Thunder Force III (Megadrive, 1990)

THUNDER FORCE III
Année : 1990
Studio : TechnoSoft
Éditeur : TechnoSoft
Genre : love me thunder, love me true…
Joué et testé sur Megadrive
Support : cartouche


L’empire ORN est de retour, et reste tapi quelque part dans l’univers, ruminant sa défaite récente et aspirant à se remettre sur le pied de guerre le plus vite possible. La Fédération Galactique a toutes les pleines du monde à localiser le vaisseau-mère de ces monstres de l’espace… au sein duquel se love dangereusement l’Empereur Cha Os, le bio-ordinateur machiavélique. La seule solution pour dénicher l’ORN ? Détruire les cinq balises de brouillage disposées sur cinq planètes différentes… et protégées par des hordes d’ennemis et des pièges naturels particulièrement retors : douches de lave en fusion, grottes qui s’affaissent, pics de glace qui fondent sur vous, courants marins assassins… et plantes carnivores géantes et dont le pollen ressemble fortement à des boulettes !

Chose assez rare pour être signalée à la patrouille de surveillance des shoot’em up, ces stalkers de l’impossible constamment lancés à 1000 à l’heure avec un pad coincé entre les dents, THUNDER FORCE III n’est pas l’adaptation d’un jeu d’arcade, mais bien un titre original conçu pour la Megadrive, et qui fut ensuite porté sur bornes – dans une version paradoxalement moins bonne, mais passons. THUNDER FORCE III sur Megadrive est un bijou, un jeu renversant d’ailleurs attendez un instant je dois me relever, je viens de tomber de ma chaise. Mais je n’ai pas lâché mon joypad pour autant. Il est toujours là, comme scotché à mes doigts par une force d’attraction fluidique irréversible. Ou alors c’est juste à cause de la sueur inondant mes mains tremblantes.

Parce que contrairement à ce que j’ai cru entendre çà et là, THUNDER FORCE III n’est pas un shoot’em up facile. Bien sûr il se dompte, la possibilité de choisir son niveau de départ parmi les cinq premiers permet de s’exercer, de progresser et par conséquent d’avancer. Toujours. THUNDER FORCE III demande en effet un certain apprentissage – rien d’herculéen en mode normal, mais un joueur lambda aura quand même du mal au début. Il n’est pas évident de trouver une vitesse parfaite pour le vaisseau (alors que sur tant de shoot’em up PC Engine je trouve de suite mes aises), et des pièges assez retors devraient avoir raison de votre patience durant vos premières parties. On progresse quand même assez vite, et le grand nombre de vies et de continus à notre disposition arrondit bien des angles. Un joueur confirmé verra ainsi le bout de THUNDER FORCE III assez vite, quand le valeureux pilote méritant, moins doué mais persévérant, s’en sortira aussi mais ça prendra légèrement plus de temps. Le jeu continue en effet après avoir bouclé les cinq premiers niveaux : deux nouveaux chapitres devront être dévorés et un tout dernier assez violent avec un double boss pour mettre en scène le feu d’artifice final. Mais encore une fois, si vous avez réussi à gérer les premiers niveaux en économisant un maximum de continus, vous finirez par vous en sortir – pas avec les doigts dans le nez, mais presque ceux de pied en éventail.

Avec sa maniabilité sans faille (une fois les vitesses domptées) et ses musiques absolument extraordinaires (Gorgon c’est juste inoubliable), THUNDER FORCE III jouit déjà d’atours particulièrement charmeurs… Mais le diable qui a surgi de sa boîte en la dynamitant a d’autres atouts à faire valoir. Son level design par exemple, est tout simplement légendaire. Si certains pièges risquent de faire grincer des dents les joueurs trop émotifs, il faut aussi reconnaitre qu’ils ne sont pas si difficiles à mémoriser – les colonnes de feu du niveau Gorgon, un mid-boss bien vicelard dans le mer de Seiren, le passage absolument mythique sur Haides et ses décors mouvants… À force de mourir, vous progresserez, serez plus attentif à certains détails (oh un bonus shield qui semble récupérable pendant le combat contre le mid-boss…) et prendrez sans doute un pied pas possible en vous jouant des passages les plus vicieux du jeu – pourquoi détruire ces météorites de feu qui explosent en de multiples morceaux quand il semble plus simple de les éviter ? Chacun des cinq premiers niveaux du jeu a une âme. Un bestiaire particulier. Des pièges originaux. Une lame… prête à vous empaler avec amour. À mort. Les grottes mouvantes de Haides, ces vrais/faux culs de sac… Quelle idée géniale. Gorgon… Ses feux, ses flammes… ses arrière-plans animés avec une grâce furieuse. Seiren le niveau sous-marin… et ces bulles qui surgissent d’entre les fonds les plus profonds de cette planète bleue pour emporter votre vaisseau : le joueur est alors victime d’un léger décalage (qui a dit « comme le Joycon drift » ?!?) qui pourrait bien se révéler assassin face à certaines vagues marines ennemies, rapides comme des torpilles sous amphétamine. Ellis, le monde plongé sous la neige, est moins original mais prenez garde à ses pics de glace particulièrement vicieux. Hydra enfin, est le niveau le plus simple, très terre à terre (c’est le cas de le dire). Un environnement bucolique parfait pour se faire la main. Les derniers niveaux, qui se débloquent alors, ne sont pas en reste : destruction assez pépère d’un vaisseau-mère gigantesque puis intrusion plus difficile dans une base aux couloirs futuristes rappelant de nombreux autres shoot’em up, certes, mais dont la traversée est magnifiée par la maniabilité du vaisseau, l’intelligence des pièges (ces boules d’énergie qui explosent !) et par l’arsenal absolument jouissif dont on dispose.

