orgarhythm (PlayStation Vita, 2012)

icone playstation vitaORGARHYTHM
Année : 2012
Studio : Acquire (Neilo)
Éditeur : Acquire
Genre : à la recherche du tempo perdu
Joué et testé sur PlayStation Vita
Support : PS Vita Card


Il était une fois deux dieux, deux frères : l’un vivant dans les profondeurs, l’autre à la surface, chacun ayant à leurs côtés des créatures créées pour leur tenir compagnie. Lorsque le dieu des profondeurs se mit en tête de réduire le monde en miettes, son frère de la surface tenta bien évidemment de lui barrer la route, aidé de ses laquais aux trois couleurs des éléments (terre, feu, eau). Il s’en suivit des batailles épiques qui furent toujours menées… en rythme.

Après un SUMIONI fun et original, les petits gars d’Acquire (cette fois-ci dirigés par Tak Hirai) remettent le couvert tactile en nous offrant, avec ORGARHYTHM, un nouveau jeu qui tente de tirer partie des capacités de la PlayStation Vita – et ça ne court pas forcément les rues.

Dans ORGARHYTHM, vous incarnez un dieu entouré de ses minions – alors oui, je sais c’est un anglicisme mais les jeux vidéo voient plus loin et plus grand que le Petit Robert, n’est-ce pas. Ces minions, donc, sont de trois couleurs différentes : bleu, rouge et jaune, qui représentent chacune une force de la nature. Et à la manière d’une partie de « pierre papier ciseau », chaque équipe de minions aura une force, et une faiblesse : les minions rouges prendront toujours l’avantage sur les jaunes, les jaunes vaincront plus asiément les bleus et les bleus, enfin, auront plus de facilité pour occire les rouges. Simple et efficace. ORGARHYTHM s’apparente donc à un petit RTS pas prise-de-tête. Je dis bien « petit » RTS car pour un jeu de stratégie en temps réel, les options sont peu nombreuses. Vos troupes ne pourront ainsi effectuer que quatre actions différentes (se battre à mains nues, tirer à l’arc, se sacrifier à la manière d’une bombe humaine ou construire une catapulte). C’est peu. Le dieu, quant à lui, dispose d’une jauge qui, lorsqu’elle se remplit petit à petit permet de choisir entre quatre options pour aider les minions (augmenter leur défense, leur attaque, les guérir ou ralentir les ennemis). Il peut aussi lancer une attaque spéciale (lorsque la jauge divine est au maximum) sous la forme d’une foudre cataclysmique capable de faire beaucoup de dégâts.

Vous le voyez, on ne croule pas sous les options. Mais cela s’explique par une raison toute simple : l’aventure se joue… en rythme ! Il faut en effet commander ses troupes entièrement via l’écran tactile en tapotant sur les boutons qui apparaissent, tout en suivant le rythme imposé par la musique (qui varie d’un niveau à l’autre). S’il avait fallu jongler entre des dizaines d’options possibles in-game en plus de devoir prêter constamment attention au rythme, le jeu aurait été impossible à maîtriser, à mon sens. Le rythme est en effet crucial : déjà la musique sera plus douce à vos oreilles mais cela reste un détail. Le plus important est en réalité le fait que jouer tout en suivant le rythme de la mélodie décuplera le nombre de vos troupes : les combos sont vitaux, donc, dès lors que l’on s’attaque à autre chose qu’au mode casual (déjà relativement dur).

Une partie se présente donc ainsi : vous débutez avec un faible nombre de minions qui entourent le dieu (vous-même, oui on repassera pour l’humilité). Le dieu en question entame alors sa marche folle en se déhanchant comme un danseur atteint de la fièvre du samedi soir, et s’en va donc parcourir un niveau relativement court (cinq ou six minutes). Vous ne pouvez pas changer la marche du dieu, elle est préréglée. Par conséquent, aucun stick n’est mis à contribution ; le jeu est entièrement tactile et sacrément intuitif : le tactile avant pour choisir les options (en tapotant sur le bouton correspondant) et déployer ses troupes (en dessinant un trait avec son doigt), et le tactile arrière pour effectuer un repli stratégique (ou plutôt quand on cède à la panique !).
Le dieu commence donc à marcher, vous apercevez des troupes adverses situées non loin de vous, imaginons qu’elles sont de couleur rouge. On tapote une fois sur le dieu puis sur une couleur (la bleue, en rythme), et encore une fois mais cette fois-ci sur l’option désirée (les archers, en rythme), puis on trace un petit trait sur l’écran pour décider à la fois du nombre de minions à déployer et de leur zone d’attaque. Les petits bonhommes vont donc partir et tirer sur leurs adversaires (qu’ils devraient vaincre sans problèmes puisque dans le cas précis nous avons envoyé des minions bleus se battre contre des monstres rouges). Si vous continuez de la sorte (dans le rythme avec des combos), votre nombre de troupes devrait rapidement augmenter et vous permettre plus de fantaisie dans les combats qui vous attendent encore avant de devoir faire face au big boss de fin de niveau. Le nombre de troupes est donc déterminant car vos minions peuvent mourir (prenez garde à leur barre d’énergie)… mais attention : vous aussi, pouvez passer l’arme à gauche ! Et non, dans ORGARHYTHM le dieu n’est pas immortel (même si… mais chuuut, je n’en dis pas plus).

