Slain: Back From Hell (PlayStation 4, 2016)

SLAIN: BACK FROM HELL
Année : 2016
Studio : Wolf Brew Games
Éditeur : Digerati Distribution
Genre : back from pix-hell
Joué et testé sur PlayStation 4
Support : Blu-ray


L’esprit de Begone fait revenir Bathoryn d’entre les morts, contre son gré. Désireux de goûter à une paix bien méritée, l’ancien gardien, qui a déjà beaucoup trop donné, doit néanmoins reprendre le chemin de la guerre, avec à ses côtés son alliée de toujours : une épée magique à deux mains. Les hordes de Lord Vroll, en provenance des terres du Sud, Chalh, ont repris un à un les territoires autrefois pacifiés en massacrant toute forme de vie sur leur passage… Le monde n’est plus qu’un sombre repère d’horreurs et de sang, de tortures et de vice permanent.


S’il y a un titre qui revient d’entre les morts, ce n’est pas THE LAST GUARDIAN (malgré sa résurrection il parait qu’il n’est plus très frais), mais bien SLAIN ! Son nouveau titre, BACK FROM HELL, a d’ailleurs été, non sans humour, choisi à dessein : le jeu revient bel et bien de l’Enfer ! On raconte en effet que lors de sa sortie initiale sur Steam, le jeu d’Andrew Gilmour souffrait de gros problèmes de maniabilité : latence dans les coups, mouvements imprécis… que de soucis rédhibitoires dans un jeu aux mécaniques un peu à l’ancienne qui ne pardonnait rien. Heureusement, quelques développeurs sont venus prêter main forte à Gilmour. Résultat : une paire de patchs au visage des joueurs PC meurtris, et des éditions définitives sur consoles de salon – avec notamment une version physique pour la PlayStation 4, tant et si bien qu’aujourd’hui on peut bel et bien dire que SLAIN a été définitivement sauvé des eaux ensanglantées du Styx. Mieux : son héros pourtant promis à l’Enfer a fait la nique à Lucifer pour désormais tutoyer le septième ciel vidéoludique. SLAIN est en effet un petit bijou, absolument épique et qui ravira à coup sûr les nostalgiques et les amateurs de jeux d’action en 2D.


SLAIN: BACK FROM HELL, sous ses atours de jeu d’action/plates-formes mâtiné de beat’em all, semble avoir tout pour plaire aux fans de jeux en 2D, qui ne manqueront pas de tomber amoureux de ses faux airs de CASTLEVANIA et de ses faiseurs de mort pixelisés. D’ailleurs ces pixels rouge sang, vert-de-gris, bleu roi… parlons-en ! D’un point de vue graphique, SLAIN est absolument renversant. Beau à damner un saint, d’la bonne à souffler la robe d’une nonne ! Avec son ambiance pas catholique pour un sou, SLAIN risque de réveiller la bête qui est en vous : les écrans fourmillent de détails géniaux, et l’agencement des couleurs est tel qu’il sublime les milliers de pixels ainsi mis en scène. N’ayez donc pas peur de jouer à ce jeu sur une grande télé, puisque son imagerie n’en souffre pas, bien au contraire : SLAIN y gagne en force et en profondeur, et parcourir les différents niveaux de l’aventure finit à ce point par subjuguer que l’on s’arrête parfois pour contempler béatement l’un de ses nombreux tableaux morbides.


Le chara-design varié et absolument divin (enfin façon de parler) des créatures et des boss ajoute encore au sublime macabre de l’ensemble, quand la bande-son saignée par Curt Victor Bryant (Celtic Frost), finira d’enfoncer le clou pour vous crucifier sur l’autel du ludisme néo-rétro – marqué du number of the beast, aka 666. Belles et envoutantes, les musiques en question ne versent aucunement dans le gros son permanent. Oui, Curt Victor Bryant sait aussi se faire discret, pour laisser au joueur et au gameplay le rôle de leaders du groupe. Surtout, il a eu l’intelligence de composer un vrai soundtrack de jeu vidéo, et pas un « simple » album de studio. Ses morceaux collent complètement aux différentes étapes de l’aventure, et si les combats contre les boss déchaînent les enfers, d’autres passages sont illustrés par des musiques beaucoup plus posées – j’adore INTO THE FURTHER et BLACK ROSE BLEEDING. Et plein d’autres également. J’aime tous les morceaux en fait ! En gros, grâce à Curt Victor Bryant l’ambiance de SLAIN est comme sa guitare : électrique !

Cher riff fais-moi peur !

