Akumajô Special: boku Dracula kun (Famicom, 1990)

icone FamicomAKUMAJÔ SPECIAL: BOKU DRACULA KUN
Année : 1990
Studio : Konami
Éditeur : Konami
Genre : parodisiaque
Joué et testé sur Famicom
Support : cartouche


Dracula kun (Kid Dracula), héritier désigné du royaume des ombres, se réveille un jour (heu plutôt une nuit) dans son cercueil avec une bien mauvaise surprise : le démon Galamoth s’est en effet décidé à remettre en cause son autorité. Ni une, ni deux, le petit vampire part à la conquête du domaine spatial de Galamoth – après avoir pris le temps d’emprunter la cape magique de papa, cela va sans dire.

Quand on est un fossoyeur de jeux rétro, il faut aimer se salir les mains car on tombe parfois sur des cadavres qui ne sont plus de première fraîcheur : oui certains titres ont pris un gros coup de vieux (et non il ne s’agit pas d’un Pierre Bellemare qu’on leur aurait lancé à la figure). Le contraire est aussi vrai puisque certains softs, qui vieillissent comme le bon vin, peuvent être réévalués quelques décennies, une centaine de boutons d’acné, trois diplômes en carton et un divorce plus tard. C’est le cas de AKUMAJÔ SPECIAL: BOKU DRACULA KUN – que je vais avoir l’outrecuidance de simplifier en « DRACULA KUN ». En effet à sa sortie le petit jeu de Konami (exclusif au Japon sur consoles de salon) avait été noté 25/40 par le magazine Famitsu – plutôt connu pour avoir la main légère. Une note extrêmement moyenne, en somme… même s’il faut reconnaître que la concurrence était rude à l’époque puisque les jeux de plates-formes pullulaient *petit soupir nostalgique étouffé*.

Pourtant, quand on se penche sur le cas de ce spin-off/parodie de CASTLEVANIA plus de vingt ans après, un constat très simple s’impose : ce jeu est excellentissime !
Tout d’abord, il s’inscrit en pointillé dans la mythologie « CASTEVANIA ». Le méchant de l’aventure (Galamoth) est par exemple à la base des évènements de CASTLEVANIA JUDGEMENT (bon ok, ce n’est pas le meilleur épisode de la série), et divers boss du jeu réapparaîtront plus tard dans d’autres titres officiels de la franchise.
Ensuite, comme précisé plus haut, DRACULA KUN est une vraie parodie : les monstres habituels de CASTEVANIA sont ici représentés en version « super deformed » et leurs morts ne sont jamais violentes (graphiquement tout cela fait très cartoon).

Si la forme est rafraîchissante et rigolote (faire face à un gros poulet comme big boss de fin de niveau, ça fout la chair de poule), la forme a également fait preuve d’une attention toute particulière puisque le petit Dracula kun est extrêmement maniable, et sa lenteur n’est aucunement rédhibitoire puisque les déplacements des ennemis et le level design ont été pensés en conséquence. Dracula kun dispose ainsi d’un saut modulable suivant la durée de pression sur le bouton, il peut se baisser et, surtout, il va découvrir plusieurs pouvoirs différents dans les premiers niveaux du jeu : pour remplacer les flammèches de base, vous pourrez donc lancer une grosse boulette en maintenant le bouton d’attaque appuyé. Ou peut-être ferez-vous le choix du tir multidirectionnel ? Ah non, vous êtes plutôt « éclair de glace » pour paralyser les ennemis ? Un passage infranchissable, un mur trop haut : aucune inquiétude, il vous sera également possible de marcher au plafond ou de vous transformer en chauve-souris, le tout pour une durée limitée – attention aux chutes ! Vous pourrez donc varier les plaisirs à tout moment, puisque le choix du pouvoir spécial s’effectue le plus normalement du monde en appuyant sur le bouton select. Bref, avec tout ça vous êtes fin prêt pour l’aventure : œil pour ail, croc pour dent, Galamoth n’a qu’à bien se tenir !

Cerise sur le gâteau, cette maniabilité aux petits oignons se double d’un bestiaire absolument faramineux. Entre les caricatures de squelettes, de zombies ou de spectres, les navires fantômes et la boule géante des AVENTURIERS DE L’ARCHE PERDUE, on ne sait plus où donner de la tête. Mieux, ce souci du détail a été poussé jusque dans la présence de monstres extrêmement célèbres mais qui apparaissent uniquement dans un ou deux tableaux du jeu : King Kong, la créature de Frankenstein, Jason ou encore les Jiang Shi (vampires sauteurs chinois) : génial !

Et le level design n’est pas en reste : si certains passages demeurent très classiques, parfois d’ailleurs dans le mauvais sens du terme (que celui qui a inventé les mondes de glace avec inertie soit maudit à jamais), le joueur risque d’être surpris à de nombreuses reprises. Entre la progression sur le toit d’un métro lancé à vive allure, les combats sur des plates-formes faisant office d’ascenseur spatial, le duel face à la statue de la Liberté qui est en réalité un quizz sur le monument en question ou encore les incroyables montagnes russes, ce n’est plus une simple « fête » d’Halloween, mais un véritable festival !

Enfin, une précision s’impose : que le côté « enfantin » des graphismes et les mini jeux rigolos ne vous induisent pas en erreur. DRACULA KUN n’est pas vraiment une cartouche pour les enfants. S’il n’est pas vraiment difficile, puisqu’il y a un système de mots de passe jusqu’au septième niveau et que les neuf chapitres sont « relativement » courts, sachez néanmoins que certains passages demandent une vraie dextérité, voire une once de stratégie. Dès le début du jeu vous devrez en effet vous lancer à l’assaut de montagnes russes assassines, à cheval sur une petite plate-forme lancée à pleine vitesse (messieurs les geeks, attentions à la crise de nerds). Le dernier niveau est également particulièrement brutal puisqu’il consiste en trois affrontements successifs avec des boss, dont Galamoth en chair, en écailles et en os. Accrochez-vous, le jeu en vaut la chandelle.

Note :    Nostalgie :

Les jeux en 2D, quelle que soit leur génération, vieillissent généralement plutôt bien. Alors quand, en plus, on a droit à un sympathique côté parodique, des gags assumés, une maniabilité parfaite et un level design plutôt recherché, comment refuser de céder à la tentation du petit Dracula kun ? Le kid aux dents longues se permet même le luxe d’être parfois stressant (quelques passages sont costauds) sans pour autant en devenir énervant – grâce à un habile système de mots de passe. Sans être absolument génial, DRACULA KUN demeure donc une valeur sûre pour les amateurs du genre.

Les premières minutes du jeu :

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