Shinobi (Arcade, 1987)

SHINOBI
Année : 1987
Studio : Sega AM1
Éditeur : Sega
Genre : action
Joué et testé sur PCB Jamma
Support : Sega System 16


Joe Musashi, mythique ninja devenu un véritable virtuose à force d’entraînement, lutte contre Zeed, une organisation criminelle qui a pris en otage les jeunes élèves de sa famille de ninjas, le « Oboro clan ». Joe doit donc se frayer un chemin jusqu’à la base ennemie, tout en libérant les otages au passage, et découvrir qui se cache derrière le masque du boss final…

Pas vraiment le scénario du siècle, mais est-ce bien important ?

S’avère-t-il vraiment encore nécessaire de présenter Shinobi, le meilleur jeu de ninja de tous les temps ? Le légendaire et inusable Joe Musashi résiste admirablement à l’effilochement du temps, le gameplay du hit de 1987 de Sega s’avérant indémodable. Plus de trente ans après, il demeure incroyablement prenant, tant les programmeurs ont bien réglé le moindre détail. Le principe des deux plans de jeu reste d’un intérêt surpuissant et aucun ennemi n’est placé au hasard. Les développeurs ont également bien étudié leur nombre. De ce fait, Shinobi ne verse jamais dans la vulgaire sauvagerie. Son gameplay tout en finesse requiert mémorisation, timing, patience, et réflexes. Le stage bonus, qui propose de gagner une vie en éliminant tous les ninjas, permet d’apporter un peu de variété. Cependant, la fourberie des développeurs ne manquera pas de vous arracher un sourire ou plus sûrement de vous agacer !

Car oui, Shinobi se révèle difficile (lorsqu’on ne le connaît pas par cœur), surtout à partir de la quatrième mission. Quant à la dernière, elle risque de décourager les plus assidus, puisqu’elle nécessite d’être réussie en un seul crédit ! En cas d’échec, vous serez en effet directement ramené à l’écran-titre. À mon humble avis, il faudrait retrouver le développeur qui a eu cette idée afin de punir sévèrement ce bourreau d’enfants !
Pour contrebalancer ce niveau de difficulté assez relevé, la jouabilité incroyablement réactive touche à la perfection divine. Les commandes brillent par leur simplicité : un bouton d’attaque, un bouton de saut, et un bouton dédié au pouvoir spécial. Joe répond au doigt et à l’œil, que ce soit pour s’accroupir, changer de plan, ou attaquer. En cas d’échec, vous ne pourrez jamais incriminer le maniement de Joe Musashi ! Autre compensation bienvenue : délivrer certains otages vous permet d’obtenir le pistolet. La difficulté s’avère donc particulièrement bien réglée : les pros finiront les stages d’un seul trait à l’aide de cette arme à feu, tandis que les autres s’accommoderont d’une progression graduelle et pourront faire usage comme des sagouins de l’attaque spéciale, puisque celle-ci se recharge à chaque vie perdue.

Shinobi se base beaucoup sur l’apprentissage et la mémorisation. Il sera essentiel de bien maîtriser le comportement de chaque type d’adversaire et les propriétés des ninjas de couleur pour espérer terminer le jeu. Par exemple, le ninja bleu bondit toujours au dernier endroit où vous vous situiez quelques secondes auparavant. L’apprentissage des niveaux requiert du temps et de la patience. Plusieurs heures et de nombreux crédits s’avèreront nécessaires pour finir le jeu.

La réalisation, élégante et efficace, n’a pas pris une seule ride. Pas spécialement spectaculaires ni colorés, les graphismes de Shinobi jouent en effet la carte de la sobriété. Il en résulte un soft très lisible qui vieillit merveilleusement bien. Les musiques, elles, contribuent énormément au charme singulier de Shinobi. L’entraînante piste « BGM 1 » vous restera bien en tête pour des décennies, et vous songerez probablement à la « BGM 4 » à chaque fois que vous visiterez un Chinatown. Écouter la bande-son culte du jeu demeure donc un plaisir, évidemment encore plus grand en version arcade originale. Celle-ci reste assurément la plus pure (pour vous expliquer brièvement le concept de pureté, sachez que les jeux 8/16 bits en version japonaise constituent ce que ce monde possède de plus pur à offrir), surpassant aisément ses adaptations sur Micro, Master System (pas très fidèle avec sa barre de vie), et PC Engine (bonne version mais tronquée).

En parlant de pureté, le jeu suivant, The Super Shinobi sur MegaDrive (The Revenge of Shinobi) s’avère légèrement impur bien qu’excellent, puisqu’il modifie drastiquement le gameplay : plus d’otages à délivrer, et un droit à l’erreur accordé par le biais d’une barre de vie, alors que Shinobi renvoyait sans pitié au début du niveau à la moindre petite erreur. Shadow Dancer, qui reprend le principe des otages à délivrer (ou des bombes à désamorcer), s’affirme donc comme le véritable héritier de Shinobi.

Quoi qu’il en soit, Shinobi fait figure de classique parmi les classiques et de plaque totalement indispensable pour tout collectionneur Arcade qui se respecte. La magie du jeu culte et immortel de Sega opère toujours !

Note : Nostalgie :

Shinobi constitue une étape importante dans l’histoire du jeu vidéo. Bien qu’il s’inspire de Rolling Thunder (sorti un an plus tôt), il exécute avec une telle maestria le concept du jeu sur deux plans qu’il surpasse aisément son aîné. Diaboliquement précis et dénué de tout défaut, il laisse depuis plus de trente ans un délicieux goût de perfection dans la bouche de ses nombreux fans. Il s’agit tout simplement du meilleur jeu de ninja tous supports et toutes époques confondues. D’autres questions ?

Vidéo :

Pub d’époque pour le jeu édité par Virgin (Micromania) :

2 réflexions au sujet de “Shinobi (Arcade, 1987)”

  1. Merci pour le test de ce classique d’entre les classiques ! C’est intéressant ce que tu dis à propos de l’héritage « SHINOBI ». SHADOW DANCER semble en effet être son héritier le plus proche. C’est naturel, finalement, puisqu’il s’agit de deux jeux d’arcade. Sega a préféré emprunter un autre chemin pour développer les deux SUPER SHINOBI exclusifs aux consoles de salon – mes deux SHINOBI préférés, ce n’est pas un hasard car je préfère souvent les jeux de salon aux jeux d’arcade.

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    • C’est vrai, c’est logique finalement ! Mais quelques éléments brouillaient les pistes et pouvaient laisser penser le contraire : The Super Shinobi est sorti avant Shadow Dancer, ce dernier ne contient le terme « Shinobi » qu’en sous-titre (« Shadow Dancer: The Secret of Shinobi »), et il met en scène Hayate, le fils de Joe alors que The Super Shinobi a pour héros Joe Musashi.

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