Clock Tower: Ghost Head (PlayStation, 1998)

CLOCK TOWER: GHOST HEAD
Titre alternatif : Clock Tower II: The Struggle Within
Année : 1998
Studio : Human Entertainment
Éditeur : Human Entertainment
Genre: Pitié, non
Joué et testé sur : PlayStation
Support : CD-ROM


Découverte enterrée vivante dans un cimetière alors qu’elle n’était encore que bébé, Alyssa Hale a 16 ans et est aujourd’hui une lycéenne en proie à de terribles visions impliquant des gens assassinés. Ces visions lui sont apparues depuis qu’elle a reçu une amulette de son père adoptif. Elle découvre cependant que ces rêves sont bel et bien réels et que les personnes qu’elle voit dans ses visions meurent également dans la réalité. Alyssa est également possédée par Bates, une des nombreuses personnalités de la jeune fille qui lui fait faire des choses immorales. Son amulette lui permet toutefois d’échapper au contrôle de Bates. Du fait de son désordre mental, elle est internée dans un hôpital psychiatrique. L’aventure commence quand elle quitte l’hôpital en compagnie de Philip et Kathryn Tate, son oncle et sa tante.

Durant de longues années, Clock Tower: Ghost Head, renommé lors de sa sortie en Amérique fin 1999 Clock Tower II: The Struggle Within (le premier opus étant inédit là-bas, le second faisait office de premier opus… quel bordel), m’avait hanté. Hanté non pas car le jeu est difficile en soi, mais hanté car c’est probablement l’un des jeux les plus frustrant que j’ai pu testé. Encore aujourd’hui 20 ans après sa sortie, Ghost Head me traumatise. Mais petit retour en arrière. Human Entertainment, fier du succès des premiers opus, ne va pas bien pour autant. La boîte est en train de sombrer, et ce n’est pas la sortie du génial mais totalement passé inaperçu Mizzurna Falls qui va venir changer les choses. Il est donc décidé de livrer un nouvel opus de Clock Tower. Sans Jennifer ce coup-ci, et sans Scissor Man, d’où le titre Ghost Head, sans numéro. Reprenant basiquement le moteur de Clock Tower 2, un peu vieillissant il est vrai et aux personnages incroyablement cubiques, ce nouvel opus voit également un nouveau réalisateur à sa tête. Kono Hifumi, qui s’était occupé des deux premiers opus, cède sa place et c’est Hirata Yutaka qui s’y colle. Le côté point & click de la saga étant assez vieillissant et plus trop d’actualité, ce changement ne peut qu’apporter de bonnes choses. Sauf que… sauf que non, Ghost Head se plante. Non pas à cause de ses mécaniques puisque dans les faits, le jeu se joue exactement de la même manière que les précédents, mais dans son fonctionnement même. Difficile à expliquer.

Ghost Head se découpe donc en trois chapitres, et nous met dans la peau de la jeune Alyssa, qui souffre de personnalités multiples. Dans le premier chapitre, nous allons explorer une maison, puis dans les suivants, un hôpital et enfin un laboratoire. On se rend rapidement compte que Ghost Head ne change en rien la formule des précédents. Oui, c’est du pur point & click. On explore, on clique pour faire avancer le personnage, et dés que le curseur change de forme sur un objet quelconque, on clique dessus pour interagir, soit pour ramasser un objet, lire une note, ou avoir droit à une petite ligne de texte nous donnant un peu de background. La routine en soi, une mécanique qui a fait ses preuves et qui fonctionne toujours, à défaut d’être d’actualité. Quand le danger rôde autour de nous, le curseur devient rouge, indiquant que nous passons en mode panique, et si nous sommes attrapés par un ennemi, il va falloir mitrailler les boutons de la manette pour espérer s’en sortir. Sauf que tout ça, ça ne suffit pas, et sans changer le cœur du jeu, Ghost Head ajoute sa petite touche bien à lui. Une touche qui en apparence fait du bien, mais qui en réalité va énerver, frustrer, voire faire abandonner le jeu à beaucoup. Explications !

Ghost Head nous met comme je l’ai dit dans la peau d’une jeune femme souffrant de personnalités multiples, et Alyssa a en elle la personnalité de Mr Bates. Oui, comme Norman Bates, si ça peut vous rassurer. L’idée géniale du jeu, c’est que le joueur pourra changer de personnalité, et donc parcourir les niveaux en jouant Alyssa puis en jouant Bates, pour deux gameplay radicalement différents. Alyssa devra fuir les ennemis, fouiller et ramasser des objets, tandis que Bates pourra se défendre, utiliser des armes, mais absolument rien ramasser sur sa route. Une amulette sera nécessaire pour passer de l’un à l’autre. En soi, l’idée est excellente et peut dynamiser le gameplay. Mais nous arrivons à la première grossière erreur du jeu, qui est enfouie bien au fond de son design même. Ghost Head va quelque peu nous forcer à faire chaque niveau deux fois, une fois avec Alyssa, puis une fois avec Bates, certaines actions pour avancer n’étant clairement disponibles qu’avec un personnage. Sauf que là où le jeu se casse la gueule, c’est qu’il ne prévient absolument pas le joueur. On pourra passer le premier chapitre à tourner en rond longtemps, eh bien si l’on n’a pas fait une action avec Bates, une porte restera toujours fermée avec Alyssa.

