Cobra Kai: The Karate Kid Saga Continues (PlayStation 4, 2020)

COBRA KAI: THE KARATE KID SAGA CONTINUES
Année : 2020
Studio : Flux Games
Éditeur : GameMill Entertainment
Genre : Pain does not exist in this dojo!
Joué et testé sur PlayStation 4
Support : Blu-ray

Rien ne va plus dans la vallée… Un gang de malotrus particulièrement violents, déguisés en squelettes, sème la terreur jusque dans les couloirs du lycée. Les membres de Cobra Kai sont certains qu’il s’agit de ces pleutres de Miyagi-Do, tandis que ces derniers y reconnaissent la marque de fabrique de Cobra Kai : Strike First Strike Hard No Mercy ! Face au chaos ambiant, le directeur du lycée convoque Hawk et Demetri dans son bureau. Les deux adolescents vont chacun donner une version bien différente de l’histoire… Pour l’un, Johnny Lawrence aurait, avec l’aide de Tory, de Miguel et de Hawk, tenté de remettre de l’ordre dans la ville, tandis que pour l’autre, c’est bien Daniel LaRusso qui aurait essayé de calmer les ardeurs des francs-tireurs de Cobra Kai. Avec Demetri, Sam et Robby, Daniel aurait ainsi mis en pratique ses techniques de combat plus défensives pour ramener tout le monde à la raison.

Mais est-ce vraiment ce qui s’est passé ? Se pourrait-il qu’un complot bien plus pernicieux ait été ourdi dans les ombres, qu’un troisième larron peu scrupuleux se soit invité dans la danse et les kata de Cobra Kai et de Miyagi-Do ?

COBRA KAI est une série absolument formidable, l’un des rares médias traitant intelligemment et respectueusement de la nostalgie, contrairement à certains mastodontes dont les tristes pontes se sont érigés en champions des adaptations bâclées et fallacieuses, piétinant le passé sans comprendre la substantifique moelle du matériau originel qu’ils ont pourtant acheté. Davantage obnubilés par un agenda sociétal aux contours flous, et hypocrites, dicté par des hordes vomissant leurs logomachies sur les réseaux sociaux et dans la presse américaine, aboyant en groupe et faisant plus de bruit que la majorité silencieuse, ces fossoyeurs du divertissement grand public, englués dans les remugles de la bienpensance, ont fait passer les dialogues, l’écriture et la cohérence des scénarios au second plan. Certes, les différentes histoires contées dans COBRAI KAI ne sont pas très réalistes et abusent régulièrement de grosses ficelles, mais tout cela est raccord avec l’univers dépeint (la suspension volontaire d’incrédulité se fait naturellement) et répond comme un écho à la naïveté de certains films des années 80, les KARATE KID en tête.

Le jeu vidéo a-t-il réussi le pari remporté haut la main par la série, à savoir rendre hommage au passé sans ignorer la modernité ni galvauder la qualité ? Je répondrai par un petit oui, mais à la double condition d’être amateur de beat’em up à l’ancienne et de la série… Dans le cas contraire, les défauts du jeu pourraient fort bien vous décourager après quelques parties. Graphiquement tout d’abord, tout cela manque clairement de charme, et les décors sont très génériques. Le gameplay ensuite, est plutôt sympa mais relativement simpliste. Certes les coups sont extrêmement nombreux, et on retrouve d’ailleurs toutes les techniques du genre (pied, poing, saut, course, projection, achèvement au sol, utilisation d’armes, interaction avec le décor, etc.) mais les coups spéciaux (skills) peuvent s’enchainer très (trop ?) facilement. En réalité, chaque personnage (quatre pour Cobra Kai, quatre pour Miyagi-Do) possède quatre techniques propres à son dojo (les autres membres ont donc les mêmes) et quatre qui lui sont exclusives. Et c’est une sacrée bonne idée. Le souci étant qu’une fois toutes les techniques débloquées, eh bien on peut littéralement en enchainer huit (via R2 et L2 combinés avec les boutons triangle, rond, croix et carré). Le résultat est le plus souvent cataclysmique pour nos adversaires, et comme les jauges de techniques se rechargent assez vite, après quelques courtes secondes eh bien c’est reparti pour un tour de manège… enchanté, ou désenchanté ? Cela dépendra du rapport que vous entretenez avec le jeu, et de votre amour pour la série.

