Night Trap: 25th Anniversary Edition (PlayStation 4, 2017)

NIGHT TRAP: 25th ANNIVERSARY EDITION
Année : 2017
Studio : Digital Pictures
Éditeur : Limited Run Games
Genre : Night Trap servi sur un plato
Joué et testé sur PlayStation 4
Support : Blu-ray


De nombreux adolescents ont disparu près de la grande demeure possédée par les Martin. Les membres du S.C.A.T. (Special Control Attack Team) enquêtent sur cette étrange famille depuis quelque temps déjà. Ils décident d’envoyer Kelly, l’une de leurs espionnes, en reconnaissance. Pour s’infiltrer plus aisément, l’intéressée profitera de la venue de plusieurs vacanciers, quatre jeunes femmes et un garçon. Kelly comptera également énormément sur vous, membre émérite du S.C.A.T. spécialisé dans l’informatique et qui est parvenu à pirater le système contrôlant tous les pièges de la maison des Martin. Oui… la maison en question est truffée de pièges fatals. À vous de les actionner au bon moment pour terrasser les Augers, ces êtres noirs et mystérieux qui semblent vouloir s’en prendre aux invités des lieux…


Lorsque NIGHT TRAP est sorti en 1992, il détonna tellement dans le paysage vidéoludique des nineties qu’il déclencha une vague d’indignation aussi puissante que ridicule – il fallait les voir, ces sénateurs américains conservateurs jusqu’au bout des ongles, s’égosiller en réclamant l’interdiction pure et simple de ce jeu « révolutionnaire » en prises de vue réelles (ou Full Motion Video). « Shame on you », « It’s child abuse »… Bref je vous passe les détails, mais vous conseille néanmoins de visionner cette vidéo d’époque édifiante et finalement… bien marrante ! Car bien évidemment, ces professionnels de la politique n’avaient aucune idée de ce qu’était un jeu vidéo, et encore moins NIGHT TRAP, auquel ils n’avaient jamais joué… et dont ils n’avaient sans doute vu qu’une ou deux images au détour d’une réunion coincée entre deux meetings de la NRA. Vous me direz, c’est un peu le même cirque aujourd’hui, et il n’est pas surprenant de découvrir des politiciens qui ignorent le prix d’un pain au chocolat ou d’un ticket de métro. NIGHT TRAP, même en 1992, n’avait strictement rien de violent, et encore moins de sexuellement provoquant – des filles en short ou en nuisette, on en voyait déjà partout, et ce même dans des publicités diffusées à la télévision ! Tout ce battage médiatique accoucha néanmoins du premier système de classification pour les jeux vidéo, aka l’ESRB, qui fut mis en place quelque temps après la sortie du soft. Comble de la malédiction vidéoludique : cette histoire rattrapa l’éditeur de jeux physiques Limited Run Games en 2017, lorsque celui-ci voulut sortir le remake de NIGHT TRAP en boîte – désormais, même les tout petits tirages physiques seront soumis au joug de l’ESRB, et il faudra payer pour cela, bien évidemment, même si le jeu est déjà sorti en dématérialisé. Dur, dur, pour les tout petits studios… NIGHT TRAP a une nouvelle fois joué de malchance, un peu à la manière d’un oiseau de mauvais auger… Déjà en 1992, il n’avait pas porté chance à la pétillante Dana Plato, puisque l’actrice de la série maudite ARNOLD ET WILLY, qui avait déjà commencé sa descente aux Enfers, ne tardera plus à en toucher le fond… Mais ceci est une autre (triste) histoire.


