URIDIUM
Année : 1987
Studio : Graftgold
Éditeur : Hewson
Genre : espace en voie de disparition
Joué et testé sur Amstrad CPC
Support : cassette ou disquette
Avant d’entamer l’invasion de la Terre, des vaisseaux extraterrestres gigantesques, les Super-Dreadnoughts, ont été positionnés en orbite autour de chacune des planètes du Système solaire. Chaque Super-Dreadnought a reçu pour mission d’extraire une ressource très particulière : le zinc, le plomb, le cuivre, l’argent, le fer, l’or… et tant d’autres… jusqu’à cette matière unique et si recherchée : l’uridium ! Aux commandes de votre petit vaisseau spatial Manta, vous partez à l’assaut des Super-Dreadnoughts, avec à chaque fois la même routine assassine, et tellement d’obstacles… de périls. Tout d’abord, il vous faudra détruire les premiers vaisseaux ennemis, puis les défenses fixes rattachées au Super-Dreadnought. Alors, seulement, vous pourrez vous poser à la surface de cet engin aux formes tentaculaires, et enclencher son mécanisme d’autodestruction.
URIDIUM est un jeu bien connu du célèbre éditeur Hewson, artisan vidéoludique fort respecté dans les années 80, dont certains titres ont réussi à résister à l’érosion de nos souvenirs : NEBULUS, CYBERNOID, EXOLON, STORMLORD… et bien évidemment URIDIUM – baptisé ainsi car l’un des membres du studio aurait pensé qu’à l’instar du zinc, de l’or, du cadmium ou du platine, il s’agissait d’une matière existante ! Chacun des 15 niveaux du jeu porte ainsi le nom d’une matière – heureusement qu’aucun niveau n’est basé sur la kryptonite, autrement Superman n’aurait jamais pu en voir le bout !
Difficile de juger objectivement un jeu comme URIDIUM à l’aune des productions vidéoludiques qui l’ont suivi et des progrès technologiques qui ne cessent de remettre en question nos exigences vis-à-vis de ce média. Alors oui, bien sûr, aujourd’hui URIDIUM paraîtra un brin ridé, désuet, usé aux joueurs peu habitués aux softs des glorieuses années 80. Malgré tout, URIDIUM mérite encore le détour, en particulier – et surtout – si vous avez connu cette époque où le joueur était habitué à en baver, où les morceaux de bravoure vidéoludiques s’illustraient surtout à travers des cris de joie dans des chambres d’enfants et d’adolescents qui n’avaient pas encore de trophées, de succès ou de vidéos sur Youtube pour briller en société. En fait, on était de sacrés beaux gosses aux cheveux gras quand même : aussi humbles que doués !
Même sur Amstrad, qui n’est pas la meilleure version, URIDIUM impressionne : le scrolling est rapide et donne presque une sensation de parallax. Le gameplay est également particulièrement riche pour l’époque : le vaisseau peut ainsi ralentir ou accélérer, ou encore se retourner et faire face à la direction opposée. En réalité, c’est tout simplement indispensable pour terminer les niveaux, fermés, un peu à la DEFENDER : tirer sur des ennemis qui arrivent de toutes parts, revenir sur ses pas pour détruire des objectifs, et enfin et surtout multiplier les volte-face (entendez par là : vous retourner plusieurs fois successivement) pour éviter un type d’ennemi bien particulier, à savoir ces espèces de croix qui filent à toute allure et qui nous prennent en chasse !!! Pour faire monter la tension (et accessoirement prévenir le joueur), l’apparition de ces croix pas très catholiques est accompagnée d’un son strident ! Autre détail savoureux : votre vaisseau peut, au prix d’une manip’ musclée de votre joystick, se cabrer à 90° – entendez par là qu’il naviguera perpendiculairement par rapport au sol, à la manière de la voiture d’un cascadeur roulant uniquement sur deux de ses roues. Résultat des courses spatiales : hitbox plus petite et donc plus grande possibilité de survie quand on rase certains bâtiments protubérants – et il y en a tant…
Une fois suffisamment de cibles détruites sur l’énorme vaisseau-mère ennemi, vous aurez la possibilité de vous poser – ralentissez au-dessus de la zone d’atterrissage pour terminer la mission. Libre à vous de continuer davantage pour monter dans le tableau du scoring. Mais le jeu est tellement dur, que je vous vois mal continuer la promenade fatale parmi ces centaines de petits pixels assassins juste pour le plaisir – n’en déplaise à Herbert Léonard. Oui, le jeu est dur. Vraiment dur et ce, parfois au mépris du bon sens. Une constante des jeux vidéo de l’époque, en particulier sur micro-ordinateurs 8 bits. Plus ennuyeux : le mouvement spécial (spatial ?) prétendument redoutable et permettant de cabrer son engin à 90° sort très difficilement – j’ai pourtant essayé maintes fois avec un joystick et un joypad. La feinte en question passe alors tristement de l’arme, à la larme fatale… Et pourtant ça sort tout seul sur Amiga, par exemple…
Sans aucun doute plus jouable et beaucoup plus agréable sur C64, URIDIUM sur Amstrad CPC demeure un soft de qualité – pour la machine et pour l’époque. Aujourd’hui, il risque hélas de vous crisper plus que de raison. Une version crackée avec les vies infinies semblant alors indispensable pour pouvoir raisonnablement s’amuser. Du point de vue de l’héritage, signalons une version remaniée et intitulée URIDIUM+ sur Spectrum, mais aussi un portage sur NES sous l’improbable titre THE LAST STARFIGHTER ! Oui, ils ont osé : pour vendre le soft sur les consoles de Nintendo, ils lui ont accolé la jaquette et le titre de ce film cul-culte sorti en 1984 – que j’adore, personnellement, avec notamment cette réplique inoubliable et qui sied parfaitement aux joueurs meurtris par URIDIUM. Une suite absolument magnifique, URIDIUM 2, a été produite en 1993 pour l’Amiga. Mais l’aventure ne s’arrête pas là. En effet, le spectre d’URIDIUM et de Hewson continue de planer au-dessus de la tête des joueurs distraits par tant d’années passées loin de leurs chers pixels d’origine contrôlée : HYPER SENTINEL, version modernisée de notre shoot’em up autrefois adoré, a débarqué en 2018 sur toutes les machines de salon du moment ! Je ne connais pas l’origine de la matière baptisée uridium, mais sa résistance à l’usure du temps prouve que c’est rudement solide !
Note : Nostalgie :
Si URIDIUM est sans doute un shoot’em up qui a marqué son époque sur micro-ordinateurs, il a aussi pris un sacré coup de vieux sur Amstrad CPC. Toujours sympa mais bien trop difficile, le jeu de Hewson demeure un jeu à faire (surtout à connaître diront les moins courageux ?), en particulier sur C64, voire sur Amiga, une machine qui peut s’enorgueillir d’héberger le magnifique URIDIUM 2.
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Images : Jeux vidéo et des bas
Vidéo :