The Evil Within (PlayStation 4, 2014)

THE EVIL WITHIN
Titre alternatif : Psycho Break
Année : 2014
Studio : Tango Gameworks
Éditeur : Bethesda Softworks
Genre : The Resident Evil Within
Joué et testé sur PlayStation 4
Support : Blu-ray


Les employés et les patients d’un hôpital ont été victimes d’un effroyable carnage. Présents sur place pour enquêter sur ces atrocités encore inexpliquées, le détective Sebastian Castellanos et deux de ses collègues vont se retrouver confrontés à un mal bien plus pernicieux que ce qu’ils avaient pu imaginer. Rapidement fait prisonnier, Sebastian se réveille en plein cauchemar. Pendu par les pieds, entouré de cadavres sanguinolents et promis aux mains expertes d’un boucher hideux, au couteau protubérant. L’horreur ne fait que commencer…

Rejeton difforme mais attachant du pape du gore et de l’horreur vidéoludiques Mikami Shinji, THE EVIL WITHIN met des coups de pioche à droite et à gauche et dans le corps démembré du joueur meurtri par tant de malice. Autant de supplices.

THE EVIL WITHIN mange donc à tous les râteliers – au risque d’y perdre son âme ? Toutes les références y passent, ou presque. Il s’agit souvent de simples clins d’œil – c’est la fête morbide aux easter eggs, préparez-vous pour l’omelette du siècle ! Mais les influences sont aussi plus profondément ancrées dans le cœur du jeu – qu’il s’agisse de son gameplay, de son scénario ou de ses game et level designs. Son menu non figé fait ainsi penser à DEMON’S SOULS, sa maniabilité a des faux airs de THE LAST OF US, l’ADN du jeu baigne littéralement dans l’acide animé de BIOHAZARD 4, la gestion des pièges rappelle les sympathiques SAW 1&2 et l’ambiance renvoie parfois à SILENT HILL. Tel un miroir déformant mais brisé, il en va de même du fond du jeu, qui se réapproprie beaucoup de thèmes, de thèses issus du monde du cinéma. Le cordon ombilical est-il coupé ? Peut-on parler d’hommage, ou plutôt de pillage ? Je pencherais pour la première solution. Les emprunts sont tellement nombreux et évidents que j’y ai davantage vu le regard amoureux d’un auteur pour ses compères artistes, que les basses œuvres d’un Rapetou patenté en manque d’inspiration. On ne peut pas en dire autant de Christopher Nolan par exemple, lorsqu’il réalise INCEPTION sous l’aile triste de PAPRIKA…

Long, dur, éprouvant, THE EVIL WITHIN est un vrai survival horror – avec de l’infiltration (le backstab est récompensé) et beaucoup d’action, BIOHAZARD 4 oblige, mais la gestion de l’énergie ou encore des munitions est vraiment tendue en mode survie – difficulté la plus haute sélectionnable au début de l’aventure, qui tient plus ou moins lieu de mode normal, en fait. Honnêtement, j’ai parfois trouvé ça trop dur, et certaines situations m’ont paru presque inextricables. Si j’ai fini par vaincre, ce fut au prix de plusieurs litres de sueur et de sang versés, et de plusieurs kilos de jurons dégurgités. Si j’aime la difficulté, la rareté des munitions m’a néanmoins passablement énervé (aucune cartouche de magnum !), surtout que dans le même temps certains boss engloutissent les balles comme d’autres enfilent les perles cloutées.

Les boss d’ailleurs, parlons-en ! Placés au milieu et/ou à la fin des niveaux, ils rivalisent de monstrueuse malice et de classe morbide pour impressionner et terrasser le joueur : pipi du stress assuré ! Hélas, ceux-ci sont aussi bien esthétiquement réussis sur la forme, que perclus de scripts assassins sur le fond. Et on meurt, plus que de raison. Comment savoir face à un boss pressant s’il faut l’affronter, le cribler de flammes ou de plombs, fuir dans une certaine direction ou chercher un interrupteur pour déclencher des scripts improbables à répétition ? Usant, éreintant… énervant ! Sur la fin c’est même du sadisme caractérisé, avec une arène d’une violence rare suivie d’un combat qui m’a donné l’impression d’un tête-à-tête dans un étau… Mais je préfère ne pas entrer dans les détails pour vous laisser la (mauvaise) surprise de la découverte – tous vos cheveux vont se dresser sur votre tête… coupée ! En tout et d’après mes statistiques de fin de partie, je suis mort un total de 130 fois en mode survie ! 130 fois ! Tout simplement délirant. C’est beaucoup trop pour un jeu comme celui-là. Et ça ne vient pas de moi, puisque des amis ont subi les mêmes aléas – au point, pour certains, de baisser la difficulté du jeu en cours de route, la mort dans l’âme (et pas dans l’arme, puisque je vous rappelle que l’on manque souvent de munitions !).

