The Last of Us (PlayStation 3, 2013)

the last of us_fronticone PS3THE LAST OF US
Année : 2013
Studio : Naughty Dog
Éditeur : Sony
Genre : va y avoir du spore
Joué et testé sur PlayStation 3
Support : Blu-ray


Le monde a été décimé par une terrible épidémie, principalement causée par des spores et leurs champignons mutants. Quand les survivants ne s’entretuent pas pour quelques morceaux de pain ou une poignée de munitions, ils doivent faire face aux infectés, qui semblent perdre petit à petit toute humanité, cédant d’abord à la folie, puis à la colère… pour au final se transformer en monstres féroces.

Joel, un survivant qui a perdu toute illusion, doit accompagner la jeune Ellie à travers les États-Unis afin de lui permettre de rejoindre une organisation aux motivations plus ou moins mystérieuses… Une question reste encore et toujours en suspens : pourquoi cette jeune fille est-elle si importante ?

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THE LAST OF US (TLOU pour les intimes) est un jeu qui avance masqué. Camouflé, même dirais-je. Ça tombe bien car il va ici s’en prendre un beau, de camouflet…

Annoncé un peu partout comme le jeu sinon de la génération, du moins de l’année, TLOU a définitivement été porté aux nues par toute la profession. Il s’agirait de l’alliance enfin parfaite entre le survival, l’action, l’infiltration et l’aventure. Ah bon… Pour le survival, pourquoi pas. Si vous considérez que confectionner quelques objets par le biais d’un système de craft simpliste et que compter ponctuellement vos munitions (sans pour autant être jamais perdu ou pris au dépourvu) est suffisant pour qualifier un jeu de survival, soit. Concernant l’action alors là, il n’y a pas litige : TLOU est un jeu d’action. Et c’est parfois très, très bourrin : histoire de vous obliger à faire cracher du sang, on vous poussera par exemple à lutter dans des endroits exigus – sans parler de la fin du jeu, qui va à mon sens beaucoup trop loin pour un titre qui se voulait réaliste jusque-là (seul contre tous, Rambo peut aller se rhabiller). Quid de l’infiltration ? Alors si TLOU est un jeu d’infiltration, ça veut dire que la plupart des testeurs et joueurs actuels ont oublié ce qu’est un véritable jeu d’infiltration : se faufiler dans le dos de personnages qui suivent un chemin préétabli pour les étriper, c’est léger. C’est du UNCHARTED à peine évolué, point barre. Et l’aventure mince, TLOU est-il au moins un jeu d’aventure ? La bonne blague… TLOU n’est aucunement un jeu d’aventure et ne propose que trop ponctuellement de l’exploration. Le pire, dans cette histoire, étant que les développeurs n’ont même pas eu le courage d’assumer cet état de fait : TLOU est un jeu en pure ligne droite, du couloir à la DEAD SPACE – un jeu qui assumait le système de pathfinder, puisque celui-ci apparaissait directement à l’écran. Dans TLOU, on veut vous faire croire qu’il n’y a pas de pathfinder… alors qu’en réalité il est omniprésent, mais camouflé ! Durant la plupart du temps, vous serez en effet accompagné par un PNJ qui, subrepticement, vous indiquera le chemin à suivre ou les choses à faire – en plus de vous raconter sa vie, alors que vous n’en avez strictement rien à cirer… mais vous ne pourrez pas y couper car vous serez obligé de marcher, sans pouvoir accélérer. Vous savez bien, ces phases de « gameplay » où vous êtes plus spectateur que joueur… Un enfer quand celles-ci se répètent plus que de raison…

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Une partie de TLOU se limite donc à ceci : des phases de couloir, un script à déclencher pour se lancer dans une bataille, une phase de couloir, parfois quelques recherches (limitées) à effectuer, un script à déclencher pour une bataille, une phase de couloir, un script à déclencher pour une pseudo phase d’infiltration cette fois, et ainsi de suite. Je n’ai rien contre ce principe, ça fonctionne du tonnerre de dieu dans UNCHARTED 1 et 2, des jeux d’action fun et décomplexés. Dans TLOU, qui a la prétention de vouloir offrir plus que cela, ça ne marche pas toujours. Car c’est lent… mou… long. De plus, avoir voulu rendre les combats plus réalistes que dans UNCHARTED (le recul joue, on vise plus difficilement, etc.) est une intention parfaitement louable, mais qui a un prix : c’est moins fun… surtout qu’on les attend parfois longuement, ces combats (longs moments de solitude dans de grands décors qui sont en réalité, comme je l’ai déjà dit, d’immenses couloirs camouflés).

C’est ce que je disais en ouverture de cette humble chronique : TLOU est un jeu camouflé, un simple UNCHARTED 2.0 que l’on nous a vendu comme un grand titre novateur – ne cherchez pas, le gameplay n’innove en rien, il s’agit simplement des mécaniques d’UNCHARTED, toujours « compartimentées » (impossible de se faire attaquer pendant une phase de recherche par exemple), un brin dé-casualisées (j’assume ce barbarisme) mais toujours saupoudrées de scripts envahissants (qui vous démasquent parfois alors que vous réussissiez votre phase d’infiltration !) et de cinématiques certes magnifiques, mais ennuyeuses si vous êtes impatient d’en découdre, pad en main… parce que c’est quand même le principe d’un jeu vidéo, nom d’un pixel mort !

