La-Mulana EX (PlayStation Vita, 2017)

LA-MULANA EX
Année : 2017
Studio : Pygmy Studio
Éditeur : Limited Run Games
Genre : Indie Jones
Joué et testé sur PlayStation Vita
Support : PS Vita Card


Lemeza Kosugi est un archéologue aventurier qui n’a pas froid aux yeux. Coiffé de son chapeau et armé de son fouet, il s’en va explorer les gigantesques ruines de La-Mulana. D’après son père, aujourd’hui disparu, ces ruines seraient le berceau de toutes les civilisations, et renfermeraient en leur sein le secret de la vie, pas moins ! Pour l’aider dans sa tâche, Lemeza pourra parfois compter sur un vieil original, qui le contactera via email, mais aussi sur son ordinateur portable, modifiable à l’envi. Mais d’autres personnages extraordinaires l’attendent, cachés dans le berceau de la vie.

LA-MULANA est à l’origine un petit jeu indépendant développé par un Japonais, Nigoro. Sorti en 2005 sur PC, il se voulait une réponse corsée aux jeux de l’époque trop assistés – aujourd’hui, le pauvre homme doit s’étouffer. Inspiré de CASTLEVANIA et de METROID, il se parait aussi et avant tout des atours d’un vieux jeu MSX, intitulé MAZE OF GALIOUS. LA-MULANA connut plusieurs refontes, dont un habillage 16 bits, avant de finalement atterrir sur PlayStation Vita dans une édition EX et… physique !

Avec son personnage qui a des faux airs de RICK DANGEROUS (INDIANA JONES oblige…), ses pièges retors, ses passages secrets, ses phases de plates-formes saupoudrées d’action, ses boss recherchés, ses musiques nombreuses et magnifiques, sa 2D élégante et son bestiaire extrêmement riche, LA-MULANA EX avait tout pour me plaire. Et je dois dire que je n’ai pas été déçu du voyage – tout du moins au début. Les 4/5 premières heures de jeu furent un pur enchantement. Maniable, beau, blindé de secrets en tous genres et de feintes sublimes, à la fois dans le game et dans le level design, LA-MULANA EX tenait toutes ses promesses. La découverte du premier vrai passage secret, avec la petite musique qui va avec et les frissons du joueur aventureux transi, c’est un moment que je n’oublierai jamais. Et quelle richesse ! Qu’il s’agisse de l’équipement évolutif, des objets que l’on peut combiner, des armes, des capacités à débloquer petit à petit… LA-MULANA EX c’est tout simplement l’orgie vidéoludique, le jeu indie Jones par excellence, le rêve éveillé pour de nombreux aventuriers fatigués d’être désormais beaucoup trop assistés. J’ai tellement aimé LA-MULANA EX durant les premières heures de jeu, que je me suis fait violence… Oui j’ai résisté à l’appel de la triche, de la pioche dans ces guides ultra détaillés qui pullulent sur Internet. Il est en effet tellement valorisant de trouver la réponse à une énigme ou à un secret bien gardé tout seul comme un grand. L’impression surréaliste et hélas souvent surannée d’être un héros. Un grand. De dix pixels de haut.

Malheureusement, le miracle n’a pas duré. Si LA-MULANA EX relève incontestablement de la pépite durant les 4/5 premières heures de jeu, après hélas, ça se délite. La faute à la complexité de la chose, à tous ces niveaux différents qui s’imbriquent, à ces secrets, ces énigmes qui se jouent de vous comme une espèce de poupée gigogne sadique. Vous me direz que le jeu n’est pas avare en indices… Mais en réalité, LA-MULANA EX assomme littéralement le joueur sous des tonnes de textes alambiqués, et oui : ça finit par devenir incompréhensible. Comment retrouver le début d’indice susceptible de nous aider à un instant X, quand celui-ci nous a été révélé plus de trois heures auparavant, perdu entre des dizaines d’autres textes plus obscurs les uns que les autres ? C’est tout simplement à se taper la tête contre les murs hérissés de pics… Je ne plaisante pas !

Je cherche en vain la porte exacte. Je cherche en vain le mot exit. Contraint et forcé, je me résigne alors à fouiller sur Internet, tel un archéologue du pixel, je remonte un fil d’Ariane barbelé. Oui chers amis, vous aussi vous devrez y passer : ravalez votre fierté et partez explorer les nombreux guides et cartes dédiés au jeu, sur Internet. À moins de jouer à LA-MULANA EX cinq heures par jour durant plusieurs années (et encore…), je ne pense pas qu’il soit possible de progresser sans tricher. Tricher, vraiment ? Oui et non. Quelque part, farfouiller dans les guides à la recherche d’un début de solution fait aussi partie « du jeu ». Une espèce d’aventure hardcore collective 2.0, où chacun y met un peu du sien, aide les autres aventuriers, détaille les différences entre les versions, quand d’autres jettent une bouteille à la mer, ou une clé USB dans la rue, dans l’espoir d’être seulement entendus.

Si vous adhérez au principe, vous risquez bien de vous régaler. Pour ma part, j’ai toujours un peu de mal quand un jeu est trop complexe, ou pas suffisamment clair, pour être bouclé sans aide. Le principe étant ici poussé à son paroxysme – il m’est ainsi arrivé de me perdre à la fois dans les labyrinthes du jeu, mais aussi dans les nombreuses pages de guides sur Internet ! Ce défaut, relatif (ça n’a pas dérangé tous les joueurs), est aussi ce qui fait de LA-MULANA EX un titre hors norme. Ce jeu propose des passages incroyables, quelques idées peut-être jamais vues avant… il faut le voir pour le croire : on a parfois l’impression de visiter des lieux où la main de la l’homme n’a jamais mis le pied.
LA-MULANA EX : un jeu unique… ou inique ?

Note :

Imaginé originellement en 2005, LA-MULANA aurait sans doute dû être un peu simplifié pour son portage sur les machines modernes. Un brin de confort supplémentaire, un zeste d’énigmes incompréhensibles en moins, des textes plus rares et moins alambiqués… Il y avait différents moyens de rendre LA-MULANA EX plus abordable. Mais non. LA-MULANA EX a choisi son chemin – de croix ! Et pour voir le bout de cette aventure incroyable, faite d’action en 2D et de plates-formes à l’ancienne, il vous faudra arpenter à la fois les nombreux labyrinthes pixelisés du jeu, mais aussi les pages des encyclopédies dédiées au titre sur Internet. Bon courage, vous en aurez besoin !

Images : PlayStation

Vidéo :

 

2 réflexions au sujet de “La-Mulana EX (PlayStation Vita, 2017)”

    • Comme ça au moins, le message est passé.^^ Beaucoup de joueurs adorent ce jeu, mais franchement, il faut savoir où on met les pieds… Il m’a fallu 33h pour en voir le bout. 33h dont quelques-unes à tourner en rond, et quelques autres à faire des recherches sur Internet…

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