Uncharted 4: A Thief’s End (PlayStation 4, 2016)

uncharted 4 coverplaystation-4-iconeUNCHARTED 4: A THIEF’S END
Année : 2016
Studio : Naughty Dog
Éditeur : Sony
Genre : Uncharted en 4×4
Joué et testé sur PlayStation 4
Support : Blu-ray


Alors qu’il pensait avoir définitivement remisé ses aventures dans son grenier à souvenirs, Nathan Drake va repartir sur les sentiers de la gloire et de la guerre à la demande de son grand frère, Sam. Un aventurier baroudeur que tout le monde pensait… décédé depuis une éternité. Sam et Nathan vont ainsi reformer le tandem irrésistible de leur jeunesse. Leur objectif : découvrir l’un des plus grands trésors de tous les temps, qui aurait été amassé par Henry Avery et d’autres pirates au XVIIème siècle.

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Après un troisième chapitre qui avait laissé plus d’un fan sur leur faim, Naughty Dog était attendu au tournant avec UNCHARTED 4, le jeu phare de la PlayStation 4. Ne tournons pas autour du pot : le jeu est absolument dantesque et ne constitue nullement « l’épisode de trop ». D’un point de vue scénaristique tout d’abord, si on met du temps à s’habituer au frangin, on finit par s’y attacher bon an mal an. Surtout, l’intrigue tisse sa toile en prenant savamment le joueur au doux piège de la nostalgie : clins d’œil amoureusement distillés, Nathan Drake un brin fatigué, personnages que l’on prend toujours autant de plaisir à retrouver… Le tout est très intelligemment emballé et ne laisse aucun arrière-goût d’artificialité, bien au contraire. Lorsque Nathan remonte de l’eau à la fin du chapitre 3, le schéma narratif du fabuleux chapitre 4… Oui, tout cela est merveilleusement bien écrit, interprété et intégré à l’aventure – on pourra bien évidemment pester sur la lenteur du premier tiers de l’intrigue et son grand nombre de cinématiques. C’était sans doute important pour mettre l’histoire en place et l’intégrer dans la mythologie de la série. Même si très honnêtement, je n’aurais pas été contre quelques coupes…

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Et puis donc, il y a cet aspect technique absolument renversant. Alors que les choses soient claires : UNCHARTED 4 n’a pas été réalisé dans le seul but d’épater la galerie, loin de là. Les décors gigantesques, la foultitude de détails suintant de réalisme qui flattent la rétine à chaque instant jouent un vrai rôle, dans UNCHARTED 4 : ils participent à l’immersion, font plonger le joueur tête la première dans un monde absolument fou, comme on n’en avait jamais vu jusqu’à présent. La faune et la flore sont ainsi fabuleuses, les décors grouillent de vie, littéralement – jusque dans la présence de nombreux oiseaux et insectes différents ! De plus, la distance d’affichage est renversante, il faut le voir pour le croire : grimpez au sommet d’une tour, et prenez quelques secondes pour admirer le panorama se dévoilant à vos pieds, des centaines de mètres plus bas… Oui, vous pouvez apercevoir des gens minuscules qui vont et viennent, des bateaux qui mouillent dans les eaux du port, un petit « rageux » qui critique gratuitement l’aspect technique du soft sur un forum internet – oui je vous l’avais dit, la distance d’affichage est renversante, Steve Austin peut aller se rhabiller. C’est tellement beau qu’à certains moments les personnages du jeu prendront le temps d’admirer ces tableaux naturels – dans une rafraîchissante mise en abyme de notre média tant aimé.

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Revers de la médaille (d’or) : les développeurs ont à tel point usé et abusé de la grandeur des décors, de la finesse des détails, qu’ils ont aussi fait légèrement pencher leur jeu vers l’aventure avec un grand A, au détriment de l’action. En effet, UNCHARTED 4 comporte moins d’action que les aventures précédentes. Ici, le jeu est davantage rythmé par les découvertes inoubliables (l’arrivée dans les îles, la tempête qui transforme un paysage paradisiaque en enfer…), les phases de grimpette assez longues (mais terriblement plaisantes) et les recherches dans un monde plus ouvert qu’à l’accoutumée (mais loin du bac à sable, heureusement, ici il est toujours question de vrai level design). Le revers de la médaille n’en est donc pas vraiment un. Ou alors il est aussi doré que l’endroit, car UNCHARTED 4 joue la carte de l’aventure et de l’immersion. Oui, il s’agit presque d’un jeu contemplatif par moment ! On pourra aimer, ou pas. Pour ma part, j’adhère totalement et je ne compte plus les heures durant lesquelles j’ai préféré aller et venir dans une forêt, surfer au fil de l’eau ou baguenauder en jeep dans les étendues plus arides de Madagascar, plutôt que d’aller droit au but.

