Contamination (Amstrad, 1986)

CONTAMINATION
Année : 1986
Studio : ERE Informatique
Éditeur : ERE Informatique
Genre : un jeu old-gène
Joué et testé sur Amstrad CPC
Support : cassette ou disquette


Quelque part sur la Terre, un nouveau virus frappe les populations. Haut responsable de la santé mondiale, vous devez enrayer l’épidémie par des mesures adéquates : cordon sanitaire, information, mise au point d’un antivirus… Dans votre centre de recherche, vous disposez d’un panneau de contrôle planétaire qui vous met en relation avec les pays atteints, d’un ordinateur pour guider vos décisions, et d’un microscope pour des séances d’arcade au cours desquelles vous lutterez conte le virus. Parviendrez-vous à endiguer le fléau et à sauver l’Humanité ?

(texte tiré du jeu).

Les années 80 et 90, c’était quand même fantastique. Tout était permis ou presque, et ce même dans le domaine du jeu vidéo qui s’adressait pourtant avant tout aux enfants et aux ados. L’Amstrad CPC a ainsi vu fleurir en son sein un nombre incalculable de jeux improbables, qui auraient peut-être plus de mal à passer aujourd’hui. CONTAMINATION est de ceux-là. Imaginez un peu : la Terre à bout de souffle se retrouve gangrénée par de multiples virus. Vous êtes à la tête de l’OMS, et devrez par conséquent parfois prendre des décisions impossibles pour le bien de l’Humanité : sacrifier une région qui ne peut plus être sauvée, déployer un cordon sanitaire pour en isoler d’autres, tenter le tout pour le tout avec un antivirus dont les effets secondaires ne sont pas connus… et se retrouver par votre faute avec des millions de gens atteints d’un cancer des os ou du cerveau, voire d’une liquéfaction des intestins ! Horrible ! Et il ne s’agit que de trois tristes exemples parmi tant d’autres…

Ce côté vraiment affreux de l’aventure, ces millions de gens qui disparaissent en temps réel, les terribles effets secondaires minutieusement détaillés confèrent à ce jeu de stratégie un cachet assez unique. Et des cachetons vraiment iniques. Le jeu se présente ainsi : vous faites face à une jolie carte du monde (merci au graphiste Michel Rho), et des croix apparaissent à des endroits divers et avariés, vous indiquant l’éclosion de foyers d’infection. Vous avez cinq icônes sous l’écran, ce sont les cinq actions globales que vous pourrez mener durant votre épopée macabre : établir un cordon sanitaire autour d’un foyer, pratiquer la politique de la terre brûlée, raser le tout avec une bombe nucléaire (inutile, vous perdez automatiquement la partie), examiner une région donnée ou prélever un échantillon. À côté de cela, vous pouvez suivre en temps « réel » le moral des gens (dont vous perdez plus ou moins rapidement le contrôle) et le nombre de survivants. Le cordon sanitaire peut éviter une propagation rapide mais il est extrêmement limité dans le temps. La terre brûlée, pour moi, n’a presque jamais eu l’effet escompté : tuer la plupart des gens pour mettre un terme à une épidémie (oui je suis un monstre). L’action que vous utiliserez le plus souvent sera donc le prélèvement d’échantillon.

Lorsqu’un échantillon du virus est prélevé, vous basculez en mode « laboratoire ». Plusieurs options se présentent à vous, mais le plus souvent vous commencerez par l’identifier. Indice de virulence, apparence et nombre d’acides aminés, mode de propagation (salive, sperme, air, etc.) et nom : vous pouvez en effet baptiser le virus que vous avez découvert – jeux de mot salaces admis, et même recommandés. Ensuite, vous allez devoir vous retrousser les manches et créer un antivirus – dont vous choisirez aussi le nom (contre une maladie sexuellement transmissible, j’ai appelé le mien CONDOM – même pas honte). Il s’agit, en fait, d’un mini jeu durant lequel vous voyez les acides aminés au travers de votre microscope. Il vous faut alors les réordonner afin de découvrir un remède plus ou moins efficace. L’ordre est importantissime, puisqu’un acide mal placé pourrait fort bien causer des effets secondaires absolument terrifiants – si ceux-ci sont moins graves que le virus originel, peut-être serez-vous tenté d’y avoir recours malgré tout. Il m’est ainsi arrivé de sauver des régions entières en provoquant des millions de cas de dessèchement de la peau ou d’éruptions cutanées – un moindre mal, quand un virus emporte des âmes en quelques jours dans des conditions atroces. Autre possibilité : utiliser un antivirus dont les effets demeurent inconnus en dernier recours… Non, CONTAMINATION n’est pas avare en douloureux cas de conscience !


