WILLOW PATTERN
Titre alternatif : The Willow Pattern Adventure
Année : 1986
Studio : Firebird
Éditeur : Firebird
Genre : Willow Pattern ? En fait si, un peu terne
Joué et testé sur Amstrad CPC
Support : cassette
Chang a promis de libérer la princesse Koong-Shee des griffes du terrible mandarin. Pour parvenir à ses fins, Chang devra trouver son chemin dans un énorme labyrinthe, gardé par des soldats postés à chaque coin de rue, mais aussi par des géants qui bloquent l’accès aux différents ponts.
Chang part avec un gros désavantage : il n’est pas armé ! Pour se défaire des nombreux ennemis, il devra donc au préalable se munir de sabres… à usage unique ! Pas très pratique, certes, mais quel challenge pour un héros tel que Chang ! Et si jamais il parvient à trouver Koong-Shee, Chang sera alors poursuivi par le père de cette dernière : Li Chi. Leur seule porte de sortie : le bateau, situé sur la gauche du tentaculaire labyrinthe.
Dans ma jeunesse, j’allais parfois au magasin A.M.I.S. le samedi à Albertville, accompagné par mon père – c’est lui qui avait le portefeuille le mieux garni ! Dans ce petit magasin informatique de quartier, je découvrais parfois des titres dont je n’avais jamais entendu parler. En effet, à l’époque de la micro-informatique familiale, il y avait aussi des séries budgets : de grosses compilations ou alors des cassettes de jeux (Amstrad pour moi) vendues neuves à prix réduit. J’en ai acheté un certain nombre, dans les années 80 – et j’ai tristement oublié le titre de la plupart de ces jeux. J’avais parfois de bonnes petites surprises, souvent de très mauvaises – mais je savais aussi me contenter de peu. Pour une raison que j’ignore encore, l’un de ces jeux à petit budget m’a marqué. Je n’ai jamais oublié son titre, ni sa jaquette (un détail ô combien important dans ces années-là) : WILLOW PATTERN. Récemment je me suis encore posé la question : pour quelle énigmatique raison ce jeu ne s’est-il jamais effacé de ma carte mémoire personnelle ?
Je me décidai alors, la main fébrile et près de 30 années plus tard, à relancer le mystérieux WILLOW PATTERN sur un émulateur Amstrad, pour enfin mettre les pieds dans le plat – et pour un jeu qui s’inspire d’une assiette, quoi de plus normal !
WILLOW PATTERN est donc un jeu empreint de l’imagerie de la Chine antique. De ce point de vue, les graphismes sont corrects : avec de l’imagination, on reconnait un certain style architectural chinois et les couleurs claquent bien. Hélas, c’est du côté du gameplay et du level design que le bât blesse. WILLOW PATTERN est ainsi constitué d’un seul et gigantesque labyrinthe, où chaque coin de rue ressemble au précédent. Trouver votre chemin dans ce dédale n’est pas une mince affaire, puisque des individus montent la garde un peu partout. Et soyez prudent, car votre personnage n’est pas armé ! Pour vaincre un adversaire, il vous faut donc, au choix : soit l’appâter afin qu’il vous lance un sabre au visage – l’éviter, vous en saisir et tuer l’obséquieux malandrin ; soit mettre la main sur l’un des sabres disséminés quelque part dans le labyrinthe. Comble de la douleur vidéoludique: chaque sabre est à usage unique. Oui, aussi incroyable que cela puisse paraitre, chaque sabre disparait après avoir été utilisé pour occire un adversaire ! Une partie de WILLOW PATTERN se déroule donc ainsi : trouver son chemin, amadouer un ennemi et ramasser son sabre, le tuer et partir à la recherche d’un autre sabre pour vaincre le garde suivant. Et il faut parfois se taper des séances de backtracking extrêmement longues et répétitives pour trouver un sabre. Car je ne vous l’ai pas encore dit, mais votre personnage ne peut porter qu’un seul sabre à la fois ! Et ce n’est pas fini : durant la plus grosse partie de l’aventure, tout a été calculé au sabre près, aussi à la moindre erreur de votre part (genre vous avez un sabre en main et en ramassez un autre par inadvertance donc celui-ci disparait de la map – oui, oui), eh bien vous ne pouvez plus rien faire. Quand bien même vous vous suicideriez en vous jetant sur l’un des gardes, vous réapparaitriez une nouvelle fois sans sabre. Et sans sabre pour passer ledit garde… il ne vous resterait plus que vos yeux pour pleurer – et votre joystick pour vous défouler (lancer de bâton de joie de plus d’un mètre interdit).
Les développeurs ont cru bon d’ajouter un petit passage sous un pont, où il faut sauter de pierre en pierre en évitant les mains de trois géants (pour coller à la véritable légende). C’est rigolo les premières fois. Mais quand on doit se taper des allers-retours incessants, passer dix fois sous des ponts, ça finit par devenir un brin irritant. Pour coller encore davantage à l’histoire originelle, sachez que vers la fin du jeu (que je n’avais pas pu atteindre à l’époque), le père de la princesse se met à vous poursuivre. Une idée sympa mais à la difficulté mal calibrée – il faut alors retrouver son chemin dans le labyrinthe en sens inverse pour courir à toute vitesse vers le bateau. « Ah ah ah » [petit rire nerveux et désespéré].
Je me souviens donc, à présent, de la raison pour laquelle WILLOW PATTERN, acheté un jour un peu par hasard dans un petit magasin d’informatique, m’avait à ce point marqué. Marqué, oui. Mais au fer rouge des jeux injustes et mal pensés qui ont oublié qu’un soft est supposé divertir. Et non pas stresser le joueur en le forçant à mémoriser l’impossible, à subir des phases de backtracking hallucinantes, à abandonner sa partie pour un seul et unique sabre ramassé par mégarde alors que l’on avait déjà bien avancé dans la partie. Pour la petite histoire, sachez que je suis enfin parvenu à voir le bout de l’aventure – via émulateur et savestates, impossible autrement. Eh bien lorsque j’ai atteint le bateau, à la fin avec la princesse, fuyant à toutes jambes pour éviter d’être rattrapé par son père (qui a la santé le bougre, parce qu’il fonce), j’ai eu la joie d’avoir un charmant message en guise de remerciement. Un message qui tient en deux mots : Game Over. « Ah ah ah » [petit rire nerveux et désespéré limite suicidaire].
Note : Nostalgie :
WILLOW PATTERN n’est pas, en soi et pour l’époque, un mauvais jeu. Bien au contraire, même : s’amuser à vagabonder dans un labyrinthe joliment coloré et lancer de gros sabres sur des gardes qui ne bougent pas (mais tournent sur eux-mêmes comme des toupies – hum), c’est rigolo. Tout du moins au début. Par la suite ça se gâte un peu, comme souvent avec ce genre de softs des années 80 qui avaient du mal à faire tenir leur concept sur la durée – même très courte, oui même 20 ou 30 minutes. Et puis, comme souvent à l’époque, la difficulté était mal dosée : la dernière partie de WILLOW PATTERN, où il faut refaire le labyrinthe en sens inverse mais à toute allure (parce que vous êtes poursuivi), eh bien c’est juste à se taper la tête contre la muraille de Chine. Dans le genre, on préférera donc SABRE WULF, dont WILLOW PATTERN semble clairement s’inspirer.
Images : jeux vidéo et des bas
Vidéo :