PROJECTYLE
Année : 1990
Studio : Eldritch The Cat
Éditeur : Electronic Arts
Genre : coup de projo sur le sport
Joué et testé sur Amiga 500
Support : disquette
Sur la deuxième lune de Jupiter, d’anciens gangs venus originellement de la Terre se sont lancés dans un nouveau sport collectif et violent : le Tribal. Aujourd’hui, le Tribal a évolué, il a grandi et est devenu extrêmement populaire. Des groupes de sportifs s’y adonnent en déplaçant mentalement des plates-formes sur lesquelles ils prennent place. Jouant des coudes, accélérant et décélérant, leur objectif est d’envoyer la balle dans les buts adverses. Une balle qui a depuis été rebaptisée. On l’appelle le projectyle.
La violence dans le sport collectif, c’est une longue histoire d’amour (et de mort, pour certains supporters)… mais la violence comme règle de base pour un sport, ça demeure pour l’instant (et heureusement) au seul stade du fantasme déviant – même si les charges (non je ne parle pas des piquouses) que les joueurs se mettent au football américain et au hockey sur glace n’ont rien de particulièrement amicales… Bref, quand on aime le sport, on aime aussi parfois jouer des coudes – voire plus si affinités. Par conséquent, personne n’a été surpris, dans les années 80-90, de voir débarquer de nombreux jeux de sport futuristes ultra violents dans lesquels la blessure d’un adversaire pouvait même parfois rapporter des points : SPEEDBALL 2, mythique. Mais si le jeu des Bitmap Brothers a focalisé toutes les attentions, il est loin d’avoir été le seul à faire couler la sueur, le sang et les applaudissements de la plèbe qui vont traditionnellement avec. Pour ma part, je me souviens par exemple du sympathique SKATEBALL sur Amstrad CPC (CPC pour « coup pour coup » ?!), de FUTURE BASKETBALL et de DISC (ordinateurs 16 bits) ou encore d’ADRENALYNN, clone rigolo mais éhonté du gigantesque PROJECTYLE, sorti en 1990.
Pour les bandes de potes, PROJECTYLE proposait un énorme avantage par rapport à la concurrence qui privilégiait les duels à deux : on pouvait s’y friter à trois (oui comme dans le final de THE GOOD , THE BAD AND THE UGLY !), et ce très simplement : deux joueurs au joystick et un au clavier (plutôt jouable, dans mes souvenirs). En cas d’absence de quelque frangin ou ami, l’IA se chargeait alors de diriger l’une des plates-formes volantes restantes (car les parties se déroulent toujours à trois). Une IA d’autant plus correcte pour l’époque qu’elle était paramétrable (même si elle faisait parfois toujours la même chose au moment de l’engagement).
Mais alors, PROJECTYLE, c’est un sport futuriste qui se joue à trois. Soit. Mais de quoi s’agit-il exactement ? Eh bien les matchs se déroulent en vue aérienne. Chaque joueur contrôle une espèce de petite plate-forme. En appuyant sur le bouton fire, la plate-forme s’élance plus ou moins vite, et en relâchant ledit bouton la plate-forme décélère. Détail important : pour maîtriser le gameplay simpliste en apparence, il vous faudra jouer avec la légère inertie inhérente au mode de déplacement de votre plate-forme (légèrement surélevée par rapport au sol). Cette inertie n’est aucunement handicapante : elle fait partie intégrante du gameplay de PROJECTYLE en lui injectant à la fois un aspect technique (on peut maîtriser l’inertie avec de l’entrainement) et ludique car parfois difficile à anticiper – malgré tous les entrainements du monde. Une fois votre plate-forme lancée, vous devez percuter la balle (le projectyle) afin de marquer dans l’un des deux buts adverses – en jouant sur les rebonds, en étant perfide (attendez qu’un adversaire soit sur le point de marquer et effleurez la balle juste avant qu’elle ne passe la ligne), en bourrinant (vous pouvez jouer l’adversaire et faire ainsi baisser ses stats) ou encore en privilégiant la prise de bonus qui apparaissent ponctuellement sur le terrain, le plus recherché étant le freeze – les adversaires sont paralysés pendant quelques secondes : remisez votre semblant de moralité au placard et foncez vers les buts adverses !
