RISE OF THE ARGONAUTS
Année : 2008
Studio : Liquid Entertainment
Éditeur : Codemasters
Genre : antique, comme la Grèce
Joué et testé sur PlayStation 3
Support : Blu-ray
Le jour de ses noces Alceme, la femme de Jason, roi de Iolcus, est assassinée par un groupe de terrifiants mercenaires que l’on croyait disparu : les Blacktongues. Ceux-ci paraissent vouer un culte à Hecate, mais leur trace est extrêmement difficile à remonter, et parait se perdre dans les brumes et les méandres de complots ourdis dans les ombres. Peut-être aveuglé par l’amour, Jason décide de laisser temporairement son royaume derrière lui, entre les mains de son oncle, Pelias. Avec son ami Hercules, il embarque alors à bord d’un bateau extraordinaire, l’Argos, et se rend à Delphi afin de rencontrer l’Oracle, seule personne étant capable de localiser la Toison d’or, un artefact créé par les Dieux et qui serait capable, dit-on, de faire revenir les morts parmi les vivants.
Voici un jeu de la génération PlayStation 3/Xbox 360 dont on parle peu, ou pas. Ou alors en mal, puisqu’à de nombreuses reprises RISE OF THE ARGONAUTS devint la risée des internautes : sous-GOD OF WAR, techniquement dépassé, les moqueries et sobriquets divers et avariés furent légion à son encontre. Et pas forcément justifiés.
Tout d’abord le jeu parlera à celles et ceux qui ont gardé des souvenirs émus du film de 1963, une épopée aujourd’hui un peu désuète (je lui préfère largement SINBAD et CLASH OF THE TITANS) mais qui parvient toujours à transporter grâce aux superbes effets spéciaux de Ray Harryhausen. L’odyssée de Jason, connue de tous, devrait néanmoins suffire à rallumer de nombreuses étoiles dans les yeux des plus rêveurs d’entre nous. Certes le jeu commet plusieurs énormes infidélités avec la version la plus communément admise de cette incroyable aventure, mais il ne s’agit pas d’une tragédie pour autant. Euh, enfin une tragédie grecque, si. Mais je me comprends.
L’ambiance, cette magie d’une époque fantasmée, ces armées qui nous tancent, ces créatures improbables et parfois trop affables pour être honnêtes, tout cet univers des dieux, des déesses, de violences mais aussi d’allégresse est extrêmement bien retranscrit dans le jeu de Codemasters. Malgré les limites de l’époque, aussi bien techniques que budgétaires, et malgré ce gouffre béant de qualité dans la mise en scène par rapport à GOD OF WAR, RISE OF THE ARGONAUTS propose un monde très peu étendu certes, mais crédible, et immersif.
La grande force de RISE OF THE ARGONAUTS est de ne pas être un simple beat’em up. Il propose en effet une approche très RPG de son aventure, imitant ainsi un peu le système de MASS EFFECT : les dialogues sont nombreux, avec des choix multiples, il vous faudra prendre de vraies décisions au cours de votre périple (qui n’influeront pas profondément sur la suite de l’aventure, mais qui modifieront légèrement le caractère de Jason), avec beaucoup de petits défis à relever afin d’accumuler des points pour débloquer et augmenter un très grand nombre de compétences martiales, actives ou passives. Les doublages sont très bons, les personnages simples et réussis, en un mot ou pas loin : on y croit. On prend un vrai plaisir à dialoguer avec tout ce petit monde – certes, des joueurs finiront par s’ennuyer, mais pour ma part j’ai rapidement été conquis. Certains moments sont même mémorables, vraiment bien joués, et écrits : la première rencontre avec l’Oracle, ces quelques mots et litres de sang échangés entre Jason et Achilles au terme d’un combat impossible… Chacun des Argonautes a également sa propre personnalité, et des techniques de combat différentes : à vous de bien choisir celui ou celle qui aura le lourd privilège de vous accompagner, lors de votre prochain périple.
Un mot sur les séquences de beat’em up, puisqu’elles représentent malgré tout un bon tiers de l’aventure : elles sont correctes mais décevront celles et ceux ayant déjà bien roulé (et pansé) leur bosse sur GOD OF WAR et d’autres bons beat’em all de l’ère PlayStation 2. Ici l’action manque clairement d’ampleur, et pèche quelque peu au niveau de la variété. Certes Jason dispose de trois armes bien différentes, et il peut d’ailleurs en trouver diverses versions durant son périple. Mais j’aurais aimé avoir accès à plus de combos, et faire face à des ennemis plus intelligents et variés. Même les boss sont plutôt décevants, les développeurs paraissant manquer de science en la matière – grise ? Le summum de la déception étant le combat contre Medusa : à l’image de Persée, sur le fond comme sur la forme, ce personnage mythique aura donc été bien malmené. Heureusement Jason dispose tout de même d’une esquive (qui ajoute un vrai dynamisme aux joutes) et d’une parade au bouclier, importantissime, dont les chocs sont bien retranscrits – on sent parfois Jason littéralement chanceler sur ses jambes musclées. Le bouclier peut d’ailleurs être aussi utilisé pour charger nos adversaires, et des pouvoirs octroyés par les dieux peuvent être invoqués à intervalles réguliers. Je le précise encore une fois : tout cela n’est pas catastrophique, mais juste correct.
Autre déception, le level design n’est pas de première fraicheur, et hélas il n’est pas le dernier pécheur puisque le menu des options par exemple, est particulièrement poussiéreux : dans une triste ironie du sort, celui qui aurait dû glorifier des légendes se retrouve presque dévoré par les mites. Il se dégage ainsi du jeu une odeur un peu rance, celle d’un projet précipité, plein d’envie et d’idées mais mal fini… Certaines transitions extrêmement abruptes, et de nombreuses séquences entrevues dans les trailers mais absentes du jeu final viennent renforcer ce sentiment. Ça manque d’allant, d’aisance. L’aventure se termine d’ailleurs sur un générique qui n’aboutira à rien – pas de bonus à débloquer, ni de newgame+ pour améliorer Jason à 100%. Pour pousser le joueur livide à relancer la machine, aucune carotte – et encore moins de pommes d’or du jardin des Hespérides.
Si je ne peux me résoudre à recommander RISE OF THE ARGONAUTS, je ne peux pas non plus passer sous silence le plaisir qu’il m’a procuré. Oui malgré un dévoiement assumé des scénaristes, j’ai adoré cette aventure, ses personnages, leurs histoires, et ce côté RPG relativement bien ciselé à base de très jolis dialogues. Larguez donc les amarres pour une épopée mythique, faites de complots ourdis dans les ombres, et de combats qui feront mordre la poussière aux plus grands guerriers, depuis les arènes de villes grandiloquentes, aux forêts maudites de lieux oubliés. Les flèches vengeresses d’Atalanta, les sabots meurtriers de centaures majestueux, la verve de Pan et le talent d’Achilles ou encore les créations phénoménales du grandissime Dédale. Non, définitivement non : durant cette odyssée mouvementée, vous n’êtes pas près de tomber dans les bras de Morphée.
RISE OF THE ARGONAUTS n’est ni un très bon beat’em up, ni un très bon RPG, et pourtant… Et pourtant j’ai adoré y jouer. Ma passion nimbée de nostalgie pour la mythologie grecque y est sans doute pour quelque chose, mais il faut aussi reconnaitre que l’ambiance, les excellents dialogues et les superbes doublages rendent l’ensemble extrêmement prenant. J’ai ainsi eu beaucoup de mal à lâcher la manette et ai presque dévoré l’épopée de Jason d’une traite.
Images : Jeuxvideo.com
Trailer :