Two-Tenkaku (PlayStation, 1995)

TWO-TENKAKU
Année : 1995
Studio : Club DEP
Éditeur : Sony Music Entertainment
Genre : la tour Osaka infernale
Joué et testé sur PlayStation
Support : CD-ROM


Durant l’Antiquité, Ōsaka servait de point d’accès entre deux univers distincts. De l’autre côté du point de convergence, situé précisément dans le quartier de Tennō-ji, se trouvait un monde sombre, peuplé de monstres étranges vivant dans une atmosphère viciée. Heureusement pour les humains, cette passerelle dimensionnelle fut un jour scellée au pied de la tour Tsūtenkaku. Pour une raison encore inexpliquée, la porte en question s’est rouverte… et le héros que vous êtes a été aspiré de l’autre côté : au cœur de Deep Ōsaka. Aux commandes de votre vaisseau spatial pour ne pas dire spécial, il vous faudra lutter pour revenir parmi les vôtres – et accessoirement refermer le portail à tout jamais.

TWO-TENKAKU est un shoot’em up relativement médiocre. Voilà, c’est dit et tant pis pour le suspense, je ne m’appelle pas Hitchcock. Inutile d’aller voir la note en bas de la page, si vous voulez de l’épique qui pique pour vous replonger dans les meilleurs shooters de l’époque, passez votre chemin et penchez-vous plutôt sur le catalogue sans fin des shoot’em up Saturn et PS1. Mais alors me direz-vous (surtout les deux du fond qui suivent), pourquoi diable ai-je acheté ce jeu disgracieux, et pour quelle obscure raison est-ce que je prends le temps d’en écrire non pas une chanson, mais une pénible review ? Eh bien parce que ce shoot’em up est dans son entier dédié à la ville d’Ōsaka. Ma ville d’adoption. Cette ville que j’aime tant, à présent. Imaginez un peu deux secondes : n’en feriez-vous pas autant si un shoot’em up avait un titre inoubliable avec pour thème Paris (Eiff-hell Tower From Mars/Les Champs-Enlisés) ou Toulouse (Touhou-se) ? OK… Vous économiseriez sans doute votre argent pour quelque chose de plus consistant. Mais que voulez-vous… je ne suis pas spécialement résistant. D’aucuns diront même que je suis aussi faible qu’un enfant.

TWO-TENKAKU est donc bel et bien un shoot’em up se déroulant à Ōsaka. Et c’est là son principal (et seul ?) intérêt. Le titre annonce d’ailleurs la couleur, puisqu’il s’agit d’un clin d’œil borgne à la tour Tsūtenkaku dans un jeu de mot affligeant mais qui n’est pas pour me déplaire. La tour Tsūtenkaku, trônant fièrement au beau milieu du quartier historique mais pas très chic de Tennō-ji, fait figure de symbole de la ville d’Ōsaka, parmi d’autres étoiles filantes telles que le très moderne Umeda Sky Building et sa magnifique balade à ciel ouvert, le magnifique château (qui fut hélas modernisé et transformé en espèce de musée lors de sa reconstruction), la rivière Dōtonbori et ses bâtiments aux néons gigantesques qui ont fait le tour du monde ou encore le temple Shi Tennō-ji, considéré comme le plus vieux temple du Japon et dont l’élégance de la pagode continue de défier le temps. Tous ces symboles généralement prisés des touristes ont été repris dans le jeu qui nous intéresse aujourd’hui, puisqu’ils servent de thème à chacun des cinq niveaux. De plus, l’un des trois vaisseaux jouables reprend les couleurs d’un autre symbole d’Ōsaka, moins connu des étrangers : le rouge et le blanc du clown mécanique Kuidaore Tarō.

Toutes ces références suffisent-elles à faire un bon jeu ? Certainement pas. Surtout, celles-ci demeurent relativement sous-exploitées. Si chacun des lieux emblématiques de la ville est correctement introduit par une cinématique très parlante, in-game c’est une autre histoire : il est difficile de reconnaître un quelconque décor… entre le deuxième niveau indigne qui se contente d’un fond bleu (supposé représenter l’eau d’une rivière ou de la mer ?) et les drôles de trucs qui ne ressemblent à rien ou alors uniquement à des bases futuristes, difficile de croire à l’encre, aux briques et au lustre d’Ōsaka. Heureusement, le niveau dédié à Dōtonbori fait quelque peu illusion, avec son allée d’immeubles colorés et une seconde partie se déroulant au-dessus ou à l’intérieur (ce n’est pas clair) d’eaux usées voire carrément marécageuses. Faut-il y voir un clin d’œil acide et amusé à la qualité de l’eau du canal, réputée pour sa saleté infernale ? On y trouverait ainsi de tout, de la capote usagée en passant par la machine à laver ou la cartouche Atari du jeu E.T.

Mais c’est sur le fond – du jeu, pas du canal – que TWO-TENKAKU déçoit finalement le plus. Il ne s’agit tout simplement pas d’un bon shoot’em up. Sans même parler de sa pauvreté technique, difficile de lui pardonner ses approximations de gameplay. En vrac : l’obligation de marteler constamment le bouton de tir (à une petite exception près), des boulettes adverses trop rapides, trop petites et trop peu visibles qui s’accommodent très mal de la hitbox peu permissive des trois vaisseaux (trop semblables les uns aux autres d’ailleurs), un armement générique qui n’a aucun intérêt en dehors de ses jolis effets de smart-bomb et enfin des ennemis au design et aux patterns particulièrement paresseux – à l’exception une nouvelle fois de quelques passages dans Dōtonbori… la rivière insalubre qui sauve paradoxalement le jeu des eaux usées du Styx vidéoludique !

TWO-TENKAKU, qui serait le résultat d’un concours étudiant et principalement l’œuvre d’un seul homme, demeure une curiosité à jouer… et éventuellement à posséder si on en pince autant que moi pour le crabe Kani Dōraku et pour la ville d’Ōsaka.

Note :      Nostalgie :

TWO-TENKAKU est un shoot’em up vraiment original, au scénario crétin mais tellement drôle qui met la ville d’Ōsaka au beau milieu d’un complot mystico-galactique, servant de prétexte à la mise en place d’un simple shoot’em up à scrolling vertical. Simple, très simple, oui. Et pas forcément très lisible ni très agréable une fois la manette calée confortablement entre les mains.

Images : Jeux vidéo et des bas / Youtube / Oli

Vidéo :

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