CHAMBERS OF SHAOLIN
Année : 1989
Studio : Thalion
Éditeur : Grandslam
Genre : un maître si fou
Joué et testé sur Amiga 500
Support : disquettes
Vous n’êtes encore qu’un apprenti, mais vous rêvez déjà de devenir l’égal des plus grands moines de Shaolin. Pas pour la gloire, ni l’honneur. Encore moins pour l’argent. Mais pour atteindre la plénitude dans le dépouillement. La félicité dans l’altruisme. Aussi, c’est uniquement lorsque vous serez parvenu à progresser en passant avec succès les différents tests des chambres de Shaolin, puis que vous aurez eu le privilège de vous mesurer aux meilleurs combattants du temple, que vous serez jugé apte à relever votre plus grand défi : mettre à terre le dragon rouge.
CHAMBERS OF SHAOLIN est un jeu qui m’a laissé des souvenirs enchanteurs. Je l’ignorais lorsque j’étais encore adolescent, mais ce soft semble s’inspirer de films martiaux de la Shaw Brothers, et plus particulièrement de LA 36ème CHAMBRE DE SHAOLIN du plus grand réalisateur martial de tous les temps Liu Chia-Liang, avec le fabuleux Gordon Liu. Quand on se replonge aujourd’hui dans le jeu de Thalion, les images du film s’imposent alors naturellement : les moines rasés, le terrible apprentissage et enfin les combats. Tout est repris au pied de la lettre, dans CHAMBERS OF SHAOLIN – même s’il y a moins de chambres, donc moins d’épreuves initiatiques. Une ou deux postures des combattants rappellent également davantage Bruce Lee que Gordon Liu, mais passons…
Dans le jeu vidéo qui nous intéresse, il vous faudra donc étudier auprès de votre maître (ou sifu) et traverser plusieurs épreuves afin d’améliorer les capacités de votre personnage : rapidité, endurance, etc. Ces épreuves sont au nombre de six. Ces défis sont extrêmement importants et constituent la substantifique moelle du jeu. Tout d’abord parce qu’ils sont amusants, variés et surtout qu’ils sont capitaux si vous souhaitez connaître le fin mot de l’histoire : affronter les plus grands moines Shaolin pour ensuite vaincre un dragon (tiens c’était pas dans le film ça). Tout cela n’est pas de tout repos, et vous aurez bien besoin d’une énorme barre d’énergie (représentée par un long tissu coloré qui rappellerait presque la fabrique de RETOUR À LA 36ème CHAMBRE) et d’une force de frappe phénoménale pour venir à bout de votre quête du râle – aka le bruit roque qui s’échappera de la bouche de vos adversaires vaincus.
Épreuve 1 : le test du bâton.
Votre maître lance plusieurs assauts, et vous devez éviter ses coups de bâton en sautant ou au contraire en vous baissant – voire même en reculant. Ne soyez pas déconcentré par les moines qui passent en arrière-plan – l’un d’entre eux tombe parfois dans le vide, la première fois ça surprend !
Épreuve 2 : le test d’agilité.
Des couteaux et des boules meurtrières (plus rarement régénératrices) foncent sur vous : baissez-vous, sautez ou faites des roulades pour résister le plus longtemps possible.
Épreuve 3 : le test d’équilibre.
Sautez de rondin en rondin, mais attention car ceux-ci montent et descendent. Un faux pas et c’est le drame : le moine tombe à l’eau. Certes vous souhaitez avoir des bras et des jambes en acier trempé, mais ce n’est pas la peine de prendre un bain pour autant !
Épreuve 4 : le test de rapidité.
L’eau monte. Un boulet suspendu au plafond peut permettre de fermer les ouvertures à partir desquelles l’eau s’infiltre. Donnez des coups de pied dans cette boule de métal afin de la faire monter jusqu’au plafond et ainsi briser les protections maintenant les fuites à flots. Attention : au moindre mouvement raté vous risquez de vous prendre un boulet en plein visage (remarquez c’est aussi le risque que vous encourez à chaque fois que vous allumez votre téléviseur sur TF1).
Épreuve 5 : le test de force.
Brisez des planches de bois à la seule force de vos poings, comme Gordon Liu – qui est un petit joueur : Jimmy Wang Yu, lui, il peut faire ça avec son seul petit doigt !
Épreuve 6 : le test du feu.
Isolé sur un pont étroit, vous devez balayer du pied des coupoles pleines de braises, lancées par un moine positionné non loin de là : chauve qui peut !
Ces épreuves sont donc très variées et suffisamment nombreuses pour amuser. Surtout, elles ne sont pas vaines puisque vous pourrez sauvegarder vos attributs sur une disquette, pour ensuite lancer votre moine dans l’arène face à un deuxième joueur (qui peut aussi créer son personnage de la même manière), ou face à l’ordinateur dans un mode histoire plutôt simpliste. Il s’agit de plusieurs combats qui se succèdent dans des tableaux sublimes et fourmillant de nombreux petits détails, qui vont se conclure par une course effrénée un brin hors-sujet et un tête-à-tête avec un dragon qui ne l’est pas moins.
Alors autant le dire clairement : les combats ne sont pas ce qu’il y a de plus passionnant dans CHAMBERS OF SHAOLIN. Cela peut sembler paradoxal pour un jeu qui semble appartenir à la catégorie des Versus Fighting, mais nous sommes en 1989 – qui plus est sur ordinateur. Ne venez donc pas vous plaindre si vous trouvez les coups peu variés et les personnages rigides. En gros on s’ennuie un peu pendant ces combats, même si l’allonge, ici primordiale, ajoute un petit « plus » non négligeable à l’ensemble, sans oublier certains mouvements que l’on n’a pas l’habitude de voir dans un jeu de ce genre (grand écart et coup de paume dans le bas ventre !). À l’époque ça nous suffisait, mais aujourd’hui on est en droit de faire la fine bouche – surtout si on garde à l’esprit que des jeux un peu plus jouissifs avaient été édités avant : YIE AR KUNG-FU 2, INTERNATIONAL KARATE + ou encore BARBARIAN – ils ne sont pas légion, je vous l’accorde.
Aujourd’hui, que reste-t-il donc de CHAMBERS OF SHAOLIN ? Un jeu graphiquement magnifique, rempli de détails (certaines arènes ressemblent à de véritables tableaux), des musiques extraordinaires, un background original et très plaisant, et puis surtout cet entraînement aux forceps permettant de forger soi-même son personnage. Tout cela confère à ce jeu de combat, à la fois costaud et bucolique, un cachet absolument unique – oui ces moines de Shaolin, dans leur temple haut perché, c’est une certaine idée de la zen altitude.
Note : Nostalgie :
Le jeu date de 1989, aussi ne soyez pas surpris par la rigidité de ses combattants. On pourra néanmoins regretter un manque certain de punch et de fluidité – vos adversaires sont également tous identiques (certes les moines Shaolin suivent tous le même régime et fréquentent tous le même coiffeur, mais quand même…). Toutefois, l’intérêt de CHAMBERS OF SHAOLIN est ailleurs : dans l’entraînement mythique constitué de six chambres retorses, et dans la qualité technique du soft. Musiques et graphismes sont en effet inoubliables. Attention malgré tout : le jeu a pris un petit coup de vieux, et semble aujourd’hui s’adresser avant tout aux retrogamers confirmés.
Images : jeux vidéo et des bas
L’intro en musique – c’est extraordinaire (soundtrack signé par Jochen Hippel) :
Tout le jeu en vidéo :