Thanatos (Amstrad CPC, 1986)

THANATOS
Année : 1986
Studio : Durell Software
Éditeur : Durell Software / Ubi Soft
Genre : le jeu (vidéo) des trônes
Joué et testé sur Amstrad CPC
Support : cassette ou disquette


Thanatos le destructeur est un dragon cracheur de feu, qui lutte depuis toujours contre les forces obscures de mondes oubliés. Pour déjouer les plans de ces créatures, il doit tout d’abord retrouver Eros, l’enchanteresse. Celle-ci peut chevaucher Thanatos, et le guider vers le grimoire magique. Armée des connaissances ancestrales de ces pages improbables, la magicienne pourra réciter une incantation destructrice auprès d’un chaudron très particulier, dans un château fort éloigné. Pour parvenir jusque-là, Thanatos devra se défaire de nombreux monstres et d’une armée de soldats, survoler des océans, protéger constamment la belle Eros, lutter contre les démons des profondeurs mais aussi contre ces chevaliers au prétendu grand cœur. Mais que Thanatos prenne garde… car on dit qu’une menace au moins aussi redoutable que lui plane parfois, au creux de cieux d’un noir malin.

THANATOS est un titre qui m’avait subjugué lorsque j’étais enfant. Il a aussi concouru, avec quelques autres, à faire du jeu vidéo l’un de mes violons d’Ingres  : sa musique sublime et lancinante, son atmosphère poisseuse et ce cœur en gros plan qui bat… qui s’emballe même parfois pour, finalement, tragiquement s’arrêter. Avec le traumatisme du game over à la clé. Violent. Dingue. En 1987, j’étais sans doute trop jeune pour dompter toutes les discrètes subtilités de THANATOS – je n’étais jamais allé très loin, je me souviens néanmoins du chevalier sur son fidèle destrier, des araignées assassines suspendues à un fil… à la manière de la vie du dragon, rythmée par ces battements de cœur si fragiles.

En 2021, je me décide enfin à relancer THANATOS. Après avoir jeté un coup d’œil à la notice, les objectifs m’apparaissent plus clairs… et après quelques essais infructueux, je parviens enfin à terminer le jeu. Avec ce sourire de gosse, le même qu’il y a 34 ans – avec quelques rides en plus mais la même propension au rêve. THANATOS est en effet merveilleux. Il a extrêmement bien vieilli, se révèle très jouable, varié, beau pour l’époque et la machine, et bourré d’idées inoubliables.

Dans THANATOS, on contrôle donc un dragon. En bas à droite une jauge d’énergie (pour cracher du feu), en bas à gauche notre cœur – ses battements s’accélèrent au rythme des coups que l’on encaisse. Lorsqu’il s’emballe, c’est que le trépas est proche. Une seule chose à faire, alors : se poser sur le sol, loin des ennemis, et prendre le temps de souffler – pas du feu cette fois, hein ! Une fois le calme revenu, vous pourrez reprendre votre envol – absolument majestueux, avec de nombreux détails dans les animations. Votre première mission : retrouver l’enchanteresse. Posez-vous près d’elle, exterminez les soldats trop pressants si vous le souhaitez, et attendez que la magicienne vous rejoigne et vous chevauche. Que c’est beau ! Mais attention… les araignées géantes dissimulées dans certaines grottes sont capables de renverser la jeune femme : vous devrez alors vous précipiter vers le sol et la récupérer avant qu’elle ne se fasse croquer !

Par la suite, il vous faudra guider cette même enchanteresse vers un grimoire magique, situé dans le deuxième château, puis vers un immense chaudron aux pouvoirs incommensurables, au sein du troisième château. Entre temps, vous aurez dû survoler des océans gangrénés par des serpents de mer gigantesques, slalomer entre des araignées géantes, livrer un duel épique contre un dragon à deux têtes… entre autres joyeusetés. Le jeu est tellement riche ! Mieux : son gameplay est vraiment varié et bien pensé. Vous pourrez ainsi choisir de cramer vos adversaires, de les écrabouiller avec un rocher que vous aurez préalablement ramassé, ou de vous en saisir entre vos griffes pour les relâcher depuis les airs et les voir tragiquement s’écraser ! Si votre jauge de feu tombe à zéro, il vous faudra revenir sur vos pa…ttes pour dévorer une sorcière, attachée à des poteaux… Triste victime soumise au fiel d’antiques pratiques sacrificielles. Mais ladite sorcière sera toujours protégée par un chevalier – dont l’honneur n’est pas incompatible avec le fait d’utiliser une femme vivante comme appât ! Attention : les chevaliers sont des adversaires redoutables, et ils font mal – à vous de les attirer dans votre direction au bon moment, puis de vous envoler, d’exécuter plusieurs demi-tours si nécessaires tout en tentant de les arracher de leur destrier comme vous le feriez de vulgaires fétus de paille.

