Rambo: The Video Game (PlayStation 3, 2014)

RAMBO: THE VIDEO GAME
Année : 2014
Studio : Teyon
Éditeur : Reef Entertainment
Genre : When you’re pushed, killing’s as easy as breathing
Joué et testé sur PlayStation 3
Support : Blu-ray


Maltraité et poussé à bout par des policiers véreux, John Rambo, un vétéran de la guerre du Vietnam qui peine à se faire une place dans la société, va se retrouver dos au mur et mener une véritable guérilla urbaine au beau milieu d’une petite ville des États-Unis. Plusieurs années plus tard, il se lance dans une mission a priori facile pour lui : localiser des prisonniers de guerre américains qui seraient, contre toute attente, toujours en vie dans certains camps vietnamiens. Mais la mission de reconnaissance ne se déroulera pas comme prévue… Finalement, c’est en Afghanistan que John Rambo croisera une dernière fois le fer… avec de vieilles connaissances : les soldats de l’armée russe. La vie de son ami le colonel Trautman est en jeu…

C’est dingue tout ce qu’on a pu lire sur RAMBO: THE VIDEO GAME durant les mois qui ont précédé sa sortie. Bien évidemment, on a eu droit à de nombreuses moqueries (auxquelles j’ai moi aussi participé) au sujet de l’aspect technique étonnamment dépassé du jeu : moi qui aime le retrogaming, ça m’a ainsi presque fait plaisir de voir un portage des films RAMBO sur PlayStation 2 (ironie inside). Plus curieusement, l’arrivée de ce jeu a aussi permis à de nombreux habitués de Youtube et des sites de jeux vidéo de se lâcher : je ne compte plus le nombre de phrases assassines et autres diatribes maladroites au sujet de la franchise ciné RAMBO. Morceaux choisis, avec les fautes d’orthographe originelles pour l’authenticité :

« pourquoi un rail shooter et pourquoi des graphisme aussi bidon. Y avais moyen de faire un jeux top culte sur la série de nanar la plus culte »

« des barres de rires en prévisions, et puis ça peu pas être plus nanard que les films !!! »

« pour ma part Rambo rimera toujours avec nanard »

« Perso à part le premier, les rambo c’est d’la chiotte »

« navet. sans moi »

« Lol….As bad as all the Rambo Movies… which should have been under Comedy… »

Que peut-on retirer de tout cela ? Qu’une certaine frange de la population geek ne sait toujours pas écrire le mot nanar. Soit. Que certains internautes ne sont pas des poètes – ça, on le savait déjà. Qu’on aurait pu changer le mot « navet » par « nem », rapport au Vietnam, juste pour caser une blague un peu raciste. C’est cool sur les forums de jeux vidéo ça, en plus généralement ce sont les Japonais ou les Chinois qui prennent… Là ça changerait un peu. Ensuite… que dire ? Limiter la série des RAMBO à des nanars est une erreur d’appréciation grossière. S’il n’y a pas vraiment débat à propos de RAMBO III (qui demeure néanmoins un bon plaisir coupable, techniquement bien réalisé), RAMBO II : LA MISSION est défendable : il est certes criblé de balles et de défauts, mais ce sont aussi ceux des productions de l’époque (Golan, Globus, Cosmatos : le trio mythique de l’actionner bourrin). Au final RAMBO II demeure un film de guerre/survival résolument jouissif et fort bien troussé (le final avec les hélicos est exceptionnel – sans CGI bien évidemment), malgré ses défauts inhérents aux années 80. RAMBO premier du nom, enfin, et le quatrième opus intitulé JOHN RAMBO sont, à mon sens, de grands films, plutôt éloignés des poncifs du genre et tout sauf politiquement corrects. Prendre de haut l’ensemble de la série RAMBO pour briller en société et parce qu’il est plus facile de faire de l’humour en étant acide, que posé et constructif, revient pour moi à étaler au grand jour sa méconnaissance totale de l’art cinématographique. Mais passons. Revenons à nos moutons écorchés au couteau géant et dentelé : le jeu méritait-il, lui, le torrent d’insultes et de rires moqueurs qu’il s’est pris en plein visage au moment de sa sortie ?

