Shufflepuck Café (Famicom, 1990)

icone FamicomSHUFFLEPUCK CAFÉ
Année : 1990
Studio : Pony Canyon
Éditeur : Pony Canyon
Genre : pad et rétro, Satanas
Joué et testé sur Famicom
Support : cartouche


Dans votre domaine, vous êtes une petite célébrité. En effet, personne dans la galaxie ne maîtrise le trafic de Krypton-3 mieux que vous. Votre cargaison du jour est d’ailleurs la plus importante que vous ayez jamais convoyée. Hélas votre vaisseau, le Nash Sombrero, a connu une grave avarie et a perdu un capacitor. Vous vous posez donc sur la première planète venue, et plus précisément dans un café complètement paumé (le Shufflepuck), dans l’espoir de trouver un téléphone en état de marche. Mais avant d’avoir le privilège de pouvoir passer un coup de fil, il faudra vous défaire de huit joueurs de air hockey spatial…

SHUFFLEPUCK CAFÉ est initialement sorti sur micro-ordinateurs, et se jouait donc à la souris. Ce remarquable jeu de palet (air hockey) demandait à la fois des réflexes de fou, mais aussi une certaine stratégie pour se défaire des adversaires les plus coriaces. Un portage sur Famicom, dans une version se jouant donc au pad et non à la souris, avait de quoi effrayer les joueurs les plus téméraires. C’est donc avec une certaine appréhension que je me suis penché sur le cas de ce SHUFFLEPUCK CAFÉ oriental (la version Famicom est en effet la seule version console de ce jeu mythique).

Le début fait plutôt plaisir puisque l’intro est très sympa pour la 8 bits de Nintendo : une petite musique de circonstance, un semblant d’intrigue pour immerger le joueur, quelques images de l’espace et enfin un gros plan sur le Shufflepuck café, improbable lieu de débauche intergalactique, bien évidemment inspiré de la Cantina de STAR WARS. Ayant retourné les versions Amiga et PC du jeu dans tous les sens, je me lance – confiant, directement dans le tournoi des chefs. Et je ne suis pas dépaysé car les adversaires sont les mêmes que sur micro – ils ont été légèrement modifiés malgré tout, par exemple Bejin est devenue blonde maintenant, et fait un peu pute sur les bords (pour lui donner un côté plus occidental, au Japon ?). J’attaque donc face au sosie de Woody Allen, Skip, et si je parviens à le battre sans vraiment transpirer, les commandes commencent à m’inquiéter. Je comprends qu’il va me falloir un gros temps d’adaptation… Sur Famicom, SHUFFLEPUCK CAFÉ se manie donc au pad : bouton A pour amortir le palet, bouton B pour accélérer sa course. Soit. Quand on maintient les boutons en question appuyés, notre raquette réagit également en conséquence : le bouton B accélère nos mouvements, tandis que le A les ralentit. Bref, on galère comme un damné, surtout que certains adversaires sont très rapides : on n’a absolument pas les mêmes réflexes avec un pad Famicom et une souris Amiga… Les développeurs auraient peut-être dû garder cela à l’esprit avant de programmer certains adversaires bien trop coriaces (Bejin et Biff en tête).


Il vient de se prendre un joli Shufflepuck café crème

En réalité, il faut se rendre à l’évidence : ce portage sur Famicom est à des années far, far away des versions micro. Aussi, pour l’apprécier, il convient sans doute de se mettre en tête qu’il s’agit d’un jeu légèrement différent. Là où le SHUFFLEPUCK original nous demandait réflexes et stratégies, l’adaptation (ou transmutation, en hommage au shérif-shérif de l’espace) sur Famicom simplifie le tout en faisant table rase de certaines particularités de nos adversaires patibulaires (mais presque !), tout en axant la victoire sur un seul coup gagnant (frappe hyper tendue dans le coin opposé – si l’adversaire la renvoie, vu le temps de réponse du pad Famicom vous êtes foutu).