Acides aminés animés

Vous allez alors me demander comment connaître l’ordre exact des acides aminés pour créer un antivirus efficace. Et je vous répondrai que je n’en sais rien ! Il parait qu’il y a une certaine logique à la chose (mode de propagation certainement, la virulence peut-être ?), mais cette logique change d’une partie à l’autre ! J’ai cru, au début, qu’il suffisait d’inverser la séquence des acides. Ça a marché la première fois avec un virus se propageant par le sperme. Mais durant la même partie, un peu plus tard, et face à un autre virus sexuellement transmissible, j’ai créé un monstre. Si le mini jeu de création d’antivirus avait été sympa et ludique, on aurait pu s’amuser à faire et refaire la séquence. Mais ce n’est pas le cas. Ce mini jeu est long, lent et rébarbatif. Pire, le temps s’écoule quand vous restez dans votre laboratoire – et de nouveaux foyers d’infection apparaissent rapidement comme autant de champignons purulents sur une vilaine peau d’adolescent.

Malgré sa prise en main très simple (tout peut se faire au joystick), une originalité évidente mettant en scène un sujet grave, et un souci du détail assez ahurissant (description des maladies et des effets secondaires, chaque coin du globe qui offre des statistiques précises…), CONTAMINATION souffre d’une certaine redondance et surtout d’une difficulté assez violente en mode « responsable ». Les foyers de contamination s’y multiplient, et il est impossible (me semble-t-il) d’appliquer un même remède en même temps dans plusieurs régions limitrophes frappées par un virus identique – ce qui aurait permis de nous faire gagner un temps précieux ! Le mode « apprentissage » est beaucoup moins difficile, et si je suis parvenu à le terminer (malgré quelques cancers des os contractés çà et là), c’est pour faire face à un écran bien pessimiste me signifiant que je n’avais pas rempli les conditions requises d’un directeur de l’OMS attendu. Ô rage, ô désespoir. Il ne me reste donc plus qu’à me saouler à la cigüe !

Note :      Nostalgie :

Avec son scénario morbide, ses millions de gens qui disparaissent tandis que vous cherchez coûte que coûte un antivirus, CONTAMINATION a des faux airs de NUCLEAR WAR, l’excellent jeu de stratégie sorti sur Amiga. Une différence de taille cependant : CONTAMINATION n’a rien d’une parodie, et le ton est très sérieux. Assez surprenant ! Aujourd’hui, CONTAMINATION a certes un intérêt limité – il est redondant, et la création d’antivirus (un mini jeu) n’est pas franchement amusante. Il reste pour lui un ton vraiment à part, des descriptions de maladies qui font froid dans le dos et les quelques jolis graphismes de Michel Rho. Une curiosité !

Images : Jeux vidéo et des bas

2 réflexions au sujet de “Contamination (Amstrad, 1986)”

  1. Il y a toujours des jeux avec des scénarios horribles, comme le très gros succès sur smartphones qui est ensuite sorti sur PC et qui s’appelle Plague Inc.

    Le scénar est simple : Jeu de stratégie original dans son approche, Plague Inc. place le joueur dans une situation inédite. En effet, après avoir créé un virus, vous allez devoir non pas l’éradiquer mais aider à sa propagation à travers le monde. Ainsi, pour infecter la cinquantaine de pays disponibles, 11 maladies seront à votre disposition.

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    • Je le connais ce jeu, c’est pour ça que je précise que le média, à l’époque « s’adressait pourtant avant tout aux enfants et aux ados », contrairement à aujourd’hui.

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