Oui, sans doute. En particulier concernant l’aspect technique. Mais est-ce le plus important si le jeu est fun ? L’excellent rail shooter GHOST SQUAD était-il vraiment beau, sur Wii ? Non. Alors vous savez quoi : je ne m’étalerai ni sur les graphismes, ni sur les animations, et encore moins sur les cutscenes de RAMBO. Le jeu est jouable, même à la Dualshock 3, et c’est ce qui compte le plus à mes yeux. Non, en fait les plus gros défauts de RAMBO: THE VIDEO GAME sont plus pernicieux, car ils sautent moins aux yeux que les graphismes abracadabrantesques du jeu – il s’agit du manque de finition de certaines données importantissimes dans un rail shooter. La difficulté tout d’abord. On avance tranquillement dans l’aventure (aussi bien en mode facile que normal), jusqu’au dernier chapitre en Afghanistan. Et là c’est le drame : le joueur non averti (oui, oui, même toi glorieux guerrier aguerri aux joutes les plus hardcores), s’y prend en effet un pic de difficulté aussi incohérent que violent – dans ton cul (pour citer l’une des répliques les plus mémorables de RAMBO III – reprise dans le jeu d’ailleurs, ah ah ah !).

En réalité, le jeu a été (curieusement) pensé pour être terminé une fois les stats de notre personnage améliorées. Mais pour cela, il faut faire un minimum de farming – refaire certains niveaux, par exemple, ou débloquer les meilleures armes en relevant des défis (la mitrailleuse M60E3 arrondira bien des angles en faisant de gros trous précis dedans). Terminer le jeu d’une traite lors de la première partie relève ainsi de la gageure – j’y suis parvenu, mais j’ai sué comme rarement. Comble du paradoxe du rail shooter antidaté : le jeu se révèle finalement plus simple en mode difficile (Green Beret, que j’ai rebaptisée difficulté « John Wayne ») avec les stats gonflées et les meilleures capacités spéciales débloquées, que torse nu lors d’un premier run en mode facile. Les joueurs et autres critiques pressés ont sans doute abandonné RAMBO: THE VIDEO GAME trop tôt. Qu’on se le dise : avec les améliorations et les trois capacités spéciales les plus efficaces, le jeu change du tout au tout. On mitraille, on braille, on se marre, on s’amuse ! Oui, RAMBO: THE VIDEO GAME est un rail shooter de très bonne facture, qui emprunte d’ailleurs de bonnes idées ayant déjà fait leurs preuves ailleurs : le reload à la volée dont il convient de maîtriser le timing un peu comme dans GEARS OF WAR, la jauge de Wrath qui permet, une fois remplie, de déclencher un mode en slow motion (de la même couleur que dans STRANGLEHOLD en plus), un système de couverture à la TIME CRISIS, etc. On pourra regretter l’abus de QTE à certains moments, mais dans l’ensemble je trouve que RAMBO: THE VIDEO GAME propose des missions sympas, des situations relativement variées et des améliorations, des capacités et des armes très différentes à débloquer – sans oublier le petit côté tactique des reloads plus ou moins difficiles selon les armes, et des Wrath qu’il convient d’utiliser à bon escient puisqu’elles permettent aussi de regagner de l’énergie.

RAMBO: THE VIDEO GAME a été détruit par la critique et les joueurs lors de sa sortie. Et c’était en partie mérité. Mais le jeu est également très fun, une fois que l’on a compris comment le prendre, le dompter. Et une fois que l’on a accepté le fait qu’il ne s’agissait que d’un « simple rail shooter » – beaucoup de (jeunes ?) joueurs ont en effet vilipendé le jeu parce qu’il ne s’agissait ni d’un TPS, ni d’un FPS. Je ne suis pas fou. Je ne suis pas seul. La preuve ? Voici les avis de deux amis d’Internet, que je me permets d’inclure à cette review :

