Red Heat (Amiga, 1989)

RED HEAT
Titre alternatif : Double Détente
Année : 1989
Studio : Special FX
Éditeur : Ocean
Genre : la faucille, le poing et le marteau
Joué et testé sur Amiga 500
Support : disquette


Après avoir retrouvé la trace de Viktor Rostavili dans un sauna de Moscou, le capitaine Ivan Danko se rend à Chicago pour mettre la main sur l’intéressé… et lui faire payer la mort de son collègue. Sur place, Ivan Danko va devoir faire face à des dizaines de gangsters se succédant dans les étroits couloirs d’un hôpital et d’un hôtel… avant le duel final avec Viktor, près d’une voie ferrée. Armé de ses deux poings et d’un flingue aux munitions très limitées (pensez à en récupérer quand elles traîneront sur le sol), Danko parviendra-t-il à rendre la justice aussi efficacement que son coéquipier américain ? Américain ?!? Quoi ? Un capitaliste qui s’allie à un communiste ?!? Ne Mélenchon pas les torchons et les serviettes s’il vous plaît !

En 1988, Vladimir Poutine officiait encore au KGB et était toujours inconnu du grand public. Pour les enfants occidentaux de l’époque, la force russe, froide et impitoyable, était donc avant tout incarnée par… Ivan « je vais te briser » Drago. Schwarzy, avec son accent à tailler au couteau de boucher, était aussi naturellement désigné pour, un jour, interpréter à son tour un personnage venu de l’Est. Pas pour être l’un des méchants russes dans RAMBO III, non : je vous rappelle que Sylvester Stallone et Schwarzy se détestaient cordialement à ce moment-là. Et puis Arnold, dorénavant, ce sera un gentil. Oui, même dans les suites de TERMINATOR !

RED HEAT, aka DOUBLE DÉTENTE en France, est donc à la base un film d’action de type buddy movie, qui cumule la plupart des qualités et des défauts des longs métrages du même genre produits dans les années 80. Mais la patte de Walter Hill, la verve de James Belushi, et l’excellent score du regretté James Horner font de RED HEAT un film qui a un peu mieux vieilli que RUNNING MAN, COMMANDO et consorts – soit dit en passant, James Horner avait également livré un super boulot sur les musiques de COMMANDO. Concernant l’adaptation sur les ordinateurs familiaux, ce sont les Anglais d’Ocean qui s’y sont frotté. Et Ocean, quand il fallait adapter des films en jeux vidéo, manquait souvent d’imagination… mais pas de flair. Pour RED HEAT, ils ont donc fourni quelques efforts concernant les graphismes (Schwarzenegger n’a jamais été aussi ressemblant)… et c’est tout ! On devine sans peine que le budget d’un tel jeu passait avant tout dans le prix à payer pour exploiter la licence, puis dans les campagnes marketing – qui a dit aussi dans l’arrosage des testeurs de jeux vidéo ?!?

RED HEAT propose par conséquent de très jolis sprites. Le premier niveau, dans le sauna, est un modèle du genre : pixels de compétition, Schwarzy plus beau et musculeux que jamais, et beaucoup de détails savoureux en arrière-plan – matez-moi ces belles paires de fesses de bodybuilder russe, ou encore ce bad guy qui ressemble à s’y méprendre à Sylvester Stallone dans le rôle de Rambo ! Oui, tout ce qui restait du budget après les dépenses obligatoires a dû passer dans les graphismes des personnages. Pas dans la musique, malheureux : coupez-la vite et jouez plutôt avec les SFX ! Le gameplay ? Oubliez-le… En gros, dans RED HEAT, vous contrôlez plus ou moins Ivan Danko – et je précise bien « plus ou moins » car en réalité le Russe avance tout seul. On peut juste freiner sa marche, donner des coups de poing, un coup de boule ou tirer au flingue – mais les munitions sont ultra limitées. Ah, et on peut se baisser aussi. Et vous vous baisserez souvent, dans RED HEAT. Ainsi recroquevillé dans l’étroite bande de style cinémascope qui tient lieu d’écran de jeu, votre personnage sera tout simplement intouchable. Yep, les ennemis ne peuvent pas vous toucher si vous êtes baissé – coups de poing, balles, pierres, boules de neige (hein ?!?) et autres seringues usagées… vous esquiverez absolument tout, et ce même si une balle de pistolet chevauche votre sprite. Un détail voyons, pas de temps à perdre à corriger ce genre de trucs, chez Ocean.

Ennuyeux à mourir, répétitif à en perdre la raison, le joueur passe son temps à marteler le bouton fire – en respectant un timing assez étrange compte tenu d’une latence assez désagréable dans les contrôles. Et notre flic russe avance, à grand renfort de bourre-pifs spammés ad nauseam : nazdrovié, salopard de mafieux ! Et tiens, prends une glasnost dans la tête, pendant que j’achève ton pote avec une pérestroïka dans le bide ! C’est Poutine qui va être content… Notez, malgré tout, que quelques mini jeux parsèment le parcours de notre héros musculeux pour varier les plaisirs. C’est d’ailleurs assez paradoxal car, au final, ces mini jeux très courts sont plus amusants que le jeu principal – par exemple le tir sur cible très rigolo, à la WEST BANK, avec notamment le personnage de la prostituée topless vue dans le film, et qui apparaît furtivement dans le jeu derrière une porte : ne lui tirez pas dessus !

Passée la première bonne impression laissée par les graphismes, RED HEAT dévoile donc son vrai visage très rapidement : au bout de quelques minutes, on n’a qu’une seule envie… Non, OK, disons deux : se saouler à la vodka pour oublier ce que l’on vient de subir, et se saisir de la disquette du jeu pour la balancer par la fenêtre ! Le comble, dans cette fausse mauvaise histoire belge (bah ouais, elle est russe), c’est que le soft d’Ocean est vraiment difficile, ses niveaux sont trop longs, sans boss et sans aucun écran pour féliciter le joueur méritant (et masochiste) à la toute fin. Pas un dessin, même pas deux-trois lignes pour nous prévenir. Nope. Juste le jeu qui repart à partir du premier niveau dans une espèce de loop vidéoludique infini. J’aurais dû m’en douter : on m’avait pourtant bien dit que les techniques de torture du KGB étaient les plus sadiques !

Note :              Nostalgie :

Fidèle au film grâce à ses décors et certains personnages secondaires (le tueur déguisé en infirmière, la prostituée, Viktor qui se bat avec deux flingues, etc.), RED HEAT le jeu ne mérite pourtant pas que vous vous attardiez dessus plus d’une dizaine de minutes. Ultra répétitif, joli certes mais confiné dans une toute petite fenêtre de jeu, RED HEAT ne propose rien de véritablement excitant : il faut se contenter de laisser Schwarzy avancer, frapper avec le bouton fire, et se baisser pour éviter les coups, les balles et les boules de neige – qui font des dégâts, ouais !

Images : Jeux vidéo et des bas

Vidéo :

 

3 réflexions au sujet de “Red Heat (Amiga, 1989)”

  1. Roh je ne connaissais même pas l’existence de ce jeu… Mais ton test refroidit bien… Pourtant je me suis fais pas mal de jeux rétros ces derniers temps, mais là ça n’a en plus pas l’air passionnant (surtout si en plus on peut tout éviter en se baissant).
    Ocean, ça pouvait très vite devenir les jeux du diable!

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