosaures par exemple). Adorer naviguer sur ses océans, voler entre ses nuages, arpenter ses déserts d’un pied assuré ou au contraire avancer à pas de chat dans ses forêts maudites. Adorer ses personnages puissants et attachants (chara design de Toriyama Akira – cinématiques de la version PS1 incluses sur DS) : à tel point adorables (ils ont tous une certaine importance, voire leur « morceau de bravoure » à eux) et dotés d’une personnalité propre que ça devient un véritable crève-cœur d’en éjecter certains de votre équipe principale. Adorer, enfin, son système de combat (réglable mais que je conseille en « temps réel » afin d’ajouter une petite pincée de stress), moderne, rythmé et ponctuellement stratégique, qui n’ennuie jamais. Au contraire : ces batailles réservent plusieurs moments absolument épiques.

Déclenchez le chrono et lancez-vous dans l’aventure : vous n’allez pas voir le temps passer.

Note : joystick 2joystick 2joystick 2joystick 2joystick 2 Nostalgie : joystick 2joystick 2joystick 2joystick 2joystick 2aigle en or blason jvedb

Entre 20 et 30 heures de jeu. Est-ce trop court ? Peu importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse. CHRONO TRIGGER est une perle de J-RPG rythmé et jamais redondant. Le même miracle aurait-il été possible sur 100 heures de jeu ? Pas si sûr, et après tout peu importe : CHRONO TRIGGER est tel qu’il est, il ne faut pas le changer. Ce fut d’ailleurs le parti pris de Square Enix quand il fut question de porter ce jeu sur Nintendo DS : ne pas modifier ce chef d’œuvre. Respecter ses graphismes 16 bits, son histoire originelle. Sa magie intemporelle. Au mieux, le saupoudrer de quelques petites nouveautés (deux quêtes annexes supplémentaires, une partie Extra permettant de visionner pas mal de choses, une traduction en français). Mais le changer : non, jamais ce crime de lèse-majesté n’a dû être envisagé – surtout avec la descendante d’un roi dans votre équipe de héros ! Les bougons crieront à l’argent facile. Aux éditeurs braqueurs. Pour Square Enix, le temps c’est de l’argent ? Soit. Alors j’aimerais me faire dépouiller ainsi plus souvent.

Images : jeuxvideo.com

Vidéo : l’OST du jeu

mag vintage

 

12 réflexions au sujet de “Chrono Trigger (Nintendo DS, 2008)”

  1. Mon RPG, voir mon jeu préféré… que je suis en train de me refaire en ce moment même ! Je suis d’accord avec toi sur toute la ligne !

    Personnellement, je me le suis fait en japonais à sa sortie, crevant littéralement mes économies pour m’acheter ce qui deviendra ma référence. Tu as très bien résumé en disant « Ce qui saute aux yeux, lorsque l’on se replonge dans l’aventure aujourd’hui, c’est sa modernité. » Oui, il est furieusement moderne et devrait faire crever de honte beaucoup de RPG/jeux qui ont oublié les bases même de ce qui fait vibrer le joueur. C’est pour ça que je me suis relancé dedans : pour voir si c’était juste moi qui avais changé ou si beaucoup de jeux actuels étaient d’une superficialité à mourir d’ennui… le verdict est sans appel. À peine lancé que j’ai eu du mal à décrocher.

    En jouant au casque, j’ai également redécouvert les musiques : la stéréo est superbement gérée avec des effets utilisant habilement les canaux droite et gauche. Ce jeu me surprend encore maintenant ! Idem pour les graphismes : ils sont beaux, passent encore très bien à l’heure actuelle, non pas grâce à la technique mais grâce à une direction artistique aux petits oignons. Je viens de finir le premier Star Ocean (sur SFC) qui a été présenté comme la quintessence de ce qu’on pouvait fait sur Super Famicom. Il y a des effets visuels superbes, mais il n’arrive pas à la cheville de CT : à vouloir caser trop de pixels à l’écran, on en arrive à de la bouillie graphique.

    Je me le refais donc en japonais mais cette fois-ci, je comprends enfin l’histoire ! Oh ça ne m’avait pas empêché à l’époque d’en profiter. Ma cartouche jap dort chez moi depuis de nombreuses années, le compteur bloqué à 99h99, tous les persos gonflés à bloc niveau stats (double étoile) et toutes les fins de vue. Ma préférée reste celle sans le héros même si j’ai beaucoup aimé celle avec les créateurs du jeu aussi.

    Aaargh !! Quel jeu, mais quel jeu !!

