SHADOW OF THE BEAST
Année : 1989
Studio : Reflections Interactive
Éditeur : Psygnosis
Genre : la bête n’est pas restée dans l’ombre
Joué et testé sur Amiga 500
Support : disquettes
Transformé en bête monstrueuse, vous parcourez les landes et autres grottes peuplées de centaines d’êtres différents… qui en veulent à votre peau. Ils cherchent en effet à vous empêcher de vous rapprocher de votre but ultime : la vengeance par le sang.
SHADOW OF THE BEAST est un jeu qui a, très tôt, déchaîné les passions. Souvenez-vous, déjà en 1989 certains puristes attachés à un gameplay technique dénigraient allégrement le chef d’œuvre de Psygnosis. Il faut dire que, bien souvent, ces personnes étaient en fait des possesseurs d’Atari ST un brin jaloux des performances affichées par la Bête sur une autre bête, de technicité celle-ci, je veux bien évidemment parler de l’Amiga 500.
Pour moi SHADOW OF THE BEAST, sur Amiga, est un jeu culte. Et pas seulement en raison de son packaging, lui aussi en avance sur son temps (boîte somptueuse et magnifique tee-shirt). Si je suis bien conscient de ses défauts (level design basique – mais c’était souvent le cas sur ordinateur, maniabilité moyenne et palette de coups rachitique), je me souviens encore à quel point ce jeu m’avait transporté. L’apparition des logos de Reflections et de Psygnosis, accompagnés d’une musique qui se mettait alors discrètement en place, tout cela provoquait presque à chaque fois la chair de poule sur ma peau. Les joueurs ( ? ) qui montrent les crocs contre la griffe de la Bête aujourd’hui encore, sur des sites ou forums dédiés, n’ont sans doute pas connu cette époque où un soft tel que celui-ci nous permettait de littéralement rêver éveillés.
Vous me direz alors que ce qui fait la qualité d’un jeu n’est pas sa technique, mais sa profondeur. Et vous aurez raison. Il n’empêche que SHADOW OF THE BEAST n’est pas qu’une simple démo mettant en avant une technologie en provenance du futur : le jeu est jouable (très dur, mais jouable), et surtout il plonge le joueur dans un univers improbable d’une beauté absolument inouïe – le rêve éveillé, j’y reviens, mais quand je jouais à SHADOW OF THE BEAST j’oubliais littéralement que je me trouvais dans ma chambre. Le genre d’alchimie vidéoludique improbable qui ne se retrouve qu’une fois par décennie.
Aujourd’hui, lorsqu’ils souhaitent parler d’art et de poésie dans les jeux vidéo, la presse et les joueurs citent souvent des titres comme ICO ou GRAVITY RUSH. Ce qui me fait doucement sourire. En effet, quel jeu a su passionner des milliers de joueurs sur ses seules qualités artistiques ? Quel jeu a poussé des milliers de jeunes à vaincre une aventure réputée impossible, dans le seul but de découvrir un tableau supplémentaire, une nouvelle musique ? Car, en effet, les gamers de l’époque qui ont tout donné pour dompter la Bête, l’ont fait pour une seule et unique raison : avoir la chance, que dis-je le privilège, d’admirer un nouveau sublime tableau blindé de couleurs (128 affichées simultanément) et de 13 niveaux de scrollings (différentiels et parallax). Lesdits tableaux de maître étaient accompagnés par des musiques qui sont toujours souvent citées parmi les plus jolis titres jamais produits pour un jeu vidéo. Composés par David Whittaker, les thèmes en question étaient une source de motivation inépuisable pour le joueur soucieux de boucler ce jeu hardcore.
Sur le fond, par contre, SHADOW OF THE BEAST est extrêmement basique. Il s’agit d’un simple jeu d’action en 2D dans lequel on progresse sur un seul plan, de la droite vers la gauche (ou parfois le contraire). Les tableaux sont parfois un tout petit peu tortueux et il faut alors bien choisir son chemin. Deux coups sont disponibles : le coup de poing (que l’on aurait préféré plus « vif ») et le coup de pied (dispensable). Vous pourrez également trouver quelques améliorations (hélas trop ponctuelles) et un laser pour une phase de shoot’em up vers la fin du jeu. Le tout en une seule vie, sans checkpoints ni sauvegardes. Un truc de dingue, en gros. Eh oui comme souvent à l’époque, aurais-je envie de dire, la difficulté n’était pas très bien dosée. Mais, encore une fois, je tiens à préciser que SHADOW OF THE BEAST est jouable et qu’il peut être fini sans tricher par un joueur motivé et ayant une bonne mémoire – je l’ai fini plusieurs fois en 1989 et à l’époque, déjà, je n’avais rien d’un surhomme. Ou peut-être étais-je tout simplement… une bête ?!
Au niveau de l’héritage de SHADOW OF THE BEAST, plusieurs suites ont vu le jour après le succès retentissant du jeu (de bonnes suites, plus profondes mais moins jolies, moins mémorables). Les portages du titre original furent multiples (même sur Amstrad CPC !). Les deux seules adaptations où notre monstre a quelque peu repris du poil de la bête sont, à mon sens, la version PC Engine et surtout la FM Towns Marty (que je n’ai jamais pu tester – pour l’instant ?). Deux jeux édités sur CD, alors que le SHADOW OF THE BEAST originel tenait sur deux disquettes.
Amiga 500… what else?
Note : Nostalgie :
Relativement pauvre sur le fond, SHADOW OF THE BEAST distille pourtant une ambiance rare, pour un jeu vidéo d’action. Le genre de miracle que l’on ne retrouve qu’une fois tous les dix ans. Si sa maniabilité n’est pas parfaite, si la palette de coups est pauvre, SHADOW OF THE BEAST propose autre chose : un voyage, du rêve (parfois aussi des pleurs, tellement le jeu est dur !). Aujourd’hui encore, l’identité de ce jeu hors normes subsiste et de nombreux fans continuent de lui vouer un culte justifié. La bête est définitivement sortie de l’ombre.
Images : TITAN.
Une vidéo non émulée, sur Amiga :
C’est vrai que c’était beau mais que c’était duuuur! Quoi qu’il en soit, de superbes souvenirs encore une fois sur ce splendide Amiga 500 :'(
On n’aurait jamais dû revendre notre Amiga… Tu l’avais fini, SOTB ?
Clair on aurait dû le garder 🙁 et non jamais fini trop dur pour moi, j’étais pas assez patient 🙁