Blazing Chrome (PlayStation 4, 2019)

BLAZING CHROME
Année : 2019
Studio : JoyMasher
Éditeur : Limited Run Games / The Arcade Crew
Genre : You shall ride eternal. Shiny, and chrome!
Joué et testé sur PlayStation 4
Support : Blu-ray


A.D. 21XX. Il y a déjà bien longtemps que la grande guerre a commencé… Les humains face à leurs propres créations : les robots, l’intelligence artificielle… Alors que la défaite des hommes et des femmes était actée, une résistance, timide et isolée, s’est mise en place. Mavra, une guerrière émérite, et Doyle, un robot ayant gagné son indépendance et rejoint le camp de la résistance, sont les derniers survivants de l’ultime assaut des troupes humaines, derrière les lignes ennemies… Le futur de l’humanité repose désormais sur leurs épaules… et sur les chargeurs de leurs canons semeurs de morts.

Tandis que les anciens pleurent encore sur la tombe de la franchise CONTRA, Konami semble avoir pris un malin plaisir à les narguer en sortant un nouvel opus improbable et disons-le franchement, indésirable, en 2019. Le bouzin s’intitulait ROGUE CORPS. Une catastrophe industrielle façon twin-stick shooter. Pour profiter d’un vrai CONTRA old school, il fallait donc se tourner vers la scène indé. Ça tombe bien. Le petit studio brésilien JoyMasher, habitué à la 2D de qualité, a décidé de jouer à un jeu dangereux : déterrer les morts. Et d’un coup de pelle scabreux ces surdoués ont ramené à la vie une franchise que Konami en personne semblait avoir condamnée aux railleries en tous genres. BLAZING CHROME était né, un peu à la manière du monstre de Frankenstein : reconstruit des pieds à la tête avec des morceaux de cadavres et de pixels. Des rêves d’esthètes. Ici trois titres en particulier semblent avoir été utilisés pour redonner des couleurs à la série de Konami : CONTRA SPIRIT, l’opus Super Famicom, et aussi dans une moindre mesure UPRISING, sorti sur PlayStation 3 et Xbox 360. Mais la colonne vertébrale de BLAZING CHROME provient sans nul doute de HARD CORPS, l’épisode Megadrive.

Voilà c’est dit : BLAZING CHROME est un clone de CONTRA – on note aussi quelques petites références à METAL SLUG (les méchas pilotables) mais le jeu de JoyMasher est bel et bien un épisode officieux de la série autrefois chère à Konami, avec bien sûr quelques clins d’œil à d’autres jeux et films disséminés çà et là (TERMINATOR, TCHECO, BATTLETOADS, ONIKEN…). Les sauts sont assez amples, on peut donc sauter par-dessus les ennemis, le tir de base est continu et il est possible de le bloquer dans une direction donnée, une glissade est également au menu (à la HARD CORPS) et quatre armes sont disponibles. Le tir de base et trois autres qui peuvent être récupérées au cours de l’aventure – possibilité d’en changer à la volée et, comme le veut la tradition, risque de la perdre si on meurt. Et la mort, dans BLAZING CHROME, c’est un peu comme le facteur : elle sonne toujours deux fois ! Le moindre tir ennemi vous fera ainsi passer de vie à trépas – rien de rédhibitoire cependant, puisque le respawn est immédiat, qu’il y a des continus infinis en normal et en easy, et même des checkpoints. Pour aider le joueur en détresse, un système de module a également été mis en place : ceux-ci, disséminés à certains endroits stratégiques, sont de trois types. Attaque, vitesse et bouclier – qui peut encaisser jusqu’à deux tirs ennemis : un véritable luxe, quand on se retrouve plongé au beau milieu d’une guerre post-apocalyptique de tous les instants !

Le jeu est ultra nerveux, super maniable, le rythme est complètement dingue, les boss magnifiques et variés et les niveaux assez courts, mais dantesques, se permettant même de régulièrement nous surprendre au point, parfois, de nous décrocher la mâchoire : le train lancé à toute allure, les séquences à moto absolument fantastiques, des passages construits dans la verticalité, le run en profondeur complètement fou dans le tunnel… L’action frénétique et les différents décors et effets de mise en scène rappellent évidemment de glorieux anciens, ici dépoussiérés avec intelligence, lustre et talent. Car si le jeu est plutôt court (par rapport aux standards actuels), il correspond exactement à ce que l’on est en droit d’attendre d’un CONTRA-like – surtout, il se prête bien au speedrun, un exercice de style particulièrement jouissif sur BLAZING CHROME (39 minutes pour ma part, loin des Youtubeurs mutants mais ça me suffit !).

