The Thing (PlayStation 2, 2002)

THE THING
Titre alternatif : Yuusei Kara no Buutai X: Episode II
Année : 2002
Studio : Computer Artworks
Éditeur : Konami / Black Label Games
Genre : pas Ben Grimm
Joué et testé sur PlayStation 2
Support : CD-ROM


Le capitaine Blake, membre des Forces Spéciales, est envoyé en mission dans l’Antarctique afin de faire toute la lumière sur ce qui a pu provoquer la disparition des équipes de chercheurs basées sur place. S’il n’imagine pas vraiment retrouver de survivants, il espère néanmoins trouver rapidement une réponse à toutes les questions que se posent ses supérieurs. Cadavres difformes, murs repeints de sang et locaux partiellement détruits, Blake et ses trois coéquipiers vont faire face à l’horreur. Heureusement, ils ne sont pas seuls : d’autres équipes ont été envoyées un peu partout dans la région, afin d’enquêter sur d’autres sites – où des secrets encore plus inavouables les attendent.

J’aime bien tordre le cou aux idées reçues, encore plus quand celui-ci épouse les formes purulentes d’organes viciés appartenant à quelque monstre ventru. J’entends ainsi assez souvent que les adaptations de films en jeux vidéo donnent des résultats décevants voire cataclysmiques. Bien évidemment, le genre a connu son lot d’adaptations bâclées et/ou paresseuses. Néanmoins il y a tellement de contre-exemples à donner que l’adage pompeux précité, relevant souvent d’un simple réflexe pavlovien, ou d’un sophisme pressé, se retrouve purement et simplement vidé de sa substantifique moelle, et ce quel que soit la période vidéoludique envisagée. THE THING, le jeu, fait incontestablement partie des bonnes surprises – mais à l’image du napalm nécessaire pour y achever nombre de créatures patibulaires, attention au retour de flamme ! Vous risquez bien de vous y brûler les doigts…

THE THING, le jeu, est la suite directe de THE THING, le film. Vous incarnez Blake, un membre des Forces Spéciales envoyé sur place pour faire toute la lumière sur ce qui vient de se passer. Plusieurs personnes vous accompagnent, et d’autres équipes sont d’ailleurs dispersées sur divers sites, en Antarctique. Vous allez rapidement faire face à l’horreur, sans savoir à qui faire confiance – la technologie extraterrestre et les découvertes biologiques potentielles attisant les appétits. Attendez-vous donc à combattre à la fois des monstres de l’espace, mais aussi d’anciens camarades infectés voire des soldats qui n’ont peut-être pas la même morale ni le même employeur que vous… Dans THE THING, le jeu, le danger peut donc venir de partout, rendant ainsi un hommage appuyé au film de John Carpenter. Même le froid représente une menace, et rester exposé trop longtemps aux vents cinglants des glaces antarctiques ne manquera pas de percer vos lèvres gélives.

THE THING peut être considéré comme un survival horror avec beaucoup d’action. Concernant la partie survival, THE THING ne fait pas les choses à moitié : toutes nos ressources sont limitées – les munitions, les bombes, les kits de soin, etc. Il m’est ainsi déjà arrivé de terminer certaines portions du jeu avec uniquement quelques balles dans le chargeur ! Par contre pour un survival horror, THE THING ne fait pas vraiment peur, le terme horror étant donc quelque peu superfétatoire. Néanmoins l’atmosphère est pesante, et le stress palpable – notre personnage étant aussi peu agile qu’il est fragile, il a vite fait de passer de vie à trépas à la suite d’une erreur d’inattention, d’un simple mauvais pas. Cela contribue beaucoup au charme démoniaque du jeu. L’action enfin, est très présente et plutôt réussie la plupart du temps – la vue est à la troisième personne, de nombreuses armes et grenades différentes sont disponibles (possibilité d’en changer à la volée avec la croix directionnelle) et la visée, automatique, est assez efficace. Exterminer les plus petites créatures ne devrait pas vous poser beaucoup de problèmes (sauf lorsqu’elles vous submergent !), par contre prenez garde aux plus gros monstres, puisque pour les détruire il vous faudra d’abord les blesser mortellement (votre réticule de visée devient rouge) puis les achever avec du feu (lance-flammes ou grenades incendiaires). Encore une fois, il s’agit d’un clin d’œil chaleureux au film, qui ajoute par la même occasion un vrai petit côté réaliste aux combats – le lance-flammes par exemple, est une arme particulièrement dangereuse, à double tranchant. Ne vous amusez pas à l’utiliser en courant dans tous les sens, autrement vous risquez bien de vous transformer en torche humaine !