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    • Tu aurais dû rédiger le test à ma place, tu connais le jeu bien mieux que moi je pense (d’ailleurs si un jour tu veux rédiger un ptit truc, n’hésite pas !). J’aime bien ton anecdote à propos des jeux en langue étrangère auxquels on jouait. Je ne pense pas avoir terminé de RPG en japonais à l’époque, mais j’ai joué à plein de jeux Super Famicom en japonais, puis sur d’autres machines en anglais – alors que je parlais mal la langue bien évidemment. Mais il y avait ce petit côté « aventurier de l’impossible », on était prêt à tout pour goûter à une expérience différente – j’ai le sentiment qu’aujourd’hui les jeunes joueurs réagissent tout à fait différemment (trop habitués à avoir tout, tout de suite ?). Je garde de grands souvenirs de mes parties de GOEMON avec mon frère, ou encore de CAPTAIN TSUBASA. Je notais toutes les phrases en japonais dans un calepin pour mémoriser leurs conséquences (passe, tir, action en tandem, tacle, etc.). Et au final, j’arrivais parfaitement à jouer ! Ça me donne envie d’y replonger d’ailleurs (j’ai bien évidemment racheté les cartouches).

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      • lol Ptêt pas quand même ! Je n’ai pas la verve du Schtroumpf grognon. 😉
        Oui, avec Alex que tu as rencontré, on s’est également fait des parties endiablées sur Goemon 2 et sur un des Captain Tsubasa ! Les notes dans un calepin à essayer de reproduire les kanji, je connais bien. C’est vachement plus marrant que les cours de jap d’ailleurs. C’est ptêt pour ça aussi que j’en ai jamais pris. ^^;
        Je me refais que des vieux jeux en ce moment, donc on aura l’occasion d’en reparler. Pour l’achat des cartouches, Chrono je l’ai à la maison, mais pas Star Ocean. Comme je l’ai fini quand même, je me le prendrai à mon prochain passage au Japon.

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  2. Pour ce qui est des critiques des remakes, je te rejoins .. enfin je crois.
    On dirait que ceux qui les emettent ne se rendent pas compte que l’acquisition de la machine originale, plus le degottage du jeu peuvent revenir plus cher que le remake (sans compter les problemes techniques qu’on peut rencontrer), ni qu’il y a peut-etre (sans doute) dans le public des personnes qui n’ont pas connu le jeu original. Je sais de quoi je parle, j’ai decouvert Ocarina of time sur 3ds (et ca me ferait rudement plaisir qu’ils sortent Majora’s mask aussi)
    Sinon de mon cote, je n’ai jamais trop accroche a un jrpg, mais depuis le temps que j’entends dire du bien de chrono trigger, vu qu’en plus il est sur ton blog, et qu’enfin j’adore la DS et ca fait longtemps que je ne lui ai pas achete une nouvelle cartouche, je me demande si ce n’est pas l’occasion.

    Et au fait, coucou et bravo pour ton blog. Deja que je me demandais comment tu faisait pour alimenter ton autre blog, j’ai maintenant la preuve que tu pratiques la sorcellerie.

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    • Hello Joe, comment va ? Heureux de voir que tu as trouvé le chemin vers ce petit blog. Concernant CHRONO, c’est vraiment du JRPG, il ne faut pas être allergique au genre. Et je te rassure : pas de magie noire de mon côté ! Mais je rédige mes chroniques de jeux vidéo très lentement, sur plusieurs semaines voire plusieurs mois, à mesure que je progresse dans le jeu ou dans ses difficultés. Concernant les remakes, j’aimerais bien voir FF VII débarquer un jour… Je rêve peut-être… A bientôt !

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      • Je vais probablement suivre ton exemple pour mes chroniques. J’attends d’avoir fini un jeu ou presque avant d’écrire et pour le coup mon inspiration s’envole petit à petit. Des bouts d’une dizaine de critiques doivent trainer sur mon ordi et j’arrive pas à me replonger dedans alors que c’est des jeux ou des films que j’aime.

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      • He bien voila, c’est achete 😉
        En fait je me suis servi de mes points de fidelite Yodobashi pour l’acquerir. Points accumules suite a l’achat … d’une PS vista. He ben ouais, je cherchais un pretexte pour l’acheter celle-la, et c’est ta chronique sur Gravity Daze me l’a donnee.
        En gros, j’ai depense 25 milles yens suite a la lecture de ton blog; tu devrais demander un pourcentage.
        Me voila avec dizaines d’heures de tuages d’yeux en perspective.
        Pour FF7 j’ai vu qu’il y a la version PSOne telechargeable pour Vita. J’imagine que c’est de l’emulation. Tu as des informations la dessus ?

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        • Raaah, je vais avoir la pression maintenant ! J’espère que tu ne seras pas déçu. Tu m’en diras des nouvelles à l’occasion. Concernant FFVII, écoute je ne suis pas sûr mais il me semble que la version PSone téléchargeable pour la Vita c’est juste la version PSone de base, avec un lissage des textures en option (comme quand on joue à nos vieux CD-ROM PSone sur PS3).

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