Guild (voici sa chaîne Youtube) :
« Bon, je suis arrivé à la dernière mission et comme je le craignais… c’est le MEILLEUR Rail Shooter auquel j’ai joué toutes machines confondues ! C’est sûr, j’ai tout mis en œuvre pour que l’expérience soit optimale (position debout, télé au niveau des yeux, PS move + la manette de navigation dans le Sharp Shooter, le son à fond) et limite si je ne me suis pas mis torse-poil pour être encore plus dans l’ambiance^^. Bref, j’ai compris pourquoi certains ont lâché l’affaire avant l’heure : Il faut sacrément y jouer pour augmenter ses points de compétence et ses atouts afin d’avoir une amélioration notable de son armement (surtout au niveau de la précision et de la puissance de feu) et ce n’est qu’à ce moment-là que l’on rentre totalement dans la peau du personnage et qu’on se surprend à gueuler comme un con lorsqu’on vide son chargeur sur un camion ou sur un hélico. Le seul petit reproche que je ferais c’est que graphiquement, c’est pas génial, mais pour tout le reste, c’est 19/20 ! »

Gatsuforever :
« Je rejoins ton avis sur le plaisir procuré quand on joue. Il est vrai que Rambo avec son gameplay à l’ancienne (très Time crisisien ^^ ) a tout pour plaire. J’ai également été conquis, et ça été mon surprise game de 2016, le genre de claque à laquelle on ne s’attend pas, et une fois qu’on s’en prend une, on en redemande d’autres, ce qui fait qu’on ne lâche le jeu qu’une fois fini. »

Merci, chers soldats. Bon, après ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : tout cela déborde d’envie, mais ce n’est pas toujours très bien exécuté. Des séquences trop courtes, d’autres trop longues, quelques passages abusés et des bugs pas loin d’être impardonnables… Outre la gestion douteuse de l’arc durant les séquences d’infiltration en Afghanistan, j’ai aussi eu droit à quelques crashs… Il convient aussi de noter que les prérequis pour débloquer les trois étoiles dans chacune des missions risquent de faire grincer bien des dents… ceux-ci étant hardcores au possible. Pour la petite histoire, sachez qu’un joueur avait trouvé un moyen de contourner le problème en utilisant un glitch (Wrath infinie). Mais… plutôt que de rééquilibrer leur jeu, les développeurs ont préféré corriger uniquement le glitch en question. Heureusement, le patch est aussi venu ajouter un nouveau niveau de difficulté (répondant au doux nom de « John Rambo ») et pas mal d’autres petites choses sympas (améliorations, niveau max revu à la hausse, etc.). Le chapitre supplémentaire et gratuit, qui apparaît dans la liste de trophées, n’est hélas plus accessible – impossible de le télécharger aujourd’hui. Entre ça et la disparition du Wii Shop, j’avais envie de partager quelques petits mots d’amour, à destination de tous ces médias dématérialisés :

Si les puristes lui préféreront sans doute les meilleurs titres du genre sur Wii et PlayStation 3 (GHOST SQUAD, HOUSE OF THE DEAD OVERKILL, DEADSTORM PIRATES ?), ce n’est pas en raison de ses quelques bugs et autres carences techniques. Un courageux béret vert comme vous, habitué à panser ses plaies avec de la poudre à canon en feu, saura résister à des graphismes et à des animations aussi datés. Non, le vrai souci de RAMBO: THE VIDEO GAME, c’est son côté assez « statique ». Même s’il y a quelques passages résolument jouissifs, la plupart de ses séquences de tirs sont beaucoup moins dynamiques que dans les meilleurs jeux du genre – sans même parler de l’absence de véritables boss, hormis quelques hélicos. Le jeu d’arcade RAMBO (2008) était ainsi beaucoup plus vif – d’un autre côté, cela contribue aussi à rendre RAMBO: THE VIDEO GAME plus réaliste, ce qui n’est pas un mal, je trouve, et ce qui lui permet également d’exceller dans son exploitation de la licence. Les fans de la franchise seront heureux de retrouver trois thèmes musicaux de la série (frissons assurés), quelques phrases tirées des films (même si ce n’est pas toujours bien exécuté), et surtout la plupart des scènes de RAMBO, RAMBO II et RAMBO III. Le tout est assez fidèle, et si certains se sont amusé à critiquer la gestion de l’adaptation de FIRST BLOOD (trop de morts par rapport au film), il convient de leur rappeler qu’en jouant très bien, il est possible de conclure ce chapitre sans tuer le moindre innocent – c’est extrêmement difficile, certes.

