UNREAL
Année : 1990
Studio : Ordilogic Systems
Éditeur : Ubi Soft
Genre : le chaud et le froid
Joué et testé sur Amiga 500
Support : disquettes
La princesse Isolde, la bien-aimée d’Artaban, a été enlevée par le sinistre Polymorphic. Celui-ci la retient désormais prisonnière dans son château volant, naviguant au-dessus des coulées de lave d’un volcan constamment en éruption. Heureusement, Artaban pourra ponctuellement fendre les airs et défier les dangers de l’éther en chevauchant son fidèle dragon, cracheur de feu et tueur de démons. Mais pour atteindre son but, Artaban devra également se frayer un chemin à pied dans des environnements aux milles dangers, à la fois fatals et mirifiques, armé de son épée magique pouvant ponctuellement dompter les éléments… Le feu et l’eau pourraient bien être ses plus fidèles alliés… ou ennemis.
En 1990, souvenez-vous… le jeu UNREAL avait affolé les conteurs : que ce soit dans les cours de récré ou dans les magazines dédiés, on n’arrêtait pas d’en parler ! Mais les compteurs avaient, eux aussi, été mis a mal, tant il avait été difficile de rester de marbre et a fortiori de lister les innombrables qualités du jeu : 8 niveaux, 32 couleurs lors des passages en 3D, des dégradés incroyables, un scrolling différentiel, plusieurs sons digitalisés, etc. UNREAL répond en fait comme un délicieux écho à SHADOW OF THE BEAST, sorti un an plus tôt, avec la prétention, cette fois-ci, de proposer un jeu dont l’intérêt dépasserait le simple attrait cosmétique. Le résultat est assez impressionnant, et si UNREAL demeure moins inoubliable que son ainé techniquement parlant, il se révèle très vite beaucoup plus riche une fois le joystick en main.
UNREAL est un jeu d’action et de plateformes en 2D, entrecoupé de nombreux niveaux de tir en prétendue 3D. Loin d’être anecdotiques, ceux-ci constituent en fait le premier cœur du jeu, son souffle épique, grisant mais… ténébreux. On y chevauche un dragon qui crache du feu, dans une vue qui rappelle SPACE HARRIER. Il faut détruire les monstres que l’on ne peut pas éviter, slalomer entre les arbres, les arches de pierre, les ponts, les geysers de lave… L’ensemble est jouable et extrêmement bien réalisé, un véritable tour de force ! Ces séquences souffrent néanmoins de deux petits défauts, à mon sens. Tout d’abord chacune d’entre elles est un peu trop longue, au point de devenir crispante. Enfin lorsque l’on tire, on ne voit plus vraiment ce qui se situe juste en face de nous – encore plus vrai lorsque le dragon récupère des bonus, importantissimes, lui permettant de cracher plusieurs boules de feu à la fois.
Le second cœur du jeu, celui qui bat au rythme des petits pas du héros, lançant vraiment son aventure dans un deuxième niveau d’une beauté inoubliable, et la concluant dans des décors de château médiéval élégants mais moins remarquables, est resté dans la mémoire vive de tous les joueurs Amiga de cette époque exquise. C’était donc vrai : SHADOW OF THE BEAST avait, d’une certaine manière, été sublimé. Dans UNREAL, le joueur pouvait bien évidemment sauter et se baisser, mais aussi frapper avec son épée – qui s’adaptait aux éléments naturels l’environnant ! Plongez-la dans des braises encore chaudes, et elle s’enflammera. Répétez le processus et elle pourra même projeter des flammèches destructrices ! Regardez là-bas, sur ce ponton : des rats ! Mettez-y le feu, qu’il lèche le bois et fasse fuir ces rongeurs aux abois ! Un peu plus loin, un pont impraticable en raison du feu, encore lui, qui cette fois-ci vous joue un mauvais tour. Revenez sur vos pas, plongez le métal de votre épée magique dans cette bulle féerique et arrosez maintenant le pont d’une eau salvatrice !
Parallèlement à ces petites énigmes très simples mais enivrantes, UNREAL propose aussi un certain nombre de phases de plateformes parfois fort bien exécutées (les bourrasques de vent qui nous déportent, ces blocs de glace qui s’inclinent lorsque l’on monte dessus, manquant de nous précipiter dans l’eau glacée), mais à d’autres moments moins inspirées (les sauts en général, avec les cordes en particulier). Les combats sont peu ou prou du même acabit puisque, comme un cruel mais inévitable signe du destin, ils sont à l’image des ficelles définissant le jeu : ils soufflent le chaud et le froid. On frappe facilement, on touche beaucoup plus naturellement que dans SHADOW OF THE BEAST, effectivement. Mais parfois il y a trop de monstres, et comme notre personnage est lent, il n’est pas toujours simple de s’en sortir sans stresser exagérément.
Avec son ambiance enivrante, UNREAL fait indiscutablement basculer le joueur dans un autre univers : les graphismes sont sublimes et les sons remarquables – on peut sentir les braises crépiter au sein d’un feu de camp de fortune, on entend des animaux au loin, le souffle du vent est si réaliste qu’il pourrait bien vous glacer le sang. De plus, si la difficulté est parfois un peu relevée (c’est aussi l’époque qui veut ça), elle est contrebalancée par la faculté de sauvegarder après chaque niveau – une vraie bonne idée. Malgré tout, si UNREAL est un très bon jeu, il s’agit avant tout d’un très bon jeu micro. Sa rigidité, ses ennemis simplets et ses boss ratés devraient rendre nauséeux les purs consoleux.
Note : Nostalgie :
UNREAL est un très bon jeu de l’ère Amiga : ses phases de tir à la SPACE HARRIER sont grisantes, et les niveaux en 2D fourmillent d’idées intéressantes. Sa rigidité très « micro » (les sauts par exemple) le réservent néanmoins, aujourd’hui, aux seuls joueurs ayant eu la chance de le connaitre à l’époque. Dernière chose : la fin de l’aventure laissait présager une suite plus axée science-fiction (et donc plus ou moins raccord avec la jaquette du jeu), mais celle-ci ne vit jamais le jour. On retrouva néanmoins plusieurs des personnes ayant travaillé sur UNREAL parmi les responsables du superbe AGONY, en 1992.
Images : Jeux vidéo et des bas
Vidéo de l’émission Gros Plan sur la Souris (1990) :