Furi – Definitive Edition – (PlayStation 4, 2017)

FURI – DEFINITIVE EDITION –
Année : 2017 (2016 édition simple en dématérialisée)
Studio : The Game Bakers
Éditeur : Limited Run Games
Genre : Furi-tale
Joué et testé sur PlayStation 4
Support : Blu-ray


The Stranger, enchaîné, muet… le regard vide… il attend son heure. Il attend sa mort. Un étrange inconnu le sortira pourtant de sa geôle, et lui indiquera la marche à suivre : neuf arènes, neuf gardiens pour un seul chemin… vers la liberté, dont les teintes dépendront des choix à venir de l’énigmatique guerrier. Flanqué de son sabre, de son laser et de sa crinière blanche finement ciselée, il va arpenter les courbes désarticulées d’un monde étrange et pourtant… bien vivant ?

… What will you fight for?


« Let’s take this to the next level. »

Avec toute chose, une précision s’impose : je voue un véritable culte à FURI, et s’il avait été question de retrogaming, je me serais fendu d’un bon mot en précisant que j’étais désormais entré dans les ordres, à savoir la religion cathodique. Mais il ne s’agit pas de retrogaming. Pourtant, FURI tourne le dos à de nombreux passages obligés de la scène vidéoludique moderne, par exemple en ne proposant aucune assistance, aucun mode multi… bref en mettant le joueur face à ses responsabilités. Ainsi, dans FURI, ne vous attendez pas à disposer de pléthore d’armes… Il n’y en a que deux – un sabre, et un laser. On les a de base. Tout est sur la table, et ce dès la première partie. Durant toute l’aventure, il n’y aura aucune amélioration possible, aucun bonus, aucune arme supplémentaire, aucun XP, rien de rien. Dans FURI, la seule chose qui évolue c’est le joueur. C’est lui qui s’améliore, c’est lui qui aspire des XP virtuels comme une éponge, c’est lui qui progresse. C’est lui, l’arme.


« What would you do if you had an eternity to do nothing but wait? Do you keep busy, do you daydream, do you freak out? He trained. »

Alors oui, je voue un véritable culte à FURI, et si je le précise, c’est pour la bonne cause : ne prenez pas cet avis pour argent comptant, l’amour et la mort que je porte à ce jeu étant à même de déformer ma vision des choses, maladroitement engoncée entre la subjectivité et sa psychose. Surtout, si aujourd’hui le titre des Français de The Game Bakers fait intégralement partie de ma vidéo-lubie, il n’en fut pas toujours ainsi, et notre union ressemble fort à un mariage déraisonné. En effet, au début je détestais cordialement FURI – ce jeu honni. Il faut dire que je m’attendais à un beat’em all maquillé en VS Fighting, avec son lot habituel de coups variés et de combos que j’aurais répété à l’envi. Un beat’em all, FURI ? Que nenni ! FURI est en réalité un tout autre jeu, presque inclassable et par conséquent particulièrement fragile et cassable – par quiconque ne ferait pas l’effort de s’y atteler sérieusement. Regardez sur la toile, et vous trouverez sans doute autant de joueurs adorant FURI que de personnes le méprisant.


« Come on, give me something memorable, something that I can learn from, that will make me better! »

Pour ma part, j’ai été très désagréablement surpris lors de mes (nombreuses) premières parties. FURI n’était pas un vrai beat’em all, et l’impossibilité de varier les coups ou, par exemple, de tout simplement sauter quand j’en avais envie a sérieusement entamé mon moral et ma santé – mentale. Puis d’autres détails tout aussi inattendus sont également venus s’ajouter à ma grande désillusion : le jeu n’était pas techniquement très poussé pour un titre PS4 (notamment durant les cut-scenes), et les phases à pied imposées entre les combats, durant lesquelles on ne peut strictement rien faire sinon écouter des monologues, ont fini d’achever ma patience. Aussi et à force de bloquer sur le deuxième boss, trop difficile, et sur le gameplay, trop flou, je décidai de revendre le jeu.


