Manhattan 95 (Amstrad CPC, 1986)

MANHATTAN 95
Titre alternatif : MANHATTAN LIGHT
Année : 1986
Studio : Ubisoft
Éditeur : Ubisoft
Genre : Call me Snail
Joué et testé sur Amstrad CPC
Support : cassette ou disquette


L’avion du président des États-Unis s’est écrasé sur l’île de Manhattan, désormais fermée de toutes parts et véritable prison à ciel ouvert, retenant la lie de l’humanité éloignée de la population américaine. Pour sortir le président du dédale infâme qu’est devenu Manhattan, le gouvernement envoie une tête brûlée à sa rescousse, Snail, en l’échange d’un pardon pour tous ses actes criminels. Mais pour s’assurer de la docilité du mercenaire, on va injecter dans ses artères des petites capsules qui exploseront dans 24h. Snail n’a donc plus le choix : il doit retrouver le président, et le ramener sain et sauf dans les 24h pour que l’on désactive les minuscules bombes à retardement qui se cachent désormais dans ses entrailles !

Je ne sais plus pourquoi ni comment j’avais fini par mettre la main sur le jeu MANHATTAN 95, en 1987 ou 88, lors de ma première année de collège. Achat impulsif à la jaquette, ou trouvaille par hasard dans une compilation sur Amstrad ? Je penche pour la deuxième solution car cette compile me dit vaguement quelque chose… Une chose est sûre : j’ignorais tout du film NEW YORK 1997, réalisé par John Carpenter en 1981 – ce n’était pas encore de mon âge, je présume. Mais j’avais déjà du goût : si le jeu d’Ubisoft était absolument injouable pour moi, je résistais malgré tout rarement à l’envie d’écouter une énième fois la musique d’intro, absolument dantesque – et qui reprenait à la note près la musique de Carpenter (avec une sonorité 8 bits, c’était tout aussi génial !). Le jeu d’Ubisoft ne s’était pas contenté de plagier la musique du film, puisque le scénario (à la virgule près), les personnages (Snail remplace, non sans humour, Snake) et l’identité graphique d’ESCAPE FROM NEW YORK étaient ici repris à l’identique ! À l’époque, Ubisoft était une petite boîte, on était bien loin de l’ogre qu’elle est devenue d’aujourd’hui. Aussi peut-on penser que les développeurs de ce jeu étaient davantage motivés par leur amour pour ce film désormais absolument culte, plutôt que par de basses raisons mercantiles. Le plus drôle, dans cette histoire, c’est que de nombreux magazines ayant testé MANHATTAN 95 lors de sa sortie n’y ont vu que du feu : de mémoire, ils sont très peu à avoir fait référence au film !

J’imagine qu’à l’époque John Carpenter avait d’autres chats à fouetter, et qu’il n’a d’ailleurs jamais entendu parler de cet obscur jeu développé pour l’Amstrad CPC. Mais ce grand amateur de jeux vidéo, et notamment de DEAD SPACE, aurait-il vraiment eu envie d’attaquer le petit Ubisoft en 1986 ? Rien n’est moins sûr, surtout qu’il a toujours dit qu’il empêcherait ses différentes compagnies de production d’attaquer Kojima Hideo en justice par exemple – ce dernier a quand même presque fait de Snake Plissken le héros de la série METAL GEAR ! Pourquoi tant de mansuétude dans ce monde de requins ? Tout simplement parce que Carpenter aime Kojima ! Alors par contre, quand il s’agit de Luc Besson, là John Carpenter n’y réfléchit pas à deux fois ! Il le traîne en justice, et gagne bien évidemment, en le faisant condamner pour LOCKOUT, une contrefaçon d’ESCAPE FROM NEW YORK. Bien joué Big John !

Le jeu en lui-même, que vaut-il ? En l’état, on dira qu’il n’est pas mauvais, loin de là. Il y a une map à l’écran, le personnage bouge vite et bien, il faut chercher son chemin dans un véritable dédale pour retrouver le président, défourailler du méchant, sauter par-dessus des pièges, flinguer à tout va… et un menu contextuel permet d’effectuer certaines actions vraiment originales pour l’époque : monter dans une voiture, menacer, parler, choisir une réponse particulière (dire la vérité, mentir, répondre oui ou non…). Présenté comme cela, ça a l’air génial. Sauf que joystick en main, la réalité est tout autre : on a un mal fou à se retrouver sur la carte, on ne sait jamais trop quoi faire, les ennemis ne cessent d’arriver et grignotent notre énergie petit à petit. En gros, c’est pas franchement marrant. Je n’ai jamais été capable de voir la fin du jeu, que ce soit en 1988, ou trente ans plus tard en 2018… Heureusement, Youtube m’a récemment permis d’en apprécier le dénouement.

