Kholat (PlayStation 4, 2016)

kholat-box-ps4playstation-4-iconeKHOLAT
Année : 2016
Genre : triste fait d’hiver
Studio : IMGN.PRO
Éditeur : IMGN.PRO
Joué et testé sur PlayStation 4
Support : Blu-ray


L’Affaire du col Dyatlov est un événement qui se solda par la mort de neuf randonneurs dans le nord de l’Oural, dans la nuit du 1er au 2 février 1959. Elle eut lieu sur le versant est du mont Kholat Syakhyl, signifiant « Montagne morte ». Le col de montagne où se déroula l’affaire a depuis été renommé col Dyatlov d’après le nom du chef du groupe, Igor Dyatlov. L’absence de témoins oculaires a donné naissance à beaucoup de spéculations. L’enquête menée par les autorités soviétiques détermina uniquement qu’une force irrésistible inconnue avait causé la mort des randonneurs. L’accès à la région fut interdit aux skieurs et autres aventuriers durant trois longues années après l’affaire. La chronologie des événements dans la nuit du 1er au 2 février reste incertaine, faute de survivant.

Les enquêteurs ont déterminé que les randonneurs arrachèrent leur tente de l’intérieur et sortirent nu-pieds dans la neige. Leurs corps ne présentaient pas de signes de lutte, mais deux victimes présentaient des crânes fracturés, deux des côtes cassées, et il manquait la langue de l’une d’entre elles. Selon certaines sources, les habits de quatre des victimes présentaient des niveaux élevés de radiations. Il n’en est pas fait mention dans les documents contemporains du drame et cela n’apparaît que dans des documents postérieurs. (Wikipédia)

Des années plus tard, vous partez seul explorer les lieux du drame. Mais dans quel but ?

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KHOLAT est une espèce de jeu d’aventure à pied couplé à une atmosphère et à des mécaniques de survival horror. Mais ce n’est pas la raison pour laquelle je l’ai acheté. Ma première motivation fut son background : un fait divers réel et inquiétant, qui ne fut jamais expliqué et que vous avez pu découvrir dans le résumé posté ci-dessus. Ensuite, la présence de Sean Bean à la (discrète) narration a attisé ma curiosité. Enfin, les décors neigeux et venteux de l’Oural ont achevé de me convaincre : j’avais autant envie de froid que d’effroi pour meubler quelques-unes de mes soirées d’hiver. Oui je suis très role-play comme garçon, en été je joue à AFRIKA sur PlayStation 3, et en hiver à KHOLAT sur PS4 ! Ou comment se fabriquer sa propre réalité virtuelle et sa 4D avec peu d’efforts et beaucoup d’imagination^^.

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Plus qu’un vrai survival ou qu’un jeu d’aventure, KHOLAT est un jeu d’ambiance. Oui, il a une gueule d’atmosphère ! Alors certes il est possible de mourir mais ici, peu ou pas d’interactions avec les décors, pas vraiment d’énigmes à se mettre sous la dent, pas de nourriture, de piles ou de munitions à gérer – et pour cause, on ne dispose d’aucune arme. Notre personnage est pour ainsi dire nu comme un ver – il s’agit bien évidemment d’une image, puisqu’on imagine celui-ci parfaitement équipé de la tête aux pieds pour survivre au froid dévorant du mont Kholat Syakhl. Toutefois, vous n’utiliserez pas tout l’équipement du montagnard : vous ne construirez aucun pont suspendu, vous ne planterez pas le moindre piton dans la roche et n’escaladerez aucune façade. Le gameplay est pour ainsi dire minimaliste, dans la grande tradition de ces « walking simulators » à l’intérêt discutable qui fleurissent abondamment sur PC depuis quelques années. Dans KHOLAT, on peut donc uniquement marcher, s’accroupir, utiliser le bouton X pour interagir avec quelque chose (en général une note égarée), utiliser une lampe électrique, une boussole, une carte, et aussi courir – mais c’est extrêmement usant pour le joueur puisqu’il faut maintenir le stick gauche appuyé, de plus notre personnage est exténué au bout de quelques secondes. Préparez-vous donc à marcher 99% du temps… La course, malgré tout, n’est pas complètement inutile… Mais je n’en dirai pas plus.

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La boussole et la carte constituent, au contraire, le nerf du gameplay, la substantifique moelle de l’aventure givrée proposée par KHOLAT. Et accrochez-vous si vous n’avez pas le sens de l’orientation, car rien ne vous sera expliqué. Vous risquez ainsi de pester, voire de baisser rapidement les bras face à tant de flou, de chemins sinueux et de mystérieuses interrogations. Où aller ? Que faire ? De quoi s’agit-il ? Pourquoi suis-je mort en bas de ce col ? D’où provenait ce bruit ? S’agissait-il des complaintes du vent, d’un cri d’outre-tombe ou d’un cruel truchement de mon imagination ? En plus de la raison, gardez bien une chose en tête : la carte en votre possession n’est pas anecdotique. Elle est en réalité un parfait copilote, un véritable garde-fou contre le sentiment d’abandon qui vous inondera durant les premières minutes de jeu. Chacun de ses détails a son importance…

