JIKKYÔ OSHABERI PARODIUS
Année : 1995
Studio : KCEO (Konami Osaka)
Éditeur : Konami
Genre : bla bla… blam !
Joué et testé sur Super Famicom
Support : cartouche
Année 0094 du calendrier spatial : tandis que la moitié de la population de l’univers a contracté des hémorroïdes tueuses, onze guerriers se sont dressés en travers du chemin des envahisseurs extraterrestres. Et alors que la phase finale de cette grande guerre approche à grands pas, de nouveaux héros se lancent à l’assaut du malin avec en ligne de mire le grand takoyaki, visionnaire de l’impossible (non je n’ai pas fumé, ceci est le véritable pitch du jeu).
Dans la famille PARODIUS, JIKKYÔ OSHABERI PARODIUS fait un peu bande à part. Non pas qu’il soit moins déjanté que ses petits camarades, non. Mais JIKKYÔ OSHABERI PARODIUS s’est fait tout seul, comme un grand – sans passer par la case départ, aka les bornes d’arcade de l’époque, au Japon. Oui, JIKKYÔ OSHABERI PARODIUS est effectivement un pur produit des consoles de salon : la divine Super Famicom en 1995, puis la PS1 et la Saturn une année plus tard qui proposeront d’ailleurs une version légèrement remaniée (améliorée ?) mais qui ne peut pas faire oublier le tour de farce que constitue JIKKYÔ OSHABERI PARODIUS sur la console 16 bits de Nintendo. Sprites nombreux et parfois énormes (petits ralentissements à la clé), pléthore de personnages jouables (ce qui a des conséquences sur le gameplay), décors merveilleusement chargés en détails sublimes avec par exemple ce premier niveau inspiré d’Osaka avec le néon Glico de Dotombori détourné, et la Tsūtenkaku Tower en toile de fond (normal quand on sait que les développeurs étaient basés à Osaka), et des musiques incroyables : Raaaaaah quand « That’s the Way I Like it » se lance et qu’on affronte une boule de discothèque comme boss de fin de niveau on en attraperait presque la fièvre du samedi soir !
Mais l’ambiance sonore de JIKKYÔ OSHABERI PARODIUS ne subjugue pas seulement en raison de la qualité et de la diversité de ses musiques : comme son titre l’indique (enfin… si vous comprenez le japonais), JIKKYÔ OSHABERI PARODIUS est un jeu qui cause. Qui blablate. Qui n’arrête pas de nous inonder d’anecdotes en tous genres par le biais d’une voix off absolument pas sexy (un vieux, quoi) ce qui rajoute encore à l’incongruité de la chose. Hilarant, tout simplement hilarant ! Honnêtement je ne m’en lasse pas, et entendre notre grotesque commentateur balancer des « kowaaaaaai yo » (« j’aaaai peur ! ») quand la situation devient aussi tendue qu’une petite culotte d’écolière (cf le niveau au lycée en forme de clin d’œil à un jeu de drague), voire un très osé « onara djanai » (« c’est pas un pet ! ») lorsque vous contrôlez une jeune fille et que vous la dotez d’un tir arrière (élégant, n’est-ce pas), il est difficile de ne pas rire aux éclats.
JIKKYÔ OSHABERI PARODIUS, c’est donc du délire à l’état pur, blindé de références au Japon ou aux autres jeux de Konami. Commençons par les inspirations issues de GRADIUS et POP’N TWINBEE : elles sont légion ! Qu’il s’agisse des vaisseaux jouables, de quelques ennemis emblématiques présents, de niveaux dédiés voire du système de bonus et d’améliorations (habile mélange entre les deux séries phares : modules pour GRADIUS et cloches pour TWINBEE), on en prend plein les yeux… jusqu’aux oreilles – je sais c’est bizarre, mais dans un PARODIUS, tout est possible. Même les célèbres Moaï sont présents – mais méconnaissables, car travestis. D’ailleurs, ils vous attaqueront comme Carlos : à coups de big bisous. Chichibinta Rika, la danseuse aux longues jambes, ennemie récurrente de la série, nous gratifie bien évidemment d’une apparition remarquée, et une écolière géante risque de vous anéantir juste en se… recoiffant ! Nerveux, surprenant, bruyant… presque assourdissant, le shoot de Konami verse parfois dans le paradoxe absolu en nous embarquant dans des niveaux plutôt calmes – presque zen ? Non n’exagérons rien, car malgré les jolis cerisiers en fleurs, un gracieux Mont Fuji en ligne de mire ou ce traditionnel sishi odoshi (fontaine à bascule en bambou), il vous faudra rester sur vos gardes tant les boulettes et pièges bizarroïdes pleuvent. Bon vous êtes toujours là ? Vous avez survécu ? Alors vous tenez le bambou !