MANHATTAN 95 demeure aujourd’hui une bizarrerie de plus dans la ludothèque de l’Amstrad CPC, un soft à connaître, en particulier si on est fan du maître Carpenter – dont j’adore la plupart des films, ESCAPE FROM NEW YORK et ASSAULT ON PRECINCT 13 en tête. MANHATTAN 95, je ne sais plus trop… Vous l’avez vu vous, ce film ?!

Note :    Nostalgie :

Dans les années 80, le monde du jeu vidéo n’avait pas encore pignon sur rue, il était un peu isolé, dans son coin… Aussi était-il possible, à l’époque, de s’inspirer de nombreuses œuvres sans payer de droits d’auteur… Amusez-vous à faire une recherche au sujet de toutes ces jaquettes de jeux vidéo qui ont copié des illustrations déjà existantes, vous risquez d’être surpris ! Bref, MANHATTAN 95 reprend trait pour trait et mot pour mot le film NEW YORK 1997. La musique, reprise de l’original, vaut à elle seule le détour. Le jeu en lui-même n’est pas mauvais pour l’époque. Techniquement c’est pas mal du tout et il y a même des options de dialogues très originales. Hélas on a du mal à se repérer sur la carte, et sans une version crackée avec l’énergie infinie, difficile de voir la fin des aventures de Snak… euh de Snail !

Images : Jeux vidéo et des bas / CPCrulez pour les jaquettes et la notice

 

 

8 réflexions au sujet de “Manhattan 95 (Amstrad CPC, 1986)”

  1. Effectivement la compile me parle aussi, Zombi en particulier ainsi que mange cailloux.
    Jamais vu la fin non plus de Manhattan 95, me souviens y avoir joué un peu et que le l’âge du perso entrait en ligne de compte au début du jeu (évidemment on mettait 99 ans :=D).

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    • Oui je me souviens mieux de MANGE CAILLOUX que de ce MANHATTAN en fait ! ^^ INERTIE, ASPHALT, ZOMBI… C’était une excellente compilation pour l’époque.

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  2. Un jeu sur un film, la musique du film pour l’intro (de John Carpenter himself),
    et tout ça sans licence; c’est tout de même impensable aujourd’hui.
    Super l’anecdote.

    L’intro du jeu est vraiment réussie pour l’Amstrad (et proche du film – la carte de Manhattan, les développeurs ont poussé jusqu’à utiliser les même couleurs pour les contours des tours jumelles et de la statue de la liberté, et Lee Van Cleef au début du jeu). Mais finalement, il n’y a que l’année qui diffère (1995 pour le jeu, 1997 pour le film) ;-).

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    • La musique que Carpenter a composée pour ASSAULT a aussi été reprise et samplée dans l’intro de XENON II. A l’époque, bien évidemment, je n’y avais vu que du feu !

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  3. Merci Oli d’avoir pris le temps de faire ce blog. Je n’ai plus de traces physique de la couverture de Mahanttan 95 ou d’ Inertie et encore moins d’Asphalt dont j’ai fait les couvertures pour Ubi. Cela fait plaisir.
    Dominique Carrara

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    • Merci d’avoir pris le temps de commenter ici ! Ces jaquettes vendaient du rêve à l’époque. Certains joueurs de plus de 40 ans ne les ont jamais oubliées.^^ Un peu triste d’apprendre que beaucoup d’auteurs de ces années-là n’ont pas pu conserver des traces originales de leurs travaux…

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  4. Merci pour ce partage! J’ai joué à ce jeu sans trop comprendre le principe… et bien évidemment je ne l’ai jamais fini…

    Cette musique d’intro est juste magnifique et ne prend pas une ride malgré toutes ces années !

    Ayant vu le film plus tard, ça m’aurait bien aidé de le voir avant !

    Vive l’Amstrad !

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    • Merci pour ce retour. Oui à l’époque on était parfois marqués par des jeux que l’on était pourtant loin d’avoir terminés ! Il suffisait de peu de choses… Ici une ambiance, une musique…

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