L’aventure prend place durant la saison 2, et débute avec Hawk et Demetri dont l’inimitié était, à ce moment précis, particulièrement propice à la rouerie et aux coups bas les plus pernicieux qui soient. Les deux adolescents sont convoqués chez le directeur pour s’expliquer, et commencent à tenter de se justifier en rejetant la faute sur l’autre. L’un accuse Cobra Kai de tous les maux, tandis que l’autre prétend que Miyagi-Do serait à l’origine de tous les problèmes. Bien sûr, Hawk et Demetri vont en profiter pour exagérer, parfois dans des proportions bibliques ! D’un côté les disciples de Cobra Kai se battraient en projetant des flammes particulièrement offensives, tandis que les membres de Miyagi-Do manipuleraient la glace, plus défensive. Un peu à la manière de 300, où un survivant de la bataille travestissait la réalité en diabolisant voire en animalisant les traits de ses ennemis, Hawk et Demetri nous racontent une histoire qu’ils prennent un malin plaisir à distordre dans tous les sens pour la rendre plus impressionnante qu’elle ne l’était à l’origine. Il s’agit d’une vraie bonne idée de la part des auteurs du jeu, permettant à celui-ci de bénéficier de fonctionnalités vidéoludiques assez badass (des super coups à base de feu et de glace) sans pour autant commettre d’infidélités majeures par rapport à la série. Ajoutez à cela la présence de Ralph Maccio, William Zabka, Jacob Bertrand et Gianni DeCenzo pour doubler leurs propres personnages, et vous obtenez un cocktail détonnant qui devrait plaire inévitablement aux fans de la série – bien que l’histoire ne soit, en fait, guère passionnante.

Manette en main, le jeu se révèle assez poussif durant les premières minutes. Il faut dire que l’on n’y dispose pas, alors, de beaucoup de coups spéciaux différents. Un mal pour un bien : on se focalise sur les coups les plus simples, les bases comme on dit. Wax on, wax off, selon les préceptes de maitre Miyagi. Coups de pied, de poing (de tête pour Johnny !), prises, projections, interactions avec le décor (encastrer un adversaire dans une voiture, un plaisir qui a la peau dure), bref : on se familiarise avec les commandes et on termine le premier niveau. On accède alors à notre dojo, avec la possibilité de dépenser les points d’expérience glanés à la sueur de notre front. Étape importantissime, puisque l’on pourra à la fois améliorer certaines compétences, mais aussi en débloquer de toutes nouvelles. Vos différents personnages vont alors devenir de plus en plus puissants, rendant le jeu de plus en plus… facile. Multiplier les combos, enchainer les coups spéciaux, envoyer voler encore et encore vos adversaires dans les décors ou dans les airs s’avèrera jouissif ou… redondant, c’est selon. Il est vrai que même en étant un grand fan de la série, relancer le jeu après l’avoir terminé une première fois afin d’incarner le dojo adverse n’est pas particulièrement passionnant – on s’amuse malgré tout à découvrir de nouveaux dialogues et surtout d’autres personnages qui ont chacun plusieurs coups originaux. Cela permet aussi d’accéder à la véritable fin du jeu, en affrontant le vrai boss final – je vous laisse deviner de qui il s’agit ! Un petit indice : en 1985, il se faisait refaire le portrait par John Rambo !

Les critiques acerbes mais finalement réalistes m’attaqueront en remettant en cause mon impartialité : un coup de pied bien placé ! Je leur répondrai avec une feinte de corps et un coup… de cœur.

Note :

COBRAI KAI est un bon petit beat’em all, mais il y a bien mieux sur le marché. Si les nombreux coups spéciaux propres à chaque personnage sont particulièrement fun, c’est surtout le rattachement à la série qui suscitera un intérêt réel chez les fans. Les autres risquent au contraire de se lasser relativement vite du jeu, à moins, peut-être, d’y jouer à deux.

Images : éditeur

Quelques vidéos prises par mes soins :

4 réflexions au sujet de “Cobra Kai: The Karate Kid Saga Continues (PlayStation 4, 2020)”

  1. J’adore la série mais le jeu me faisais peur, avec (entre autres) son animation un peu rigide. Mais ton test m’a convaincu, je me le suis pris sur Switch, surtout qu’il était en promo en ce moment à 9.99€

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