Sur le fond, le jeu d’Andrew Gilmour semble relativement basique : un slain’em all couplé à quelques phases de plates-formes bienvenues, dans la plus grande tradition du genre en 2D. Au début, on a l’impression que SLAIN est relativement bourrin – et il l’est. Mais pas tout le temps, loin de là même. Dans chaque niveau, vous aurez fort à faire pour vous sortir de certaines situations presque inextricables – les nombreux checkpoints permettent heureusement de souffler un peu, et rendent d’ailleurs, intelligemment, SLAIN moins difficile que ce qu’il aurait pu être. Malgré tout, quelques passages risquent de vous pousser à insulter la Terre entière à intervalles réguliers. Une seule solution alors : jouer avec finesse en vous appropriant le gameplay simple mais relativement technique du jeu. Vous trouverez ainsi une parade à votre disposition – mais je n’en suis pas fan, elle n’aspire pas tous les dégâts… Par conséquent la meilleure défense, c’est l’attaque ! Avec le bon timing, vous pouvez renvoyer les projectiles magiques et autres boules de feu à leurs expéditeurs, effectuer un contre (attention au timing diabolique) vous permettant d’étourdir l’ennemi et par conséquent de lui asséner un énorme coup, ou encore pratiquer l’art de l’esquive, particulièrement ravageur et moins difficile à maîtriser que les techniques précitées.


Encore plus simple : l’attaque chargée – bouton carré maintenu enfoncé pendant un laps de temps très court. Là encore, il s’agira de bien gérer le timing – lancée au bon moment, cette charge vous permettra d’asséner un coup extrêmement puissant tout en étant auréolé d’une i-frame pendant le mouvement en question. Oui, tout, ou presque, est une question de timing quand il s’agit de faire mordre la poussière à vos adversaires. Et comme souvent dans les jeux finement programmés, la gestion du timing deviendra petit à petit une seconde nature pour le joueur persévérant. SLAIN propose définitivement un gameplay à la fois valorisant et jouissif. Vous l’apprécierez encore sans doute davantage lorsque vous serez déjà venu plusieurs fois à bout de l’aventure. Certes, on pourra regretter l’absence d’armes différentes, mais c’est justifié par le scénario (lisez bien le dialogue final !). De plus, notre épée à deux mains possède trois formes : métal, feu et glace, auxquelles on peut accéder à la volée pour faire plus de dégâts à des ennemis bien précis.


Enfin, vous disposez d’une jauge de magie. Grâce à celle-ci, vous serez capable d’envoyer trois attaques à distance – faible, forte et… monstrueuse. Bien évidemment, votre jauge diminuera en conséquence. Pour la remplir à nouveau, il vous faudra réaliser des mises à mort spéciales (après une charge ou un contre). Ajoutez à cela des pièges sadiques, de bonnes petites phases de plates-formes, quelques chambres secrètes, des boss magnifiques aux patterns old-school et des adversaires dont il faudra rapidement apprendre les forces et les faiblesses – voire connaître par avance l’endroit où ils apparaissent afin d’anticiper quelques batailles rangées particulièrement violentes et ainsi devenir un expert en crowd-control.


Oui, pour moi SLAIN: BACK FROM HELL est définitivement une réussite sur toute la ligne, même si je demeure bien conscient qu’il s’adresse sans doute avant tout aux nostalgiques de certains jeux en 2D. Sa maniabilité, un brin rigide mais intelligemment justifiée par le fait que l’on joue avec une épée très lourde, risque de rebuter les joueurs adeptes du plaisir instantané, apôtres du moindre effort. En effet les premières parties de SLAIN font mal, et oui on a l’impression que bien des morts qui nous sont infligées flirtent avec une certaine injustice. Peut-être même le supplice ? Un conseil alors : persévérez, apprenez à contrer, à placer les attaques chargées au bon moment, anticipez les plus grosses vagues ennemies et ne soyez pas avare en magie. SLAIN: BACK FROM HELL vous dévoilera alors son vrai visage, au sourire délicieusement décharné, peuplé de tableaux merveilleusement néo-rétro et d’un gameplay un brin bourrin certes, mais dont il faudra maîtriser les petites subtilités pour finir par vaincre – sans trop transpirer.

Note :

Malgré un gameplay un brin rigide hérité de certains jeux en 2D (CASTLEVANIA...), SLAIN: BACK FROM HELL se révèlera tout à fait jouable à mesure que vous persévérerez – et si vous décidez de jouer à la croix directionnelle plutôt qu’au stick (avis personnel). Bourrin en apparence, SLAIN distille en effet quelques petites touches de finesse qui enrichissent son gameplay : contres, attaques chargées, attaques magiques, esquives, et même un niveau en scrolling forcé dans la peau d’un loup fonçant à toute allure ! Alors il est vrai que le jeu est un peu avare en armes et secrets, mais ces menus défauts sont rapidement balayés par la beauté des environnements, aka le pixel-art à son paroxysme, et par l’élégante sauvagerie de sa bande-son métallique aux doux relents de symphonie morbide.

Images : PlayStation

Le trailer qui vend du rêve :

 

4 réflexions au sujet de “Slain: Back From Hell (PlayStation 4, 2016)”

  1. Toujours pas fini de mon côté ! La combo garde/contre-attaque est effectivement dévastateur et le jeu nous fait savoir très vite qu’il nous faudra en maîtriser le timing pour avancer. Je confirme aussi pour la maniabilité du jeu à sa sortie : une horreur, j’ai crié à l’arnaque ! Mais tout va mieux maintenant. 😉

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