RISKY WOODS
Titre alternatif : Jashin Draxos
Année : 1992 (1993 au Japon)
Studio : Dinamic Software / Zeus Software
Éditeur : Electronic Arts
Genre : les bois risqués… (Boulogne ?)
Joué et testé sur Megadrive
Support : cartouche
Les moines d’un paisible royaume ont été pétrifiés par un monstre démoniaque : Draxos. Drapé dans une toge blanche, mais toujours à la recherche d’armures plus efficaces, Rohan part à l’aventure afin de délivrer les moines de leur triste sort… même si pour cela il lui faudra se défaire d’innombrables hordes de monstres en tous genres… le tout dans un temps très limité.
RISKY WOODS est un jeu sorti à l’origine sur micro-ordinateurs : Atari ST et Amiga en tête. Il est le rejeton maudit d’une boîte espagnole nommée Dinamic Software qui connut son heure de gloire sur ordinateurs 8 bits (ARMY MOVES, GAME OVER) avant de perdre du terrain sur 16 bits avec, pourtant, quelques bons titres dans son escarcelle (AMC, AFTER THE WAR : deux dignes représentants de la « Spanish Touch » de l’époque). J’ai bien dit « rejeton maudit » car Dinamic disparut dans la foulée de la sortie de RISKY WOODS.
Malgré un style général très « micro », RISKY WOODS fut porté sur Megadrive par Steve Wetherill (PROJECTYLE). Pas si étrange que cela en fait, puisque la Megadrive a quand même hébergé pas mal de softs issus des ordinateurs 16 bits (THE KILLING GAME SHOW, SHADOW OF THE BEAST, SPEEDBALL 2, GODS…). Non, le plus bizarre étant que le soft en question soit parvenu à se frayer un chemin jusqu’au Japon, un pays spécialisé dans les jeux de plates-formes et qui n’a jamais particulièrement goûté le genre quand celui-ci était remanié par des Occidentaux – regardez même en 2012 un bijou comme RAYMAN ORIGINS s’est fait piétiner par MARIO et ses aventures clonées sur 3DS, Wii et Wii-Youhou.
Alors en plus, RISKY WOODS n’est pas RAYMAN, loin de là. Déjà sur Amiga, j’avais trouvé le jeu sympa, sans plus. Il était joli et rythmé, mais un brin trop dur. Sur Megadrive, il est légèrement moins ardu (même s’il faut s’accrocher), et techniquement il est bien évidemment inférieur à l’Amiga, la Rolls Royce de l’époque. Les décors pourtant réussis et très chaleureux ne sont pas (ou peu) animés, les animations sont relativement simplistes mais le charme opère malgré tout, en particulier si vous êtes un ancien joueur micro – les pures consoleux risquent d’avoir un peu de mal avec le level design puisque RISKY WOODS est un jeu en ligne droite : les monstres ne cessent de venir vous harasser (morts-vivants, orcs, sangsues volantes…), il faut continuellement avancer, tirer, sauter, le tout avec une maniabilité correcte mais inférieure aux canons du genre sur consoles. Les sauts sont ainsi un peu mous du genou et les tirs ne peuvent s’effectuer ni à la verticale ni en diagonale. Bref, pas de quoi faire le coup de la panacée, même aux amoureux transis des jeux d’action/plates-formes.
Alors, RISKY WOODS, comme ça marche ? Bah, d’un pas allègre, pourrait-on dire, puisque notre héros avance toujours au même rythme : il trottine, comme le veut la tradition avec ce genre de jeux. Il s’inspire outrageusement de GODS (par le mythique studio Bitmap Brothers) sorti un an plus tôt sur Amiga, tout en y ajoutant quelques clins d’œil à un jeu incontournable sur consoles : GHOULS’N GHOSTS. La map est ainsi un véritable hommage au titre de Capcom, les coffres qui surgissent du sol ne trompent personne et sur Megadrive le héros de RISKY WOODS s’habille d’une armure argentée puis d’une armure dorée à mesure qu’il collecte davantage de pièces : un détail très sympa qui ne figurait pas dans les moutures micro, si mes souvenirs sont bons. Comptez ainsi 33 pièces pour l’armure d’argent, et 67 pièces pour l’armure d’or. Les bons comptes font les bons zombies.