Il s’agit en effet de l’une des autres innombrables qualités de THUNDER FORCE III : les armes. Deux de base, et trois autres à récupérer dans les niveaux. Elles sont améliorables, et contrairement à certains autres shoot’em up, elles se révèlent toutes plus ou moins utiles. D’ailleurs suivant votre manière de jouer, vous passerez de l’une à l’autre en un souffle étouffé, d’une simple pression sur le bouton B, retenant parfois votre respiration pour vous jouer de ces passages à aborder au pixel près, pour vous défaire de certaines escouades plus frontales avec une arme donnée quand des canons plus retors à débusquer seront plus aisément dessoudés avec une autre – au hasard, les missiles ! Cerise nucléaire sur le gâteau irradié : des modules tournoyant autour de notre vaisseau sont également déblocables, démultipliant notre force de frappe et pouvant également servir de bouclier. L’assurance tous risques ? Pas vraiment, car contrairement aux plans qui se déroulent sans accroc, ici au moindre contact avec un ennemi, un laser ou un décor, on explose. Subite, la mort ? Non car on réapparaît exactement au même endroit… mais dans THUNDER FORCE III passer l’arme à gauche revient à jeter celle-ci à la poubelle, dans un obscur cimetière d’épaves galactiques éternelles. La première arme qui disparait est le module, puis si vous mourez une deuxième fois, il s’agira de l’arme que vous utilisiez à ce moment inopportun. Une donnée peut-être à prendre en compte si vous souhaitez assurer face au boss de fin de niveau (généralement imposant mais guère intelligent) avec l’arme faisant le plus de dégâts – le gros laser, je crois.

THUNDER FORCE III est un shoot’em up de légende, qui dépoussiéra avec rage et talent une franchise qui n’avait jusque-là rien de particulièrement mémorable, et qui fut suivi d’un épisode qui poussa encore plus loin le bouchon du vice intersidéral. Tout simplement indémodable.

Note : Nostalgie :

THUNDER FORCE III est un shoot’em up extraordinaire. Son level design est varié et fabuleux. Son bestiaire envoie du rêve torturé. Son arsenal est riche, et surtout utile. Ses musiques sont presque toutes fantastiques. Techno Soft rentre définitivement dans la légende de la Megadrive avec ce shoot’em up qui sera d’ailleurs suivi d’un quatrième épisode, époustouflant lui aussi.

Images : gaminpastime / genesisreviews.tripod

 

 

 

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6 réflexions au sujet de “Thunder Force III (Megadrive, 1990)”

  1. Comme je suis d’accord avec ce test ! TFIII est une pépite qui à su bien vieillir. J’ai essayé de faire le IV dans la foulée mais alors là c’est du n’importe quoi sur la difficulté…Je retourne faire un bon vieux Gynoug…

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    • Dans mes bras alors ! ^^ Je te rejoins également. Dans mes souvenirs le IV était plus difficile. Je l’ai ressorti du placard récemment, j’y ai un peu rejoué… sans avoir le temps de bien le creuser à nouveau. Il va falloir se retrousser les manches je pense. Mais quels jeux quand même !

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  2. Je me suis lancé dans le jeu durant ma pause quotidienne du midi, via ma mini megadrive toute neuve. Je souffre, ça c’est certain, je hurle de colère, je tente de mémoriser, je me refais avoir… mais je prends beaucoup de plaisir. J’atteins désormais le stage 4 ( en commençant de façon classique par la jungle), j’espère dompter ce stage de grotte qui s’écroule prochainement… C’est un jeu qui m’a toujours attiré dans ma jeunesse, mais je ne sais pas pourquoi au juste je n’y ai jamais vraiment joué avant ce jour. Ca fait du bien en tout cas de retrouver l’esprit d’un shoot console : c’est difficile mais c’est calibré pour qu’on y arrive en persévérant ! Les stages sont graphiquement fins, on retient surtout des décors à base de texture, c’est pas forcément détaillé mais la finesse est de la partie. Les ennemis sont variés et bien animés. Les sprites parfois énormes. Tout bouge bien, sans accroc ou ralentissement. Il y a parfois une légère sensation de fouilli due à l’aspect texturé des décors. Les musiques enfin, dépotent et sont vraiment motivantes, du grand art. A suivre, je vais essayer de continuer mes sessions appliquées…

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    • Ahahah ! Tu replonges ! ^^ Le jeu n’est pas facile mais pas non plus au niveau des plus durs du genre, il est assez « juste » je trouve. Tiens-moi au courant, j’espère que tu en verras le bout. Raaah et comme tu dis, quelles musiques !

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      • Je poursuis mes efforts, je considère que les 3 premiers niveaux sont maitrisés, la grotte Haydes est vraiment à s’arracher les cheveux, même quand j’entrevois la lumière avec les cascades qui viennent s’écouler en délivrant le passage, touchant moment de poésie graphique, tu t’aperçois que le jeu ne relâche pas la pression avec des blocs qui s’écroulent par surprise ( à apprendre par cœur !)

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