Autre énorme plaisir que procure JIKKYÔ OSHABERI PARODIUS, outre sa palette de couleurs : son éventail de personnages. Ils sont seize prêts à en découdre ! Vous avez ainsi à votre disposition un con d’homme sur un avion en papier (mon préféré, upradé il met un préservatif sur le nez de son vaisseau spécial !), une petite pieuvre qui a le vent en poulpe, deux jolies jeunes filles qui volent et qui, malgré les apparences, ne pètent pas, un chat malicieux qui cache bien son jeu (il est très puissant), des nourrissons qui connaissent déjà le bébé.a.-ba des shoot’em up, ou encore et surtout le légendaire Vic Viper, l’éternel anonyme Lord British et les très colorés TwinBee et Winbee. Là où JIKKYÔ OSHABERI PARODIUS frise le génie, c’est donc dans le choix des armes : on se surprend ainsi à choisir tel ou tel vaisseau autant pour son aspect esthétique, que stratégique (ils ne se jouent pas tous de la même manière). Du coup et face à ces nombreuses possibilités, il est parfois difficile de se décider. Oui, définitivement oui : dans JIKKYÔ OSHABERI PARODIUS, le choix désarme !
JIKKYÔ OSHABERI PARODIUS est donc bel et bien un jeu fantastique. Il peut être à la fois joué pour le fun et les barres de rire garanties, ou pour le challenge puisque tout y est paramétrable. Oui, derrière son habillage loufoque JIKKYÔ OSHABERI PARODIUS est un véritable shoot’em up avec de vrais boss, des niveaux variés, des secrets et des jolies surprises de level design. Préparez-vous donc à un voyage immanquable car improbable, depuis la terre ferme à l’ombre des cerisiers en fleurs (voire des jeunes filles aussi…) jusqu’à l’espace et la fesse cachée de la Lune… pour finir bien évidemment au pied du septième ciel, contre une pieuvre géante qui va vous répondre du tac au takoyaki. En un mot : parodisiaque !
Note : Nostalgie :
L’étrange JIKKYÔ OSHABERI PARODIUS est-il à classer parmi les immanquables des shoot’em up ? Oui et non, cela dépendra de votre propension à vous passionner pour les jeux loufoques et clairement axés « comédie ». Pour ma part j’ai plutôt tendance à préférer les shoot épiques, moins grotesques. Même le cute’em up POP’N TWINBEE est beaucoup plus sérieux dans ses mécaniques et sa progression. Si la bouffonnerie d’un JIKKYÔ OSHABERI PARODIUS ne vous rebute donc pas, vous allez vous fendre la poire sur ce magnifique shoot de Konami. Bavard (c’est le principe de cet épisode), varié, long, fun, parfois même hilarant : JIKKYÔ OSHABERI PARODIUS fourmille de détails savoureux – en cherchant la petite bête on pourrait presque dire qu’il est trop généreux, que l’on aurait tendance à s’y perdre. Il s’agit, à mon sens, d’un classique de la Super Famicom – même si le jeu fut adapté sur PS1 et Saturn un peu plus tard (on peut enfin y jouer à deux simultanément, débloquer Dracula-kun…), JIKKYÔ OSHABERI PARODIUS constitue un mon sens un pur jeu 16 bits, dont chacun des pixels semble respirer cette période bénie des jeux vidéo.
Images : jeux vidéo et des bas
Une vidéo :
Exactement tout ce que j’aime dans les jeux vidéo jap : du challenge, de l’humour, une réalisation quasi parfaite (qq ralentissements comme indiqué)…! Tous les jeux vidéo devraient s’inspirer de cela, et le monde ne serait que plus beau! Merci pour cet excellent test qui va me faire rebrancher ma SFC! (et merci pour la traduction des phrases japonaises!!)
James Bond l’avait dit avant nous : diamon…heu non, : pixels are forever !
Merci pour le petit message !