« Excellence is not an art, it’s pure habit. We are what we repeatedly do. »

L’ayant malgré tout acheté une certaine somme sur le site de Limited Run Games, je me suis mis à hésiter le jour J (« J » pour Je vends ce jeu qui me gonfle). Qui sait, si je l’avais récupéré gratuitement via le PlayStation+ par exemple, peut-être que je n’aurais pas été aussi persévérant… Roulements de tambour, suspense à son paroxysme, petit pipi du stress qui frappe à la porte de mon slip. Me voici donc en train de donner une dernière chance à ce jeu auquel je souhaitais tout simplement jouer, et qui comble de l’humiliation avait fini par se jouer – de moi. C’était là, peut-être, un début de prise de conscience me concernant. Je n’avais pas pris FURI par le bon bout. Je cherchais à y jouer en y adaptant mes réflexes, mon expérience, ce que j’avais acquis des années durant, après tant de joutes animées – et parfois génériques. Oui, j’avais sans doute pris de mauvaises habitudes. Le mauvais pli. J’insère alors le Blu-ray dans le lecteur de ma PS4, me retrousse les manches, souffle un bon coup et me décide à littéralement épouser les courbes et le rythme du jeu, à le suivre tel un couple enlacé réalisant quelques pas de danse endiablés. Et là, c’est le déclic. La claque. Le trip. Je me surprends à enchaîner les boss et mieux : à prendre du plaisir. Fou. Infini. Je termine alors le jeu en quelques jours, sans rencontrer de grosses difficultés. Car je l’ai finalement dompté. Mais je continue, encore, et encore. Je vise le speedrun, le rank S en mode Furi, le rank S en mode Furier… Je vise tout. J’écoute les musiques en boucle. J’étudie les patterns sur Internet, me passe et repasse mes joutes passées en vidéo. Parfois par simple plaisir. Parfois par simple désir… de progresser et donc de préparer l’avenir.


« You’ve given me a chance to teach my son an important lesson; that when good men look away, evil prevails. »

Pour prévenir toute désillusion de votre part le jour où vous vous lancerez dans FURI, je vais vous préparer le terrain et vous éviter ainsi de nombreux tours de reins. Le détail le plus important relève sans aucun doute du rythme des duels. Même si, lorsque vous serez un joueur confirmé, vous vous rendrez compte qu’il est possible d’imposer ponctuellement son tempo (en cassant la routine d’un adversaire par exemple), je vous conseille néanmoins de suivre le flux faussement improvisé par votre ennemi. Non, durant cette phase d’apprentissage, ne cherchez pas à aller plus vite que la musique – dans tous les sens du terme. Laissez-vous plutôt porter par ses mélodies absolument grandioses et par les pas, tour à tour posés et pressés, de votre challenger – en symbiose. Cela vous évitera bien des déboires et rapprochera votre adversaire du trépas. Apprenez à vous laisser porter par ses vagues (parfois des rideaux de balles hérités de Treasure), sachez quand il convient mieux de parer (possibilité de regagner de l’énergie, voire de contrer en cas de parade parfaite) ou d’esquiver (maintenez le bouton X pour un dash plus long), bref : imprégnez-vous du rythme très particulier du jeu, et ne vous offusquez pas lorsque vous réalisez que c’est lui qui vous dicte les différentes phases des duels – rapprochées, dans une toute petite arène sans laser, ou éloignées, dans des environnements plus ou moins grands avec vos deux armes à disposition, à savoir le sabre et le laser.


« On a scale from 1 to 10, she’s an 11, and she’d give herself a 12. »

Le laser qui est d’ailleurs une arme à ne pas sous-estimer. Il possède un tir rapide, et un autre qu’il faut charger comme un beam, plus destructeur. Après un peu d’entraînement, vous comprendrez qu’il est possible d’asséner des dégâts considérables un usant et abusant du laser – sans parler du fait qu’il permet aussi quelques feintes délicieuses que seuls les joueurs confirmés maîtriseront (casser un pattern, par exemple, et ainsi empêcher une attaque destructrice avant qu’elle ne soit lancée). Le tout se fait avec quelques boutons uniquement. Comme je l’ai précisé un peu plus haut, dans FURI pas de place pour les combos (ou alors extrêmement simples) ou les coups spéciaux. En plus du laser précité, on dispose donc seulement d’un bouton pour esquiver grâce à un dash (plus ou moins long), et d’un autre pour frapper au sabre – un seul coup disponible, mais qu’il est possible de charger pour lancer une attaque féroce – si l’attaque passe, le combo se lance automatiquement. Il existe enfin une technique très particulière lors des phases de combat rapproché : le boost. En maintenant quelques instants le stick droit dans la direction opposée (pas facile à placer en pleine joute furieuse), notre personnage gonfle sa puissance et ses prochains coups feront des dégâts considérables – s’il n’est pas lui-même touché à son tour. Et c’est tout. Il n’y a rien d’autre. Pas d’armes supplémentaires, pas de vrais combos avec les boutons ni de manipulations à la STREET FIGHTER. Juste le joueur, son laser, son sabre et sa capacité d’improvisation, de mémorisation et de réaction (attention aux réflexes !) qui seront soumis à rude épreuve.


