FIRE AND BRIMSTONE
Année : 1990
Studio : Vectordean
Éditeur : MicroProse / Firebird
Genre : sa difficulté lui fait du Thor
Joué et testé sur Amiga 500
Support : disquette
Hel, déesse de Niflheim, décide de réveiller les enfers et ses hordes de démons afin de soumettre le royaume du Nord. Il incombe à Thor de mettre fin à cette menace maléfique. Il devra pour cela parcourir Midgard et faire parler son feu vengeur, mais aussi son marteau. Des potions lui permettront aussi de créer des plateformes salvatrices, de détruire ses ennemis ou encore de sauter plus haut voire de distinguer des secrets invisibles aux yeux des mortels. Thor s’enfoncera alors dans les profondeurs indicibles de territoires fourbes au possible : Nidavellir, royaume des Nains, ou encore Muspell, constamment dévoré par des flammes éternelles et destructrices. Mais prenez garde : derrière le dragon maudit qui vit dans cette fournaise se cache une épreuve encore plus redoutable…
FIRE AND BRIMSTONE… Les Amigaïstes et Ataristes mélomanes des années 90 se souviennent certainement de son intro musicale complètement folle et mémorable, signée David Whitaker. Des graphismes magnifiques, des décors détaillés rehaussés par des animations incroyables dans les arrière-plans devraient aussi se rappeler à leur bon souvenir (le graphiste Chris Sorrell a aussi travaillé sur la série JAMES POND). Quid du gameplay, des boss et des différents niveaux du jeu ? Là, curieusement, c’est le flou le plus total, personne ne s’en souvient. Pourquoi cela ? La raison est simple : aucun joueur n’était allé très loin…
S’il semble revêtir les atours d’un GHOSTS ‘N GOBLINS micro, FIRE AND BRIMSTONE nous joue en réalité un bien mauvais tour – dans un élan désespéré de présomption mal placée, les développeurs ont en effet jugé bon d’ajouter tout un tas de pièges, d’astuces et autres mécaniques retorses, quasiment dans chaque tableau, là où un jeu de plateforme plus simple paraissait plus logiquement s’imposer. Le résultat est sans appel : FIRE AND BRIMSTONE n’est pas difficile, il est presque impossible à terminer sans tricher ! Injuste au possible (des endroits piégés indétectables), extrêmement rigide (les sauts sont déplaisants), truffés de passages mortels et d’ennemis qui nous sucent notre énergie simplement en nous effleurant, FIRE AND BRIMSTONE est aussi affreusement long. Avec seulement une poignée de vies dans votre escarcelle, n’espérez pas aller bien plus loin que le premier niveau. Et si jamais vous parvenez à l’ultime tableau du dernier niveau du jeu, sachez que si vous n’y êtes pas équipé d’une arme et d’une potion particulières, eh bien vous ne pourrez tout simplement plus progresser ! J’ai abandonné à ce moment précis, littéralement exsangue, après avoir passé un temps fou à me frayer un passage dans chacun des niveaux du jeu, à grands coups de savestates (et même ainsi, ce fut jusqu’au bout indécis). Voir la vraie fin du jeu n’est d’ailleurs pas une gageure. C’est une véritable horreur ! Dans un dernier hommage raté à GHOSTS ‘N GOBLINS, on nous impose de refaire une deuxième fois le jeu dans son entièreté ! Mais tendez-moi donc le câble de mon joystick que je me pende avec !
Pourtant le jeu propose une atmosphère très réussie, basée sur la mythologie nordique, ses peurs, silhouettes et défis ataviques, et il fourmille aussi de bonnes petites idées. Ainsi dès le premier tableau, un monstre invincible fond sur nous – on découvre vite qu’en retenant nos coups, celui-ci nous imitera. Oui même dans un monde infernal, c’est l’entente cordiale ! Très tôt, vous remarquerez également que chaque détail a son importance – un oiseau étrange, un rempart un peu à part, une statue qui parait nous tancer… Si le sort vous sourit, des secrets pourraient bien se révéler à votre regard, interdit : des clés (nécessaires pour débloquer la porte à la fin du niveau), des potions très intéressantes aux effets divers et loin d’être avariés, voire de l’énergie – aussi, je vous conseille de bien ouvrir l’œil !
Encensé par la presse française de l’époque qui avait rivalisé d’emphases dans des avis pour la majeure partie dithyrambiques (soit les testeurs de Tilt, Gen4 et Joystick n’étaient pas allés plus loin que le premier niveau, soit ils avaient joué avec un cheat code), FIRE AND BRIMSTONE avait su faire parler de lui, en particulier grâce à ses graphismes qui étaient alors un argument de vente massue. Hélas, le jeu était surtout d’une difficulté maladroite, pour ne pas dire malhonnête – une vraie soupe à la ciguë. Dénué de toute science du level et du game designs, sans aucune notion de ce que doit être une hitbox et un système de collision, FIRE AND BRIMSTONE n’était amusant à jouer que durant cinq ou dix minutes. Au-delà, c’était votre santé mentale qui était mise dans la balance… Ainsi prise en étau entre le marteau de Thor et l’enclume de Völund, elle ne risquait pas de faire long feu.
FIRE AND BRIMSTONE est donc l’exemple type du jeu d’action/plateforme beau mais rigide, mal finalisé et trop difficile, qui pullulait sur les micro-ordinateurs des années 80 et 90. Tandis que les Japonais rivalisaient alors d’efforts et prenaient leur temps pour parfaitement équilibrer leurs jeux, les Européens avaient encore du mal avec cette notion. D’ailleurs avant d’être mis sur le marché, les jeux étaient généralement testés par des personnes directement issues de l’équipe de développement, connaissant par conséquent toutes les ficelles des programmes en question. Les bêta-testeurs étaient bel et bien de grands bêtas.
FIRE AND BRIMSTONE est le fruit d’une équipe resserrée (un programmeur, un graphiste et un compositeur) et qui n’a sans doute pas pu bénéficier d’une période suffisante de finalisation, comme souvent à l’époque de la micro-informatique ludique. Le résultat de ce projet à l’ambition démesurée est sans appel : le titre de MicroProse est un régal pour les yeux, mais infernal en tant que jeu. Rigide, injuste, trop long, tout cela tire la difficulté de FIRE AND BRIMSTONE vers le haut, et devrait immanquablement vous faire sortir de vos gonds.
Images : Jeux vidéo et des bas
Vidéo (Gros Plan sur la Souris, 1990) :
J’ai moi aussi commis l’erreur de le relancer en émulation…
Le jeu est toujours aussi beau, mais je comprends maintenant pourquoi je ne suis jamais allé très loin à l’époque. J’aurais peut-être du le garder dans mes souvenirs mais maintenant le mal est fait alors je vais essayer de le torcher à coups de savestates (histoire d’exorciser).
Merci pour l’article 😉
Merci d’avoir partagé ton expérience ici ! Certains souvenirs ne devraient peut-être pas être déterrés… ^^ N’hésite pas à revenir sur ces pages pour nous conter la suite de l’aventure – si jamais tu parviens au bout avec les savestates !