Undertale (PlayStation 4, 2017)

UNDERTALE
Année : 2017 (2015 sur PC)
Studio : 8-4 /Toby Fox
Éditeur : 8-4
Genre : je vidéo
Joué et testé sur PlayStation 4
Support : Blu-ray


Une jeune personne, humaine, tombe dans l’Underground… un lieu isolé du monde, qui fut définitivement scellé à la suite d’une guerre entre les Monstres et les Humains. Les Monstres aimeraient un jour parvenir à sortir de l’Underground mais pour cela, il leur manque l’âme d’un Humain. L’enfant, piégé dans cet univers aux règles étonnantes, va tout d’abord rencontrer une fleur très bavarde, et aux conseils un peu étranges… et dangereux ? Il sera heureusement sauvé par Toriel, un monstre aimant désireux d’adopter l’enfant humain. Ce dernier finira-t-il par braver l’autorité de Toriel pour se rendre au château du redouté Roi Asgore Dreemurr ? Entre ces murs, on dit en effet qu’un passage condamné permettrait de rejoindre la surface… et qu’un Humain serait probablement suffisamment puissant pour le franchir.

Tout ou presque a déjà été dit à propos d’UNDERTALE, je me contenterai donc d’aller à l’essentiel sans m’attarder, par exemple, sur le côté technique du jeu – les animations et les graphismes sont ce qu’ils sont, mais les musiques par exemple, sont superbes. UNDERTALE est donc un RPG qui semble s’inspirer de MOTHER, extrêmement simpliste quand on le compare aux meilleurs titres du genre. Mais cette simplicité est en fait un leurre… pour nous faire baisser notre garde, et nous toucher en plein cœur ? Oui, sous ses atours simplistes, UNDERTALE dissimule en réalité un discours assez sérieux et plein de finesse sur les jeux vidéo, et la violence en particulier. Un thème qui m’intéresse et qui me trotte dans un coin de la tête depuis que j’ai joué à TOMB RAIDER (le premier reboot) en 2014. Au début de l’aventure, notre personnage doit tuer un cerf pour se nourrir. On vise avec notre arc, et on tue le splendide animal. S’ensuit alors une scène de recueillement, où Lara exprime son respect, voire sa douleur, pour cette vie qu’elle a été contrainte de voler – pour survivre, pour avancer. Quelques minutes plus tard, on reprend le contrôle de Lara, et on se retrouve à tuer des petits lapins par dizaines sans sourciller, non pas pour les manger (nous sommes repus) mais, et le jeu l’a prévu ainsi pour nous récompenser, pour augmenter nos stats. J’avais trouvé ça ridicule, mal pensé, mal écrit. En totale contradiction avec ce qui avait été raconté quelques instants auparavant. Pour la petite histoire, je ne suis pas allé au bout de TOMB RAIDER, puisque je n’ai pas non plus accroché à la suite et ai abandonné l’aventure après le premier tiers, je crois.

UNDERTALE pose ainsi des questions tout à fait pertinentes sur le média vidéoludique : sur la violence, je l’ai déjà dit et c’est même au centre des débats. Votre manière d’appréhender l’aventure d’UNDERTALE changera ainsi du tout au tout suivant votre sensibilité. Dans le jeu de Toby Fox, vous avez en effet le choix des armes, et le choix des larmes : attaquer, fuir, épargner, achever, discuter… caresser ?!? Mais UNDERTALE va encore plus loin : petites blagues qui font mouche, mise en abyme, gestion des sauvegardes assez incroyable (le jeu se joue-t-il du joueur ?), déconstruction et reconstruction des règles, critique de certains concepts vidéoludiques profondément ancrés en nous – les tutoriels, les énigmes/puzzles, les points d’XP… les trophées sur PlayStation dont le développeur semble se moquer puisque la liste qu’il a créée n’a aucun intérêt et que le titre du trophée Platinum reprend une réplique de l’un des protagonistes du jeu : Don’t You Have Anything Better to Do?

UNDERTALE est par conséquent un jeu intelligent qui surprend, qui peut aussi faire réfléchir. Cerise sur le gâteau pixélisé : Toby Fox a doublé le tout d’un gameplay extrêmement bien pensé. Les combats se font au tour par tour, comme dans un RPG lambda – mais les phases d’attaque et de défense sont dynamiques, elles se jouent en temps réel via des mini jeux simples mais somptueux, qui m’ont étonné jusqu’à la toute fin du jeu grâce à leur variété et leur ludisme. On ne s’ennuie donc pas, dans UNDERTALE, un soft qui sait se renouveler constamment, et les 5-6 heures nécessaires pour boucler l’aventure une première fois passent comme une lettre à la poste – enfin les jours où la poste fonctionne correctement, j’entends. Mieux : ces surprises qui ne cessent de nous embrasser/harceler atteindront leur paroxysme dans un climax final assez incroyable – et inoubliable ?

UNDERTALE est donc bien ce jeu intelligent et incroyablement frais qui détonne dans le paysage vidéoludique mondial – il a même été adoubé au Japon, berceau des RPG, c’est dire. N’hésitez donc pas à plonger tête la première dans son univers qui parait si familier mais qui est pourtant résolument unique – et prenez garde, lors de vos parties successives, à ne pas tomber sur un os… car son propriétaire vous a certainement à l’œil.

Note :

Pensé comme un hommage à certains glorieux anciens, UNDERTALE semble se jouer comme un JRPG classique. Il n’en est rien, en fait. Les combats mélangent ainsi le tour par tour et le temps réel avec des mini jeux très bien intégrés, mais c’est surtout sur le fond qu’UNDERTALE, qui aurait peut-être gagné à être techniquement plus abouti, cultive une originalité folle, traçant ses sillons profondément dans l’inconscient de joueurs peu habitués à voir autant de règles d’or du genre malmenées à ce point. Je n’en dis pas plus, mais avec UNDERTALE le plaisir et les surprises sont au rendez-vous.

Images : PlayStation

Trailer :

 

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