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Bien évidemment, l’action est également présente, mais elle s’enchaîne moins vite que par le passé. On retiendra néanmoins de nombreuses scènes euphorisantes (une poursuite déjà culte m’a d’ailleurs filé la chair de poule), dans des maps beaucoup plus grandes qu’auparavant (ou au contraire plus étriquées : good luck), permettant par la même occasion de choisir différentes approches. La maniabilité est un bijou dont l’écrin a été cette fois-ci agrémenté d’une petite nouveauté : le grappin – excellente idée ! Les ennemis sont toujours bien agressifs, les armes dégagent une puissance sidérante, bref : on prend son pied. À noter qu’en hard, le jeu est plus dur que les opus précédents, certains passages rappelant davantage le niveau crushing qu’autre chose – vous allez pleurer du sang, vers la fin. Loin d’être déplaisant si vous aimez les défis, un léger déséquilibre se fait néanmoins sentir lorsque l’on bascule dans le vrai mode crushing – je pensais parvenir à le plier à la régulière, ayant avec le temps développé une certaine assuétude au mal (oui en général on prend goût au challenge, avec les UNCHARTED), mais certains passages sont ici, je pense, particulièrement mal fichus. Du coup, j’ai activé les cheat codes. J’aurais largement préféré un mode crushing mieux équilibré couplé à l’impossibilité d’activer les cheat codes en question.

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Si le jeu n’est pas parfait (départ poussif, chapitre 16 hors de propos, puzzles plus rares et plus faciles – mais est-ce un défaut ?), il n’en distille pas moins un cocktail détonnant d’aventure, d’exploration et d’action absolument hors norme. Surtout, les fans de la franchise devraient être aux anges malgré l’enfer que traverse Drake, tant leur héros connaîtra des moments inoubliables, répondant aux softs précédents dans un subtil jeu de miroirs parfaitement orchestré. Mieux, la narration est extrêmement bien troussée (à quelques longueurs près, je l’ai déjà précisé) et se permet même de jolies références jamais grossières, mais au contraire parfaitement bien intégrées au récit – oui, le clin d’œil rétrogaming du chapitre 11, ou la référence indirecte à un procédé inventé par Hitchcock dans LE GRAND ALIBI, n’arrivent pas comme un cheveu sur la vichyssoise : ils font avancer le Schmilblick. Et par la même occasion reculer les limites de la PlayStation 4, qui héberge là un jeu tellement maîtrisé et techniquement ahurissant qu’il semble correspondre à ce que l’on attend généralement d’un soft sur une console dont le cycle arrive à son terme. Bonne nouvelle : l’aventure entre la PlayStation 4 et Naughty Dog n’en est qu’à son commencement.

Note :

Si le schéma cher à la franchise de Sony est une nouvelle fois respecté (phases d’action, d’infiltration, d’exploration et de puzzles) avec encore un mode online pour couronner le tout (pas testé très longtemps, je ne suis pas fan), la grosse nouveauté de cet UNCHARTED 4, ce n’est ni l’utilisation du grappin, ni la présence de phases de glissade – qui sont pourtant très réussies. Non, à mon sens la grosse nouveauté du jeu se situe dans la technique mise au service du gameplay et de la narration : les décors immenses, les environnements qui se renouvèlent sans cesse permettent au joueur de multiplier les approches différentes mais aussi d’être complètement immergé dans l’aventure. Cet aspect presque contemplatif, qui se fait un peu au détriment de l’action non-stop, pourrait bien rebuter certaines personnes – et en enchanter d’autres. Une chose est sûre : si vous vous situez du bon côté de la barrière vidéoludique, vous risquez bien de ne pas pouvoir décrocher d’UNCHARTED 4. Avec Nathan et Sam Drake, Naughty Dog signe en effet le retour de la grande aventure !

 

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