Le sadisme du jeu va plus loin, bien plus loin par la suite. En effet, il sera possible de terminer le premier chapitre en étant soit Alyssa, soit Bates. Sauf que la suite de l’aventure sera radicalement différente et parfois bien plus courte si vous choisissez un personnage plutôt que l’autre. Conseil, jouez Alyssa. Mais au fur et à mesure que le jeu avance, voilà que celui-ci devient de plus en plus sadique. Dans le niveau 2, l’hôpital, avec des zombies (oui ça n’a plus rien à voir avec les deux premiers opus), pour ouvrir une porte il faudra bien tout fouiller et récupérer des objets. Sauf qu’un objet, extrêmement bien caché et absolument pas bien situé, n’est disponible qu’en jouant Bates. L’horreur est complète quand on devra, en plus, éviter des ennemis. Comble de l’ironie, qui m’aura forcé à chercher une solution sur Internet, le niveau 3, un laboratoire, peut s’avérer extrêmement court si le joueur n’a pas fait les bons choix. Oui, si l’on n’a pas regardé une statue dans le premier niveau après avoir fait une action spécifique (vous pouvez la regarder 150 fois avant cette action, ça ne change rien), c’est game over direct au début du niveau 3. Mais ça, on l’ignore, aucun indice nulle part, rien de rien ! Juste des développeurs totalement sadiques avec les joueurs. Et encore, aujourd’hui avec Internet, la solution se trouve, mais imaginez en 1998… Et c’est bien tout le souci de ce Ghost Head, c’est que rien n’a de sens.

Les énigmes n’ont pas de sens, la manière dont on évolue dans les niveaux et dont on les termine n’a pas de sens, on a souvent l’impression que l’intégralité du jeu est en mode aléatoire. L’on pourrait faire chauffer un café dans le niveau 1 que cela affaiblirait un ennemi dans le niveau 3… Je sais que les point & click sont parfois un peu sadiques, et que les deux premiers jeux l’étaient également, mais là, ce n’est même plus du sadisme à ce stade c’est un design catastrophique, de la haine envers le joueur. Alors si je vous dis qu’en plus, le jeu nous offrira dans le niveau 2 une séquence de shoot au fusil avec pas mal de zombies et que le moindre faux pas peut nous amener un game over, vous êtes contents ? Pour espérer finir Ghost Head, sans soluce, il va falloir d’un côté des nerfs d’acier, et de l’autre tout fouiller, plusieurs fois, en fait, limite à chaque fois que vous entrez dans une pièce, et prier de n’avoir rien raté, ni avec Alyssa, ni avec Bates. Ghost Head, ce n’est pas bon. Pourtant, notamment dans le premier niveau, et malgré plusieurs cris envers le jeu, j’ai ri. Beaucoup parfois. Il faut dire que le doublage anglais totalement over the top et vulgaire de Bates est savoureux, et que son comportement l’est tout autant. Poursuivi par une gamine possédée dans le niveau 1 et apeuré avec Alyssa, pas de souci, Bates va l’insulter, la poignarder, et vous êtes tranquilles quelque temps. Mais j’admets, c’est peu malgré tout face au calvaire de l’ensemble…

Note :           Nostalgie :

Clock Tower: Ghost Head est, heureusement, le dernier de la saga développé par Human Entertainment. Sans renier ses racines, il ajoute de nouvelles mécaniques qui ne fonctionnent pas toujours et surtout, nous fait évoluer dans des lieux où tout semble se déclencher au pif. À moins d’avoir une chance phénoménale, le jeu est dur à finir. Encore faut-il vouloir le finir…

Vidéo d’intro :

2 réflexions au sujet de “Clock Tower: Ghost Head (PlayStation, 1998)”

  1. J’ai adoré le premier sur Super Famicom. A l’époque déjà, il m’avait subjugué. Et récemment, j’ai enfin pu le terminer avec toutes les fins. Jamais vraiment eu l’envie de me plonger dans les suites…

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    • Le tout premier, c’est un des jeux que j’adore me refaire de temps en temps, il est super, il est court, j’adore la patte graphique. Par contre je ne pense pas avoir eu toutes les fins, à vérifier ça.
      Les suites, il y a à boire et à manger. La première suite, j’aime bien, même si graphiquement, ça veut être dans l’ère du temps (décors précalculés, personnages en 3D hyper cubique). Mais c’est sympathique, l’aventure est plus longue, plus variée, plusieurs personnages. Je l’avais aussi repris sur le PSN Japonais. Ce Ghost Head (que j’ai pris aussi pour le refaire et enfin vaincre mes démons), bon, tout a été dit je crois bien….. Le 3 sur Playstation 2, qui passait chez Capcom, il a des idées cool, le gameplay est plus classique et passe bien. En fait, je l’aime beaucoup, sauf la fin de chaque chapitre qui se termine par un…. Combat de boss au gameplay archi bancal haha.

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