Ikai (PlayStation 4, 2022)

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[Total: 1 Moyenne: 3]

IKAI
Année : 2022
Studio : Endflame / JanduSoft
Éditeur : PM Studios Inc.
Genre : démon honni
Joué et testé sur PlayStation 4
Support : Blu-ray


De terribles rumeurs ont plongé les villages environnants dans l’effroi – des feuilles maculées de sang, des voix lancinantes trahissant une douleur sourde, des ombres menaçantes… Les témoignages effrayants se multiplient tant et si bien que les villageois en sont désormais convaincus : un terrible démon serait sur le point de franchir la fragile frontière séparant les morts des vivants. Le prêtre de la région décide de se rendre sur les lieux, afin de rassurer la population. Il laisse son sanctuaire entre les mains de sa nièce, une jeune miko. Celle-ci va rapidement sentir une présence inamicale, une entité malsage… La forêt, plongée dans l’obscurité, va tout d’abord tenter de l’engloutir… Mais même une fois de retour à l’intérieur du sanctuaire, la jeune femme devra se rendre à l’évidence : elle n’est pas seule.

Malgré les apparences, IKAI n’est pas un jeu japonais mais le fruit défendu d’un petit studio espagnol. Les intéressés, sans doute amateurs de culture et de folklore nippons, ont injecté dans leur survival horror tout un tas de références et de clins d’œil à ce genre autrefois typiquement japonais. Certes, à plusieurs reprises cela frise l’hommage facile voire scolaire (les fiches sur les yōkai, oni, sur certaines pratiques de l’époque féodale et divers objets à dénicher çà et là) mais ce n’est pas inintéressant pour autant.

Dans ce jeu en vue à la première personne, on incarne donc une jeune femme en kosode blanc (une espèce de kimono) et hakama rouge (un pantalon large), appelée miko, c’est-à-dire une assistante de prêtre shintoïste à laquelle on prêtait, autrefois, des dons pour communiquer avec les esprits. Contrairement à son alter ego dans KIKI KAIKAI, cette miko ne peut attaquer directement les démons et autres revenants qui l’entourent. Il lui faudra donc fuir ou se cacher pour éviter leur courroux – ces séquences, pas si fréquentes heureusement, sont peu passionnantes. Le reste du temps, notre miko baguenaudera dans le sanctuaire ou la sombre forêt alentour, cherchera des objets, résoudra des puzzles, fera face à d’étranges énigmes et d’implacables labyrinthes.

À première vue l’ambiance semble excellente, mais à force d’abuser des effets sonores inquiétants, les développeurs ont provoqué l’effet inverse : plus aucun frisson ne nous parcoure l’échine lorsque les bruits de porte grinçante, de pas étouffés voire de pleurs lancinants se répètent dans une boucle assassine. Visuellement en tous les cas, c’est relativement crédible, immersif et le doublage japonais est d’excellente qualité – la miko nous donnera souvent des indices sur la marche à suivre, mais comme elle connait bien les lieux pour y vivre, c’est plutôt normal (où aller pour dénicher un pinceau, que faire avant d’entrer quelque part, etc.). Malgré son apparente fragilité, la miko est aussi, et heureusement, capable de lutter contre les mauvais esprits par le biais d’o-fuda, des talismans de papier sur lesquels il conviendra de noter des incantations ciblées. C’est la meilleure idée du jeu puisque le joueur devra, littéralement, tracer des kanjis sur le papier à l’aide du stick gauche de sa manette. Avec la pression d’un démon dont on sent l’haleine fétide dangereusement se rapprocher, ce n’est pas toujours évident !

Malgré une bonne petite ambiance, quelques frissons et plusieurs scènes très inspirées, IKAI peine à convaincre sur la durée. La faute à des séquences inintéressantes (l’infiltration), crispantes (les fuites) voire carrément énervantes – les puzzles. Cette succession de courses-poursuites, de jeux de cache-cache et de puzzles pour progresser dans l’aventure fait d’ailleurs définitivement tomber le masque : ça fait artificiel et ne respire pas vraiment le jeu typiquement japonais. Si certaines énigmes sont malgré tout plaisantes à résoudre, un ou deux puzzles sont beaucoup trop difficiles. J’ai ainsi été obligé de m’abaisser à ouvrir YouTube pour terminer le puzzle des cinq joyaux, et celui des lignes. Pire : pour ce dernier, je n’ai trouvé que la solution, sans aucune explication. Il est absolument incompréhensible. Le terme « casse-tête chinois » n’a jamais aussi mal porté son nom : ce sont les Espagnols, les plus machiavéliques en la matière – grise !

On se gardera néanmoins de vouer les développeurs du jeu aux gémonies – la calligraphie maudite, le mystère de la salle aux tatamis, la forêt interdite, ce démon qui gémit… Oui, IKAI propose plusieurs moments assez inspirés et a le mérite de se boucler en moins de temps qu’il n’en faut pour nouer une ceinture de kimono.

Note :

IKAI est un survival horror sans action qui souffle le chaud et le froid, qui distille quelques bonnes idées çà et là, et d’autres beaucoup moins inspirées voire irritantes pour le joueur, las. Heureusement, le jeu est assez court, et les fans du genre ne passeront pas nécessairement un désagréable moment.

Images : JanduSoft

Trailer :

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