« I like the way you take me out of my comfort zone. »

Se laisser porter par le rythme, surfer sur les vagues successives des boss, savoir faire preuve de patience… Voilà mon principal conseil pour bien débuter dans FURI. Ne cherchez pas à imposer votre tempo – du moins tant que vous ne maîtriserez pas totalement le jeu. Autre détail importantissime à mon sens : les sons, et les musiques. Je me suis surpris à jouer beaucoup mieux avec des écouteurs dans les oreilles ou un casque sur la tête. Le son est une donnée extrêmement importante dans FURI, notamment pour faire sien le timing des parades – et en plus vous profiterez aussi des musiques absolument fabuleuses que compte le jeu (The Toxic Avenger, Carpenter Brut, Whaveshaper…). Celles-ci ne sont pas anecdotiques. Elles transforment les combats en joutes endiablées, et vous vous surprendrez plus d’une fois à taper du pied en rythme avec ces vibrations sataniques. Mieux : l’ambiance musicale est telle que vous ne devriez pas vous lasser de vous relever pour refaire et refaire un nombre incalculable de fois certains boss – la musique adoucit les morts.


« Hold my hand. »

Les boss, enfin. Au nombre de neuf plus un, ils sont tous extrêmement variés, et de difficulté inégale – avec parfois de belles surprises à la clé. S’il m’a fallu du temps pour apprécier le deuxième boss, j’ai fini par tous les aimer. Les adorer. Les abhorrer – mais pour de bonnes raisons : The Burst demeure ainsi, encore et toujours, ma grande rivale. Ma peur virale. Elle peut tuer en un coup grâce à son fusil de sniper, et sa vague finale est une véritable plaie – inoubliable. Qui s’y frotte, s’épique ! Chacun de ces boss possède sa propre personnalité, son ambiance, son rythme. Sa façon de donner la mort – sa façon de donner l’amour. Il se n’agit pas de mots en l’air : oui il y a une histoire dans FURI, et les développeurs ont ciselé une véritable personnalité à chacun de nos ennemis, mais aussi au mystérieux narrateur qui nous accompagne du début jusqu’à la fin – la fin, vraiment ? C’est là que les phases à pied entre les combats prennent tout leur sens. Vous n’y ferez pas attention au début, mais à mesure que vous progresserez dans le jeu, que vous le referez une fois, peut-être deux, vous vous surprendrez à comprendre ce qui se cachait derrière les mots/les maux de certains gardiens. Derrière certaines de leurs attitudes – avez-vous profité de ces moments où ils baissaient parfois volontairement leur garde ? N’avez-vous pas senti comme une petite piqûre de honte à cet instant précis ? Avez-vous été surpris par la relative faiblesse du neuvième gardien ? Moi oui, mais c’est alors que j’ai compris : il était là pour enfoncer le clou narratif. Les monologues qui l’ont précédé, superbement bien écrits et doublés (en anglais pour moi) étaient censés nous y préparer. La chair de poule qui s’est dessinée sur ma peau lorsque, enfin libre, j’ai foulé les champs luxuriants de ma macabre démarche, ça par contre je n’aurais jamais pu l’anticiper.

Note :

Graphiquement FURI n’est pas grandiose, mais le jeu possède une identité forte, un design qui marque – un peu à la EL SHADDAI. Oui, il y a du boulot derrière (Okazaki Takashi est responsable du chara-design par exemple). Les musiques devraient finir de vous immerger dans ce monde surréaliste. Les combats, enfin et puisqu’il s’agit avant tout de cela, risquent de vous déstabiliser au départ : un seul coup disponible au sabre, deux forces de frappe au laser, une parade et une esquive (un dash plus ou moins prononcé). Et c’est tout. Le gameplay de FURI semble minimaliste mais extrêmement valorisant : il permet au joueur d’être au cœur des débats. Celui-ci progressera grâce à sa technique propre, et non pas en profitant de bonus, d’armes supplémentaires ou de je-ne-sais-quoi d’artificiel. FURI remet intelligemment le joueur sur le devant de la scène. Pour un concert d’émotions inoubliable.

PS : ONE MORE FIGHT est inclus dans la version physique de LRG – un DLC de qualité qui réserve une petite surprise !

Images : éditeur

Trailer :

Quelques-unes de mes vidéos :

Oli VS The Song (Furier Mode) :

Oli VS The Line (Furier Mode) :

Oli VS The Burst (Final Phase, Furier Mode) :

 

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