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Difficile de parler davantage de KHOLAT sans en dévoiler trop. À mon sens, son flou artistique, ses épais mystères et cette sensation de ne pas savoir où aller ni quoi faire constituent une grosse partie de son intérêt. Dois-je vous dire s’il est possible d’être attaqué ? Et si oui, par quoi ? Si jamais il ne se passe jamais rien durant l’aventure, suis-je tenu de le préciser ? D’après moi, dire d’un jeu comme celui-ci qu’il s’y passe quelque chose, ou au contraire rien du tout, revient à gâcher une partie du plaisir de la découverte. Je me contenterai donc du minimum : KHOLAT est un jeu d’atmosphère, il faut y jouer en s’immergeant dans son intrigue, sa montagne dévorante et son froid cinglant : dans le noir, avec un casque sur la tête  et la porte du réfrigérateur ouverte. Avancer à tâtons, être prudent et attentif aux détails. Ne pas s’attendre au jeu du siècle (et encore moins au plus long), mais plutôt à une expérience narrative faite d’immersion totale dans des décors naturels implacables (c’est d’ailleurs assez joli avec une belle spatialisation du son) et de coups de frousse bien réels si vous jouez le jeu plutôt que de jouer au jeu – je me comprends. Maintenant et si vous souhaitez en savoir davantage sur les différentes mécaniques de KHOLAT (dont certaines un peu bancales), vous pouvez cliquer sur ce lien (avec quelques petites révélations concernant le début de l’aventure, ce que je trouve dommageable mais je vous aurai prévenus). Dans le cas contraire, je vous invite à vous arrêter ici et à craquer pour ce jeu, plus survival horror que walking simulator, qui m’a beaucoup plu certes, mais qui laissera beaucoup d’autres joueurs… de glace.

Note :

KHOLAT est un jeu d’exploration et de mystères, basé avant tout sur la maîtrise de sa carte et sur son atmosphère – lugubre et froide, très froide ! Malgré quelques grosses chutes de neige et surtout de framerate, l’immersion dans ces cols de l’Oural ravagés par les vents est une grande réussite. Le gameplay minimaliste l’est un peu moins, on aurait aimé pouvoir accomplir davantage de mouvements, mais ce n’est pas rédhibitoire pour autant. De même, le côté survie est davantage marqué par l’horreur (ça fait peur si on fait le premier pas, si on fait l’effort de s’immerger) que le pur survival – on ne peut pas mourir de faim, de froid ou de fatigue, et on n’est jamais à cours de piles pour la lampe. Alors oui, pour apprécier KHOLAT il faut être un peu rêveur dans l’âme – et aimer cauchemarder éveillé. Oui il faut savoir faire preuve d’imagination, quand on participe à un tel voyage, et ne pas avoir nécessairement envie de trier le vrai du flocon.

Images : jeuxvidéo.com

Trailer (sans spoiler) :

7 réflexions au sujet de “Kholat (PlayStation 4, 2016)”

  1. J’avais perso beaucoup aimé, même si c’est vrai que la première heure du jeu, mais j’ai galéré à trouver comment me diriger avec ma carte et ma pauvre boussole… Dommage que la survie ne soit pas poussée plus loin, mais ça restait très sympa, et surtout beau et immersif.

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      • Je l’avais pris je crois lors des promos Halloween du PS Store (avec le pas terrible THE PARK et le sympa et bien ambiancé LAYERS OF FEAR). Voir même un peu avant pour KHOLAT, mais je n’ai jamais trouvé quoi dire dessus, car c’est purement de l’ambiance, du ressenti, dur d’y mettre des mots parfois, et chacun aura son avis bien tranché.
        La preuve, comme je l’avais apprécié, je l’avais offert à une amie via steam, et… euh… elle a tenue une heure, elle n’est pas rentrée dans l’ambiance et a trouvée ça un peu chiant.

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        • Oui difficile de faire une vraie review. D’ailleurs j’ai essayé d’en dire le moins possible^^. Comment as-tu interprété la True Ending ?

          SPOILER SPOILER SPOILER :

          Nous (enfin, le joueur) sommes le monstre, n’est-ce pas ? Et on ne fait que revisiter les différents lieux de nos crimes passés – les tentes, etc. Non ?

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          • Et tu as très bien fait pour laisser le potentiel joueur découvrir.
            SPOILER SPOILER SPOILER SPOIIIIIIILER
            Il me semble oui que nous jouons le monstre, notamment avec le dernier acte, lorsque l’on doit remonter vers la tente et que l’obscurité est autour de nous. D’ailleurs quand nous arrivons à la tente, j’ai cru entendre (à vérifier) le même bruitage que lorsqu’un monstre nous repère lors de l’exploration de la montagne. Il est possible (encore une fois, théorie) que nous soyons le « tueur » et que nous revivons tout ce qui s’est passé, mais tellement de choses sont basées sur l’interprétation. Peut-être que l’on revit les événements en y incorporant du surnaturel par culpabilité même non ?

          • SPOILER SPOILER SPOILER

            Pour moi ça ne fait aucun doute, on est le monstre, on revisite les lieux du crime (en pensée ? Puisque dans la True Ending on semble allongé – et toujours vivant !). Les silhouettes que l’on croise parfois seraient éventuellement nos victimes (elles fuient généralement) et les autres monstres… D’autres fruits d’expériences russes similaires à celle qui nous a éventuellement enfanté ? Bref c’est quand même un peu flou 🙂

  2. Salut,
    Ça m’a plu de lire cet article, car je suis fan de Kholat. Je trouve que c’est un jeu d’horreur intéressant. L’ambiance est captivante et la direction artistique est sympa. Les développeurs ont fait du bon boulot !

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