SOL-DEACE
Année : 1992 (2025 au Japon)
Studio : Wolf Team
Éditeur : Columbus Circle
Genre : ordinatueur
Joué et testé sur Megadrive
Support : cartouche
L’univers a depuis longtemps plié sous la domination de GST-WT, un ordinateur « vivant » originellement créé sur Terre. Soumise depuis des siècles, la race humaine organise secrètement une rébellion, mais le super ordinateur la détecte rapidement et décide de placer les Humains sur la liste des races à éliminer. Le génocide est lancé, et les pertes sont gigantesques. Edwin Deace, l’un des survivants, parvient à entrer dans le système de GST-WT et à l’endommager suffisamment pour le rendre inopérant durant plusieurs heures – la fenêtre de tir est étroite, mais un vaisseau humain, le Sol-Deace, se lance alors à l’assaut de la partie biologique et désormais vulnérable de GST-WT, cachée sur Terre mais toujours protégée par des hordes de navettes et d’étranges êtres de chairs et de métal. Durant son périple, le Sol-Deace affrontera un vaisseau-mère gigantesque, survolera la surface gazeuse de Jupiter, devra éviter les attaques de vers géants et s’infiltrer dans une base aux secrets étonnants…
Au début des années 90, le studio japonais Wolf Team sortait un shoot’em up à scrolling horizontal à la fois sur Mega-CD et Megadrive. Curieusement SOL-DEACE, puisque c’est son petit nom, fut édité sur cartouche uniquement aux États-Unis. Un crime de lèse-majesté pour le pays roi des shoot’em up, le Japon ! Plus de trente ans plus tard, cette blessure dans le cœur de nombreux joueurs nippons archi-pâles est enfin pansée : Columbus Circle vient en effet de sortir SOL-DEACE officiellement dans l’archipel, avec boîte et notice en sus. Je ne pouvais décemment pas passer outre à une nouvelle pluie de boulettes pixélisées sur l’une de mes consoles préférées.
Un constat s’impose dès les premières minutes de jeu : la pluie de boulettes précitée n’est certainement pas tropicale, car graphiquement c’est la douche froide. Les décors sont ainsi assez pauvres, les sprites manquent d’élégance et les balles ennemies sont parfois trop petites, leurs couleurs mal choisies – la flagrance saute aux yeux dans le niveau 3, qui partait pourtant d’une bonne intention : auréolé d’un scrolling parallax du plus bel effet, on y survole la surface d’un soleil artificiel brûlée par des nuages incandescents, comme l’est notre rétine par les rouges orangés des arrière-plans se mélangeant peu élégamment aux nombreuses explosions des vaisseaux adverses – qui ont malgré tout le bon goût, notons-le, de ne plus tirer de boulettes orange, mais bleues.
Passée cette première légère déception (le jeu n’a rien de hideux, n’exagérons pas), SOL-DEACE se révèle plutôt plaisant, manette en main, surtout que la maniabilité est assez originale : lorsque l’on maintient le bouton pressé, on tire en continu, mais si on relâche le bouton, les canons supérieurs et inférieurs de notre vaisseau s’écartent ou se rapprochent selon la direction choisie en appuyant sur la croix directionnelle – en gros, nos tirs prennent plus ou moins d’angle, sont plus ou moins concentrés. Si l’idée est très bonne, le concept pâtit selon moi d’un manque de variété dans l’arsenal (à récupérer dans des modules planant çà et là). L’ensemble demeure malgré tout amusant : on peut ainsi à la fois viser des tourelles meurtrières fixées au sol, mitrailler des vaisseaux situés plus haut dans l’écran et resserrer nos canons dans la foulée pour concentrer nos tirs sur un ennemi plus résistant qui viendrait d’apparaitre en face de nous. Le jeu est haletant, pour ne pas dire stressant, puisque les ennemis ne cessent de nous harceler. Ceux-ci sont d’ailleurs très variés, jusqu’aux boss et mid-boss parfois vraiment surprenants : l’espèce de petit cerveau qui tente de nous écraser dans sa mâchoire céleste, l’eau qui monte pendant un duel électrique lors du dernier niveau, ou encore cette bestiole mécanique et longiligne aux pattes interminables et très rapides.
Les situations parviennent parfois à se renouveler : si la plupart des zones visitées sont larges, certaines se resserrent et nous imposent de naviguer dans des couloirs étroits, poursuivis par des ennemis particulièrement têtus (on y a littéralement le feu aux fesses : nos propulseurs peuvent griller les vaisseaux qui nous suivent de trop près !) – détail important, dans SOL-DEACE les collisions légères avec les décors ne tuent pas. Un niveau nous met également aux prises avec un vaisseau gigantesque, qu’il nous faudra détruire petit à petit – une situation déjà exploitée dans de nombreux shoot’em up (THUNDER FORCE 3, PHALANX, FINAL MISSION…), mais qui peine à convaincre dans SOL-DEACE : c’est fade et assez pauvrement mis en scène. Il en va ainsi de nombreuses phases du jeu : il y a des idées derrière, mais pas forcément le talent pour les mettre à exécution.
Un dernier mot sur la difficulté : SOL-DEACE est un peu ardu mais tout à fait faisable, en particulier en mode de difficulté normal (en plus le nombre de continus est illimité). Malgré tout, je tiens à préciser que l’avant-dernier niveau est une plaie interstellaire à terminer, un cimetière de pixels, que dis-je : pour les joueurs, un véritable charnier ! Le niveau en question est déjà particulièrement chaud, mais alors son boss final c’est la crise sur le gâteau ! Il est horrible à affronter, notre hitbox à l’ancienne ne laissant rien passer et certains de ses patterns étant trop peu lisibles (une pensée émue pour ses satanés lasers jaunes qui ondulent, des mécréants qui nous attaquent même depuis l’extérieur de l’écran !). Paradoxalement, le niveau qui suit, le dernier, est d’une facilité déconcertante, et même si c’est plus ou moins justifié par le scénario, je me suis demandé si les programmeurs avaient bien pris le temps de finaliser le tout dernier boss… Certains joueurs pourraient donc juger la difficulté du jeu mal pensée, ou mal placée.
SOL-DEACE est un shoot’em up plutôt agréable qui propose un gameplay assez original, et plaisant à prendre en main – la faculté d’orienter constamment nos canons c’est super, mais le choix de la vitesse, dans le menu du jeu, n’est pas très pertinent : à mon sens c’est soit trop rapide, soit trop lent. Il en va ainsi de SOL-DEACE : ses bonnes idées sont hélas trop souvent contrebalancées par de petits ratés.
Note : Nostalgie :
Je ne vais pas vous mentir : malgré ses faiblesses, je suis ravi de voir SOL-DEACE enfin débarquer officiellement sur une cartouche au Japon, 33 ans après sa sortie américaine ! S’il n’est pas forcément très beau, ce shoot’em up a le mérite de proposer quelques petites idées originales, et d’autres hélas particulièrement bancales.
Images : éditeur
Test de SOL-FEACE sur Mega-CD (même jeu, à part les musiques) dans Televisator 2 :