DreadOut 2 (PlayStation 4, 2022)

DREADOUT 2
Année : 2022
Studio : Digital Happiness
Éditeur : Soft Source Pte Ltd
Genre : jeu indé-nésien
Joué et testé sur PlayStation 4
Support : Blu-ray


Linda ne s’est jamais remise des événements qui ont couté la vie à ses amis. Désormais moquée voire harcelée par ses camarades de classe, elle tente bon an mal an de retrouver un certain équilibre… Mais ses pouvoirs paranormaux ne l’ont pas quittée : Linda possède toujours la faculté de voir les esprits, des plus inoffensifs aux plus dangereux. Et l’un d’eux semble bien décidé à faire de la vie de Linda un enfer de sang et de chairs. Et même après la mort, à ne jamais la laisser reposer en paix ? Heureusement pour elle, la jeune Indonésienne est aussi capable de frapper : son smartphone lui permet de canaliser sa puissance mentale, et dans le Realm, demeure improbable des démons, Linda peut même physiquement blesser ces derniers, à grands coups de hache, de couteau et plus si affinités…

DREADOUT c’est d’abord un jeu de survival horror indonésien, sorti exclusivement sur PC en 2014, et auquel je n’ai donc pas touché (je vous invite à lire la chronique de Rick à son sujet). Succès en Indonésie, le jeu a ensuite été adapté au cinéma par Kimo Stamboel, qui signait là son premier long métrage en solo (il avait déjà à son actif les formidables MACABRE et KILLERS, en coopération avec son compère Timo Tjahjanto). Si DREADOUT, le film, n’est pas vraiment mémorable (THE QUEEN OF BLACK MAGIC du même réalisateur est beaucoup plus recommandable), il a le mérite de proposer un univers intéressant et un folklore dépaysant pour les spectateurs étrangers, habitués aux zombies américains et aux fantômes japonais, plutôt qu’aux pocong et aux kuntilanak.

Première chose : il est parfaitement possible de se lancer dans le jeu DREADOUT 2 sans avoir touché au premier titre – il y a un résumé de l’histoire au début, et on trouve très vite nos marques (le scénario n’a rien de vraiment tortueux). On se retrouve donc dans les baskets et la chemisette de Linda, une lycéenne possédant d’étranges facultés, dont les effets peuvent s’avérer dévastateurs lorsqu’elles sont couplées aux nouvelles technologies. Ainsi, c’est par le prisme de son bracelet que la jeune femme pourra détecter les esprits surnaturels, mais aussi et surtout grâce à son smartphone qu’elle sera capable de leur faire des dégâts (en les prenant en photo). Le jeu s’inspire outrageusement de PROJECT ZERO, mais en simplifiant sa recette maudite : ici pas de combos ni d’améliorations à apporter à notre appareil.

Malgré sa simplicité, DREADOUT 2 parvient à insérer çà et là une certaine variété : le smartphone sert à attaquer dans le monde réel, mais dans le Realm (le monde des esprits), les photos ne nous sont plus d’aucune utilité. Pour vaincre les étrangetés peuplant ces remugles cauchemardés, il faudra les désorienter avec notre flash puis les frapper avec une arme blanche (si on en a une, autrement il conviendra de fuir). Le smartphone peut également être utilisé pour défricher certains passages plus ou moins cachés, et dénicher des secrets (quel plaisir de se lancer à la recherche des légendes urbaines !). Le jeu se démarque aussi quelque peu de la concurrence dans son level design – entre des niveaux plus classiques (et presque tous réussis, bien pensés et parfois vraiment glauques), on navigue ainsi dans une espèce de (très) petit monde ouvert, où l’on peut aller et venir, baguenauder au rythme de nos peurs et envies afin de profiter de l’atmosphère de l’Indonésie et, aussi, de dénicher quelques détails et secrets qui nous auraient échappés jusque-là. Alors certes, on n’est pas dans GTA. Les rues sont parfois assez vides, techniquement le jeu accuse un vrai retard mais l’essentiel est ailleurs : avec un minimum d’efforts, le joueur impliqué y croira. J’ai particulièrement apprécié ces moments de calme, avant le vacarme et sa tempête, macabre.

Si le jeu ne joue pas vraiment la carte des jumpscares, son ambiance provoque souvent un certain malaise. C’est un vrai plaisir pervers de découvrir, un à un, les différents petits niveaux du jeu, ses monstres déglingués, ses esprits damnés et ses tristes suicidés. On fuit parfois la peur au ventre, on se cache en rasant les murs, quand à d’autres moments les développeurs nous permettent de nous défouler en nous mettant entre les mains hache, couteau et autres joyeusetés : on se surprend alors à prendre un véritable plaisir malsain à trucider des monstruosités difformes, à trancher dans le vif de leurs chairs meurtries et à faire voler leurs tripes jusqu’au trépas. Le jeu est donc court, mais dense, et parvient sans cesse à se renouveler, à proposer de nouvelles expériences et sensations au joueur qui ne sait d’ailleurs plus s’il doit accélérer en accédant rapidement aux nouvelles zones, ou bien au contraire prendre son temps en se promenant tranquillement dans celles qu’il a déjà débloquées, afin de profiter au mieux du folklore indonésien, extrêmement intéressant et dépaysant.

DREADOUT 2 est donc un jeu que j’ai particulièrement apprécié mais qui souffre, hélas, de défauts qui pourraient bien s’avérer rédhibitoires. Oui j’ai adoré DREADOUT 2… j’ai adoré l’abhorrer ! Je passerai sous silence les soucis techniques de ce petit jeu indé, ainsi que ses quelques bugs, jamais corrigés (souvent liés au level select, après la fin du jeu, et qui n’ont heureusement aucune vraie conséquence sur la partie). Non le principal souci du jeu, ce sont ses combats, souvent affreusement mal pensés – dans des lieux trop étroits, on se retrouve parfois coincés entre trois monstres et un mur (le niveau de l’hôtel est, à ce titre, vraiment mal programmé). Dans d’autres cas, on est parfois submergés par les petits monstres (par exemple contre certains boss, ce qui nous pourrit littéralement l’existence), il est impossible de les éviter, on se fait toucher sans cesse avec juste nos yeux pour pleurer – du sang. Certaines séquences sont tout simplement impardonnables (les monstres dans les couloirs de l’hôtel, certains esprits qui fondent sur nous trop vite, le tigre dans l’allée, le boss final absolument imbuvable…). Plus d’une fois, j’ai juré, pesté, insulté le cimetière entier. Certes le jeu est le fruit défendu d’une petite équipe, mais pour corriger ces erreurs horreurs il aurait juste fallu mettre moins de petits monstres (voire aucun) durant les affrontements de boss par exemple, et avoir la présence d’esprit d’espacer les adversaires dans l’hôtel.

Un grand fan de survival horror devrait malgré tout prendre un plaisir certain avec DREADOUT 2, et passer outre(-tombe) aux cruels défauts du jeu.

Note :

Dans DREADOUT 2, la frame peut s’avérer fatale aux esprits frappés et frappeurs, mais aussi aux joueurs. Débordant de bonnes idées et d’hommages viciés au genre, et baignant dans un folklore vraiment intéressant, le jeu du petit studio indonésien Digital Happiness est aussi miné par des combats parfois si mal pensés qu’ils pourraient bien laisser une partie du public sur le carreau.

Images PC : lovingmovies

Trailer :

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