Avec un level design relativement simple mais intéressant à parcourir, THE THING propose des environnements immersifs qui parleront immanquablement aux fans du film – le jeu a d’ailleurs, parait-il, été adoubé par John Carpenter en personne, qui se fend même d’un cameo durant l’aventure ! Mais surtout, THE THING fait ponctuellement preuve d’une originalité folle : outre la possibilité d’utiliser les caméras des différentes bases pour recueillir des indices, ou de retourner le système de sécurité contre vos ennemis, le jeu met l’accent sur la coopération, et donc le doute, voire la paranoïa. Il est en effet possible de prendre le contrôle d’une petite équipe (trois personnes peuvent vous suivre). Les avantages sont nombreux : les médecins peuvent soigner les blessés (mais pas se soigner eux-mêmes), les ingénieurs sont capables de réparer à peu près tout (en fait surtout les portes condamnées suite à un court-circuit) et les militaires savent tirer – en réalité, tous les personnages du jeu tirent très bien, ce qui est importantissime et vous retirera plus d’une épine du pied, lors de certaines batailles rangées. Bien sûr il y a un risque : donnerez-vous une arme et des munitions à un survivant sans savoir s’il est déjà infecté ? Est-il vraiment nécessaire de gaspiller un kit de soin sur un camarade grièvement blessé, ou vaut-il mieux le garder pour vous, au cas où ? Même s’ils sont assez rares, vous trouverez en chemin plusieurs kits de tests sanguins, permettant de savoir si une personne est infectée, ou pas. Des injections d’adrénaline sont également disponibles, pour redonner de l’énergie à un camarade d’infortune qui patine. Vous l’avez compris : les développeurs de THE THING ont vu les choses en grand avec un système de jeu novateur. Hélas ça ne marche pas toujours : quelques bugs, des personnages bloqués par une simple caisse ou qui se jettent allègrement dans un piège, ça fait mal, en particulier parce que le jeu est souvent fatal. Maintenant il ne faut pas oublier que nous sommes en 2002, et que pour l’époque le gameplay avant-gardiste ici mis en place tient plutôt bien la route, la plupart du temps, donnant un semblant de personnalité à tout ce petit monde : certains de nos camarades vont paniquer en voyant un cadavre, quand d’autres se contenteront de vomir ou de lancer des remarques acerbes. Je n’oublie pas non plus certains passages vraiment épiques et valorisants, par exemple lorsque l’on parvient à parcourir une longue section du jeu en gardant nos coéquipiers en vie sans que ceux-ci ne nous la pourrissent : ils tirent bien, exterminent de nombreuses créatures, peuvent accessoirement nous soigner et soigner les autres et répondent (le plus souvent) au doigt et à l’œil à nos ordres.

Généreux, original, varié et prenant, THE THING aurait pu être un grand jeu bancal – il est hélas miné par un problème de taille : une difficulté crasse qui risque de vous laisser en état de mort cérébrale ! Tout d’abord les sauvegardes (manuelles) sont souvent beaucoup trop espacées – il y a bien un checkpoint au début de chaque niveau, mais si vous éteignez la console, celui-ci s’évapore instantanément dans une combustion spontanée emportant avec elle des dizaines de minutes de jeu, souvent arrachées de haute lutte à la sueur de votre front. Le jeu est parfois tellement dur, et hostile, que vous n’aurez pas d’autre choix que de vous frayer un passage jusqu’au point de sauvegarde manuelle suivant, après une session de jeu à la durée imprévue, au risque de vous mettre à dos votre famille qui vous attend pour passer à table, et de creuser vos cernes, voire votre tombe (si votre famille est vraiment en colère) ! Si j’ai déjà dit que la maniabilité n’était pas parfaite mais très correcte, celle-ci montre hélas ses limites contre les boss, le plus souvent absolument atroces : ils font mal, on a toutes les peines du monde à éviter leurs coups et il faut parfois changer de mode de vue (de la troisième à la première personne) afin de toucher certaines parties de leur corps avec une arme ou un objet précis. C’est horrible, surtout que l’on a l’impression que les développeurs se moquent ouvertement de nous puisque, après un fastidieux combat de boss, il n’y a pas toujours de point de sauvegarde ni de nouveau kit de soin pour se refaire une santé, mais plutôt une nouvelle portion de niveau d’une hostilité malhonnête qui a dû pousser plus d’un joueur à perdre la tête.

THE THING est par conséquent un grand jeu raté. Il procure des sensations inouïes et une aventure d’une grande originalité en totale immersion dans un univers vicié, qui a d’ailleurs l’intelligence de nous abandonner sur une très bonne note – la fin est inspirée, et fera plaisir aux fans du film. Mais il y a un revers à la médaille, et un joueur normalement constitué pourrait fort bien le régurgiter…

Note :   Nostalgie :

Un nouveau studio avec d’honnêtes artisans, d’aucuns diront de jeunes charpentiers, a tenté de bâtir les fondations d’un jeu assez révolutionnaire pour l’époque, et fidèle au film dont il constitue la suite (on regrettera néanmoins l’absence des musiques d’Ennio Morricone). Le résultat est à la fois enthousiasmant (gestion de nos équipes, tension palpable, ambiance prenante…) et décourageant (difficulté parfois trop élevée et points de sauvegarde ponctuellement trop espacés). À vous de voir… ou de choir ?

Images : rockpapershotgun

Trailer :

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