Alors oui, bien évidemment, j’aurais préféré un vrai grand jeu RAMBO, bien réalisé et à la difficulté mieux calibrée. Mais parfois, il faut aussi savoir se contenter de ce que l’on a. Et pour les fans des films et de rail shooters un peu moins exigeants que la moyenne, RAMBO: THE VIDEO GAME se révélera fun au possible. Parfois crispant, oui. Mais au final, avec les stats gonflées à bloc, vraiment jouissif et amusant – et bien sûr jouable à deux.

Note :

RAMBO: THE VIDEO GAME a été conspué à sa sortie. Si les critiques à propos de la technique sont recevables, il ne faut pas non plus oublier que beaucoup des meilleurs titres du genre sur Wii sont loin d’être irréprochables en la matière. Certains testeurs professionnels ou simples joueurs occasionnels ont aussi regretté l’aspect rail shooter du soft, se moquant notamment de son côté répétitif – inhérent au genre, malgré tous les efforts du monde pour varier les plaisirs et les parties. Peut-être qu’ils auraient voulu un énième FPS ou TPS, à empiler au-dessus des centaines d’autres titres du même type sortis ces dernières années ? Enfin, le jeu a été critiqué sur sa maniabilité (non recevable selon moi) et sur sa difficulté, mal équilibrée. Là, je suis d’accord. Mais encore une fois, si on y met un peu du sien, il est possible d’augmenter ses statistiques, de débloquer des armes et des améliorations qui viendront considérablement modifier le rapport de force. Pour moi, qui suis en plus fan des films, il s’agit clairement d’un bon jeu. Mais je peux comprendre que l’on n’accroche pas – en particulier si l’on fait partie de celles et ceux qui regrettent que Sega n’ait pas porté son excellent jeu d’arcade de 2008 sur consoles…

Vidéo d’un joueur super doué :


When you push square, killing’s as easy as breathing…

 

 

5 réflexions au sujet de “Rambo: The Video Game (PlayStation 3, 2014)”

  1. Bon ben comme d’habitude je vais faire un commentaire qui ne concerne pas le jeu (vu que je n’ai pas de Wii et en plus, le jeu n’est plus disponible si j’ai compris).

    Donc voila, Rambo 2 – la mission, un film au scenar duquel a participe James Cameron, et dans lequel on entend Sylvester Stallone dire « I’ll be back ».
    (c’est curieux parce que je n’ai vu personne reprendre cette info encore)

    Apres par rapport a l’orthographe de nanar, de la meme maniere je ne comprends pas pourquoi tout le monde ecrit boulard.

    Voila, c’est tout pour moi. Bonne continuation !

    Répondre
    • Commentaire très constructif. 🙂 Mais je suis sérieux en fait ahahah. Oui Cameron a cosigné le scénario. Beaucoup de monde l’a oublié en effet ! Alors attention à part ça le jeu RAMBO est toujours trouvable en version physique sur PS3 – il n’est pas sorti sur Wii.

      A bientôt !
      Oli

      Répondre
      • Oups, ben tu vois je l’ai lu trop vite ton article.
        Par contre je n’ai pas de PS3 non plus. Enfin pas encore.

        Mon histoire avec le « I’ll be back » c’est surtout que je me demande si c’est un tic de James Cameron, une tentative de Sylvester Stallone de s’approprier la replique mythique, une coincidence …, ou moi qui ai mal entendu ?

        a+
        Joe

        Répondre
        • J’ai revu RAMBO II la semaine dernière, et cette réplique ne m’a pas frappé. Rambo dit ça avec une intonation particulière ? Je ne m’en souviens pas. En plus, en 85, c’était sans doute pas aussi iconique qu’aujourd’hui – Schwarzy ne l’avait dit qu’une fois dans TERMINATOR, non ? Mais je ne suis sûr de rien… 😉

          Répondre
          • C’est dans le camp de prisonniers, Rambo vient de liberer un de ses compatriotes.
            le prisonnier: « there are others »
            Rambo: « I’ll be back »

            Mais encore une fois, c’est peut-etre mon oreille qui me joue des tours. D’autant que je n’ai pas trouver la video de la scene pour verifier.
            :-/

Laisser un commentaire