Sachez enfin qu’avant chaque partie, vous avez la possibilité de vous doter d’un bonus spécial. Ceux-ci sont extrêmement nombreux et s’obtiennent au fur et à mesure de votre progression (c’est très long), et peuvent aller du boost en attaque, au boost en défense voire au berserk ou encore à l’inversion des forces des couleurs – mes bonus préférés sont Absolute Rhythmism, Divinity et Superior Level 4, qui confère à chacune de nos couleurs l’avantage sur les troupes de couleur opposée (logique) mais également (et surtout) sur les ennemis de même couleur. Bref vous l’aurez compris : le bonus à sélectionner avant la partie est d’une importance capitale puisqu’il vous simplifiera la vie – en vous évitant la mort ? Gros (do ré mi fa) bémol malgré tout : les meilleurs bonus sont proposés en DLC.

ORGARHYTHM est donc un bon jeu. Il est original (même si très inspiré de PATAPON), entièrement tactile et très intuitif, l’ambiance musicale est excellente (heureusement me direz-vous) et les parties sont courtes et donc adaptées à un mode de jeu nomade. Mais toute médaille a son revers, et ORGARHYTHM n’est pas exempt de défauts. Certains d’entre eux, particulièrement importants, pourraient même effrayer plus d’un joueur. Du coup le jeu d’Acquire oscille sans cesse entre l’instrument de musique… et de torture. Tout d’abord ORGARHYTHM n’est pas très beau : techniquement le soft n’a rien de fantastique, et les environnements ne sont pas extrêmement variés – surtout que le nombre de cartes est faible (deuxième défaut). Après, il est vrai que ce petit nombre de niveaux est compensé par la difficulté du jeu – tout terminer en rank S est d’une brutalité sans nom, puisqu’il vous faudra à la fois terrasser le boss en ayant perdu très peu de minions, en n’ayant fait aucune faute de rythme ou encore (entre autres choses) en bouclant le niveau en question dans un temps record. Le cumul de tous ces critères rend ORGARHYTHM quasiment hardcore. À titre d’exemple, je suis parvenu à boucler tous les niveaux en rank S en mode casual et normal, mais en hard cela parait au dessus de mes forces (il me manque un niveau, je ne lâcherai pas l’affaire).

Dernier écueil – ou « fausse note » pour rester dans la thématique du jour : le jeu propose des modes versus et coopération. Génial. Oui, sauf qu’il ne s’agit pas de parties online… mais ad hoc ! On se demande si les développeurs d’ORGARHYTHM n’ont pas abusé de substances alcoolisées, à la manière du célèbre capitaine, pour imposer un mode ad hoc à un jeu qui n’était pas promis à de grosses ventes, qui plus est sur une machine (la Vita) qui ne se vend pas énormément actuellement (doux euphémisme). C’est simple : j’ai beau habiter dans une grande ville japonaise, je n’ai jamais trouvé de joueurs (par exemple via Near) qui possédaient ORGARHYTHM… Ce mode ad hoc est une pure hérésie…

ORGARHYTHM est donc bien le jeu étrange promis par ses développeurs. Mais son étrangeté n’était peut-être pas celle souhaitée par les joueurs. ORGARHYTHM est en effet aussi étrange dans son gameplay (une bonne chose) que dans sa conception (ça c’est moins bien) : sympa au début, ORGARHYTHM pourrait bien faire fuir les joueurs assez rapidement. Ceux qui aiment passer à autre chose après avoir terminé une fois leurs jeux devraient vite abandonner ORGARHYTHM (qui se finit sans trop de difficulté en mode casual une fois que l’on a pigé le truc). Celles et ceux qui, au contraire, aiment tirer la substantifique moelle de tous les softs qu’ils achètent, passeront beaucoup plus de temps sur ORGARHYTHM, et ce malgré le faible nombre de maps : le scoring deviendra alors votre seule obsession afin de débloquer le rank S dans tous les modes de difficulté et sur toutes les cartes. Mais là encore, même cette catégorie de joueurs pourrait tourner le dos à ORGARHYTHM, tant sa difficulté me parait élevée – sans parler du fait que vous ne progresserez plus une fois le niveau 99 atteint, pour la carotte on repassera… Dommage car c’est quand on fait l’effort de se plonger dans la quête du rank S en mode hard que le véritable côté « tactique » du soft se dévoile.

Bon, oubliez le ton dramatique de cette fin de review, il ne faut pas que tout cela tourne au mélo – mane. Parce que moi, au final, j’ai bien aimé ORGARHYTHM, et j’y joue aujourd’hui encore alors que j’en suis à plus de 25 heures de jeu. Mais je suis particulièrement têtu. ORGARHYTHM est par conséquent un jeu à acheter en connaissance de cause. Enfin bon, vous connaissez la chanson…

Note :

Original et fun, bien qu’assez répétitif, cet ORGARHYTHM 100% tactile est particulièrement agréable à jouer : intuitif et agréable aux oreilles, il devrait combler les joueurs en manque de jeux un peu bizarres. Allez disons-le oui : carrément à part. Attention néanmoins : les joueurs un peu casual risquent d’être déçus par le faible nombre de niveaux et par l’impossibilité de bénéficier des meilleurs pouvoirs sans passer par la case DLC (70 yens environ par pouvoir). Quant aux hardcore gamers, ils pourraient bien s’arracher les cheveux devant la difficulté du soft, que je trouve un peu mal calibrée (un indice si vous voulez vaincre les rank S : un rythme rapide est la base de tout). À noter, malgré tout, qu’ORGARHYTHM n’est pas vendu à un prix exorbitant – tout du moins au Japon, et qu’il se trouve facilement en occasion (un mauvais signe ?).

Vidéo de gameplay :

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