Horizon Chase Turbo (PlayStation 4, 2018)

HORIZON CHASE TURBO
Année : 2018
Studio : Aquiris Game Studio
Éditeur : Aquiris Game Studio
Genre : qui va à la chase…
Joué et testé sur PlayStation 4
Support : Blu-ray


Au volant de l’un des nombreux bolides à votre disposition, vous partez à la conquête du circuit mondial qui vous fera traverser le globe à toute allure tel un Phileas Fogg reconverti en pilote de l’impossible, en Fangio adepte des jeux de courses rétro.
Dérapages contrôlés dans un virage assassin, turbo enclenché en pleine descente pour optimiser la prise de vitesse, queue de poisson à un requin qui cherche à vous doubler, freinage d’urgence sur une route mouillée en pleine obscurité, gestion stratégique des conditions climatiques extrêmes… Tout cela sera-t-il suffisant pour franchir la ligne d’arrivée en premier ?


Vous aimez les jeux de course axés arcade ? Alors prenez le temps de jeter un coup d’œil dans le rétro : quel bolide voyez-vous débouler en priorité ? La Ferrari d’OUT RUN, bien évidemment. La voiture de police de CHASE H.Q. bien sûr. Mais il y en a un ou deux autres, peut-être plus obscurs pour le grand public, qui méritent pourtant aussi de rouler en pleine lumière, lancés à toute allure, pleins phares, en nous projetant des tas de pixels à la figure. Les esthètes citeront alors la belle et grande série LOTUS TURBO CHALLENGE, qui a fait les beaux jours, et les nuits blanches, de toute une génération de joueurs sur Amiga et Atari ST. Un succès retentissant pour l’éditeur Gremlin Graphics, qui en profita pour porter sa saga sur les consoles 16 bits du moment. On se souvient plus particulièrement des portages sur Super Nintendo, sous le titre TOP GEAR, puisqu’ils apportèrent un peu de sang neuf à la série originelle, au point de finir par s’en détacher pour voler de leurs propres ailes et ailerons. Le meilleur jeu demeure malgré tout, à mon sens, l’inoubliable LOTUS TURBO CHALLENGE 2, sur Amiga. Bon après, chacun a son propre avis (objectif ?) sur la question… Comme on dit dans le jargon : les goûts, les couleurs et les couleuvres…


Né sur smartphone (je sais, c’est un gros mot), le jeu HORIZON CHASE TURBO nous vient du Brésil. Il respire l’esprit rétro plein pot d’échappement puisque les développeurs y rendent un hommage appuyé – sur la pédale d’accélérateur – à la série de Gremlin Graphics précitée. Le joueur se retrouve en terrain connu, puisque le compositeur n’est autre que Barry Leitch, artiste inoubliable au CV long comme le bras de Mr Fantastique. Et parmi ses nombreuses bandes originales de jeux vidéo, on retrouve entre autres celles de LOTUS TURBO CHALLENGE 2 et de TOP GEAR ! Détail qui ne trompe pas : les premières notes de HORIZON CHASE TURBO reprennent la mélodie principale de TOP GEAR ! Mais c’est sur le fond que HORIZON CHASE TURBO prouve qu’il est le digne héritier de nos jeux de course d’antan. Avec son IA complètement cheatée, des adversaires à rattraper les uns après les autres, ces crashs rarement rédhibitoires, des circuits folkloriques et ces turbos à utiliser au moment opportun (TOP GEAR style), HORIZON CHASE TURBO fait définitivement souffler un vent arcade et rétro !


Ce parti pris « arcade à tout prix » est, vous l’aurez aisément compris, à la fois la force et la faiblesse du titre développé par Aquiris. Les amateurs, un brin nostalgiques, seront littéralement saisis d’un amour débordant pour HORIZON CHASE TURBO, tandis que les autres, peut-être plus jeunes, ou qui n’ont tout simplement pas envie de se replonger dans des plaisirs simples aujourd’hui mis de côté par la plupart des jeux modernes (réalistes jusqu’au bout des ongles), ressentiront sans nul doute un profond ennui, voire une pointe de frustration face à certaines situations ubuesques que nous réserve HORIZON CHASE TURBO. Si, comme moi, vous appartenez à la première catégorie de joueurs citée, foncez : vous prendrez votre pied ! HORIZON CHASE TURBO est fun à en pleurer des pixels de joie. Rapide, varié, doté de nombreux circuits et challenges ainsi que de différents bolides à débloquer (ne pas les négliger, certains pourraient vous sauver la vie durant les tournois), HORIZON CHASE TURBO fait la part belle à l’arcade old school – s’inspirant davantage de TOP GEAR que de LOTUS, soit dit en passant (le style des circuits, les bulles de dialogue, la présence de turbos…).