Concernant les tactiques simplifiées des adversaires, je dois bien avouer qu’il s’agit là du principal défaut de la version Nintendo. Tout d’abord l’intelligence artificielle de tous nos concurrents a été tirée vers le bas. Ensuite, certains traits de caractère spécifiques à quelques personnages ont tout bonnement disparu. Par exemple les capacités de Lexan ne sont plus affectées par l’alcool. Nerual n’est quasiment plus adepte du mimétisme (souvenez-vous sur Amiga il copiait tous vos coups). Bejin utilise toujours la télékinésie pour faire des services assassins, mais autant sur ordinateur il y avait une astuce pour les contrer (il fallait écouter le bruit bizarre durant le service), autant sur Famicom c’est à pile ou face : il faut choisir un coin de la table et croiser les doigts. Oui, on a une chance sur deux de prendre un ace imparable : stupide et démotivant. J’ai bien découvert un semblant de technique pour m’en sortir, mais elle ne semble pas marcher à chaque fois…

Et puis on s’accroche quand même. Et puis on commence à mieux gérer notre raquette. Et puis on met les premières roustes. Et enfin on se rend compte que la différence majeure entre les versions Famicom et micro tient en un mot : simulation. Oui sur Amiga ou Atari SHUFFLEPUCK CAFÉ pouvait presque être considéré comme une vraie simulation de air hockey : la souris permettait de bien jouer, les échanges pouvaient durer un moment et il y avait plusieurs moyens de sortir gagnant d’une partie mal entamée. Sur Famicom, au contraire, on a plus affaire à un jeu d’arcade « à l’ancienne », avec une part de chance indéniable (Bejin et ses sévi… euh, services) et certains coups répétés jusqu’à plus soif (c’est con, dans un café) pour faire plier les adversaires les plus redoutables – on se rend vite compte qu’ils ne sont que deux : Biff et Bejin. Une fois que l’on a compris cela, soit on se met à apprécier SHUFFLEPUCK sur Famicom pour ce qu’il est (jeu d’arcade très simplifié par rapport au jeu originel), soit on le conchie en maudissant ses contrôles sans souris – à moins que vous n’aimiez boire la tasse (normal, dans un café…).

Pour ma part, j’ai choisi mon camp, et j’aime beaucoup cette version Famicom de SHUFFLEPUCK CAFÉ. Se faire des parties de SHUFFLEPUCK sur la 8 bits de Nintendo, quelque part ça n’a pas de prix. On se marre toujours autant face aux adversaires les plus faibles, on prend son pied contre les concurrents de niveau intermédiaire (contre le cochon dingue les échanges ressemblent vraiment à quelque chose) et si on rage souvent en raison des défaites injustes subies face à Bejin ou Biff, on finit par jubiler une fois qu’on les a fait plier – même si c’est en répétant irrémédiablement la même tactique.
Mais peut-être que j’ai un grain… de Shufflepuck café ?

Note :        Nostalgie :

Autant la version micro de SHUFFLEPUCK CAFÉ a très bien vieilli, autant celle-ci encaisse plutôt mal le poids des ans… et du pad de la Famicom. Bien évidemment, le jeu est plus fun avec une souris, mais SHUFFLEPUCK est, sur la 8 bits de Nintendo, un jeu légèrement différent du titre originel. Moins profond, avec notamment une IA un peu à la rue, ce SHUFFLEPUCK CAFÉ-là est susceptible d’effrayer de nombreux joueurs. Mais celles et ceux qui feront l’effort de s’adapter au gameplay et aux contraintes de la machine finiront malgré tout par vraiment s’amuser.

Une petite vidéo (pourquoi les gens qui ne savent pas jouer se filment-ils malgré tout ?!) :

mag vintage

Shufflepuck Café (Famicom, 1990)
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3 réflexions au sujet de “Shufflepuck Café (Famicom, 1990)”

  1. Peut-être que le jeu s’ en tire mieux avec un pad « nes max », et son fameux d-pad cycloid?
    En tout cas, c’ est un blog très sympa, très classe et super agréable!
    Bonne année!

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    • Peut-être…ou à la rigueur avec un NES Advantage, rapport au stick ? Mais de toute façon je ne peux pas changer les manettes de mon modèle puisqu’elles sont fixées sur la Famicom (une vieille dame…). Merci pour le message, bonne année pixelisée.

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  2. Souvenirs émouvant sur 6128 malgré une jouabilité discutable (mais à l’époque ça passait :p), pas eu l’occasion de le tester sur d’autres machines, ton test est donc une découverte pour moi…
    Bravo en tout cas!

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