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Alors je crie, j’éructe, je m’insurge… mais TLOU, malgré tous ses défauts, n’en demeure pas moins un bon jeu – allez, disons même très bon si on n’est pas allergique aux scripts ou aux couloirs. Techniquement déjà, il est magnifique, et on en vient presque à regretter la fin prématurée de cette génération de consoles, tant la PS3 parait ne pas avoir encore livré tous ses secrets. L’ambiance, ensuite, est vraiment pesante, et si les PNJ qui se succèdent à vos basques plombent parfois l’atmosphère, on a du mal à ne pas plonger corps et âme dans cet univers glauque et impitoyable – mention spéciale au chapitre où vous êtes seul (punaise, quelle délivrance), isolé dans un bâtiment quasiment plongé dans l’obscurité. Immense ! Les combats, enfin, sont ultra violents et sans concession. Ça fait rudement plaisir. Du coup, même s’ils sont moins jouissifs que dans la série UNCHARTED, ils ont aussi indéniablement du charme : barbares et un brin (juste un brin) techniques – mais pas suffisamment pour donner envie de se lancer dans le multi, auquel je n’ai donc pas joué, TLOU étant par essence un jeu solo.

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Voici donc que touche à sa fin le récit d’une semi-déception. TLOU est un bon jeu, mais à mon sens aucunement le soft de l’année et encore moins de la génération. Prétentieux dans son approche vidéoludique (il essaie de se faire passer pour ce qu’il n’est pas), opportuniste dans l’écriture de son scénario (absolument pas original, on surfe sur la vague, que dis-je le tsunami THE WALKING DEAD avec une pointe de THE ROAD), TLOU est un jeu trop assisté et dont les mécaniques sont éculées (non, cher lecteur dont la voix n’a pas encore mué, ceci n’est pas une insulte) – un côté artificiel qui empêche parfois le joueur de s’immerger. Le parti pris des scripts à outrance et des cinématiques à répétition laisse également un arrière-goût désagréable de cinéphilie (non ceci n’est pas une maladie) mal placée, qui impacte d’ailleurs directement le potentiel de rejouabilité immédiate. Par exemple, dans les newgame+ il faut parfois se retaper de longues séquences ennuyeuses – spéciale dédicace à l’affreuse première partie de l’aventure, voire même aux première heures en forme de tutoriel camouflé. Car je demeure convaincu que l’expérience vidéoludique doit d’abord passer par le jeu, le gameplay, l’interactivité… et non par une narration calquée directement sur le cinéma. Mais vu le succès du jeu des surdoués de Naughty Dog et les retours de nombreux joueurs conquis, je présume que je dois faire partie d’une toute petite frange de déçus. La minorité silencieuse ? Eh bien plus maintenant !

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THE LAST OF US est un bon jeu. Si vous n’êtes pas allergique aux scripts, aux aventures assistées, à la redondance des mécaniques du style « couloir-script-bataille-couloir-script-bataille-couloir-script-semblant d’infiltration », vous pourriez même adorer la perle technique de Naughty Dog. Tout dépend de ce que vous attendez d’un jeu vidéo, en fin de compte. Dans mon cas, j’ai parfois eu du mal à ne pas éteindre la télé – en particulier durant les premières heures de jeu, insupportables d’assistanat (indigent tutoriel camouflé) et de cinématiques intrusives. Heureusement, après ce long passage THE LAST OF US se bonifie vraiment, sans pourtant jamais atteindre ce qu’on est en droit d’attendre d’un vrai survival, d’un vrai jeu d’action ou d’un vrai jeu d’infiltration. À force de vouloir trop donner, Naughty Dog oublie d’offrir l’essentiel.

 

4 réflexions au sujet de “The Last of Us (PlayStation 3, 2013)”

  1. merci pour ta critique que je partage complètement ce qui m’a valu de me faire détruire par mes amis (que je continue de fréquenter…Je suis trop bon..)

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    • Ah ah ah ! Ce sont des choses qui arrivent… TLOU demeure un bon jeu mais de là à l’ériger en modèle à suivre… Bref je me sens moins seul à présent, merci pour tes courtes impressions.

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  2. Je partage également totalement cet avis, et j’ai par ailleurs remarqué que bien souvent, les gens ayant une opinion allant en ce sens sont des gens jouant au jeu depuis pas mal d’années, ayant connu l’époque dorée 8-16 bits, voire avant.
    En clair, ceux qui aimaient avoir la main mise sur le gameplay, ou bien qui aimaient réflechir à leurs actions. Là, dans ces jeux de couloir où on se traine, je n’ai que l’ennui comme compagnon. Même si le jeu n’est pas mauvais, je n’ai plus 5h à consacrer à écouter un scénario de série B qui ne m’interesse pas…

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