Mieux : les Brésiliens d’Aquiris ne se sont pas contenté d’un hommage appuyé à TOP GEAR, puisqu’ils ont enrichi leurs courses avec plusieurs détails très bien pensés. Outre les jerricanes d’essence qu’il faut parfois récupérer pour ne pas tomber en panne sèche (principe déjà plus ou moins implanté dans certains titres de la série originelle), HORIZON CHASE TURBO propose « un jeu dans le jeu », avec des pièces à collecter sur chacun des circuits, afin de débloquer un super trophée si vous terminez premier dans le même temps. Lorsque vous êtes au coude à coude pour la première place, que votre jauge d’essence fond comme neige au soleil et qu’il vous faut faire une embardée pour ramasser trois dernières pièces disséminées dans un virage assassin, vous sentirez sans doute vous aussi quelques gouttes de sueurs perler sur votre front chauffé à blanc ! Mieux : à mesure que vous progresserez sur la carte du jeu, vous réaliserez que conduire comme un bourrin ne suffira plus pour franchir la ligne d’arrivée en héros – en premier ! Oui, le bouton de frein a aussi son utilité, en particulier dans certains virages serrés balayés par la pluie !


Parmi les reproches que l’on pourrait faire au jeu, j’en retiendrai principalement deux – qui risquent d’être rédhibitoires pour le commun des mortels. Tout d’abord, les développeurs brésiliens n’ont pas vraiment amélioré leur jeu graphiquement, suite à son passage sur les consoles de salon. Par conséquent, on se retrouve avec un habillage un peu « flash », au design assez angulaire que certains trouveront tout simplement grossier. Comble du paradoxe temporel rétroactif : les pixels d’un LOTUS TURBO CHALLENGE sur Amiga, dans les années 90, avaient mille fois plus de charme. On finit néanmoins par s’y faire – d’ailleurs le jeu défile tellement vite, que l’on n’y prête plus vraiment attention. Enfin, l’un des autres gros soucis du jeu est, à mon sens, son IA cheatée. Attention, ça ne m’a pas dérangé plus que cela la plupart du temps – et puis comme je l’ai déjà dit, ça fait partie du trip, c’est plutôt marrant. Non, le véritable problème de cette IA cheatée se révèle uniquement lorsqu’il va de paire avec un système profondément injuste. Et il s’agit du monde Tournament. Vous me répondrez qu’il ne s’agit que d’un mode accessoire, et que le nerf du jeu est constitué du mode World Circuit. Et vous aurez raison. Je ne peux malgré tout passer son silence la frustration ressentie lorsque je me suis lancé dans les tournois – en particulier dans la difficulté la plus élevée : Master. Disputé au meilleur des quatre courses, un tournoi nous oppose à toutes les voitures adverses, bien évidemment. Sauf que… Sauf que ce sera toujours, je dis bien toujours le même adversaire qui finira premier ou deuxième (si c’est vous qui finissez premier). Les autres concurrents n’essaieront jamais de le rattraper, par contre ils ne manqueront pas la moindre occasion pour vous fermer la route, vous envoyer dans le décor… bref pour vous mettre des bâtons dans les roues – presque au sens propre, c’est dire ! En gros, un tournoi nous met aux prises avec un adversaire dopé aux hormones qui sera toujours en tête, et une armada de bots qui fera tout son possible pour nous pourrir la vie et nous empêcher de remonter – car je ne vous l’ai pas encore dit, mais l’adversaire désigné comme le chouchou de l’IA commencera toujours en première ligne, tandis que le joueur se lancera toujours à partir de la dernière place. Même dans WIPEOUT, un autre jeu de course résolument cheaté, ça ne va pas aussi loin : durant un tournoi, ce n’était pas toujours le même concurrent qui finissait à la première place. En gros ici c’est frustrant, voire éreintant, et durant ma jeunesse j’aurais certainement envoyé ma manette voler !


Voilà, c’est dit. C’est fait. J’ai craché ma bile, étalé mon venin. Les jantes élégantes de HORIZON CHASE TURBO en ressortent un brin souillées… mais pas définitivement tachées pour autant. Car comme je l’ai déjà précisé, ce mode tournoi, assez injuste, ne constitue pas le nerf du jeu. Le circuit mondial, aux courses innombrables et au challenge progressif et intéressant, vaut à lui seul le détour. En gros, HORIZON CHASE TURBO c’est du fun en barre pour les nostalgiques qui s’assument, et un challenge un brin irritant pour les complétionnistes qui s’assomment.

Note :

Si vous êtes en manque de jeux de course axés arcade, si le réalisme à tout prix des récentes simulations du genre vous fatiguent, alors il se pourrait bien que HORIZON CHASE TURBO soit fait pour vous. Malgré des graphismes qui manquent de charme et de profondeur, ce jeu réalisé en hommage à TOP GEAR et à LOTUS TURBO ESPRIT ravira les nostalgiques ayant déjà usé bien des joysticks. Débordant de circuits et de challenges, HORIZON CHASE TURBO tient ses promesses : vous avez devant vous de nombreuses heures de jeu en perspective. Attention malgré tout : il ne faut pas être allergique aux IA cheatées pour apprécier ce rétro-trip !

Images : éditeur

Vidéos réalisées par votre humble serviteur :

World Circuit – Tokyo, Kawaii (il faut finir premier et récupérer toutes les pièces) :

World Circuit – Hawaii, Final Challenge :

Master Tournament – South Africa (c’est au meilleur des quatre courses, si on récupère toutes les pièces cette fois-ci ça déclenche un turbo) :

Master Tournament – Australia (je joue avec une voiture intéressante, pas très rapide mais très maniable et avec un turbo supplémentaire de base – et ses turbos sont surpuissants) :

Master Tournament – Japan (la dernière course est dure, mais dure…) :

Master Tournament – Hawaii (le dernier – curieusement ce n’est pas le plus difficile) :

 

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