On progresse alors de la gauche vers la droite , il faut sauter sur quelques plates-formes, éviter des pièges et surtout éradiquer tous les monstres qui vont venir se jeter sur vous sous la forme de vagues incessantes. Vous êtes prévenu, dans RISKY WOODS vous n’aurez pas une seconde de répit. Impossible de rester sur place en se tournant les pouces, puisque ceux-ci seront occupés à marteler les boutons du pad Megadrive : un bouton pour sauter, l’autre pour tirer et un dernier pour déclencher un chant – une clé, en fait, qui activera un mécanisme faisant appel à la mémoire et qui vous permettra d’aller plus loin dans le niveau parcouru. En plus des ennemis innombrables, les bonus pleuvront de concert pour vous apporter une aide fort appréciable : pièces à collecter pour revêtir une armure protectrice (très utile), pommes pour regagner de l’énergie, crânes permettant de lancer une attaque fatale sur tout l’écran, invulnérabilité, boules de feu, bonus de temps… sans parler des armes (toutes de jet) comme les haches, les couteaux ou encore les boomerangs (à ne pas sous-estimer, en particulier contre certains boss ou quelques ennemis particulièrement teigneux). En chemin, vous devrez libérer un certain nombre de moines pétrifiés. Une fois votre tâche accomplie, vous pourrez vous rendre à la sortie qui apparaîtra toujours à l’extrême droite du niveau.
Dit comme ça, ça a l’air simple et rébarbatif. Ça l’est un peu, d’ailleurs. Néanmoins la relative difficulté du soft vient tenir le joueur en haleine, puisque outre le grand nombre d’ennemis envahissant l’écran, tout un tas de détails sadiques viendront compliquer votre mission. Déjà ne comptez pas sur d’éventuels continus en cas de mort subite : pas de revanche et encore moins de belle, au bois dormant. Pas de mots de passe non plus, remarquez. Par conséquent chaque fois que vous vous rapprocherez du trépas, votre petit cœur musclé devrait battre à tout rompre. Envie d’énergie pour vous revigorer ? Rien de plus simple, il vous suffira de manger les pommes qui se trouvent parfois dans les coffres. Sachez d’ailleurs qu’en faisant le plein d’énergie, vous pourrez gagner une vie. Attention malgré tout au cadeau empoisonné : manger une pomme prend du temps, et le temps, dans RISKY WOODS, ce n’est pas de l’argent, non. Mais de l’or en barre tellement il se fait rare ! Gardez donc toujours un œil sur le chrono et ne mangez des pommes (mince j’ai l’impression de revivre la campagne électorale de Jacques Chirac en 1995) que si vous pensez pouvoir vous échapper du niveau dans le temps imparti – en général moins de quatre minutes.
Et les pièces, elles sont venimeuses, les pièces ? Pas vraiment, mais sachez qu’en plus de devoir vous baisser pour les ramasser (ça n’a l’air de rien dit comme ça, mais c’est chiant à exécuter), vous en perdrez dès que vous vous ferez toucher. Argh. Et les moines, ils ne sont pas gentils les moines ? Bah, si. Sauf que certaines statues censées les héberger sont en fait des pièges. Je vous avais bien dit que ce jeu était un pur concentré de sadisme…
Mais comme je l’ai déjà précisé, c’est aussi cette difficulté relative et cette obligation d’être constamment aux aguets qui fait que l’on s’attache à RISKY WOODS, que l’on recommence partie sur partie afin d’aller à chaque fois plus loin. Certes tout cela manque de secrets, de punch et d’originalité, sans parler du héros raide comme la justice, mais les nostalgiques des ordinateurs 16 bits qui n’ont plus la chance d’avoir leur micro adoré sous la main devraient se replonger dans l’aventure de RISKY WOODS avec un grand sourire dessiné sur le visage. Oui, même sur Megadrive. Les autres, je pense, peuvent passer leur chemin, ce jeu ne leur étant clairement pas (plus ?) destiné.
RISKY WOODS, sur Megadrive, est l’exemple type du jeu qui ne s’adresse qu’aux retrogamers, et même pas à leur majorité, mais bien à une portion congrue : les privilégiés qui ont eu la chance de connaître aussi le gaming sur ordinateurs 8 et 16 bits. Ceux-là devraient retrouver le très coloré RISKY WOODS avec plaisir, en particulier s’ils n’ont plus d’ordinateurs en état de marche – conserver des consoles c’est quand même plus facile. La version Megadrive de RISKY WOODS peut même se targuer d’être particulièrement intéressante, comparée au jeu sur Amiga, puisque quelques nouveautés sont venues assouplir le gameplay et alléger la difficulté – l’ajout des armures, par exemple. RISKY WOODS est par conséquent un vrai bon jeu, si et seulement si vous correspondez aux joueurs ciblés.
Une vidéo d’époque :