L’avatar de James Cameron des Manic Mooze
Le terrain est divisé en cinq parties distinctes de même taille. La salle principale sert d’engagement et donne vers quatre autre terrains, via des tunnels situés à chacune de ses extrémités. Le choix de la salle à envahir après un engagement est d’une extrême importance, puisque celle-ci ne contiendra qu’une seule cage – si le projectyle se retrouve dans votre salle, c’est-à-dire près de vos cages, une seule solution : faites vite ressortir la balle vers la salle d’engagement afin d’aller chez l’un de vos voisins, voire dans la salle du bas – qui, elle, contient trois cages. Une pour chaque équipe : le stress à son paroxysme, car tout peut alors arriver ! Un mauvais rebond, un coup de génie, voire tout simplement un coup de chance ! C’est là que se situe la magie de PROJECTYLE, dans ce savant mélange de technique et de coups de bol, d’anticipation voire de discrète perfidie – n’oubliez pas que ça se joue à trois, et que deux joueurs peuvent à tout moment se liguer contre le troisième ! Géniales, les parties sont tout simplement géniales, et avec plusieurs joueurs humains, on atteint même l’un des sommets du multijoueur de l’époque 16 bits, du niveau des meilleurs jeux de sport de la Super Nintendo (vive le multitap) ou d’un bon vieux BOMBERMAN des familles. Fous rires, crises de nerf (quand vous marquez dans votre camp, le point va à la dernière équipe adverse ayant touché le projectyle), stress, mains crispées sur le joystick, lancer de manette avec un triple boucle piquée commenté par Nelson Montfort (sans les blagues misogynes) et comme je l’ai déjà précisé – et c’est le plus important : la franche rigolade !
Techniquement, le jeu est fluide et c’est tout ce qu’on lui demande. Les musiques sont excellentes et nombreuses, dans un style techno-futuriste qui a déjà fait ses preuves sur Amiga. Au niveau des graphismes, c’est très correct mais pas non plus renversant pour la Rolls Royce de l’époque aka l’Amiga 500. Mais si PROJECTYLE a une âme, il le doit aussi à son design : chacune des huit équipes a sa propre couleur et, surtout, sa propre plate-forme, graphiquement différente et même discrètement animée ! On avait tous notre chouchou à l’époque. Pour moi il s’agissait des Devils – j’aimais également beaucoup le design façon TRON de l’écurie Vectors. Détail qui fait plaisir : toutes ces équipes possèdent aussi leur propre projectyle (lui aussi animé) et leur terrain personnalisé correspondant à leurs couleurs et imagerie… avec parfois quelques jolies surprises : le terrain des Manic Moose est recouvert de neige, ce qui amplifie l’inertie.
Concernant les modes de jeu, PROJECTYLE fait dans le classe, sick et efficace. Partie simple, mort subite ou championnat. Tout est paramétrable, vous pouvez également sauvegarder votre progression et une option existe afin que vous puissiez gérer votre effectif – augmenter les stats de certains joueurs grâce à des bonus ramassés in-game, en remplacer d’autres et réagir aux blessures (qui ne sont présentes que si vous sélectionnez l’option précitée). J’avoue que je ne suis pas spécialement fan de la chose, mais pour les amateurs il s’agit sans aucun doute d’un plus non négligeable.
Voilà, j’ai presque tout dit au sujet de PROJECTYLE. Tout dit, vraiment ? Que nenni ! Il est impossible d’être exhaustif quand il s’agit de PROJECTYLE : écrire une encyclopédie à son sujet, regarder des heures de vidéo sur Youtube le mettant en scène ne suffiraient pas. PROJECTYLE est un jeu qui ne prend toute sa dimension qu’une fois la manette en main et les écouteurs sur les oreilles. Sa simplicité, sa relative précision, sa petite part de hasard (qui fait que les parties sont toujours différentes) sont les grandes forces de PROJECTYLE. Cette prise en main immédiate couplée à un gameplay bien huilé constitue le meilleur remède à l’érosion du temps, à cette injuste et constante marche en avant vers l’obsolescence qui a déjà condamné bien des jeux cultes aux plus piteux des vides-greniers. Oui, PROJECTYLE est un jeu qui a bien vieilli. Comme j’aime à le dire, c’est un soft qui n’a pas pris une ride. Quelques pixels, certes, mais pas une ride !
Note : Nostalgie :
Moins célèbre qu’un SPEEDBALL 2, PROJECTYLE n’en demeure pas moins l’un des fleurons du genre – sport futuriste multijoueur. Là où PROJECTYLE fait fort, c’est dans son aspect multi qui va plus loin que la concurrence : trois joueurs humains peuvent s’y affronter simultanément ! Simple, efficace, faisant appel aux réflexes mais aussi au sens de l’anticipation, super jouable et même un brin technique malgré une petite part d’aléa, PROJECTYLE est un grand jeu à plusieurs : les parties sont nerveuses et les retournements de situation nombreux. Seul (face à deux adversaires dirigés par l’IA), PROJECTYLE perd certes de sa superbe mais demeure malgré tout extrêmement fun. Un indispensable de l’époque 16 bits informatique.
Images : jeux vidéo et des bas
Une vidéo de l’émission Gros Plan sur la Souris :