À l’instar d’un diable blagueur, NIGHT TRAP: 25th ANNIVERSARY EDITION est tout de même parvenu à sortir de sa boîte. Plus en forme que jamais ! Cette ressortie d’un jeu culte (pour de bonnes ou de mauvaises raisons) est aussi improbable que réussie. Je m’explique : NIGHT TRAP 2017 ne constitue aucunement un portage au rabais. Des scènes coupées, dont l’intro, ont été intégrées à l’aventure, les écrans de surveillance fonctionnent désormais en direct (ce qui enrichit énormément l’expérience puisqu’ils étaient fixes, à l’époque), les vidéos n’ont jamais été aussi belles, des tas de bonus sont déblocables (dont le prototype de NIGHT TRAP, qui ressemble à une espèce de Murder Party avant l’heure), différentes skins sont présentes et un mode Survivor a été ajouté – durant lequel il faudra piéger un maximum d’Augers. Mieux : la version française est disponible en sus, et constitue à elle seule une expérience de nanar de l’espace aussi rare que les bons titres dans les filmographies de Chuck Norris, de Bruce Li et de Bruce Le réunies.


La grande force de NIGHT TRAP, outre le fait qu’il brise intelligemment le quatrième mur, c’est sa timeline. L’histoire suit son cours, mais elle est presque impossible à voir dans son intégralité puisqu’elle se déroule en temps réel dans huit différentes pièces de la maison. Il vous faudra donc faire des choix : espionner le couple en charge des lieux qui complote dans le salon, jeter un coup d’œil à l’héroïne dans le couloir, profiter de la présence d’une jolie blonde en nuisette dans la salle de bains ou surtout, surtout… piéger des Augers ! Ces vampires ratés, sans dents mais qui ont besoin de sang, ont été ringardisés par les développeurs de l’époque afin que le jeu puisse passer sous les fourches caudines de la censure : en gros, ces Augers sont des hommes en survêtements noirs, avec une cagoule sur la tête et une démarche de canard. Tout simplement hilarant ! Ce côté très « nanar » fait beaucoup du charme du jeu. Mais il ne fait pas tout : car oui, NIGHT TRAP est un véritable jeu – au gameplay limité, cela va sans dire, mais qui propose néanmoins de véritables interactions, de nombreuses possibilités de game over (si vous ne piégez pas suffisamment d’Augers) et de choix cornéliens. En gros, une partie de NIGHT TRAP se déroule ainsi : il s’agit presque toujours du même film (quelques variations notables cependant vers la fin), mais qui se déroule simultanément dans plusieurs pièces de la bâtisse. En gros, quand un individu sort du hall du rez-de-chaussée pour entrer dans la cuisine, ça se déroule en direct, et vous pouvez le suivre en actionnant la caméra de la cuisine si vous le souhaitez. Vous devrez alors déclencher les pièges au bon moment (il suffit d’appuyer sur un bouton) pour coincer un maladroit Auger. Mais vous devrez aussi prêter attention au scénario, et notamment aux maîtres de maison qui décideront, à plusieurs reprises, de changer le code d’accès des pièges – dans NIGHT TRAP, les murs ont des oreilles : les vôtres !

Le ridicule ne tue pas ? Dans NIGHT TRAP, si !

À la fois joueur et spectateur, le passager imprudent embarqué dans ce drôle d’ovni filmé avec les pieds mais développé avec le cœur devrait passer par tous les sentiments. Les adeptes de jeux carrés au gameplay technique s’ennuieront vite. Les amateurs de nanar se marreront comme rarement. Les plus curieux, qui aiment s’essayer un peu à tout, devraient apprécier le bad trip proposé par NIGHT TRAP – le jeu de Digital Pictures, témoin d’une époque révolue, est bien moins vide et vain que ce que laissaient présager les premiers retours.

Note :

Difficile de donner une note à NIGHT TRAP. Aussi, je ne me permettrais pas de le conseiller à n’importe qui. NIGHT TRAP est un jeu au gameplay très limité, mais loin d’être dénué d’idées – le film qui se poursuit dans huit pièces différentes, les pièges à actionner au bon moment, les fins multiples et surtout cet humour improbable qui lui donne un côté nanar finalement très attachant. Pour ma part, j’y ai pris mon pied. D’autres devraient s’y prendre la tête à deux mains.

Trailer :

Le mode Survivor (c’est moi qui joue comme le roi des S.C.A.T.) :

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