Nuclear War (Amiga, 1989)

nuclear war_fronticone amiga_500NUCLEAR WAR
Année : 1989
Studio : New World Computing
Éditeur : New World Computing
Genre : c’est d’la bombe, bébé
Joué et testé sur Amiga 500
Support : disquettes


Vous faites vos grands débuts dans la peau du dirigeant d’une super puissance dotée de la force de frappe nucléaire. L’envie d’en découdre monte de jour en jour, tant vos dédaigneux voisins semblent prêts à toutes les bassesses pour régner sur le monde – quand bien même il ne s’agirait plus que d’un tas de cendres, à la fin. Avec qui pensez-vous pouvoir vous allier ? Devriez-vous frapper en premier ? Attendre quelque temps, juste pour gonfler votre armement et, si possible, apprécier le doux spectacle de deux adversaires s’entretuant ? Travailler la propagande afin d’affaiblir les forces vives des autres pays, ou bien la jouer plus défensive en vous protégeant des frappes adverses ?

Préparez-vous donc pour la guerre. Et préparez-vous bien. Car visiblement, ce sera la dernière !

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NUCLEAR WAR est un petit jeu de stratégie au tour par tour – dont l’intérêt principal est l’humour noir. Pour s’en convaincre, il suffit de s’attarder un instant sur les trognes des différents belligérants : vulgaires, caricaturales et tellement drôles ! Le ton est d’ailleurs donné d’entrée de jeu – vidéo, avec un hommage appuyé au film de Stanley Kubrick DOCTEUR FOLAMOUR. Vous l’aurez compris : dans NUCLEAR WAR, il sera question de désastre et de dérision. Pour protéger la paix, la prophylaxie nucléaire se révélera donc particulièrement délétère. Un remède indigeste pour notre petite planète bleue : bye bye, la Terre ! Oui NUCLEAR WAR est un jeu unique, dans lequel vous risquez tout autant de périr dévasté que de mourir… de rire ! Damned, mais regardez moi ce souci du détail, même la jaquette annonce la couleur : bronzée – aux UV bien décapants !

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Sur le fond, le jeu en question est résolument simpliste : il privilégie le fun et la prise en main immédiate, au détriment des parties longues et tactiques. Mais « simpliste » ne signifie pas pour autant « dénué de tout intérêt », puisque pour parvenir à vos fins (raser les pays adverses grâce à votre force de frappe nucléaire ; c’est à dire devenir champignon du monde), il vous faudra malgré tout ébaucher un semblant de stratégie dans vos rapports avec vos adversaires – les parties se jouent en effet à cinq (quatre belligérants étant contrôlés par l’ordinateur). Semblant de stratégie, oui, puisque chacun de vos concurrents dispose d’une personnalité propre. Bon, ce n’est pas très poussé, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, néanmoins vous devriez parfois être capable d’anticiper les réactions de vos meilleurs ennemis. Certains d’entre eux ne devraient pas vous attaquer si vous les laissez tranquilles : Reagan (Ronnie Raygun) et Margaret Tatcher (Satcher) aiment la guerre mais sont plutôt fidèles – contrairement à Castro désormais surnommé Infidel Kastro – un brin paradoxal puisqu’il est réputé comme l’un des dirigeants les plus facilement manipulables, avec Mao The Pun. Les hommes d’état (hum) dont les réactions sont les plus difficiles à anticiper sont les chaotiques : le Colonel Malomar Kadaffy et  l’Ayatollah Kookamamie. Les pacifistes (Ghanji et Jimi Farmer) ne sont pas en reste, puisque s’ils privilégient souvent la propagande à l’attaque frontale, le résultat n’en sera pas moins dévastateur pour vos troupes. Attention enfin aux menteurs : ils peuvent aisément vous proposer leur plus joli sourire tout en commanditant dans le même temps un raid aérien nucléaire sur votre pays : Tricky Dick et Mikhail Gorbachef sont ainsi deux des adversaires les plus coriaces du jeu.

