THE KUNG FU
Titre alternatif : China Warrior
Année : 1987
Studio : Hudson Soft
Éditeur : Hudson Soft
Genre : The Big Boss (mais littéralement)
Joué et testé sur PC Engine
Support : HuCard
Wang, artiste martial émérite, s’en va parcourir la campagne, la forêt, des grottes et quelques villages sans trop se presser, afin d’en découdre avec un sinistre groupe de malotrus, dirigé par Lu Hao Yan.
Il y a beaucoup de retrogamers qui aiment jouer à « qui a la plus grosse » – collection de jeux vidéo, bien évidemment. À une époque, ce sont les développeurs qui jouaient parfois à « qui a le plus gros » – sprite ! On se souvient tous du désastre SWORD OF SODAN, sur Amiga et Megadrive. Peu de joueurs, par contre, se rappellent de THE KUNG FU, aka CHINA WARRIOR aux États-Unis.
THE KUNG FU nous propose donc d’incarner un pratiquant martial aux faux airs de Bruce Lee, vu de côté, qui marche de la gauche vers la droite (scrolling que l’on peut arrêter en se collant à gauche de l’écran) et qui doit éclater tout ce qui se présente à lui : des méchants drapés dans des toges, des… haches volantes, des pierres, des… colibris. Mais bon dieu, pourquoi est-ce que je dois tuer des colibris ?! Quand on y songe, les pierres et autres curieux déchets qui passent à travers l’écran sont tout aussi incongrus – imaginez un peu que durant le duel final contre Chuck Norris dans LA FUREUR DU DRAGON, un fieffé salopard planqué dans l’arrière-plan commence à balancer des cailloux sur Bruce Lee pour le déconcentrer… On n’ose pas y croire, n’est-ce pas ? Eh bien c’est en gros ce qui se passe durant toutes les parties de THE KUNG FU !
Plus sérieusement, si votre personnage est arrosé d’objets en tous genres, c’est uniquement parce que ceux-ci sont plus faciles à dessiner et à animer qu’un adversaire de plein pied. THE KUNG FU jouant la carte de l’audace démesurée (des sprites énormes), il ne pouvait se permettre d’inonder l’écran d’adversaires gigantesques. Du coup, on se retrouve à lutter le plus souvent contre des cailloux, des ustensiles étranges, des petits animaux et (quand même) quelques méchants… qui sont hélas dotés d’un design très pauvre (les mecs en toge cités plus haut : pratique à animer, ils sont constamment planqués derrière leurs morceaux de tissus). Les boss rattrapent heureusement le coup. Ils sont plutôt bien fichus, mais leurs graphismes sont souvent repompés d’un niveau à l’autre. Fausse joie, certes, mais si on tient compte de la date de sortie du soft (dans la foulée de l’apparition de la PC Engine), on se dit que ce n’est quand même pas si mal que ça.
Les niveaux sont très courts, l’action est frénétique mais pas tout à fait dans l’esprit classique des beat’em all. La plupart du temps, THE KUNG FU est plus un jeu de réflexes qu’autre chose (les cailloux qui arrivent à toute allure, les flèches, les haches…), voire même un jeu de pure mémorisation tant, sur la fin, les déchets volants arrivent de toutes parts. Par chance les niveaux étant, comme je l’ai déjà dit, très courts, ne vous attendez pas à devoir retenir des patterns aussi machiavéliques que dans le pire des manic shooters. Les combats contre les boss apportent fort heureusement un petit vent de fraîcheur à l’ensemble, en faisant ponctuellement basculer THE KUNG FU du beat’em all vers le Versus Fighting pur et dur. Dur, yep. Sur la fin quelques boss sont vraiment frustrants. Très bizarrement, le méchant final n’est pas si retors – formidablement bien pensé (technique du Drunken Monkey) mais pas effrayant pour autant.
La grandeur des sprites de THE KUNG FU fait donc à la fois son charme (notre grand bonhomme et ses pectoraux saillants, ça claque) et sa nonchalance – c’est trop rigide, graphiquement ce n’est pas très beau et ça manque de véritables adversaires entre deux boss. On pourra également regretter un nombre de coups un peu chiche : pied-poing, OK. Mais pourquoi ne pas pouvoir donner un coup de pied glissé en étant accroupi, par exemple ? Oui, un coup de pied glissé, comme dans KUNG FU MASTER, le vénérable ancêtre aux sprites plus petits, certes, mais au fun bien plus grand. THE KUNG FU n’en demeure pas moins un jeu plutôt correct, mais qui a pris un méchant coup de vieux. J’ai malgré tout apprécié la plupart des combats de boss ainsi que les petits secrets à dénicher çà et là, pour récupérer/stocker de l’énergie – et c’est vital, car avec un héros énorme et la hitbox qui va avec, on en prend rapidement plein la tête !
THE KUNG FU, c’est du KUNG FU MASTER pur jus mais sans réelle amélioration. Pire, la taille des sprites, censée apporter une touche d’originalité, finit par desservir le jeu de Hudson qui se rapproche, à mesure que les années passent, du nanar vidéoludique – contrairement à un VIGILANTE, par exemple, qui bénéficie toujours de l’affection des joueurs. Heureusement, les duels contre les boss sont assez rigolos (peut-être trop tendus vers la fin), les musiques sont réussies et le soft a pour lui, au final, un petit capital sympathie indéniable.
Images : Youtube
Une vidéo :
Un jeu qui me faisait réver dans ma jeunesse! Et quand j’ai pu me payer une core, la déception a été grande 😀