Renegade III: The Final Chapter (Amstrad CPC, 1989)

RENEGADE III: The Final Chapter
Année : 1989
Studio : Imagine
Éditeur : Imagine
Genre : « jamais 2 sans 3 » prend du plomb dans l’aile
Joué  et testé sur Amstrad CPC
Support : cassette ou disquette


Votre petite amie a encore été kidnappée ! Pour la retrouver, vous allez une nouvelle fois faire parler vos pieds et vos poings… aux quatre coins de l’espace-temps ! Oui, votre chère et tendre a été emportée quelque part, entre la Préhistoire et un lointain futur. Il va donc vous falloir frapper des hommes de Néandertal et des dinosaures (tant pis pour la précision historique), avancer vers l’Égypte antique puis le Moyen-âge, pour ensuite vous envoler dans l’espace – et viser le septième ciel avec madame ?

1989. J’avais 14 ans à l’époque, et j’ai eu très mal. Oui, c’est l’année où j’ai perdu ma virginité anale. Plus précisément, il s’agissait de la première fois que je me faisais violemment humilier par un éditeur de jeux vidéo – pan ! dans le dos. La deuxième fois ce fut en 2012 avec BIOHAZARD 6, de Capcom. RENEGADE III et BIOHAZARD 6 : 23 années pour un grand écart, mais au final les mêmes escarres. Jamais je n’ai autant regretté un achat day-one…

Il faut quand même préciser qu’en 1989, tout le monde attendait RENEGADE III comme le messie. Après un premier RENEGADE magnifique et absolument grandiose pour l’époque, et sa suite intitulée TARGET RENEGADE qui améliorait le concept en proposant de jouer en coopération et de ramasser des armes diverses, RENEGADE III fut annoncé un peu partout en grande pompe comme étant la conclusion over-the-top de la série culte. Par conséquent, je l’avais précommandé par correspondance sur Micromania dans l’espoir de la recevoir le jour J. Et ce jour-là, je m’en souviendrai toute ma vie de joueur : la disquette vrombit dans son lecteur, j’astique mon joystick comme on mettrait de l’huile dans le moteur et voici enfin l’écran de jeu qui rugit. Et manque de me faire vomir. Je tombe de ma chaise, la déception est bien trop grande. Aïe !

RENEGADE III a été entièrement réalisé en mode 0, sans doute pour profiter d’un maximum de couleurs (16) au détriment de la résolution. Bien maitrisé, ce mode peut accoucher de grands jeux comme le premier RENEGADE, ou encore GRYZOR. Pris par-dessus la jambe, ça donne une bouillie de pixels. Ni plus, ni moins. Oui, graphiquement RENEGADE III est absolument immonde, l’agencement des couleurs semble avoir été l’œuvre d’un daltonien pressé d’en finir avec son travail car martyrisé par Lucky Luke qui se serait trompé de cible – le con. Par conséquent, les écrans manquent clairement de visibilité. Entasser les couleurs ne sert à rien si on n’a aucune notion d’harmonie graphique…

Mais la catastrophe industrielle RENEGADE III ne s’arrête pas là. Oh non… Histoire qu’il n’y ait pas de jaloux, le programmeur est tombé aussi bas que son graphiste : les sauts flottants sont affreux à réaliser, et les coups sont très limités. C’est complètement ubuesque : il y a moins de coups que dans les jeux précédents ! Pire, il faut souvent fuir le combat et donc slalomer entre les adversaires pour arriver à la fin du niveau dans le temps imparti – oui, ils ont gardé l’une des rares mauvaises idées du premier RENEGADE : le chrono trop serré – couplé à un gameplay approximatif, ça rend le jeu anormalement difficile. Par contre ils ont abandonné la géniale innovation du deuxième jeu : la coopération. RENEGADE III est un pur jeu solo. Salaud ? On slalome, on se presse, on essaie de ne pas foirer son saut flottant, le lag est affreux quand il y a un peu trop d’ennemis à l’écran et le niveau se termine. Juste comme ça. Quoi, pas de boss de fin ? Bah non, que voulez-vous. Quand on foire un beat’em all, autant le foirer dans les grandes largeurs, n’est-ce pas ?

Vous êtes encore là ? Tant mieux, parce que j’ai gardé le meilleur pour la fin : le scénario. Ok, ce n’est pas très important dans un beat’em all. Mais quand même… il y a des limites au bon goût. L’éditeur Imagine a osé l’impensable : passer de simples bagarres de rue entre gangs à… des voyages dans le temps. What the… Non, sérieusement non. Les gars, non. Et pourquoi pas un spin-off avec Casimir, tant qu’on y est ? Croyez-le ou pas, mais dans RENEGADE III votre petite amie a été une nouvelle fois capturée (le scénariste ne s’est même pas foulé à chercher un autre prétexte) et a été dissimulée quelque part dans le temps. Pour la retrouver, vous devrez donc remonter à la Préhistoire, à l’Égypte antique, au Moyen-âge pour finalement vous projeter dans le futur ! Par conséquent, apprêtez-vous à distribuer coups de pied et coups de poing à des dinosaures, des momies, des chevaliers et des robots ! Punaise, mais y’a même pas une touche pour suicider mon personnage sur ce clavier maudit ?!?

Vous l’aurez compris : RENEGADE III n’est pas un bon jeu. Mais, quelque part, il est aussi un peu attachant… Il fait partie des nanars vidéoludiques de l’espace. Ces daubes légendaires qui se révèlent presque jouables malgré tout, et que l’on aime se refaire de temps à autres avec quelques grammes d’alcool dans le sang – chacun son truc, certains sniffent le plastique des Wiimotes, alors ne me regardez pas comme ça. Si le jeu avait été distribué au Japon, je crois qu’il aurait eu droit à l’appellation d’origine contrôlée kusoge. Ou jeu de merde.

Qui dégage un je-ne-sais-quoi d’éternel.

Note :        Nostalgie :

RENEGADE III n’est pas un bon jeu. Et si on aime le vice du détail, on ajoutera qu’il s’agit d’un très mauvais beat’em all : très peu de coups différents, un chrono assassin qui nous oblige à rusher les niveaux et aucun boss de fin. Mais RENEGADE III est encore plus que tout cela réuni : c’est une insulte grossièrement pixelisée faite aux deux premiers jeux, RENEGADE et TARGET RENEGADE qui eux regorgeaient de qualités. Un naufrage inexplicable. Ou peut-être si… Allez on tente ? En deux mots : argent facile.

Images : Jeux vidéo et des bas

Vidéo :

4 réflexions au sujet de “Renegade III: The Final Chapter (Amstrad CPC, 1989)”

  1. Trés impressionné par vos tests pleins de passion et d’amour pour le rétrogaming !

    Mais ca n’égalera pas nos tests qu’on fait sur Flappy-Spirit moi et un belge, jetez un coup d’oeil chers confrères !

    http://flappy-spirit.over-blog.com

    Plutôt que de parler de concurrence, je dirais plutôt que nous représentons la passion du rétrogaming et que nous défondons avec brio ces valeurs.

    Ça vous dirait de collaborer avec nous ?

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  2. Un sombre étron que ce jeu !!! Moi qui avait fait les 2 premiers en long en large et en travers je me souviens aussi de ma déception devant…ça ! Une bien belle bouse (comme le double dragon version amstrad d’ailleurs!)

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