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Vous commencez donc NUCLEAR WAR dans la peau d’un dirigeant fictif, dont le pays (imaginaire) est situé au centre de la carte. Autour de vous, quatre continents et quatre adversaires ou alliés potentiels. Sachant que, comme pour les Highlanders, ici il ne doit en rester qu’un, les alliances ne sont donc pas faites pour durer. Vous arrivez alors face à votre tableau de commandement. À vous le choix des armes : que faire lors du prochain tour ? Lancer une propagande pernicieuse afin de soutirer des millions d’habitants à l’un de vos voisins (effet immédiat) ? Construire des armes de destruction massive (et/ou des batteries anti-missiles) ? Une attaque frontale, peut-être ? Dans ce cas-là, deux tours de jeu seront nécessaires. Le premier pour, au choix, déployer un avion ou un missile sur le champ de tir. Le second afin de lancer littéralement l’avion ou le missile, bien évidemment porteur d’une ogive nucléaire (les éventuels dégâts à votre adversaire interviendront durant ce tour-là). Il vous faudra soigneusement choisir le contenant (deux types d’avions et quatre missiles disponibles) et le contenu (différentes ogives, la plus grosses faisant 100 charmantes mégatonnes).

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Bien sûr, frapper un autre dirigeant risque de vous attirer les foudres de son armée – au contraire et dans le même temps, le célèbre adage «l’ennemi de mon ennemi est mon ami» pourrait bien devenir réalité. Pesez donc bien le pour et le contre, avant de vous lancer dans une attaque directe – commencer une partie par la construction d’armes et des propagandes par petites touches est sans doute plus judicieux. Surtout qu’avec un peu de chance, certains de vos voisins commenceront alors à s’entretuer. La chance, donc. Elle est importante – sans même parler des évènements aléatoires plus ou moins rares (il y en a beaucoup, du tremblement de terre à l’invasion extraterrestre), cette chance se manifestera dans les réactions de vos adversaires, ainsi que dans les coups de bluff et dans votre sens de l’anticipation. Déployer une batterie anti-missiles alors que personne ne vous attaquera lors du prochain tour revient tout simplement à perdre un temps précieux.

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Drôle mais cruel, tout entier construit autour d’un humour noir décapant, NUCLEAR WAR pourrait bien faire grincer des dents puisque tout y passe, ou presque : l’incident de Tchernobyl qui intervient comme évènement aléatoire en étant rebaptisée « parc d’attractions de Tchernobyl » (amusant quand on sait qu’aujourd’hui il y a des projets pour en faire un site touristique), les mensonges et autres honteuses propagandes en provenance de tous les bords (oui, même de nos charmantes démocraties), les gens tués par millions à la suite d’un simple bouton rouge pressé par un doigt boudiné, et tous ces charmants donneurs de leçon qui finissent irrémédiablement par vous planter un bon gros couteau dans le dos… Alors la question est posée : peut-on rire de tout ? Sans doute oui, mais pas avec tout le monde ! Le petit plaisir interdit que constitue NUCLEAR WAR, ce fruit des fendus du studio New World Computing est une vraie bouffée d’air frais (bien que radioactive, je sais) dans le monde des jeux vidéo. Drôle, simple, prenant, parfois dur à vaincre car faisant aussi intervenir une grosse part chance : NUCLEAR WAR fait du bien car, en plus d’être un bon petit jeu, il ne se prend pas au sérieux. Rapidement redondant, certes, et simpliste. C’est un fait. Mais toujours plaisant puisque les parties sont relativement courtes – idéal pour se détendre le temps de petites sessions. Humour, coups de poker, chance et stratégie sont donc ici réunis dans un cocktail détonnant. Un cocktail Molotov, bien évidemment !

Note : joystick 2joystick 2joystick 2     Nostalgie : joystick 2joystick 2joystick 2

Le menace nucléaire, les abris anti-atomiques, les propagandes honteuses, les mensonges éhontés de nos maîtres persifleurs, les craintes de représailles… NUCLEAR WAR brosse un portrait sans concession du monde moderne tel qu’il était vu jusqu’à la fin des années 80 (aujourd’hui, la menace qui obsède nos grandes puissances semble quelque peu différente). Bien que doté d’une réalisation minimaliste (sauf en ce qui concerne le graphisme des visages des différents grands dirigeants), ce jeu de stratégie bourré d’ogives et d’humour est toujours parfaitement jouable de nos jours : sa simplicité est sa force – son second degré fait le reste. Simple mais efficace, NUCLEAR WAR fera donc passer un agréable moment de « détente » (même si dans le jeu les belligérants n’y sont pas favorables, ah ah ah) aux nouveaux venus. Quant aux vieux de la vieille mère pixel, ils se replongeront avec nostalgie dans cette époque bénie – attention je ne parle pas de la Guerre Froide, mais de l’apogée de la micro-informatique 16 bits !

Vidéo :

Bonus : lien vers la notice (en anglais). Les portraits des différents chefs d’état sont vraiment sympas à lire.

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