DOKURO
Année : 2012
Studio : Game Arts
Éditeur : GungHo
Genre : le prince crâne
Joué et testé sur PlayStation Vita
Support : PS Vita Card
Le terrifiant Dark Lord a kidnappé la jolie princesse – afin de la croquer ou de l’épouser ? Peut-être bien les deux à la fois… mais dans quel ordre ?! N’écoutant que son courage qui n’existait pourtant pas à ce moment-là, le petit Dokuro, serviteur démoniaque et anonyme du Dark Lord, va libérer la princesse de sa geôle cadavérique. Mais c’est là que les ennuis vont commencer : invisible aux yeux de la demoiselle, Dokuro aura bien du mal à l’accompagner jusqu’à la sortie du labyrinthique château. Heureusement, en chemin, Dokuro va découvrir une étrange potion bleue. En l’ingurgitant, le frêle squelette se transformera alors en prince vif et expert dans l’art de donner la mort… aux terribles monstres qui ont déjà perdu la vie.
Qui est Dokuro ? Un être from outer space ? Un petit croquemitaine ? Une créature des abysses ? Un peu tout cela à la fois, sans doute. Dokuro est en effet l’un des nombreux vaquais dévoués au monstrueux Dark Lord. Cet expert en basses œuvres, minuscule squelette anonyme perdu dans une armée de minions, est à ce point anecdotique qu’il en deviendrait presque invisible, aux yeux des puissants. Mais comme le veut le désormais célèbre adage, il ne faut pas se fier aux apparences puisque cette rencontre du troisième sale type révèle bien des surprises.
La première et pas des moindres : Dokuro est tombé amoureux… d’une princesse ! À l’aide d’une potion magique, lui qui est hélas invisible aux yeux de sa belle pourra enfin épouser son chant de vision sous l’apparence d’un musculeux prince charmant. C’est de là que DOKURO, le jeu, tire toute l’essence de son gameplay. En appuyant sur la gâchette droite (on peut le faire au tactile mais c’est injouable), le squelette se transforme en prince pour une durée limitée. Les deux formes présentent alors des bonus et malus différents : Dokuro le squelette peut utiliser le double saut (importantissime) mais ne frappe pas fort, tandis que Dokuro le prince est capable d’occire presque tous les monstres grâce à sa fulgurante épée – sa taille, plus grande, lui permet aussi de se faufiler dans certains endroits inondés sans pour autant s’y retrouver noyé.
Autre détail important : les craies. Elles sont au nombre de trois et viennent elles aussi apporter une variété bienvenue au gameplay. La blanche permet de dessiner une corde qui aurait été précédemment coupée, la bleue peut faire apparaitre de l’eau dans certains endroits et la rouge fonctionne comme une trainée de poudre pour relier deux feux. Il convient d’utiliser le pavé tactile avant pour les tracés : une réussite, tant tout cela coule de source et se fait naturellement. Par bonheur, les développeurs ont eu la présence d’esprit de ne pas surcharger le jeu de tactile : le recours aux craies n’est ainsi pas si fréquent.
Une partie de DOKURO ressemble donc à de la plate-forme/puzzle. Accompagné de votre princesse au QI de lemming (les associations féministes se trompent de cible en attaquant Lara Croft !), vous devez donc aménager un chemin sûr et lisse pour cette dernière – qui ne peut ni sauter, ni courir. Heureusement il vous est possible de la prendre dans vos bras durant votre transformation en prince. Cela ne sera hélas pas suffisant pour lui faire traverser le niveau sans heurts. Pour cela, il vous faudra souvent résoudre des petits puzzles : pousser des caisses, activer des leviers, enclencher des boutons voire même jouer avec la gravité inversée. Le jeu a l’intelligence de varier les plaisirs, et quelques chapitres devraient davantage vous rappeler le pur platformer que le puzzle game. Ça n’arrive pas si souvent, mais c’est toujours plaisant. Pour couronner le tout (normal avec une princesse), tous les niveaux sont extrêmement courts. Par conséquent, hormis trois ou quatre tableaux vraiment prise-de-tête (et que j’ai détestés au point d’en chercher la solution sur Youtube – même pas honte), l’ensemble se révèle plutôt faisable et pas trop stressant – puisque même si on meurt souvent, comme je l’ai déjà précisé les tableaux sont heureusement très courts. On appréciera enfin les quelques big boss, tous très différents les uns des autres et qui se révèlent diaboliquement amusants à occire.
Hélas… arrivé à un certain point notre petit squelette tombe sur un os : le jeu est trop long à mon goût ! Un tel soft divertit clairement sur cinq ou six heures de jeu… mais ici les développeurs ont poussé le bouchon jusqu’à rallonger considérablement une aventure que j’aurais souhaité beaucoup plus courte. Certains joueurs (et beaucoup de testeurs professionnels) pleurant à chaudes larmes sitôt qu’un jeu n’atteint pas les dix heures, les développeurs semblent les avoir pris aux maux en nous pondant régulièrement des jeux longs, certes. Mais à rallonge ! Dans un tout autre genre, déjà, j’avais trouvé que l’aventure de THE LAST OF US n’en finissait pas de finir… eh bien il en va de même pour DOKURO, dont on semble ne jamais pouvoir atteindre la fin ! Un bon concept comme celui de DOKURO est fort malin, certes. Mais aussi assez répétitif sur la durée. Il est étonnant que les créateurs du jeu n’en aient pas tenu compte dans leur carnet de développement. Oui, les sites professionnels se méprennent quand ils parlent de durée de vie. Celle-ci n’est, à mon sens, aucunement liée au temps qu’il faut pour aller d’un point A (le départ) à un point B (la fin de l’aventure). Elle relève davantage du laps de temps durant lequel un joueur prendra du plaisir sur un jeu. Pendant que je termine une fois THE LAST OF US, j’ai le temps de boucler deux ou trois parties complètes de VANQUISH. Eh bien cela ne signifie aucunement que THE LAST OF US dispose d’une durée de vie deux ou trois fois supérieure à VANQUISH, bien au contraire.
En définitive DOKURO est un bon, voire très bon « petit jeu ». Réjouissant au début tandis que l’on découvre son design façon conte de fée ténébreux (à la Tim Burton ?) ; trépidant par la suite quand on commence à maîtriser le gameplay ; un brin irritant vers la fin. Il demeure un soft à posséder dans une ludothèque PS Vita – si possible en boîte, disponible au Japon en VF.
Note :
Plus maniable et moins prétentieux qu’un LIMBO, mignon à défaut d’être techniquement renversant et relativement varié pour le genre – plates-formes, puzzles, remue-méninges, écran tactile bien géré pour l’utilisation des craies et, enfin, un brin d’action. DOKURO semble n’avoir que des qualités. Hélas, si ses tableaux sont courts et plutôt bien pensés, ils sont aussi, à mon sens, un peu trop nombreux. Le jeu m’a en effet paru trop long et par conséquent relativement pesant, sur la fin. Ceci étant bien évidemment éminemment subjectif, il est possible que vous pensiez tout autrement. En tout état de cause, DOKURO est un vrai bon jeu.
Images : éditeur
Trailer :