Le jeu mêlant action brutale, infiltration et horreur frontale est plutôt bon dans l’ensemble. Hélas, il est aussi particulièrement bancal, et pour deux bonnes idées de gameplay ou de game design, une très mauvaise nous ramène souvent à la triste réalité. Un comble, dans un jeu qui tente de nous faire plonger tête la première et pieds et poings liés dans l’irréalité. Le rêve torturé. On préférera donc retenir le positif : un aspect technique certes légèrement suranné mais très correct pour du cross-gen (si on met de côté la triste VF imposée), et toutes ces influences intelligemment digérées pour être dégurgitées au visage du joueur, horrifié… le tout en conservant des bases d’actionner très japonais, qui défient, rognent la logique. Au point de sombrer parfois dans le ridicule de bon aloi. Plaisant quand on est fan de BIOHAZARD 4. Cynique si on s’attend à un bad trip profond à la SILENT HILL. Quoi qu’il en soit, préparez vos mouchoirs. Parce que vous allez pleurer, pour ne pas dire choir. Et c’est la mort clinique, qui vous tend les bras au bout du chemin.

Note :

Les salles de sauvegarde qui répondent comme un écho enchanté à celles de BIOHAZARD, avec cette mélodie reposante, que l’on peut cette fois-ci entendre d’assez loin : une idée lumineuse, un guide dans la pénombre, une main tendue dans un dédale d’horreurs et de monstres ventrus. Oui les initiatives éclatantes existent, dans THE EVIL WITHIN – qui rayonne parfois de mille feux… pour, hélas, être très/ trop souvent rattrapé par l’obscurité d’idées bien incongrues, qui tirent incontestablement le jeu vers le bas. Trop hard. Trop scripté. Trop cru. Ce survival horror mâtiné d’action et d’infiltration sous influences se révèle donc particulièrement bancal. Mais c’est aussi ce qui fait une partie de son charme, me répondront celles et ceux qui l’aiment d’un amour sans faille.

Images : Jeuxvideo.com

Trailer :

 

 

3 réflexions au sujet de “The Evil Within (PlayStation 4, 2014)”

  1. J’avais pour ma part adoré le jeu. Même si je crois savoir de quel boss tu parles en parlant de tirage de cheveux, puisqu’un boss en particulier, qui vient nous hanter plusieurs fois, m’a fait recommencer l’aventure en mode facile, et pour le coup, je le dis clairement sans honte. Mais le jeu voulait nous faire stresser, et pour le coup, il a réussi. Le fait que je l’ai fais à l’époque en plein été durant une canicule insupportable n’a pas aidé mon coeur à battre doucement et mes mains à être moins moites. Mais ce retour au survival à l’ancienne faisait clairement du bien.
    As-tu par hasard depuis testé le second opus ? Beaucoup moins dur, plus classique également dans sa trame, mais très sympathique également, j’avais beaucoup aimé.

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    • Ah ! Je t’ajoute donc à la liste d’amis qui ont baissé la difficulté en cours de route.^^ Je suis allé au bout en mode survie. Je ne voulais pas lâcher. Que ce fut dur… frustrant parfois aussi.

      Pas encore fait la suite, mais c’est prévu !

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      • J’ai fais les 6 premiers chapitres je crois en mode survie, avant de passer en mode facile, car justement, j’adorais l’ambiance, l’univers, mais c’était trop frustrant, et puis Laura quoi….. C’est devenu, même en mode facile, mon pire cauchemar (ces moments instakill, même en facile, c’était frustrant). Je me suis toujours juré de le refaire intégralement en survie, mais pas encore eu le courage. Je verrais quand j’aurais enfin des vacances méritées.

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