En easy le jeu est très faisable, en normal il demande un peu plus de doigté mais c’est surtout en hardcore que la difficulté commence à piquer. Bref, il y en a pour tous les goûts : que vous soyez douillet ou masochiste, vous devriez être capable de prendre votre pied – d’apprécier une baffe cloutée ? Vous vous apercevrez également assez vite que les boss, magnifiques, sont loin d’être imbattables. Leurs routines sont intéressantes pour la plupart, mais rien d’insurmontable, bien au contraire. S’agit-il d’un défaut ? Chacun jugera. De même, j’entends certaines critiques faisant état d’un manque de variété dans les armes et surtout dans les personnages. Il y en a quatre en tout (deux de bases et deux déblocables), mais en réalité seulement deux gameplays différents : Mavra, la tête brûlée qui peut jouer à la roulette russe avec une mitraillette – et gagner, et Doyle le robot, se jouent de manière classique (quatre armes, la roulade…). Mais il y a aussi Suhaila et Raijin, des personnages de corps-à-corps – ils ne peuvent récupérer aucune arme, mais disposent d’une frappe chargée (qui traverse l’écran), de sauts plus ambles et d’un dash. Une manière de redécouvrir le jeu sous un autre jour, en somme. Personnellement, j’ai adoré jouer avec tous les personnages. Mais il est vrai que j’aurais aimé en avoir encore plus à ma disposition… C’est, je crois, le seul petit défaut de BLAZING CHROME : le jeu est un clone assumé de CONTRA. Une déclaration d’amour à Konami, assommé. Mais hormis la présence de ce gameplay très particulier pour Suhaila et Raijin, et de rares petites séquences originales (dont deux ou trois coups « cachés » non mentionnés dans le tuto), le jeu-hommage de JoyMasher ne va jamais vraiment plus loin que le mètre-étalon dont il s’inspire.

Malgré tout, les fans devraient être comblés. À mes yeux, BLAZING CHROME est définitivement une pépite nucléaire qui atomise la concurrence et en particulier Konami, sur son propre terrain miné.

Note :

Contrairement à VALFARIS, un autre run and gun indé absolument dantesque sorti la même année, BLAZING CHROME ne joue pas la carte de l’originalité et assume son statut de clone de CONTRA. Et il le fait bien. Très bien même, au point d’exceller en tout – mais aussi, et c’est le revers de la médaille, au risque d’y perdre un peu de son âme et de manquer d’originalité. Peu importe : BLAZING CHROME est un jeu assez court comme à l’époque, jouissif, jouable en coopération, hyper maniable et varié. La fureur pixelisée à l’état pur !

Images : PlayStation

Trailer old school :

 

 

 

 

3 réflexions au sujet de “Blazing Chrome (PlayStation 4, 2019)”

  1. Toujours un plaisir de te lire en ces lieux de qualité !
    J’espère que tout se passe pour toi Oli (ça fait longtemps)!

    Pour revenir au jeu, je trouve que Blazing Chrome est plus de l’ordre de l’ersatz mon concernant. Le gameplay est cool, mais aucune surprise du début à la fin, une copie en noir et blanc d’un jeu culte, et une DA que je trouve immonde. Mais il est vrai que ce petit run fait plaisir, souvenir de la belle époque du pixel magique.

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    • OoOoh ! Ce bon vieux Slim ! Le créateur de la bannière « Jeux vidéo et des bas » quand même ! Tu vois, je l’utilise encore. ^^ Tu es toujours le bienvenu si tu veux poster des chro de jeux (récents car c’est ce que tu fais en général je crois).

      Je comprends ton sentiment pour BLAZING. Ersatz. Moi je l’ai qualifié de clone. J’ai pris le bon côté de la pièce, toi le mauvais. J’ai adoré. Ce jeu m’a fait un bien fou !

      J’espère que tu vas bien – confiné je présume ? Ici ça roule. Aucun confinement au Japon je bosse comme d’habitude car je n’ai pas le choix. Je fais très attention bien évidemment, et durant mes jours de repos je reste à la maison – et je mate toujours autant de films, et je joue. Et j’écris pour mes blogs. Rien n’a changé ahaha.

      A bientôt.
      Oli

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  2. Oui, ça fait plaisir, je garde un œil lointain mais averti sur ce qu’il se passe côté hkmaniak de la grande époque :).

    Avec plaisir pour les chroniques.
    Je rédige quelques trucs à l’arrache sur le fofo de mad, mais effectivement, un peu de rigueur et ça peut le faire (faut juste me remotiver, c’est pas encore gagné), car je passe mon temps avec la famille ou manette en main actuellement. La vie a évolué, marié et papa, piouf, ça va trop vite tout ça.

    Confiné oui, et en télétravail, la santé va, c’est le principal !
    Sors couvert et masqué du coup :).

    A+

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