THANATOS est un jeu vraiment extraordinaire – ses seuls défauts étant, à mon sens, son tableau final un peu chiche (juste quelques lignes de remerciement) et l’absence d’un mot de passe après chacun des châteaux (mais c’était rarement le cas, à l’époque). Les animations absolument magnifiques, le scrolling parallax impressionnant, les ennemis variés… le gameplay qui fait vraiment ressortir le poids du dragon sans pour autant en faire un camion à diriger… Et ce cœur qui bat, qui s’emballe parfois, qui nous immerge complètement dans l’aventure. Quelle idée fabuleuse. Quelle sensation délicieuse : l’impression d’être littéralement dans le jeu, malgré les limitations techniques inhérentes à l’époque. On s’imagine survolant ces plaines torturées, dévorant des innocents, luttant contre des créatures plus vraies que nature, prenant d’assaut des châteaux… puis s’arrêtant quelques minutes pour récupérer, pour mieux repartir en avant, réveillant alors en nous des rêves d’enfants qui n’avaient jamais vraiment disparu : oui les dragons existent. Amstrad Magazine l’avait dit avant moi, en juin 1987 : « c’est la magie des jeux vidéo : quand votre personnage prend vie sur votre écran et existe par lui-même à ce point, vous y croyez. »

Note : Nostalgie :

THANATOS m’avait enchanté en 1987. Aujourd’hui, je comprends enfin pourquoi : jouable, original et bourré de détails intelligents qui apportent beaucoup de variété au gameplay, THANATOS se révèle être un véritable simulateur de dragon. Un poil difficile quand on ne sait pas trop quoi faire (deux conseils : sélectionnez la difficulté 1 il y a moins d’ennemis, et lisez la notice), THANATOS est un jeu extraordinaire une fois que l’on en a maitrisé les quelques subtilités.

Images : Jeux vidéo et des bas / CPCRulez (jaquettes)

Vidéo :

6 réflexions au sujet de “Thanatos (Amstrad CPC, 1986)”

  1. Quel plaisir de revoir ce jeu ! J’en garde un excellent souvenir et il faisait pour moi aussi partie des jeux avec un supplément d’âme qui laisse une empreinte indélébile dans notre cœur de joueur.
    Il y avait à l’époque de l’Amstrad 6128 des jeux comme celui-ci ou Eden Blue ou encore Billy la Banlieue ou Marche à l’ombre (et j’en passe un paquet d’autres) qui avaient un « truc »….
    Soupir nostalgique….

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    • Oui tu as raison. Ces jeux n’étaient pas parfaits mais ils avaient un « truc ». Ils sont restés dans notre mémoire. J’ai reparlé de THANATOS récemment, avec des amis plus ou moins proches, et tous m’ont fait la même réflexion que toi : une empreinte indélébile, un jeu que personne n’a oublié… Tiens ! Et pourquoi pas un remake HD, ahahah ?!?

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  2. Je pense qu’avoir eu une copie sans notice à l’époque rendait le jeu encore plus mystérieux (c’était mon cas).

    Cette musique, ce thème lancinant comme justement écrit dans l’article, les murs bleus « qui bougent comme en 3D »… Je ne le savais pas, mais ce que je ressentais c’était de la mélancolie.

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    • Je comprends tout à fait cet aspect « mysérieux » que tu décris. On avait vraiment l’impression de faire partie d’un voyage, d’une aventure improbable…

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  3. Je ne peux pas l’expliquer, mais c’est bien le seul jeu où j’ai eu une « immersion totale », embarqué dans ce monde mystérieux, hostile, mais tellement profond… et pour moi c’était sur un écran monochrome vert ! Magnifique et inoubliable

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