TERMINATOR: RESISTANCE
Année : 2019
Studio : Teyon
Éditeur : Reef Entertainment
Genre : un héros résistant ?
Joué et testé sur PlayStation 4
Support : Blu-ray
En 2028, Jacob Rivers est l’unique survivant de la Division Pacifique de la Résistance. Avec l’aide d’un inconnu, Rivers est en effet parvenu à échapper au carnage causé par un nouveau type de machine pouvant imiter les êtres humains… Désireux d’alerter les siens au sujet de cette nouvelle menace, le jeune homme tente de rejoindre la Division Sud, commandée d’un main de fer, dit-on, par Jessica Baron. En chemin, Jacob Rivers fera la connaissance d’un petit groupe de pillards, et notamment de Jennifer et de son petit frère, Patrick. Tout au long de ses pérégrinations dans des villes ravagées par le désastre nucléaire, Jacob Rivers pourra heureusement développer de nouvelles compétences avant, éventuellement, de faire face une bonne fois pour toute au cauchemar ambulant à peau humaine ayant décimé toute sa division.
Lors de sa sortie, la presse spécialisée avait accueilli le jeu TERMINATOR: RESISTANCE très froidement – presque par une pluie d’azote liquide, c’est dire. Jeuxvidéo.com l’avait ainsi noté 12/20, quand les sites étrangers étaient allés encore plus loin dans l’acrimonie, en ne lui attribuant même pas la moyenne. Plutôt des moqueries ? Mais la surprise est de mise lorsque l’on se penche sur les avis des joueurs, résolument plus positifs : 92% d’avis très favorables sur Steam, tout de même. Ce n’est plus une cassure, c’est un schisme ! Les sites professionnels ont un agenda à suivre, un jeu doit entrer dans des cases, correspondre à certains canons en vigueur avec la génération de machines concernée. Les joueurs, pour la plupart, parviennent à faire fi de tout cela – la seule case qui prévaut, c’est celle du cœur.
J’entends bien les critiques : TERMINATOR: RESISTANCE n’est pas un vrai AAA, loin de lààà. Son gameplay est même beaucoup moins technique que bon nombre de FPS récents – n’essayez pas de tirer en étant à couvert, par exemple, de plus les armes ne sont pas très originales, elles manquent de punch, l’IA est parfois à la ramasse et le rythme est plutôt lent. Mais si les joueurs ont accueilli favorablement le titre de Teyon (RAMBO), c’est avant tout parce qu’il respecte l’univers des premiers films, avec un scénario sympathique et des personnages attachants – les dialogues ont leur importance, avec certains choix à faire qui épousent parfois les courbes assassines de cruels cas de conscience. C’est simple, TERMINATOR: RESISTANCE figure à mon sens parmi ce qui s’est fait de mieux dans l’univers de TERMINATOR depuis T2 – oui le jeu peut être considéré comme le vrai T3, formant avec les films cultes de James Cameron une trilogie solide et surtout finie. Certes je suis conscient de surévaluer sensiblement le jeu de Teyon, mais ne dit-on pas qu’au royaume des aveugles, les borgnes sont rois ?
TERMINATOR: RESISTANCE respecte scrupuleusement l’univers de base des films (jusqu’aux musiques et ces quelques notes très fidèles – comme Brad), en s’inspirant de l’imagerie de TERMINATOR: SALVATION – le film avec Christian Bale, qui commençait bien mais finissait mal. Situé dans le futur post-apocalyptique dépeint brièvement par James Cameron, et donc plus longuement dans SALVATION, TERMINATOR: RESISTANCE se révèle immersif au possible, et diablement réaliste. On y croit à ces ruines innombrables menaçant de s’écrouler, vestiges fantoches d’une époque où l’on prenait notre bonheur quotidien pour acquis. Même son de cloche pour ces longues marches nocturnes, à peine éclairée par ce témoin taciturne, distant et hautain qu’est la Lune. L’atmosphère du jeu est pesante, et le rythme plutôt lent de nos pérégrinations, voulu par les développeurs, vient renforcer l’immersion – on rase les murs et on reste accroupi, surtout que les tirs ennemis font mal, on prend notre temps et on fouille les environs, quartier par quartier voire mètre par mètre afin de dénicher de précieuses ressources. Des munitions bien évidemment, mais aussi des kits de survie (pas de régénération automatique dans ce jeu, tout du moins au début…) et tout un tas de matériaux indispensables au crafting – celui-ci est simple, et très efficace. Une réussite. Il est également possible d’augmenter de nombreuses capacités via des points d’expérience (résistance, crochetage, tir, furtivité, etc.) et d’améliorer certaines armes. Encore une fois, tout se fait le plus simplement du monde, et on ne perd pas notre temps dans les menus toujours très lisibles du jeu.
La plupart du temps notre personnage, un résistant lambda curieusement activement recherché par Skynet, jouera au jeu du chat et de la souris avec les machines – les différents environnements du jeu, s’ils ne sont pas gigantesques, sont malgré tout suffisamment étendus pour permettre plusieurs types d’approches : frontales, furtives, en plaçant des pièges ou en piratant des tourelles ennemies (via un mini jeu sympa) qui pourront à leur tour dézinguer des Terminators (amusez-vous alors à les attirer vers elles)… Il y a de nombreuses manières de se défaire de nos adversaires, mais cela peut prendre du temps – en particulier certaines quêtes annexes assez chaudes, comme les attaques d’avant-postes Skynet, qu’il faut généralement terminer sans pouvoir sauvegarder à mi-parcours. La lenteur des pérégrinations de notre personnage, couplée aux dialogues assez nombreux entre les missions (réussis mais un peu longs) passionnera les fans de la franchise, mais risque de cruellement ennuyer les autres qui préfèreront se pencher sur des FPS plus nerveux et plus techniques.
Malgré tous les défauts précités (et des temps de chargement interminables après un game over), TERMINATOR: RESISTANCE est une lettre ouverte comme le sternum d’un T-800 en piteux état qui parlera à tous les fans de la franchise créée par James Cameron. Une déclaration d’amour aux déçus et blasés de tous poils, qui avaient fini par perdre espoir et à développer une véritable assuétude au mal après les nombreuses suites au film TERMINATOR 2.
Note :
TERMINATOR: RESISTANCE, c’est ce petit jeu qui fait mieux que la concurrence. Un faux AAA qui ferait pâlir de jalousie les scénaristes de T3, GENISYS et DARK FATE réunis. Certes les développeurs de RESISTANCE ne proposent rien de mémorable, mais au moins et contrairement aux pontes d’Hollywood, ils ne nous prennent pas pour des cons… mais plutôt pour des Connor ! Bref voilà un jeu qui devrait plaire aux fans, au risque de décevoir celles et ceux qui ne jurent que par les gros FPS techniques et nerveux.
Trailer :